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La réponse de l’Iran sera-t-elle nucléaire  ?

L’Iran et Israël reconnaissent tacitement qu’une confrontation militaire directe aurait des conséquences dévastatrices pour les deux pays, excluant de fait la possibilité d’une guerre totale. L’Iran semble cependant chercher une issue honorable à la crise précipitée par l’assassinat du chef du bureau politique du groupe terroriste Hamas sur son territoire. Cet événement représente une humiliation historique qui hantera probablement le régime iranien indéfiniment.

Les affirmations concernant le désir du régime iranien de maintenir sa crédibilité sont déplacées, car cette crédibilité s’est érodée depuis longtemps. Il est largement reconnu dans la région et au-delà que les menaces répétées du régime suite aux attaques contre ses dirigeants politiques et militaires, ainsi que ses chercheurs et experts, sont principalement destinées à la consommation intérieure et s’estompent rapidement de l’attention internationale.

Nous devons reconnaître que l’assassinat de Haniyeh, bien que significatif, ne l’emporte pas sur l’impact d’autres événements récents affectant le leadership iranien. Il est moins conséquent que la mort de l’ancien président iranien Ibrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère dont les causes restent indéterminées. Il porte également moins de poids stratégique que l’élimination du général Qassem Soleimani, qui était effectivement le numéro deux du Guide suprême en termes pratiques. Même l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh, l’architecte du programme nucléaire iranien, était sans doute plus impactant étant donné l’importance stratégique du programme pour le régime.

Il est donc erroné de supposer que l’Iran risquerait une guerre totale catastrophique avec Israël en raison de la mort de Haniyeh. Pour le régime iranien, il était essentiellement un agent palestinien au service des intérêts iraniens. La situation actuelle implique probablement que l’Iran recherche un scénario de réponse qui lui permette de revendiquer une vengeance et de tenir ses menaces, tout en évitant crucialement toute contre-réponse israélienne qui pourrait davantage embarrasser le régime ou le pousser dans une position encore plus précaire.

La question qui se pose pour un observateur est la suivante  : le régime iranien favorise-t-il le silence tactique et le désengagement temporaire tout en se concentrant sur l’accélération de la militarisation de son programme nucléaire  ? L’Iran vise-t-il à acquérir une arme nucléaire dans les deux à trois semaines suggérées par les récentes estimations américaines  ?

Actuellement, les dirigeants iraniens peuvent considérer l’acquisition d’une dissuasion nucléaire comme une réalisation transformatrice. Une telle capacité pourrait dissuader significativement Israël de répéter des actions contre des figures principales comme Haniyeh et d’autres mercenaires affiliés à l’Iran, tant militants que civils. Le régime voit probablement l’armement nucléaire comme un moyen de restaurer le prestige et la fierté nationale de l’Iran, tout en détournant l’attention des opérations israéliennes contre le personnel iranien ou les agents alliés. Les mollahs peuvent calculer que maintenir Israël et les puissances occidentales en suspens quant aux réactions potentielles de l’Iran sert leurs intérêts. Ils pourraient viser à capitaliser sur les tensions géopolitiques actuelles en annonçant de manière inattendue des capacités nucléaires militaires, justifiant cette étape comme une autodéfense nécessaire face aux menaces israéliennes perçues.

Une analyse des preuves disponibles suggère que la poursuite de l’option nucléaire pourrait s’aligner étroitement sur la pensée stratégique du Guide suprême iranien Ali Khamenei et de son cercle restreint. Cette voie semble de plus en plus viable compte tenu des circonstances et des capacités actuelles de l’Iran. L’acquisition d’armes nucléaires pourrait fournir au régime un outil puissant pour maintenir la stabilité interne et dissuader les actions militaires israéliennes potentielles. Cela permettrait à Téhéran de renforcer les affirmations sur la force de son «  axe de résistance », qui pourrait alors être présenté comme une alliance à capacité nucléaire. Un tel développement délivrerait probablement un choc stratégique significatif à Israël et limiterait sévèrement les options de toute administration américaine entrante, y compris une potentielle administration Trump. La perspective d’un Iran doté de l’arme nucléaire compliquerait, voire paralyserait, la capacité de Washington à menacer de manière crédible ou à exécuter des actions militaires contre l’Iran, qu’elles soient limitées ou à grande échelle.

Les gains stratégiques globaux que l’Iran pourrait récolter s’il recourt à l’activation de l’option nucléaire représentent une véritable catastrophe stratégique pour Israël et le reste des pays du Moyen-Orient. Cela représente une réflexion hors des sentiers battus pour répondre à la tentative d’Israël de freiner l’influence régionale de l’Iran, que ce soit par l’assassinat d’un de ses mercenaires, Haniyeh, dans sa propre cour ou en dirigeant des frappes douloureuses contre les bras de sa milice terroriste.

Malgré son attrait stratégique, la poursuite de l’option nucléaire par l’Iran comporte des risques, des contraintes et des complexités significatifs. La décision de procéder est conditionnée par des facteurs cruciaux, principalement les positions de la Chine et de la Russie. Leur soutien aux ambitions nucléaires de l’Iran, tant dans les forums internationaux qu’en coulisses, est crucial. Les positions de Pékin et de Moscou sont façonnées par leur propre calcul stratégique, y compris leur vision à long terme des relations avec l’Iran et le rôle que Téhéran pourrait jouer dans leurs stratégies concernant la compétition mondiale et la lutte pour l’influence au 21e siècle.

Un facteur critique est la capacité réelle de l’Iran à traduire ses connaissances techniques accumulées et ses stocks d’uranium enrichi en une arme nucléaire fonctionnelle, même à un niveau expérimental. Les informations fiables sur les capacités techniques de l’Iran sont rares, les estimations des services de renseignement américains et israéliens suggérant principalement que l’Iran pourrait atteindre ce stade en aussi peu que deux semaines. Cependant, l’exactitude de ces évaluations dépend de données réelles, et non de fuites délibérées de l’Iran ou de revendications potentiellement exagérées sur la menace iranienne. Ceci est particulièrement pertinent compte tenu des faiblesses connues et du déclin de diverses institutions iraniennes, couplés à la tendance de l’Iran à l’hyperbole, en particulier concernant les capacités militaires. Ces facteurs nécessitent une approche prudente lors de l’évaluation des estimations des services de renseignement et des rapports iraniens, qui penchent souvent vers la propagande. Une évaluation mesurée des véritables capacités nucléaires de l’Iran est essentielle pour comprendre le calendrier réaliste et les implications de son programme nucléaire.

Il existe un autre défi lié à l’incapacité du régime iranien d’annoncer avoir atteint le seuil nucléaire et rejoint le club des puissances nucléaires sans preuves suffisantes et convaincantes qui assurent la dissuasion souhaitée dans le cas iranien, d’autant plus qu’il n’est pas possible de revendiquer ce développement soit parce que le prix du mensonge et de la tromperie serait coûteux, soit parce qu’il y a une facture politique/stratégique potentielle à assumer comme réaction directe à ce qu’un Iran nucléaire représente comme menace réelle majeure pour la sécurité et la stabilité régionales et internationales.


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13 réactions à cet article    


  • hans-de-lunéville 1 30 août 10:55

    non bien sûr, pas entre voisins.


    • Fergus Fergus 30 août 17:37

      Bonjour, hans-de-lunéville

      Surtout quand un des potentiels belligérants ne possède pas (encore) cette arme et que l’autre dispose de dizaines, voire de centaines, d’ogives nucléaires.

      Poser cette question n’a donc pas de sens. Et tout obscurantistes qu’ils soient, les dirigeants iraniens savent très bien que leur pays serait rayé de la carte en cas d’attaque nucléaire aux dépens d’Israël. 



      • xana 30 août 13:41

        C’est marrant, c’est exactement ce que nous sert la propagande occidentale tous les jours.

        Merci Salem Alketbi pour cette resucée destinée à faire trembler les petits Occidentaux dans leurs pantalons !


        • Berthe 31 août 19:33

          @xana
          il est dopé à la fiole pegasus !!! 
          On se demande ce qu’il fout sur Avox d’ailleurs 
          J’ai jamais compris ces mecs qui la ramènent sur les autres pays (ceux qu’ils honissent précisément) sans jamais toucher à leur propre pays. On a çà avec le Koweit, le Emirats, le Qatar, le Maroc, la Jordanie que des monarchies ou la liberté d’expression est la plus prisée du monde d’ailleurs. Regardez comme en occident on va davantage spéculer sur le voile iranien mais jamais celui de ces pays là ! Alors que c’est stricto sensu, le même !! On dirait des pays où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Pourquoi la menace nucléraire ne viendrait pas d’Is****el d’ailleurs ? C’est bien un des bouchers de ce pays qui avait menacé pourtant ? Qui possède l’arme dissuasive parmi ces monarchies ? Tous l’ont... Et qui prouve que l’iran a l’arme dissuasive ? Rien ni personne alors que pour l’autre, nous savons tout qui lui a fournie... 


        • Lynwec 30 août 20:03

          Oh qu’il la voudrait, sa guerre mondiale, le bon docteur S... parce que si ça partait en sucette dans cette région clé des hydrocarbures, ça en motiverait un paquet, de nos apprentis-dictateurs, pour rétablir la conscription et envoyer tous nos jeunes participer allégrement à l’auto-dépopulation dont rêvent ses probables commanditaires...

          Parti-pris transparent que cette position sur la menace (hypothétique) que représenterait un Iran détenteur (fantasmé) de la bombe mais ne génocidant personne à ma connaissance, alors qu’une autre entité créée de toutes pièces et parachutée dans la région par les globalistes avant l’heure (je participe à la création de l’UE et je me barre quand je pressens/sais que ça va mal tourner...), entité qui, elle, possède clairement ces armes et génocide en direct sous les applaudissements de l’Occident qui l’arme et la soutient en dépit du bon sens...


          • Tolzan Tolzan 31 août 11:28

            Félicitons chaleureusement l’analyste politique, chercheur et rédacteur émirati qui vient d’ajouter un daube à son palmarès déjà éloquent ! 


            • xana 31 août 12:57

              c’est quoi un daube ?


              • xana 31 août 12:58

                C’est quoi un daube ?


                • Tolzan Tolzan 31 août 14:52

                  @xana
                  Bon ... vous avez compris... une erreur de frappe tout simplement.. errare humanum est !


                • Titarmo 4 septembre 14:19

                  @Tolzan
                  Le mot étron est également approprié...


                • Soucougnan Soucougnan 31 août 15:27

                  @Dr. salem alketbi

                  La perspective d’un Iran doté de l’arme nucléaire compliquerait, (...) la capacité de Washington (...) à exécuter des actions militaires contre l’Iran

                   

                  Imaginez que l’Iran dispose aujourd’hui d’armes nucléaires, est-ce que cela ne rendrait pas encore plus compliqué pour lui de répondre à l’assassinat de Haniyeh ? L’Iran pourrait-il se permettre d’envoyer vers Israël ne serait-ce qu’un simple drone sans prendre le risque que celui-ci soit identifié à tort comme une arme atomique et que l’enfer nucléaire commence sur une méprise ?


                  • Berthe 31 août 19:46

                    @Soucougnan
                    L’Iran n’a jamais attaqué un pays musulman, JAMAIS contrairment aux autres pays de la région qui ne peuvent pas réagir face à ce qui se pasee à Gaza vu ce qu’ils pratiquent depuis des décennies en Irak, Syrie, Libye et surtout actuellement au Soudan. C’est eux qui fournissent le principal continguents, qu’il soit civil ou miliatre et çà date de la 1ère guerre en Irak d’ailleurs.. Les victimes civiles atteignent des chiffres collossaux... Yemen plus de 500 000 victimes, quant au Soudan, on parle carrément de génocide, les Emirats, l’Arabie et l’Egypte seraient directement impliqués. Je ne sais plus quel artiste a renoncé à son spectacle à Dubai pour dénoncer ce massacre. 

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