La Russie, alignée sur l’OTAN ?
Après avoir dénoncé sans relâche l'attitude de l'OTAN en Libye, la Russie semble faire volte-face en reconnaissant, le 1er septembre, le CNT comme représentant officiel du pays en guerre.
Parmi les membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, seule la Chine persiste désormais à ne pas reconnaître le CNT comme représentant officiel de la Libye.
1er septembre : la Russie reconnaît le CNT comme gouvernement représentatif de la Libye. Un revirement qui intervient alors que la Russie participe, avec quelques dizaines d'autres pays, à une conférence des amis de la Libye qui se tient à Paris pour préparer l'avenir du pays.
C'est un changement spectaculaire puisque, il y a encore quelques jours, la Russie refusait de reconnaître dans le CNT autre chose qu'une des parties représentatives du peuple lybien, ne cessant en parallèle de dénoncer les abus de l'intervention militaire de l'OTAN. Avant ce changement, la Russie indiquait également ne pas avoir de position sur la conférence parisienne du 1er septembre, à laquelle elle affirmait ne pas avoir été invitée.
Certains analystes expliquent ce changement par le souci de la Russie de conserver des accords commerciaux signés avec le Gouvernement de Kadhafi. Mais quels accords peuvent-ils espérer garder alors que le gateau semble déjà avoir été partagé, de longue date, au profit des membres de l'alliance atlantique ?
Les media russes sur internet indiquent qu'il s'agit plutôt d'une diplomatie réaliste, la Russie préférant reconnaître le CNT afin d'avoir un oeil sur les futures évolutions de la Lybie.
Il faut aussi noter que d'autres pressions ont été exercées sur la Russie. Ainsi, en début de semaine, un représentant du Quai d'Orsay s'est rendu à Moscou. Pour parler de quoi ? Un attentat à la bombe a également eu lieu en Tchétchénie cette semaine, faisant plusieurs morts.
En tout état de cause, Bachar El Assad peut désormais s'inquiéter. La Russie le lâchera-t-elle comme elle vient de jeter Kadhafi aux orties ? Ou bien continuera-t-elle à soutenir son allié en bloquant toute intervention internationale au Conseil de Sécurité de l'ONU ?
Ces questions méritent d'autant plus d'être posées que Nicolas Sarkozy a affirmé le 31 août que "le pouvoir à Damas aurait tort de croire qu'il est protégé de son propre peuple. Le président syrien a commis l'irréparable. La France, avec ses partenaires, fera tout ce qui est légalement possible pour que triomphent les aspirations du peuple syrien à la liberté et à la démocratie". Le président français a également déclaré, à propos de l'Iran, que "ses ambitions militaires, nucléaires et balistiques constituent une menace croissante qui pourrait conduire à une attaque préventive contre les sites iraniens, qui provoquerait une crise majeure dont la France ne veut à aucun prix". Or, le nucléaire iranien a été développé avec le soutien actif de la Russie.
La Russie est le 46è pays à reconnaître le CNT. Parmi ceux qui n'ont toujours pas basculé en ce sens à l'heure où ces lignes sont écrites figurent notamment l'Afrique du Sud (et une majorité de pays africains), le Brésil (ainsi que tous les pays d'Amérique Latine, depuis l'Argentine jusqu'au Mexique), l'Inde, le Pakistan, la Chine, le Japon et même Israël...
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