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La pauvreté comme modèle de développement. Par Pr ELY Mustapha

 Tout observateur objectif de l’actualité mauritanienne remarquera que toute l’activité du pays tourne autour du politique et du terrorisme. Ces deux pôles constituant les extrémités d’un même axe, représenté par l'Exécutif.

Tout le pays, pouvoirs publics et opposition compris, est tendu vers le politique. Les premiers pour le garder, les seconds pour l’accaparer.

Ce sont, d’un côté, les éternelles chamailleries politiciennes assises sur la mauvaise foi des uns et des autres qui alimentent le quotidien du Mauritanien et de l’autre , la menace du terrorisme, de l'insécurité (y compris alimentaire) interne et externe , qu’ont lui brandit et qui justifient les excès à son égard et à l’égard de la gestion publique.

Depuis des dizaines d’années, la Mauritanie végète dans cet environnement où la seule préoccupation est une lutte pour le pouvoir.

Un pays où les seules nouvelles sont les dénonciations, les invectives partisanes, les pillages, les emprisonnements, les viols, les expropriations, les jugements, les retournements de veste, la pauvreté, la misère, la fraude, les tensions…

Un tel pays a-t-il réellement un avenir ?

Entend-t-on jamais l’annonce de la réussite de projets nationaux d’envergure, d’inventions, de découvertes scientifiques majeures, de réalisations sociales ou économiques significative, de progrès dans un quelconque domaine commercial ou industriel à l’échelle nationale ou internationale ?

Eh bien non, il suffit pour cela de se référer à tous nos médias écrits et audiovisuels pour s’en rendre compte.

Des médias qui ne font que rapporter les emprunts faramineux bilatéraux et multilatéraux, contractés par l'Etat depuis des decennies et qui n'ont jamais servis au développement et dont la destination n'est jamais justifiée aux citoyens, des dons accordés par mille et une organisations et pays étrangers et qui s'évaporent . En somme des médias qui ne rapportent que l'endettement et qui pourtant sont la vitrine de la pauvrete et de la misère qu'ils rapportent à longueur de colonnes.

Peut-on parler de développement en Mauritanie ? La réponse est certainement non. Car la réalité est là : il n’y a ni progrès ni même ses prémisses ...

Il n’est nul besoin d’être économiste pour s’en rendre compte. La Mauritanie est un pays en récession perpétuelle, alimenté par une rente (ressources naturelles) et une oligarchie commerçante (à investissement improductif) soutenie par une nomnkatura militaro-tribale et qui n’a aucune perspective de développement.

 la Mauritanie ne suit aucune modèle de développement, elle n’a même pas de plan de développement économique et social souverain, elle s'appuie sur des "stratégies" (fort intéressées) de "lutte" contre la pauvreté et de "croissance" économique qui lui sont concoctées et financées par l'endettement incompressible et fatal par le groupe de Bretton Woods . C'est autant dire qu'elle navigue à vue, prise dans un suredendettement en croissance exponentielle avec des ressources finies, non renouvelables et ne bâtit rien pour l’avenir.

Ne demandez surtout pas aux autorités publiques quel est leur modèle de développement, elles n’en ont pas.

L’horizon de l’administration publique se limite à gérer le quotidien, à vivre avec les moyens du bord, légalement ou illégalement. L’horizon de ceux qui la dirigent ne va plus loin que la volonté de s’incruster là où ils se trouvent et continuer à perpétuer la médiocrité et la servilité à celui qui détient le pouvoir.

Dan ces conditions, la recherche d’un modèle de développement est hasardeuse.

En effet, tout modèle suppose d’abord une volonté politique de le définir et de le mettre en œuvre à travers l’appareil de l’Etat. Ensuite ce modèle doit refléter une vision de société permettant de bâtir son avenir économique et social.

Or ni la première condition ni la seconde ne sont remplies. Ni ceux qui dirigent actuellement le pays, ni ceux qui le soutienne ou le conseillent n’ont une vision pour le pays. Leur objectif est de se maintenir au pouvoir d’utiliser les moyens dont dispose le pays pour continuer à gérer leurs intérêts. Continuer à maintenir les chamailleries entre partis politiques, à maintenir les règlements de compte à travers un système judiciaire dépendant, à emprisonner et à diviser. A brandir le bâton et la carotte : le Dialogue . Qu'ils annoncent... qu'ils retirent... laissant des parties politiques opportunistes salivant de rage. Rage qu'ils finissent par négocier, s'aligner sur le pouvoir et recevoir des miettes sacrifiant ainsi tout espoir d'un développement quelconque à travers l'élite politique.

Quant à la seconde condition, elle entre dans la même perspective. L’administration publique minée par l’incompétence, le favoritisme et l’esprit de clans, subsistant sur des moyens dérisoires, affiche une incompétence notoire et de ce fait ne peut servir un quelconque modèle de développement.

Pas de vision économique eu sommet de l’Etat, pas d’administration viable, ni de structures techniques existantes, la Mauritanie végétera longtemps dans le sous-développement et il est probable qu’elle n’en sortira pas.

     Pr ELY Mustapha


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6 réactions à cet article    


  • Clark Kent Séraphin Lampion 7 juin 2022 16:44

    Comment les dirigeants un pays qui ne font rien pour supprimer l’esclavage pourraient-ils avoir une vision économique ? Cette notion n’existe pas dans leur univers mental qui se limite à la relation « dominant/dominé ». Même s’ils portent des costumes et conduisent des voitures, leurs connexions neuronales acquises sont archaïques.


    • Claude Courty Claude Courty 8 juin 2022 09:17

      @Séraphin Lampion

      Ils vivent surtout, comme l’immense majorité des êtres humains, dans le déni de réalité de leur condition :

      https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2015/03/schema-sans-commentaire.html

      https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2020/10/le-syndrome-de-lautruche.html


    • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 8 juin 2022 11:51

      @Séraphin Lampion

      Cher Séraphin, votre assertion « les dirigeants un pays qui ne font rien pour supprimer l’esclavage », mérite nuance.

      L’arsenal juridique d’éradication de l’esclavage existe et est étoffé, les tribunaux spéciaux de traitement des crimes d’esclavage sont en place depuis des années.Ce n’est donc pas une question de droit (lois) ou d’institution de répresssion (police-justice-prison) , c’est avant tout une question de mentalité (inertie tribaliste) difficile à combattre et surtout la dépéndance économique qui maintient les « serviteurs » sous la coupe de leurs maitres. Car bien qu’ayant développé les cadres juridiques et les juridictions chargées de lutter contre l’esclavage, l’Etat n’a pas créé les conditions économiques viables pour que les personnes puissent se libérer. Car pour se libérer de son maitre (qui lui fournit la subsistance) , il faut qu’il ait la possibilité de vivre par lui-même (emploi, ressources etc..) , or l’Etat ne fournit rien de cela. La dépendance économique empêche l’éradication de l’esclavage. Et donc l’esclavage persiste.



      • Pr ELY Mustapha Pr ELY Mustapha 8 juin 2022 10:58

        @Claude Courty
        Merci pour vos commentaires et enrichissants liens.

        Cependant, tels que je les ai suivis, ils menent à la solution suivante
        « un revenu universel minimum et inconditionnel (R.U.M.I.), moyen d’éradiquer la pauvreté profonde ».

        Ce qui, tout en étant d’une noblesse empathique certaine, n’en demeure pas moins une vue de l’esprit. 
        Ni dans les faits ni dans la réalité, cette solution ne pourrait s’appliquer car si même les « pauvres » le voudraient, la mécanique profonde du pouvoir et de la domination,essence même ceux qui nous dirigent, par classes aisées (lobbies et autres groupes de pouvoir occulte), s’y opposerait.
        Car voyez-vous ce qui les préoccupe n’est pas que les pauvres deviennent moins pauvres , ce qui les préoccupent, c’est qu’en devenant moins pauvres, ils commencent à s’intéresser à eux... à la politique, à leurs affaires....
        J’avais développé en son temps une théorie économique de la gouvernance inanitionique (comment on gouverne par la faim) qui explique cela, merci de la consulter sur ce lien :

        https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-gouvernance-inanitionique-184583


      • Claude Courty Claude Courty 9 juin 2022 01:48

        @Pr ELY Mustapha

        Il semble que par pur conformisme vous ayez du mal, sans être hélas le seul, à admettre le caractère à la fois structurel et relatif de la pauvreté, d’où votre difficulté à concevoir la possibilité “d’isoler” l’ensemble de la société – à commencer par sa base, donc les plus pauvres – du niveau zéro de sa richesse ; ce à quoi l’universalité d’un revenu universel enlèverait tout caractère utopique.

        https://pyramidologiesociale.blogspot.com/2022/03/le-rumi-revenu-universel-minimum-et.html

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