La Thaïlande n’aime pas Facebook… et encore moins les Thaïlandais
Une fois encore le virage autoritaire de la junte au pouvoir en Thaïlande se fait plus abrupt. Chaque mot dans la rue ou sur Internet doit être soupesé au risque de se retrouver en prison pendant plusieurs années. C’est ce qu’il vient d’arriver à un paisible thaïlandais qui a eu le malheur de poster un message « irrespectueux » il y a deux ans sur son compte Facebook. Finalement « jugé » après plus d’un an de détention, l’homme est devenu le nouveau symbole de l’arbitraire et de la folie d’une junte qui perd pied.
Alors que le droit à l’oubli nourri les conversations autour d’Internet depuis quelques mois, ce concept est fort étranger sous d’autres latitudes. Cela se vérifie malheureusement dans un pays comme la Thaïlande où les militaires, avec à leur tête le général Prayut Chan-O-Cha, ont pris le pouvoir en mai 2014. La liberté d’expression a été réduite au rang des souvenirs et, signe de l’autoritarisme absolutiste de la junte, de simples citoyens sont désormais jugés pour des propos tenus sur les réseaux sociaux avant même le coup d’Etat de 2014. Tout est prétexte à la mise à l’écart de certains et à une montée sciemment provoquée de la peur au sein d’une population qui rêve d’un retour à la normale.
Piya Julkittiphan, Thaïlandais de 46 ans compte parmi les milliers de victimes de l’arbitraire militaire. Deux ans après avoir publiés des posts sur Facebook (soit un an avant le coup d’Etat militaire), cet homme sans histoire s’est retrouvé incarcéré pour crime de lèse-majesté. La « Justice » n’a pas voulu communiquer sur les détails qui ont conduit à une incarcération longue d’un an et qui vient de se conclure sur un procès au verdict qui laisse songeur : neuf années d’emprisonnement réduites à six pour coopération avec les autorités durant l’enquête. Une enquête menée à charge et approuvée par des juges à la botte de militaires complètement illégitimes. On sait juste que les posts étaient de caractère « irrespectueux » pour la famille royale.
Si sur le papier, une telle sentence est possible – l’article 112 du Code criminel punit lourdement les auteurs de crime de lèse-majesté – cette mauvaise farce judiciaire est uniquement destinée à terroriser l’ensemble des Thaïlandais. Peu importe le lieu et le moment, tout le monde est susceptible d’être envoyé à l’ombre si le moindre doute existe quant aux sentiments nourris envers la junte. Le roi vieillissant et malade n’est qu’un prétexte. L’homme soit disant intouchable n’est qu’un pantin de 86 ans qui sert à la politique de militaires avides de pouvoirs et qui se complaisent à la tête de l’Etat.
La mainmise des treillis se fait de plus en plus absolue sur le pays et plus rien ne semble devoir faire obstacle à un autoritarisme très inquiétant. Même l’ambassadeur des Etats-Unis a été menacé après des propos jugés, là encore, irrespectueux à l’endroit de la royauté. Piya Julkittiphan n’est malheureusement qu’un exemple parmi d’autres car avec un régime devenu le destructeur de son propre peuple, d’autres citoyens lambda et politiciens pas assez aux ordres des mitraillettes et des lubies d’un général Prayut Chan-O-Cha qui se rêve en maître tout puissant seront broyés par le système.
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