La Russie va construire un réacteur nucléaire en Birmanie
Emoi aux Etats-Unis, où l’on parle de provocation.
Le monde et l’Asie compteront bientôt un pays nucléaire de
plus. L’agence russe à l’anergie atomique vient d’annoncer qu’un réacteur nucléaire
va être construit en Birmanie aux termes d’une convention signée récemment, à une
date qui n’a pas été précisée par le directeur général de Rosatom, Sergey
Kiriyenko et le ministre birman des Sciences et Technologies, U. Thaung. Il
s’agira d’une puissance de réacteur utilisant de l’uranium-235 enrichie à 20
pour cent, a précisé l’agence atomique russe.
Le centre qui fonctionnera sous le contrôle de l’Agence
internationale pour l’Énergie nucléaire (IAEA) comprendra un laboratoire
d’analyse de production d’isotopes ainsi qu’une unité de traitement des déchets
nucléaires et prévoira des moyens d’enfouissement des résidus radioactifs.
La convention russo-birmane prévoit également la formation de 300 à 350 spécialistes
birmans dans les universités de Russie.
Cette information a été accueillie fraîchement par les Etats-Unis. "La Birmanie ne dispose ni du cadre de régulation, ni du cadre légal,
ni des mesures de protection, ni des autres instruments (nécessaires) pour gérer
convenablement un programme comme celui-ci", a commenté le porte-parole du
département d’Etat américain, Tom Casey. Les autorités birmanes "n’ont
rien qui ressemble à une commission de réglementation nucléaire, pas de normes
de sécurité, pas de normes de contrôle ou de gestion de l’énergie nucléaire",
ajoutait-il.
Selon un rapport établi en 2004 par l’université nationale
d’Australie, le gouvernement militaire de Rangoon, qui impose sa dictature sur la
Birmanie depuis le coup d’Etat mené en 1962 par le général Ne Win, entretient
depuis plus de quarante ans des relations étroites avec Moscou. L’implosion de
l’URSS en 1989 n’a pas altéré les relations étroites qu’entretenaient les deux
pays. D’autant plus que la Fédération de Russie, poursuivant la politique
traditionnelle de l’impératrice Catherine II vers les mers chaudes d’Asie, a
poursuivi son action diplomatique dans le Sud-Est asiatique avec succès.
De son côté, la junte birmane, soumise à un blocus imposé par
les Nations unies en raison de ses graves atteintes aux droits de l’homme, a impérieusement
besoin d’assistance technique extérieure.
Le général Aung Aye s’était rendu en Russie entre le 2 et 9
avril 2005, accompagné d’une délégation de soixante hautes personnalités du
Myanmar, au sein desquels se trouvaient les principaux ministres de la junte
militaire et des experts militaires experts des principaux secteurs de l’économie
de ce pays. Quinze jours plus tard, le colonel général Wladimir Molkensoi avait
été reçu par général Thura Swhe Mann, qualifié par la presse locale de
troisième homme le plus puissant du pays, pour signer les conventions envisagées
à Moscou au début du mois.
Les Russes, manifestement, ne voyaient aucun inconvénient à occuper
le terrain en Asie su Sud-Est, avant que ne le fassent les autres puissances. Il
s’agissait pour eux de prendre des positions géostratégiques partout où jaillit
le pétrole et où ils pourraient acquérir des participations dans le capital des
sociétés pétro-gazières exploitantes locales. Les résultats positifs de leurs récentes
initiatives diplomatiques, économiques et scientifiques apportent une bonne
indication concernant l’affinité et l’empathie qu’éprouvent les dix pays de
l’ASEAN à l’égard de Moscou. Ils permettent de prévoir une intensification de
l’activité des entités privées et publiques russes dans cette zone.
Les conventions signées portaient sur :
- Nucléaire : Construction pour le compte du Myanmar d’une
centrale électrique nucléaire selon une déclaration d’intention datant de 2001.
Ces projets n’avaient pu être réalisés à l’époque car le budget birman ne le
permettait pas. La Birmanie était alors trop pauvre pour se payer un tel
programme. Des gisements de gaz permettraient aujourd’hui cette coopération. La
découverte, faite en janvier 2005 dans le nord-ouest de la Birmanie de gisements
de gaz, allait faire du Myanmar un des pays les plus riches de l’ASEAN, ce qui
serait de nature à modifier considérablement l’équilibre géopolitique du Sud-Est
asiatique.
Les réserves décelées par une société sud-coréenne vont
permettre, selon les évaluations faites par la société Ryder Scott Co., de
produire de 2,9 à 3,5 quintillions, (10 18) de pieds cubes de gaz, soit l’équivalent
d’environ 600 milliards de barils de pétrole brut.
De ce fait, la Birmanie/Myanmar, en dépit de son régime
militaire dictatorial, allait devenir une source importante de gaz naturel pour
les pays d’Asie les plus riches. Sa richesse potentielle attire déjà des pays
industriels pour lesquels l’argent n’a pas d’autre odeur que celle du pétrole,
et qui ne trouvent pas d’inconvénients moraux majeurs à entretenir, espèrent-ils,
de fructueuses relations avec elle.
Dans le secteur privé ou semi-privé, on compte également près
de 500 sociétés ou compagnies pétrolières, informatiques, industrielles, de toutes
nationalités, venues s’installer en dépit de réglementations draconiennes sur
l’implantation et le fonctionnement d’identités étrangères au pays.
3 - Hydrocarbure et gaz - Coopération technique et l’élaboration
d’une stratégie commune dans le secteur pétrolier. Fourniture de gaz en échange
de livraison d’équipement et armes de guerre russes à la Birmanie. Toutefois la
contrepartie birmane n’a pas été rendue publique.
- Contrôle des stupéfiants - Répression des trafics de stupéfiants
selon un accord de coopération envisagé en 1997. Il est paradoxal que la
Birmanie ait signé ce type d’accord. Premier producteur mondial - elle produit
au total plus de 2 700 tonnes de résine par an. Cette culture et sa
commercialisation ont fait la fortune de plus d’un des seigneurs de la guerre
Shan et birmans détenteurs du pouvoir en Birmanie. Il n’est pas précisé ce que
va devenir cette énorme production.
Le voyage de l’envoyé spécial du Kremlin fait il y a un an
indiquait qu’il existe à Moscou une volonté impatiente de consolider la
position diplomatique russe dans cette partie du monde le plus rapidement
possible. La Birmanie est située au sud-ouest de la Chine et partage avec Pékin
une frontière de mille cinq cents kilomètres qui va de l’Assam indien au Triangle
d’Or des trois frontières au Laos.
La montée de la République populaire de Chine comme
puissance nucléaire et économique incite le Kremlin à ravauder les traces
d’usure qui sont apparues dans les liens tissés pendant plus de cinquante ans
avec tous les régimes établis à Rangoon.
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