La menace nord-coréenne : nouvelle manipulation de masse en cours
En matière de politique internationale, il faut avoir une bonne mémoire et revenir en amont d'une situation faite pour figer les esprits dans l'effroi. Donald Trump est empêtré dans les échecs de l'application de ses promesses et harcelé judiciairement pour ses liens avec la Russie avant son élection. La bonne santé de l’économie américaine cache également un autre échec du président « orange » : elle ne bénéficie pas aux classes populaires qui ont voté en grande partie pour le milliardaire. La Corée du Nord va une fois de plus venir au secours de la politique calamiteuse d’un Parti Républicain asservi aux intérêts de ses chefs.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH150/trump_bannon-18c01.jpg)
Encore et toujours les mêmes recettes de la manipulation de masse
La montée des tensions avec la Corée du Nord n'est pas le fait du régime communiste mais bien de Donald Trump et de ses stratèges. À l'instar de l'intervention à Panama, en Irak ou ailleurs, les Républicains américains usent toujours de la même technique de manipulation de masse : un ennemi, un prétexte puis une contre-attaque des USA au nom de la « sécurité nationale », la « défense du monde libre » et l'éradication d'une menace à l'encontre de la « Nation choisie par Dieu pour sauver le monde ». Pour que le subterfuge fonctionne, il y a nécessité de diluer auprès de l’opinion publique un certain nombre d’éléments justifiant d’une action violente de l’état américain à l’encontre d’un ennemi. Dans le cas de la première guerre du Golfe, rappelons-nous de la pseudo « quatrième armée du monde » de Saddam Hussein bénéficiant de missiles de longue portée Scud « capables d’atteindre la Côte d’Azur »… De la même manière, lors de la guerre d’Irak 2 « le retour » (en langage bien rôdé hollywoodien), il fallut un rapport « confidentiel » révélé publiquement démontrant l’existence d’armes de destruction massive en possession du même Saddam Hussein, mais pas seulement. L’Irak était, selon les « services secrets américains », devenu le pays qui abritait l’organisation terroriste Al Qaïda. Ainsi, toutes les crises, et les guerres successives (et permanentes) déclenchées par les Etats-Unis contre un « ennemi du monde libre », ont toujours suivi le même scénario revu et corrigé à chaque fois avec quelques éléments nouveaux afin de ripoliner la combine.
Tout ce qui se déroule depuis quelques semaines, « l'escalade » qui commence à inquiéter beaucoup d'Occidentaux n'est qu'une étape très avancée de ce qu'on appelle « La stratégie du choc » (mise en exergue par la journaliste canadienne Naomi Klein dans un livre à lire absolument et éviter le film tiré de cet ouvrage qui est parcellaire et incomplet).
Ainsi l’ex-conseiller influent du Président Trump, Steve Bannon (une sorte de Michael Moore de droite fondamentaliste) avait dévoilé cette stratégie (pour préparer les esprits dans l'opinion publique) en 2016 : « Nous irons à la guerre dans la mer de Chine méridionale d'ici cinq à dix ans. [...] Il n’y a aucun doute là-dessus. »
Il ne s'agit pas là d’une prédiction, mais d’une promesse. Du moins la promesse de manipuler l’opinion avec le GRAND ennemi de la nation américaine et de ses États inféodés (que l’on nomme « pudiquement » les « alliés »). L’étape essentielle de cette escalade contrôlée et pilotée est de s’appuyer sur des mass-médias totalement soumis et incompétents, généralement la propriété de grands patrons appartenant aux classes dirigeantes du monde contemporain : le « document confidentiel » a fuité enfin. Un document qui sert les intérêts du pouvoir bien sûr, et qui distille l’inquiétude dans les esprits. Sans aucun recul, sans même prendre soin de vérifier la raison et la source de ce « fuitage » opportun, toute la presse télé, radio et écrite copie-colle « l’information » sans émettre la moindre interrogation ni la moindre analyse. L'ile de Guam serait donc à la portée des missiles longue portée de la Corée du Nord. L’élément concret est bien là et provoque immédiatement auprès des Américains nationalistes et patriotes un sursaut en faveur d’un bombage de torse de la première nation industrialo-militaire du monde.
Une nation divine, industrielle et militaire
Le Viet Nam étant devenu un bourbier, l’URSS ayant disparu, le Koweit étant libéré, l’Afghanistan étant devenu à son tour un bourbier qu’il fallait quitter pour se déplacer vers l’Irak/Syrie qui étaient devenus AUSSI un bourbier, il ne restait plus beaucoup de grand ennemi « barbare et apocalyptique » sur la planète (et que les Etats-Unis pourraient combattre sans se mettre totalement en danger de mort). La Corée du Nord a toujours été dans les cartons et ce depuis des lustres. Après les promesses d’une fin du monde « libre » envahi par les dangereux communistes de 1945 à 1989, puis par les barbares islamistes des années 90 à aujourd’hui, rien de tel qu’un ennemi communisto-nucléaire pour raviver la flamme patriotique ainsi que le complexe industrialo-militaire. Parce qu’en matière de politique internationale, les Républicains américains se fondent sur certains piliers garants de leur pouvoir : les intérêts pétroliers et industrialo-militaires mais aussi digitaux depuis quelques années, la nation revendiquée comme divine (ou de droit divin si l’on reprend la formule de l’Ancien Régime en France), l’accélération d’une politique ultra-libérale, impérialiste et colonialiste et l’écriture hollywoodienne de l’histoire immédiate du monde.
A n’en pas douter, la troisième guerre mondiale n’aura pas lieu, du moins n’aura-t-elle pas pour point de départ ce minuscule État qu’est la Corée du Nord. Cette stratégie de diversion des opinions n’a-t-elle pas assez duré ?
Léonel Houssam
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