Nous avons tous en tête les récentes images de la place Tahrir, où des centaines de milliers d’Egyptiens ont protesté contre un régime dont ils ne voulaient plus. Les manifestants, hommes et femmes, se sont battus durant 18 jours jusqu’à la chute d’Hosni Moubarak. A l’heure actuelle, nous ignorons ce que l’avenir réserve aux Egyptiens, nous ne pouvons que leur souhaiter d’accéder aux libertés qu’ils ont tant réclamées. Mais qu’en sera-t-il des Egyptiennes ? La révolution leur profitera-t-elle ?
Femmes dans la lutte
« Les femmes de notre pays ont toujours participé aux mouvements révolutionnaires, mais quand les choses revenaient à la normale, elles devaient poursuivre leur propre combat afin d’obtenir ce qui leur revenait », affirme Margot Badran, auteure de plusieurs livres sur le féminisme et l’Islam. « C’est comme conduire avec un frein à main, vous avancez tout en étant retenue. »
Ces dernières semaines, nous avons vu différents profils de femmes place Tahrir : voilées ou tête nue, habillées traditionnellement ou à l’occidentale, musulmanes ou chrétiennes… Parmi ces manifestantes, Marwa Ibrahim, 25 ans, diplômée en microbiologie et sans emploi, déclarait : « Il faut qu'hommes et femmes prennent part aux manifestations. Le rôle d'une femme est exactement le même que celui d'un homme. Nous ne voulons pas de Moubarak, nous voulons un changement de régime. »
Malgré leur volonté de se battre autant que les hommes, ces femmes s’exposaient à un risque qu’elles connaissent bien : le harcèlement, une pratique courante en Egypte. D’après les témoignages, place Tahrir, tout était différent, de nombreuses manifestantes ont constaté que leurs compatriotes masculins s’abstenaient de les importuner alors que d’habitude, il leur est impossible de marcher tranquillement dans la rue.
Malheureusement, le gigantesque mouvement révolutionnaire ne s’est pas déroulé sans incident à l’égard des femmes. Ainsi, le 15 février, nous apprenions que Lara Logan, reporter de la chaine américaine CBS, avait été violentée et agressée sexuellement en marge des manifestations célébrant le départ de Moubarak. Un groupe de femmes et des soldats sont intervenus pour mettre un terme à son agression. La banalisation du harcèlement des femmes en Egypte nous laisse facilement supposer que Lara Logan ne fut certainement pas la seule victime.
83% des Egyptiennes victimes de harcèlement sexuel
Comme l’a récemment déclaré Mary Rogers, journaliste à CNN : « si vous êtes une femme et que vous vivez au Caire, il y a de fortes chances que vous ayez été victime de harcèlement, que ce soit dans la rue, au travail, à l’école, dans le bus… » En 2008, le Centre égyptien pour les droits des femmes (ECWR) a mené une enquête auprès de 1010 femmes. Les résultats furent sans appel : 83% des Egyptiennes et 98% des femmes étrangères ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel. Quant aux hommes, 62% reconnaissaient avoir déjà harcelé une femme.
Le harcèlement peut prendre plusieurs formes. Certains hommes insultent, d’autres font des gestes obscènes, mais il est également courant que des femmes soient tripotées en pleine rue. Mary Rogers raconte que quelques temps après son arrivée en Egypte, en 1994, un homme a posé ses mains sur ses seins alors qu’elle se rendait à son travail. Elle le frappa immédiatement au visage en lui criant dessus, l’homme s’est alors excusé. Mais après avoir subi le harcèlement dans les rues du Caire durant quelques années, Mary Rogers a fini par renoncer à se rendre à pied à son travail.
Pour Nehad Abu el Komsan, ce comportement envers les femmes a plusieurs explications. D’après elle, le régime de Moubarak consacrait plus son énergie à lutter contre les possibles rebellions de la population que contre les problèmes de société. L’apparition d’une interprétation plus conservatrice de la religion musulmane a également fait reculer la condition des Egyptiennes. Quand des hommes qui pensent que les femmes ne devraient pas sortir seules croisent des femmes non accompagnées, ils les prennent pour des filles légères et se permettent tout avec elles, qu’elles soient en mini-jupe ou voilées de la tête aux pieds.
Ce phénomène est si répandu qu’il existe une application pour permettre aux femmes de signaler par sms les lieux où elles se sont faites harcelées : www.harassmap.com. Ces signalements apparaissent sur une carte avec le type de harcèlement dont elles ont été victimes.
32% de femmes au chômage
En 2010, l’Egypte fut classée 125ème sur 135 pays quant aux écarts entre les hommes et les femmes en matière d’économie, de politique, d’éducation et de santé.
D’après un rapport du Population Council sorti en 2010, 32% des Egyptiennes entre 15 et 29 ans sont au chômage, contre 12% de leurs compatriotes masculins. Le taux d’alphabétisation des femmes est largement inférieur à celui des hommes : 59,7 contre 83,3%. Avant la chute de Moubarak, seules quatre femmes étaient présentes parmi les 454 sièges du Parlement, quatre femmes étaient ministres et aucune Egyptienne ne siégeait parmi les 29 gouverneurs.
Le jour où des Egyptiennes ont commencé à se présenter pour être juges à la plus haute cour du pays, la cour leur a interdit, expliquant que les femmes sont trop émotionnelles et trop prises par leurs devoirs maternels. Cette décision ne fut abrogée qu’en avril 2010.
96% de femmes excisées
Qu’elles soient de religion musulmane ou chrétienne, la plupart des femmes égyptiennes sont excisées. Officiellement interdites par une loi de 1997 renforcée en 2007, les mutilations génitales féminines sont encore très répandues en Egypte. Aujourd’hui, les familles continuent d’imposer à leurs filles cette pratique qui, pour certaines, se révèle fatale.
Malgré le traumatisme de cette expérience, les mères égyptiennes souhaitent que leurs filles soient dans « la norme ». Il est encore ancré dans les esprits qu’une fille non excisée ne trouvera jamais de mari et les parents pensent agir pour le bien de leur enfant.
A la lecture de ce constat, Cléopâtre et Hatchepsout, reines symboles de la puissance égyptienne, nous semblent bien lointaines. L’Egypte est actuellement en pleine reconstruction et il est peu probable que l’amélioration de la condition féminine fasse partie des priorités du pays. Mais le prochain gouvernement aurait tort de ne pas traiter cette question, car un pays qui souhaite se développer économiquement ne peut laisser de côté la moitié de sa population.
Photo : galerie Flickr d'Omar Robert Hamilton. Ahdaf Soueif s'adresse à la foule le 4 février 2011.
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Elles se battent et souffrent depuis si longtemps qu’il faut
espérer qu’elles puissent vivre enfin librement. Ce sera difficile car les
fleurs ont du mal à s’épanouir dans le
jardin de l’imbécile qui les piétine.
Alors que l’excision est interdite depuis 1997, 96 % des femmes mariées sont excisées. 83 % de citoyennes et 98 % d’étrangères affirment s’être fait harceler sexuellement à un moment ou l’autre de leur vie en Égypte. Respectivement 46 % et 52 % disent le subir de façon quotidienne. 62 % des Égyptiens avouent le faire aussi avec les femmes portant le voile.
Teglath-Phalazar
Ier qui a décrété que ’’
Les
femmes mariées qui sortent dans la rues n’auront pas la tête
découverte. La concubine qui va dans la rue avec sa
maîtresse(l’épouse)sera
également voilée. La hiérodule
(prostituée
sacrée) qu’un
mari a prise sera voilée dans les rues. Et celle qu’un mari n’a
pas prise ira la tête découverte. La prostituée
(non
sacrée)ne
sera pas voilée, sa tête sera découverte’’[12
siècles avant notre ère]
sans parler des jeunes femmes chrétiennes coptes qui sont enlevées et mariées de force à des musulmans. Et le gouvernement egyptien n’a jamais rien fait pour punir les coupables.
L’oppression de la femme égyptienne, au delà de son caractère révoltant sur le plan humain, est responsable en partie de la révolte actuelle. En effet, ces femmes sont souvent considérées comme de simples « machines à reproduire » et donc aujourd’hui l’Egypte doit faire face à une démographie galopante.
Bien que le sujet soit politiquement incorrect, certaines voix se sont dernièrement élevées.
Sur les ondes de France Culture
31/01/2011 - François Thual, géopoliticien : « Je crois qu’il faudrait dire un mot de ce qui est à mes yeux aussi une crise sociale et économique. Vous avez 3 chiffres : en 1967 il y avait 30 millions d’habitants en Égypte, aujourd’hui il y en a 84 millions et en 2050 il y en aura 150 millions ! Or ces habitants disposent de 145.000 km² vivables, pour un pays qui fait 1 million de km². Je rappelle cela pour dire qu’il y a une pression démographique qui a généré la misère. Vous avez plus de 50% de la population qui a moins de 24 ans. Se poser la question des relations des États-Unis avec la crise actuelle, c’est aussi gratter l’écume des choses. Cette crise est-elle soluble uniquement par la diplomatie, uniquement par des mutations politiques ? Personnellement j’en doute. C’est une crise structurelle, c’est pour cela que les États-Unis sont très inquiets. »
01/02/2011 - Youssef Courbage, démographe à l’INED : « Quand la population croît trop vite, ce sont les ressources qui diminuent proportionnellement par habitant. L’Égypte n’en est pas à 6 enfants, mais elle en est à plus de 3,5 ce qui est beaucoup quand vous prenez la Tunisie où la famille est composée de 2 enfants. C’est ce qui explique en partie pourquoi les problèmes sont, et seront, beaucoup plus virulents en Égypte qu’en Tunisie. L’autre problème, c’est celui qu’on a beaucoup soulevé : on a parlé de la révolte des jeunes. L’arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi, avec très souvent une incapacité de trouver un emploi adéquat, même quand on est pourvu d’un diplôme secondaire ou universitaire est bien plus virulent en Égypte qu’en Tunisie. Et pour une raison très simple : alors qu’il y a une vingtaine d’années les naissances étaient modérées en Tunisie, elles continuaient à être très abondantes en Égypte et ces naissances d’il y a 20 ans se traduisent aujourd’hui par cette arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi avec une incapacité à trouver cet emploi adéquat. »
04/02/2011 - Boutros Boutros Ghali, de nationalité égyptienne, et ancien secrétaire général de l’ONU de 1992 à 1996 : « Je dirais que les problèmes seront beaucoup plus importants parce que vous aurez dans les prochaines années 100 millions d’habitants sur 5% du territoire égyptien, qui est la vallée du Nil et le delta et que le reste du pays (95%) est un désert : premier problème. Le second est qu’il va nous manquer de l’eau parce que les pays qui occupent les sources du Nil vont avoir besoin de passer de l’agriculture pluviale à l’agriculture d’irrigation et donc nous allons avoir de très graves difficultés dans les prochaines années et ce sera le problème de la nouvelle génération et de la nouvelle équipe. »
Sur France 5 dans l’émission « C dans l’air »
16/02/2011 - Alexandre Adler, journaliste et historien : « L’Égypte a d’abord un problème épouvantable, c’est qu’elle est aujourd’hui le pays le plus densément peuplé de la planète. Il suffit d’aller en Haute Égypte pour se rendre compte que ce qu’on appelle « l’Égypte utile », ce sont deux bandes vertes, et après deux déserts. »
L’association Démographie Responsable essaie de relayer ces, trop peu nombreuses, déclarations salutaires...
Je suis loin d’apprécier le personnage de ce gars là qui est Elqaradaoui ainsi que ces dires, mais l’égypte ne peut se résumer à celui-ci et à ses acolytes. On lui a fait un cadeau, un exilé qui fait une prêche un quart d’heure après quatre décennies loin des leurs pour dire que les égyptiens lui manquaient tant, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, où est le problème ?
Et il n’a pas cessé de repéter : je salue les chrétiens et les musulmans égyptiens qui ont renversé le régime dictatoriel de Moubarek.
Contrairement à ce que dit plus haut ce propagandiste pronant ces prêches à partir de la Roumanie.
Kronfi, c’est encore pire que ce que vous pensez. Ce terrifiant vieillard de 84ans veut prendre Rome, réoccuper l’Europe et même les Etats-unis, d’apres un de vous journaux préférés :
“What remains, then, is to conquer Rome,” the imam told his followers in
1995 at a conference held by the Muslim Arab Youth Association (MAYA)
in Toledo, Ohio. “This means that Islam will come back to Europe for the
third time, after it was expelled from it twice... Conquest through
Da’wa (proselytizing) – that is what we hope for. We will conquer
Europe, we will conquer America !” http://www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/142420
Il est donc temps de déterrer le vieux Lebel que vous avez enterré dans le jardin et de tendre des barbelés autour de votre maison. N’oubliez pas de faire des provisions pour plusieurs mois.....Ils arrivent .....
Quant aux femmes , je crois que le plus approprié sera de re-déclencher une révolution féminine si elles constatent que la révolution ne profite pas à elles . En ce moment, il n’y a pas plus simple que le fait de déclencher une révolution. Pour une femme libre qui décide de son destin à coté de son congénère, l’homme.
Les fascistes défendront toujours ceux qui tirent sur le peuple... A Bahrein comme en Libye le massacre est en cours. Il faut que tombent les pantins de l’impérialisme américain et que les peuples arabes prennent en main leur destin...
Ben Ali se casse avec tout l’or de la banque centrale tunisienne .... il tombe dans le Coma.
Moubarak se casse avec tout l’or + diverses liquidités (il a eu 15 jour pour le faire) ..... il est transporté d’urgence à l’hopital.
Question : où sont passé les lingots ?
On vient d’assister à un pillage dans les règles pendant que tous les occidentaux chantaient Démocratie. La vérité, c’est que les maghrébins vont payer ce holdup par l’inflation.
Ces deux « accidents » sont un avertissement à tous ceux qui seraient tentés de ne pas suivre une stratégie subtile derrière tout ça. Quelle stratégie ? Pousser l’Iran à bout ? Un Iran qui craindrait de voir sa population se soulever par contagion ? Ou bien pousser la population à se soulever contre le pouvoir actuel, ce qui est du pareil au même ?
D’une manière comme d’une autre, la « démocratisation » des pays arabes fait partie de l’objectif déclaré de la très fameuse « Communauté internationale » n’est-ce pas ?!
C’est
défendre le droit de penser – c’est préserver la liberté de
conscience – c’est maintenir le principe de l’égalité
hommes-femmes – c’est garantir la liberté des citoyens contre les
idéologies totalitaires
Pour
ne désigner que les pays ou régions proches comme le Liban, la
Syrie, mais aussi les Palestiniens, nul ne peut ignorer qu’ils ne
reconnaissent pas la Nation Israélienne...pour l’Égypte c’est de
moins en moins sûr - dans les pays du Maghreb il n’est même pas
prouvé que ce ne soit seulement du bout des lèvres