La loi est-elle vraiment au-dessus de tous ?
Au Mali, Ibrahim Boubacar Keita avait fait de la traque des corrupteurs et des criminels impunis le cheval de bataille de sa campagne présidentielle. Et pour une fois qu’une promesse électorale est tenue ou sur le point de l’être, il est de bon ton d’en parler. Ainsi, le putschiste et éphémère chef de l’Etat Amadou Haya Sanogo a été arrêté et mis sous mandat de dépôt il y a peu dans le cadre de l’enquête sur la disparation des militaires parachutistes. Plus récemment encore, des juges d’instruction ou encore des procureurs ont été inculpés pour des chefs d’accusation qui sont légion.
Le Garde des Sceaux l’a annoncé le 27 novembre dernier. Promu Général quatre étoiles sous le pouvoir de transition de Dioncounda Traoré, l’auteur du coup d’état du 22 mars 2012 Amadou Haya Sanogo a été mis aux arrêts et placé sous mandat de dépôt, accusé qu’il est par la justice malienne de complicité d’enlèvement de personne. Dans leurs colonnes, les journaux bamakois osent même évoquer d’autres reproches à l’ancien chef tout puissant de la caserne militaire de Kati : séquestration, complicité d’assassinat, assassinat et enlèvement.
« Nul n’est au-dessus de la loi »
Avant d’en être « retiré » par l’armée régulière, sous la houlette du président démocratiquement élu Ibrahim Boubacar Keita (IBK), Sanogo a ordonné des tueries, des meurtres, des châtiments corporels contre à la fois ceux qui l’avaient épaulé pour renverser Amadou Toumani Touré et les fameux bérets rouges, les parachutistes du camp de Djicoroni. 21 de ces parachutistes avaient disparu fin avril 2012 après une tentative de contre putsch, et leurs corps viennent d’ailleurs d’être découverts dans des fosses communes à quelques hectomètres de Kati, quartier général du Général Sanogo.
A deux reprises, alors que deux convocations avaient été émises par Yaya Karembé, juge d’instruction du Tribunal de Première Instance de la Commune III de Bamako, il a refusé de répondre aux mandats d’amener. Il a finalement été appréhendé chez lui après le déploiement de l’armée. Eh oui, le combat que les nouvelles autorités du Mali veulent mener contre l’impunité est lancé, et vise déjà les grosses têtes ! « Nul n’est au-dessus de la loi », aime à répéter IBK. Il allie donc la parole et les actes.
Moralisation de la société
Parmi les promesses de campagne du parti présidentiel RPM (Rassemblement pour le Mali) figuraient aussi la lutte contre la corruption, un fléau véritablement ancré dans ce pays, et également contre la délinquance financière. Les premières victimes de ce nouvel état d’esprit sont six magistrats, que la Cour Suprême du Mali accuse de faux, d’usage de faux, d’extorsion de fonds et d’abus de pouvoir. Rien que ça. Ils ont été incarcérés au Camp I de la Gendarmerie de Bamako.
Simple effet d’annonce ou véritable volonté de moraliser tous les secteurs de la société malienne ? Il faudra encore quelques mois pour trancher et juger de manière plus concrète les intentions d’Ibrahim Boubacar Keita et de son gouvernement.
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