La nation Sioux gagne une bataille à Standing Rock
Le « corps d'ingénieurs » de l'armée américaine a pris la décision de ne pas accorder les permis nécessaires pour réaliser les travaux qui permettraient au pipeline « Dakota Access » de passer sous le Missouri. Il convient de saluer cette décision qui est le résultat d’une lutte sans relâche de la part des organisateurs autochtones, de la tribu des Sioux de Standing Rock représentés par des groupes comme « Indigenous Environmental Network » et « Honor the Earth ». C'est aussi une victoire de la puissance que peut représenter la désobéissance civile.
Dans l’histoire des Etats-Unis, les positions politiques de la nation indienne ont souvent été divisées. Cela n’a pas été le cas dans cette lutte où des représentants de plus de 200 tribus se sont réunis autour d’un projet commun sur les rives de la rivière Cannonball. Cette solidarité a même conduit à recevoir des soutiens venus de loin comme ce message envoyé par le peuple Sami de Norvège qui a contribué à ce que la plus grande banque norvégienne se retire du financement du projet d’oléoduc.
Le mouvement a fait la démonstration d’une discipline efficace et consentie. Les services du shérif du comté de Morton et d'autres organismes de « sécurité publique » ont multiplié les provocations pour amener les militants à commettre des actes de violence. Ils ont tiré des balles en caoutchouc et des grenades incapacitantes, mais aussi utilisé des canons à eau et des canettes de gaz poivré. Les réactions on toujours été une stricte non-violence. Les aînés s'assuraient que personne n'allait trop loin lors des mouvements de protestations, conscients du fait que toute image négative aurait été largement diffusée à travers la presse nationale, et aurait discrédité leur mouvement. Et, grâce à cette discipline, le « choc des photos » a agi de façon décisive dans l'autre sens : une équipe de « sécurité » des promoteurs du pipeline a lancé un jour des chiens "bergers allemands" contre des Sioux non armés. Les images diffusées ont aidé l’opinion publique à mieux situer le contexte de cette lutte et à choisir leur camp.
Personne n'a essayé de prendre le » leadership » et chacun a fait de son mieux pour participer en offrant une coopération spontanée dans une action dont la cohérence était assurée par le but lui-même : empêcher le passage d’un pipeline sous le Missouri. Il en est résulté une force irrésistible : de nombreux anonymes courageux et modestes contre le pouvoir militarisé de l'État (Le bureau du shérif local était équipe de véhicules blindés, et les policiers en tenue de combat.)
La question est maintenant de savoir si une tactique similaire sera nécessaire sous la présidence de Donald Trump. En tous cas, Obama a fait de son mieux pour lier les mains de son successeur. S'il avait simplement rejeté le projet de l'oléoduc, le projet serait reparti avec le changement de président, alors que le dossier dans son contenu actuel prend en compte des répercussions environnementales assorties de contraintes juridiques. Mais qui sait ? Il n’est pas impossible que Trump balaye tout ça d’un revers de la main.
S'il le fait, sa popularité actuelle en prendra un coup, car beaucoup de ses concitoyens, y compris dans ses propres rangs, ont compris qu’il avaient déjà vis-à-vis des Amérindiens une dette qui ne peut pas être remboursée. S’il le fait, il s’attirera l’hostilité de toutes les tribus indiennes, et cela ternira son image « antisystème ». Il sera accusé de racisme. Et il apparaitra comme la nouvelle marionnette de la puissante industrie pétrolière.
Mais, même s'il soutient le projet de pipeline, le combat continuera, parce que la cible réelle des militants sioux est de retrouver l’unité et la fierté d’un peuple qui entend que l’on respecte le territoire de ses ancêtres.
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Source : the Guardian
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