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La Tunisie a flirté avec la démocratie directe

Ceux qui n'ont pas vécu de l'intérieur l'expérience révolutionnaire tunisienne et égyptienne ne peuvent imaginer malgré toute leur bonne volonté l'ampleur de la métamorphose. Le bouleversement a plus transformé les esprits qu'il n'a modifié d'une manière radicale les apparences. C'est pour cette raison qu'un tel phénomène est difficilement quantifiable. En l'espace de quelques heures, quelque jours, des hommes et des femmes ont subitement mué. Des sujets qui pendant de longues décennies ont mené une existence politique presque végétative prennent soudain conscience qu'ils sont des citoyens, qu'ils sont les vrais maîtres de la cité. Voila que toutes les places dans les villes et dans les villages se transforment en agoras et que les nouveaux maîtres, maîtres de leur propre destin, dictent dans l'euphorie mais avec détermination leurs quatre volontés, directement, sans intermédiaires et sans représentants hypocrites. Oui, les révoltes tunisienne et égyptienne se sont faites sans leaders et sans encadrement même si après coup syndicats et formations politiques s'y sont ralliés. Soulèvements populaires purs, sans souillures politiciennes ni compromis, ils ressemblent plus à un hymne à la démocratie qu'à un mouvement organisé. Stupéfait, le monde assiste à travers les écrans à l'impossible exploit de peuples pacifiques, armés de leur seule volonté déposer leurs despotes.

En Tunisie, après la fuite du dictateur, un peu partout dans le pays, des bandes de barbouzes au service du RCD et des clans rivaux s'étaient mises à saccager et à incendier municipalités, sous-préfectures, tribunaux, recettes des finances et même des écoles primaires. Leurs but était en même temps de détruire des archives compromettantes et de provoquer le désarroi parmi les habitants . La Tunisie était en feu. La police pourtant pléthorique à l'époque de Ben Ali a totalement disparu. Face au danger, un miracle se produit : la population au lieu de paniquer a pris spontanément son destin en mains. Des gens nés et nourris au sein des dictatures, totalement apolitiques, se mettent à s'autogérer comme si la chose politique s'apparentait plus à l'inné qu'à l'acquis. Je n'ai pu alors m'empêcher de penser que plus les institutions sont organisées et fortes plus l'individu perd le sens du politique. Cette quasi vacance du pouvoir au lieu d'instaurer la loi de la jungle a au contraire permis l'éclosion des solidarités. Des comités de quartiers poussent un peu partout, des jeunes et des moins jeunes, armés de gourdins, de barres de fer ou même de vieux amortisseurs, dressent des barrages à tous les carrefours et sur toutes les routes. Les voisins se découvrent soudain, des cercles se forment, les uns sortant de chez eux des chaises, les autres distribuant des rafraîchissements, des gâteaux... et les veillées se prolongent tard dans la nuit. Cadres, ouvriers, commerçants, étudiants discutent d'égal à égal de politique, rien que de politique. Dire que quelques jours auparavant ils n'avaient droit qu'au Foot, un sujet devenu presque obscène pendant ces jours de grâce. Les barrages dressés jour et nuit ont fini par mettre en échec le plan de la contre-révolution fasciste même si plusieurs personnes y ont laissé la vie. Personne ne mesurait le danger, les enfants, entêtés, se mêlaient aux adultes qui assuraient la garde. Et je me demandait si c'est l'euphorie de la liberté ou celle de la convivialité, de la solidarité retrouvée qui rendait les gens si héroïques. Lorsque le calme commençait à revenir, les adultes laissaient faire les tout jeunes qui plein de zèle arrêtaient les voitures, ouvraient les portières, regardaient sous les sièges. Tout le monde se laissait faire même les taxis qui se font arrêter quatre ou cinq fois lors d'une seule course. Tous étaient conscients du rôle salvateur que jouait ce service de sécurité assuré par la masse anonyme des citoyens...par le peuple au service du peuple. Un fait plaisant que je n'oublierai jamais : quelques semaines après la fuite de Ben Ali, la police a commencé de nouveau à montrer le bout de son nez. Des petits jeunes assurant la garde d'un barrage tout près de chez moi arrêtent un fourgon de la police et inspectent la cabine, les agents se laissent faire ; mais lorsque les jeunes demandent à vérifier l'arrière du fourgon, l'un des deux agents, hors de lui, se met à vociférer et à pourchasser les enfants qui détalaient à toutes jambes...Tout le monde rigolait. Il est vrai que l'un des acquis important de ce soulèvement populaire est cette démythification de la police. Je me dis, il y a au moins ça de gagné.

Ce qui mérite d'être souligné, c'est cette population qui en l'absence de tout encadrement parvient pendant des semaines à assurer sa sécurité pourtant si menacée, à lever les ordures, à nettoyer les rues...La plupart des préfets et sous-préfets fraîchement nommés par le gouvernement provisoire sont hués par les foules et déguerpissent sans demander leur reste. Le premier ministre Md. Ghanouchi en personne n'a pu résister à la pression citoyenne et a fini par démissionner. L'histoire ne manquera pas de marquer d'une pierre blanche le rassemblement de tous ces jeunes diplômés en chômage venu de l'intérieur et campant jour et nuit place du gouvernement à la Casbah. L'éloquence éblouissante de tous ces tribuns de la plèbe charmait l'assistance qui buvait goulûment leurs mots étincelants. Qu'on ne me parle d'élitisme ! Au tiers monde, il marche plutôt sur la tête. En écoutant ces jeunes orateurs, on mesure à quel point nous avons toujours été assujettis au règne des médiocres.

Mais le rêve n'a que assez duré. M. Béji Caïd Sebsi, ancien ministre de l'intérieur de Bourguiba, encensé par la France et les États Unis, devient le nouveau premier ministre provisoire. Il a vite fait de se plier à l'exigence populaire réclamant l'élection d'une assemblée constituante et réussit ainsi à baisser la pression. Il a ensuite oeuvré pour remettre sur pied le RCD légalement dissous en octroyant des visas à une quarantaines de partis clones. Toute contestation ou manifestation à caractère politique est sévèrement réprimée. Tous ces jeunes contestataires qui avec leur sang et leur souffrance ont fait la révolution sont renvoyés dans leurs provinces. La honte est que le gouvernement provisoire n'a pas cru bon prendre en charge ces blessés et mutilés qui ont payé cher leur opposition à la dictature. Les partis de l'opposition réagissent à peine à ces exactions, hypnotisés semble-t-il par l'appât des élections. L'ordre immuable du couple état centralisé, partis d'opposition a vite fait de prendre le dessus. "L'élite", tous ces professionnels de la politique ont horreur de l'ordre populaire. Pourtant l'expérience de plusieurs semaines de démocratie directe embryonnaire fournit la preuve que des formes plus démocratiques de gestion du politique sont possibles. La participation de tous à la définition d'un vivre ensemble, en dehors des seules institutions représentatives, voilà peut être l'apport le plus précieux de ce soulèvement.

Malgré la confusion entretenue pendant des mois par le pouvoir, la population au lieu d'être découragée, s'est dirigé en masse vers les urnes déjouant ainsi les plans ourdis par la contre-révolution. Pour la première fois de son histoire, le peuple chasse légalement la dictature et choisit ses élus. En ce moment crucial, peu importe qui l'emporte, ce qui compte est la mise en marche de la mécanique démocratique. Les élections prochaines auront raison de toute déviation.

 Tout semble maintenant rentrer dans l'ordre. C'est à l'élite partisane d'occuper le devant de la scène et c'est au peuple de déléguer son pouvoir. On est loin des premiers jours de la révolution où le peuple dictait ses choix et organisait son quotidien. Des questions me brûlent : Est-il nécessaire que cette démocratie naissante emboîte le pas à toutes ces démocratie représentatives occidentales à l'agonie ? Faut-il que nous soyons toujours habités par ce mimétisme aveugle qui caractérise tant l'élite du Tiers-monde ? Et je me mets à rêver d'Athènes débarrassée de ses tyrans qui entre le VI et IV siècle a opté pour la démocratie directe en rejetant toute forme d'élitisme. Le tirage au sort des représentants qui venant de milieux différents et n'exerçant qu'une seule fois et pour une courte période ne peuvent en aucun cas former une élite. Le peuple adopte lui-même les lois et décisions importantes et se donne le droit de révoquer à tout moment ses mandataires. Cette gouvernance reposant sur une rotation continuelle du pouvoir empêche le développement des aristocraties qui finissent toujours par dégénérer en oligarchies.

Accepter l'élitisme c'est renoncer à la démocratie. Bernard Manin, dans son ouvrage Principes du gouvernement représentatif, met en lumière l'actuel paradoxe du gouvernement représentatif : « le rapport entre les représentants et les représentés est maintenant perçu comme démocratique, alors qu'il fut conçu en opposition avec la démocratie ». Les révolutionnaires français de 1789 n'avaient pas comme idéal l'auto-gouvernement du peuple mais l'aristocratie élective. Les démarches politiques participatives (telles que le tirage au sort) ont été écartées au profit d'une démocratie représentative dont l'horizon s'est progressivement élargi au suffrage universel. En réalité, Le système représentatif s’est imposé depuis le XVIIIème siècle afin d’exclure le peuple du gouvernement au profit d’une élite. Cette forme de gouvernance élitiste est présentée aujourd'hui par l'idéologie bourgeoise occidentale comme étant l'expression parfaite de la démocratie : un pur mensonge. Il y a plus de deux siècle, Rousseau dénonçait déjà ce système par lequel le représentant fini toujours par usurper le peuple souverain. Les électeurs dans les pays de l'Union Européenne l'apprennent à leur dépend lorsqu'ils constatent que leurs élus nationaux font allégeance aux multinationales et aux banques privées et se rendent complices de ceux qui font leurs malheurs. En d'autres temps ceci aurait été considéré comme un crime de haute trahison. Cette dérive n'a rien de conjoncturel, elle est au contraire inhérente à ce système de gouvernement. Cependant, une telle aliénation devient plus visible avec la forte poussée du néolibéralisme qui a totalement assujetti le politique à l'économique. La mobilité du capital trahit de manière plus voyante la soumission des élus nationaux aux diktats des finances internationales. Nous vivons en effet à une époque où le politique en tant qu'expression de la souveraineté du peuple est mort de sa belle mort.

L'élan révolutionnaire conjugué à la fraîcheur des partis politiques offre à la Tunisie cette chance inouï de penser autrement la démocratie. Bien entendu, ceci ne serait possible qu'une fois les intellectuels de ce pays seront débarrassés de ce mimétisme aveugle qui pousse une bonne partie d'entre eux à singer le modèle occidental. Cette première révolution du XXIème siècle comme on se plaît à le répéter se doit d'être conséquente et assumer un rôle pionnier. Une assemblée constituante ouverte à toutes les sensibilités politiques devra avant tout se prémunir contre les dérives de la démocratie représentative et tendre vers une vraie démocratie. Si la démocratie directe est souvent considérée comme anachronique, la démocratie participative attire de plus en plus d'adeptes à travers le monde. Il s'agit de brider au maximum le pouvoir des élus en rapprochant le processus de décision des citoyens et en favorisant l'émergence d'une démocratie de proximité. Décentralisation, votations, référendums et participation citoyenne à la gestion des communes se dresseront tel un rempart face à la dégénérescence élitiste. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent en France et appellent à une nouvelle constitution. Et si les tunisiens leur montraient le chemin...qui sait !...

Dans L’Express du 25 octobre, Christophe Barbier en parfait éditocrate ne semble pas partager tout à fait mon point de vue. Il s'affole même : "...Et si nous avions fourni, enfants béats de Danton et de Rousseau, le moteur démocratique au véhicule islamiste ?... " Votre moteur qui pouffe, pétarde et vous enfume et qui risque à tout moment de vous exploser à la figure, on n'en a cure cher monsieur...On préfère regarder ailleurs. Quant à votre épouvantail islamiste, depuis le temps que vous l'agitez, il part en lambeaux. En parfaits pompiers pyromanes, vous avez inventé le choc des civilisations et poussé malgré lui le monde musulman à défendre son dernier carré identitaire. Mais tranquillisez-vous, les partis islamiques ne sont après tout que des partis politiques. Les tunisiens qui ont su faire fuir votre ami Ben Ali, sauront congédier ceux qui les servent mal.

Fethi GHARBI


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15 réactions à cet article    


  • Henri François 29 octobre 2011 08:05

    Bravo. La Tunisie se doit d’être le laboratoire d’une nouvelle gouvernance. Elle se doit - malgré la présence assez puissante - des islamistes dits modérés en son sein, d’inventer une nouvelle démocratie. Elle en a les atouts de par sa culture irriguée depuis des siècles par tant de cournats de pensée.
    Mais hélas le travail sera ardu. Changer les mentalités même les plus ouvertes sera difficile. les Grecs ont sombré en leur temps car l’Homme restera l’Homme avec sob alchimie « androgyne ».
    Comme vous je fais confiance à la jeunesse tunisienne. Il lui faut dès à présent se montrer à la fois vigilante et imaginative. Il lui faut aider à éduquer les masses locales encore vierges dans leur ensemble de toute idée politique et citoyenne.
    Elle a du travail. En une année elle peut le faire.
    Bon courgae.
    A l’auteur, une question :serait-il originaire de Kélibia en Tunisie. Si oui. Je crois le connaitre. 


    • Fethi GHARBI 29 octobre 2011 11:51

      @ Henri François

      Désolé, je ne suis pas originaire de Kélibia

      Je vous remercie pour votre attitude, toutefois je ne partage pas votre appréhension lorsque vous dites « malgré la présence assez puissante - des islamistes... »

      J’estime que l’épouvantail islamiste inventé par les néo-cons a vécu.

      L’islam est pluriel tout comme l’est par exemple la gauche. Quel lien peut avoir un parti comme le PS et un parti anarchiste ?...

      Le manque d’informations et la propagande conduisent toujours aux amalgames. Malheureusement tout cela ne profite qu’aux multinationales...

      Moi qui a une formation de gauche, je suis plutôt optimiste...

      Il lui faut aider à éduquer les masses locales encore vierges dans leur ensemble de toute idée politique et citoyenne.

      Mais non cher monsieur, la Tunisie appartient a des civilisations millénaires encore plus vieilles que celles de l’Europe. Ce n’est certainement pas 3/4 de siècle de colonisation suivis d’un demi siècle de dictature appuyée par la France qui va remettre à zéro la mémoire de son peuple. Les tunisiens l’ont prouvé au début de la révolution et pendant les élection de la constituante...

      Cordialement


    • Henri François 29 octobre 2011 13:04

      A l’auteur,
      Avez-vous assisté aux élections en Tunisie ?
      Celà a été mon cas dans une région rurale, au sein d’une commune assez importante. J’ai été ravi, heureux de constater l’afflux d’électeurs dont la GRANDE MAJORITE (j’insiste) se rendait aux urnes pour la toute première fois. Et à écouter les réflexions des uns et des autres, surtout des unes et des autres, j’ai constaté que bon nombre de candidat(e)s ignoraient pour qui voter.
      C’est en celà que je pense que la jeunesse (des villes surtout) a le devoir d’éduquer les populations rurales pour la plupart, tout comme devrait le faire la myriade de petits partis qui se sont présentés à la Constituante et qui doivent dès lors se regrouper et se rapprocher de la gauche locale.
      Comme vous - et je l’ai déjà maintes fois écrit - je suis convaincu de la maturité des élites tunisiennes due en grande partie à son histoire qui n’est pas seulement...arabe, mais au contraire de vous j’ai eu, du temps de ma jeunesse, à côtoyer des religieux, protestants, juifs ou catholiques, progressistes ou pas et je puis vous affirmer qu’il n’y pas au monde plus « jésuite » qu’un religieux. En outre je ne connais pas dans l’Histoire, un régime religieux, quel qu’il soit, qui ait conduit une nation à son plein épanouissement.
      Et voyez-vous dans la future constitution de la Tunisie il serait tellement beau que n’apparaisse pas le mot Islam mais celui de « muslulman ». 
      Que dans son article premier, il soir écrit « La Tunisie est une République dont la langue est l’arabe et dont la majeure partie de ses citoyens sont de confession musulmane ». 
      Amicalement.


    • Francescolis 29 octobre 2011 13:22

      Dans L’Express du 25 octobre, Christophe Barbier en parfait éditocrate ne semble pas partager tout à fait mon point de vue. Il s’affole même : « ...Et si nous avions fourni, enfants béats de Danton et de Rousseau, le moteur démocratique au véhicule islamiste ?... »


      Je ne voudrais user de propos déplacés envers ce personnage, mais il faudrait arrêter de se prendre pour le créateur. la France a une culture fondamentalement catholique et cela est inscrit dans les lois...les musulmans ou autres ont la liberté de choisir ce qu’ils veulent inscrire dans leur lois. Qu’est-ce que cela donnerait si ces pays attaquaient l’occident pour imposer leur croyance.
      De tels discours ne méritent mêmes pas qu’on y prête attention. La démocratie n’est pas la panacée, cela se saurait déjà ! C’est la dictature par consentement !

      • Fethi GHARBI 29 octobre 2011 13:46

        la myriade de petits partis qui se sont présentés à la Constituante comme vous dites ont été propulsés en majorité par le gouvernement provisoire acquis à la contre révolution. Une quarantaine de partis sont des clones du RCD dissous. L’objectif était de semer la confusion dans l’esprit des électeurs. Le coup a foiré et tous ces gens qui manquent tant de culture politique ont su barrer le chemin à tous ces fascistes et choisir ceux qui leur conviennent. N’est-ce pas là la démocratie ?!

        Je pense que les occidentaux en toute bonne foi ont cette fâcheuse tendance à plaquer leur histoire et leur parcours particulier sur le reste de l’univers et se prennent pour les pionniers sensés mener le reste de l’humanité vers le salut.

        Vous serez d’accord avec moi que la démocratie représentative telle qu’elle est pratiquée en occident n’est qu’une forme de dictature. La population, pourtant éduquée politiquement , se laisse berner et confond naïvement alternance et alternative.

        Amicalement


        • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 29 octobre 2011 16:39

          « l’impossible exploit de peuples pacifiques, armés de leur seule volonté déposer leurs despotes. »

          Je n’ai pas bien vu le pacifisme des foules révoltées en Tunisie, en Egypte et en Libye. En Libye, j’y ai même vu beaucoup d’armes. J’ai vu des manifestants pacifiques, jadis, autour de Gandhi, et plus récemment, dans l’ancienne Allemagne de l’Est déterminée à se débarrasser de la dictature néo-stalinienne. Mais les foules pacifiques qui manient la Kalachnikov en criant « Allah Akbar » me laissent sceptiques sur leur pacifisme (même si je concède qu’on a été plus pacifique en Tunisie qu’en Libye).

          Par ailleurs, concernant la démocratie directe, le modèle grec me semble avoir jusqu’alors plus inspiré l’Occident que l’Orient, même si l’on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas transposer un système conçu pour une minorité de citoyens peu nombreux à des pays comptant des millions de citoyens.

          • Tetsuko Yorimasa Tetsuko Yorimasa 29 octobre 2011 18:33

            Cher Jean J. Mourot
            Votre intervention est très intéressante, je suis parfaitement d’accord sur le fait que le pacifisme et les armes de guerre ne vont pas très bien ensemble, cependant vous vous trompez sur un point.

            Le suffrage universel tel qu’il est conçu aujourd’hui est plutôt fait pour le petit nombre, et pourtant on s’obstine tant bien que mal, et plutôt mal à l’appliquer à l’échelle d’un pays, le suffrage universel est par sa conception une grande machine à corruption.

            Au contraire la démocratie athénienne est un système qui devient de plus en plus robuste à mesure qu’on l’utilise à grande échelle.

            L’argument de l’impossibilité de la mise en place d’un système de tirage au sort de type démocratie athénienne à l’échelle d’une nation a toujours été l’argument des élites qui veulent par tout les moyens nous imposer le suffrage universel, voyant dans le tirage au sort une perte totale de leur pouvoir sur le peuple.


          • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 29 octobre 2011 19:00

            La corruption n’existait pas dans la Grèce antique ?


          • Fethi GHARBI 29 octobre 2011 22:31

             @ Jean J. MOUROT

            Je n’ai pas bien vu le pacifisme des foules révoltées en Tunisie, en Egypte et en Libye.

            Allez, ne me dites pas que vous ne savez pas que les manifestants tunisiens et égyptiens n’ont agressé personne et qu’ils se faisaient tuer sans jamais toucher à une arme.

            les libyens....dites plutôt des mercenaires payés par Sarko.

            Alors SVP, ne mélangeons pas les torchons et les serviettes.

            Mais comme vous dites , ces nord’af ne sont ni allemand ni indiens...

            les foules pacifiques qui manient la Kalachnikov en criant « Allah Akbar »

            Vous avez vu ça en Tunisie et en Égypte ?!!!

            avec de telles bêtises, Marine vous refusera certainement d’entrer dans son parti


          • Tetsuko Yorimasa Tetsuko Yorimasa 29 octobre 2011 23:17

            Bien sûr qu’elle existait, mais elle était totalement inefficaces, en tout cas sans grande portée car vous ne pouviez faire partie de la magistrature qu’une seule fois, pour une seule fonction et d’une durée déterminé, le pouvoir était partagé.

            L’entreprise de lavage de cerveau de nos « maitres » a été tellement efficace qu’aujourd’hui et depuis longtemps maintenant on voit les gens défendre le suffrage universelle dans un gouvernement de type représentatives sans se poser de question, sans se demander si ce qu’on appelle aujourd’hui à tord démocratie est vraiment ce qu’elle prétend être.

            Pour en revenir a la corruption, c’est parce que les athéniens savaient qu’elle existait, qu’ils ont élaboré ce système incroyable qu’on appelle démocratie et dont la composante essentielle est le tirage au sort.

            Les élites qui ont fait la révolution Française le savaient bien, ils ne pouvaient se résoudre à donner en totalité le pouvoir au peuple Français.
            Ils ont alors donner le suffrage universel au peuple avec pour seul choix celui de choisir parmi leur rang de privilégié.

            Jean, avez-vous l’impression que depuis 250 ans ça a changé ?
            Ou alors vous ne voulez pas de ce changement car peut être êtes vous un élu au suffrage universel ?


          • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 30 octobre 2011 09:50

            Soit. Mais que pensez-vous des pogroms anti-coptes en Egypte (et en Irak) ?


          • Fethi GHARBI 30 octobre 2011 10:37

            @ Tetsuko Yorimasa

            Comme c’est bien dit ! heureux de trouver quelqu’un qui partage mon point de vue à propos de la démocratie représentative.

            Les occidentaux ne mentent pas lorsqu’ils prétendent démocratiser le mande arabe-musulman à coups de bombes. Ce qu’ils veulent en réalité c’est reproduire dans ces pays leur démocratie représentative avec une élite totalement inféodée à la finance internationale et gardienne jalouse des non-valeurs néolibérales. Il s’agit de liquider ce qui reste des solidarités traditionnelles tribales et familiales pour permettre au capital de circuler librement.


          • Tetsuko Yorimasa Tetsuko Yorimasa 30 octobre 2011 22:22

            Cher Jean
            Je suis plus qu’attristée et révoltée de savoir que la communautés majoritaire s’en prend aux coptes, et je ne doute pas un instant que parmi les « révolutionnaires » il y ai des personnes avec pour objectif d’imposer une vision du monde, de leur monde, qui n’intègre pas d’autres communautés.

            Sans vouloir fleurter avec le complotisme, je pense que toutes ces révolutions ont été provoqué, dans le but d’imposer un système de gouvernement de type représentatif dans lequel seul l’élite ferait partie du panel électif proposé à la population.
            Devinez par qui cette élite sera choisi et aidé ?

            Et si les pays du printemps arabes faisaient un choix différent, à l’encontre de ce que voudraient certains pays occidentaux ?
            Disons celui d’un gouvernement démocratique avec une composante de tirage au sort.
            Mais pour cela, les pays des printemps arabe devront comprendre que la religion est un élément qui annihile toute avancée sociale et politque.

            En reparlant des Coptes, dans un systèmes athénien, ils seraient représentés, et leurs voix entendues.


          • Fethi GHARBI 31 octobre 2011 00:29

            Les occidentaux ne mentent pas lorsqu’ils prétendent démocratiser le mande arabe-musulman à coups de bombes. Ce qu’ils veulent en réalité c’est reproduire dans ces pays leur démocratie représentative avec une élite totalement inféodée à la finance internationale et gardienne jalouse des non-valeurs néolibérales. Il s’agit de liquider ce qui reste des solidarités traditionnelles tribales et familiales pour permettre au capital de circuler librement.


            • Tetsuko Yorimasa Tetsuko Yorimasa 31 octobre 2011 02:23

              Mon commentaire a été replier alors que je ne viole pas la charte d’Agoravox et que je reste dans le thème de ce post.
              Il n’y a donc plus de raison que j’y intervienne.

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