La Syrie cède a minima aux injonctions de la Ligue arabe
Réunie dans l’urgence les 30 et 31 octobre derniers pour se saisir du problème syrien, la Ligue arabe avait, depuis lors, avancé quelques solutions qu’elle sommait à la Syrie d’accepter. C’est chose faite depuis hier. Du moins en apparence, tant la stratégie de l’usure par le temps, propre au régime syrien, est évidente à travers cet accord.
Sommée de choisir la retenue et le dialogue plutôt que la répression, la Syrie a finalement cédé aux injonctions de la Ligue arabe.
Surprise tout de même quand on sait le peu d’estime que le régime alaouite porte à une institution qu’elle accuse d’être à la solde de l’impérialisme saoudien. Mais acculée au plan international, la Syrie ne pouvait que s’exécuter tant l’injonction de ses voisins est aussi celle de pays effrayés par l’incitation à la révolte des peuples arabes que le martyre des syriens peut comporter. D’autant que la médiation de la Ligue arabe était l’ultime étape avant une plus large internationalisation, en particulière à l’échelle de l’ONU, dans la résolution du conflit interne syrien.
Pour la Syrie c’était donc accepté ou prendre le risque d’une plus grande solitude avant, inéluctablement, d’avoir à rendre des comptes au niveau international sur son attitude.
Mais concrètement qu’a-t-elle accepté ?
Sur le papier plusieurs choses : l’arrêt complet des violences, l’évacuation des troupes déployées dans les villes et les zones résidentielles, la libération des prisonniers arrêtés à la suite de manifestations et l’autorisation, au moins formelle, accordée aux médias pour travailler « librement » en Syrie.
La prudence reste malgré tout de mise pour deux raisons. Tout d’abord il s’agit pour le moment de paroles qui demandent à être confirmées en acte. Pour preuve le scepticisme de certaines chancelleries comme celle des Etats-Unis pour qui ce régime reste terriblement discrédité par ce qui vient de ce passer.
D’où un deuxième bémol, celui de la circonspection à l’idée de voir un régime passé si rapidement d’un extrême à l’autre. D’ailleurs Nabil El Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe, a fait montre d’une troublante lucidité lors de son interview sur la chaine Al arabia. Le régime cherchant, selon lui, « à gagner du temps » à travers cet accord.
Le CNS, regroupement de plusieurs partis d’opposition, ne s’y trompant d’ailleurs pas, lui qui accuse le régime de fausseté et d’hypocrisie dans ses déclarations d’appel au dialogue et au pacifisme. A cette fin le conseil national syrien (CNS) a réitéré ses demandes pour placer la population civile sous protection internationale.
Preuve d’un problème syrien réglé en apparence, comme l’illustre le problème du dialogue politique intra-national. Le régime réclamant l’arrêt des manifestations pour cesser la répression et dialoguer avec l’opposition, là où l’opposition manifeste pour appeler au dialogue et faire cesser la répression.
Mais en acceptant cet accord, forcément a minima puisqu’il n’engage que des mots pour le moment, le régime a fait retomber la pression. C’est certainement ce qu’il cherchait.
Anthony Rigot le 3-11-11
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