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Accueil du site > Actualités > International > Langue et diplomatie

Langue et diplomatie

Un livre récent à fait grand bruit : écrit par un Américain, il reprend l’antienne bien connue d’un naufrage de la culture française. Mais, derrière la "culture", c’est surtout la langue qui sur le plan international voire européen a tendance à s’effacer bien qu’il existât un Comité de la francophonie dirigé par l’ancien président de la République sénégalaise, son excellence Abdou Diouf. C’est de la réalité et de la pratique du maintien de la langue française dans le monde dont nous voulons parler.

A l’heure où, sous la double pression conjointes et opposées de l’Europe qui limite et des régions qui grignotent, la France, comme Etat nation, ne sait plus où donner des ailes, il est un domaine où le discours ne cède pas aux nostalgies ambiantes, où le combat n’est pas encore abandonné, le champ de bataille déserté, où la fierté redresse la tête, et où l’ambition n’est pas morte, gangrenée ; c’est celui de l’importance de la langue française, de sa place et de son statut dans l’Europe et le monde.

Sous la triple tutelle de l’Education nationale, qui offre ses cadres, de la Culture, ses manifestations, et du ministère des Affaires étrangères, qui coordonne et dispose en chacune de ses ambassades d’un service compétent, la langue et la culture françaises, arc-boutées sur un passé prestigieux, n’entendent pas, face à l’anglais triomphant, baisser les bras et au contraire, sinon regagner le terrain perdu, du moins obtenir une médaille d’argent aux olympiades permanentes de la culture.

A cette fin, dans les années 70, il fut créé au sein de l’université une filière destinée à fournir les futurs cadres de l’action linguistique : le français langue étrangère. Bientôt pourvue d’une licence puis d’une maîtrise, elle obtint dans les années 90 un DESS. Plus de quinze universités aujourd’hui forment ainsi chaque année une cohorte d’une centaine de diplômés bac + 5 supposés ne rien ignorer de la pédagogie et des techniques éducatives, de la linguistique et de l’imparfait du subjonctif destinés non seulement aux malheureux qui ignorent la langue de Molière, aux étrangers soucieux de capter, autant que faire se peut, le marché français, aux étudiants curieux de l’excellence française, touristes et « cultureux », bref tous ceux qui pour diverses raisons n’entendent pas se limiter à l’anglais dans leurs échanges avec le monde.

Cependant et bien que la demande - et l’offre - aient changé, l’institution semble sourde : l’Education nationale continue à détacher ses cadres qui n’ont vis-à-vis des enjeux et des demandes aucune formation spécifique et une compétence n’ayant aucun rapport avec le FLE, la culture (AFAA) continue à envoyer ses expositions aussi surréalistes qu’un parapluie sur une table d’opéré, et le ministère des Affaires étrangères (MAE), continuant à coordonner l’ensemble, limite son action aux seuls lycées et collèges du pays, laisse aux Alliances françaises le champ libre pour répondre aux attentes et besoins nouveaux.

Or, les Alliances françaises, environ 500 dans le monde, sont des institutions de droit privé et local, libres de gérer leurs affaires comme bon leur semble bien qu’elles reçoivent du ministère des Affaires étrangères des dotations et surtout des affectations en personnel - le plus souvent issu de l’Education nationale - ne possédant aucun des diplômes ni compétences susceptibles de répondre aux demandes. Il est ainsi fréquent de voir un professeur d’allemand ou d’histoire chargé d’assurer la direction pédagogique d’une Alliance en Chine, au Mexique ou ailleurs alors qu’il ne sait un traître mot ni de gestion ni de pédagogie destinée aux adultes étrangers ni même souvent de la langue localement parlée.

Mais la participation française ne se limite pas au détachement de deux ou trois personnes destinées à assurer les tâches de direction, et dont l’incompétence, manifeste, est structurelle ; l’essentiel de la participation française, ignorée superbement par le rapport Dauge qui prétendit il y a quelques années parler de ce sujet et fit grand bruit, est assuré par le personnel français enseignant expatrié, ces « stagiaires » non payés, ces expatriés « sous contrat local », ces obscurs, ces sans-grades, surdiplômés, main-d’œuvre d’immigrés sortis des meilleures universités françaises, piétaille et petites mains, serfs corvéables à merci du dessein grandiose de la permanence de la langue française dans l’enceinte internationale, banas-banas colporteurs d’une culture dont ils se doivent d’être les hérauts et sans lesquels aucune Alliance ne peut fonctionner, aucun dessein exister, ces experts et spécialistes hautement qualifiés, que l’on attire en leur promettant un revenu permettant de vivre « décemment » dans un pays enchanteur, mais qui doivent, outre leur voyage, payer leur visa de travail, n’ont qu’une garantie très a minima de Sécurité sociale, aucune garantie d’emploi, peuvent être au moindre murmure expulsés sans autre forme de procès, n’ont aucune retraite, pas de congés payés dans les vacances de l’emploi et des revenus réels frôlant la misère, mais conformes à l’image que l’on se fait d’eux : des OS que l’on méprise. Logés, parfois, ils le sont toujours à plusieurs dans des locaux que refuserait, ailleurs, tout Turc de service technicien de surface.

La lecture des offres d’emploi FLE relèverait d’un autre monde, si elle n’était le fruit de ces mêmes expatriés de l’Education nationale, encoconnés dans leur statut diplomatique, aussi bien payés qu’incompétents qui n’hésitent cependant pas à réclamer des bac +5, parlant trois langues, possédant trois ans minimum d’expérience, le sens de la responsabilité, de l’énergie, de la diplomatie pour des emplois d’environ 50 heures par semaine, contre logement en groupe et un défraiement mensuel équivalent à une seule journée de leur non-travail.

Or, d’une part, ces professeurs « FLE » sont tous titulaires d’une maîtrise et pour certains d’entre eux d’un DESS dispensé par l’université française - donc cadre A -, les Alliances françaises, d’autre part, représentant à elles seules plus de 90 % des emplois offerts par cette filière, nous ne pouvons qu’être atterrés de voir que l’université française investit et continue à investir dans le FLE pour - in fine - n’offrir à ses diplômés qu’un sous-travail qui, bien que placé, soutenu, couvert par le MAE et entrant dans ses prérogatives et ambitions (la présence française dans le monde) contredit l’essentiel des droits du travail, mais aussi la considération qu’ils sont, en tant que diplômés, en droit d’attendre de la part d’un employeur - l’Alliance française - entretenant avec le ministère d’aussi étroites relations, mais relevant le plus souvent d’insignes mafias locales.

Nous estimons, pour conclure, que la France se paye, outre de beaux discours, le luxe d’une politique de maintien ou d’expansion de la langue au prix et mépris des diplômés qu’elle forme et de la négation de leurs droits élémentaires syndicaux, professionnels et plus simplement humains, se reposant sur une Alliance française, libre de toute tutelle bien qu’elle soit financée en partie par les deniers de l’Etat, souvent présidée par des mafieux et dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle n‘est plus qu’une coquille.


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18 réactions à cet article    


  • Krokodilo Krokodilo 10 octobre 2008 16:54

    C’est un sujet qu’il est utile d’aborder, à la fois parce qu’il existe - il me semble d’ailleurs avoir lu un court article mais je ne me rappelle plus où -, et parce qu’il est peu abordé, la face moins reluisante d ela francophonie.
    Par contre, je trouve que votre exposition du problème manque de clarté, de simplicité, tout en étant soignée quant à son expression. Par moments, je ne sais plus si vous parlez de la situation de gens recrutés sur place ou de personnel ayant fait une formation en France.


    • kakadou n’diaye 10 octobre 2008 17:18

      désolé d’avoir été peu clair dans mon exposé. Les " contrats locaux " sont non des gens recrutés sur place mais des "expatriés" c est à dire des gens formés en France - maitrise ou DESS - et à qui on offre un emploi dans une alliance ( fle.fr) pour autant qu’ils paient leur voyage, leur permis de travail, etc....et tout en les payant au prix d’une femme de ménage voire moins dans la mesure où ces jeunes diplômé(e)s doivent préparer leurs cours, corriger les copies, assister à des formations complémentaires, à des réunions d ’établissement etc....Ils sont placés sous la coupe d’un Directeur d’Etablissement qui n’a le plus souvent (98% des cas) aucune formation pour enseigner le français à des étrangers, d’un Président local qui à quelquefois le mérite de rester discret mais qui souvent la ramène dans le mauvais sens du terme ( c est une source de revenus) voire d’un attaché culturel près l’ambassade qui lui non plus n’a le plus souvent aucune formation mais souvent de l’entregent


    • Krokodilo Krokodilo 10 octobre 2008 19:06

      Merci de ces précisions ; que des locaux soient payés comme des locaux ou légèrement plus ne m’aurait pas choqué, mais effectivement, des personnels recrutés en france devraient bénéficier du droit du travail français. Peut-être y trouvent-ils quelques avantages, du moins pour quelques jeunes années, comme la pratique de la langue en immersion. Par ailleurs, ils ne sont pas les seuls à vivre avec un statut précaire : assistants de fac très qualifiés mais corvéables à merci, etc.


    • kakadou n’diaye 11 octobre 2008 08:23

      il y a quand même quelques différences avec les assistants de fac, les chargés de cours. Ces derniers ne peuvent être virés d’un jour à l’autre mais éventuellement d’une année universitaire à l’autre . Ce n’est pas la même chose. Ils n’ont pas à se déplacer à l’autre bout du monde à leur frais. ( Chili, Chine, Mexique etc...) . Ils n’ont pas à se payer un permis de travail. Ils bénéficient des avantages de la Sécurité sociale. Ils ont enfin deux mois de vacances. Ils sont payés bien qu’ils soient corvéables à merci ce qui grosso modo représente un peu plus qu’un SMIG pour 9/12h de cours soit 32/36h de travail et non pour moins d’un SMIG pour 50h....et cela dans un environnement où le chef de département, maitre de conf’ ou prof’ ,gagne trois fois plus et non 10 fois et où il possède diplômes et qualités en rapport avec sa chaire. Ce qui n ’est pour ainsi dire jamais le cas des alliances.


    • Krokodilo Krokodilo 10 octobre 2008 17:03

      Par ailleurs, au sujet du bouquin étatsunien qui a fait du bruit (éphémère), et que vous cittez en intro, c’est la réaction vexée d’un peuple dans sa majorité autiste au reste du monde : ils refusent de voir des films étrangers doublés, ne vont voir que des "remakes" (à l’exception d’un cercle plus cultivé), et ne traduisent et ne lisent que 1 à 3% de la littérature romanesque mondiale !


      • kakadou n’diaye 10 octobre 2008 17:25

        L’objet n ’est pas ici de faire le procès d’une Amérique effectivement plus proche de Bush que de Ginsberg mais de montrer qu’il y a un vrai problème des organismes qui s’occupent de la diffusion de la langue et de la culture - aux mains le plus souvent d’incompétents notoires- au détriment des gens formés et de l’inanité qu’il y a à ,pour en revenir seulement à la langue, s’en reporter à l’Alliance Française , à lui verser de confortables sibventions - sous forme de dotations et de personnel délégué- sans aucune garantie ni retour. Du scandale par ailleurs à voir la façon dont ce personnel est traité.
        La reprise en France du livre en question et les commentaires entendus montrent bien qu’il y a en France une méconnaissance foncière de ce problème.
        Le prix donné à JM Leclezio montre bien que la culture française n’est pas morte quoique JM ne vive plus en France depuis longtemps. Mais ses romans sont écrits en français.


      • Leila Leila 11 octobre 2008 03:28

        L’article a attiré mon attention sur un sujet que je connais mal, mais je ne l’ai pas trouvé très clair moi non plus. Merci donc pour ce dialogue intéressant avec Krokodilo qui me donne de précieux éclaircissements. Il est regrettable que la politique étrangère de la France en matière de francophonie souffre d’une telle étroitesse d’esprit.


        • kakadou n’diaye 11 octobre 2008 08:34

          il ne s’agit pas m est avis d’une "étroitesse d ’esprit" mais d’un système, peut-être généreux au départ, qui s ’est peu à peu refermé sur lui-même chacun essayant de tirer la couverture à lui et qui a abouti, dans le présent de la chose, à ce que

          - des jeunes soient formés ( bac+5)alors qu’ils n’ont AUCUN débouché digne, mais les universités -les départements de FLE au sein des universités -ne se remettent jamais en cause et continuent à dispenser des cours souvent sans intérêt car dispensés par des gens qui n’ont jamais eu contact avec ce qu’ils enseignent ( le français enseignés aux étrangers)

          - les ambassades ne s’occupent que des lycés français à l’étranger et des cours de français dispensés dans les écoles des pays et non d’ un enseignement ouvert ne serait-ce qu’aux personnes et cadres travaillant dans des entreprises françaises.

          - les Alliances disposent d’un quasi monopole à l’intérieur duquel les places sont juteuses, les compétences nulles, les diplômes bas , les avantages hauts et cela sous couvert des Affaires Etrangères qui couve tous ces enconconnés.


        • La Taverne des Poètes 11 octobre 2008 10:31

          Si tous les articles étaient rédigés comme celui-ci, Agoravox pourrait prétendre à un prix de l’Académie française. "Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie" (avec l’allusion au comte de Lautréamont, au détour), il n’arait pas celui du journalisme. Mais il y a heureusement les éclaircissements des commentaires.


          • eugène wermelinger eugène wermelinger 11 octobre 2008 12:27

            à l’auteur du Sénégal : Bravo pour votre ardente défense de notre langue. Dans notre pays - un ex-empire - on préfère faire du àplat-ventrisme pro anglo-saxon. Langue et diplomatie se conjuguent souvent en termes d’impérialisme politique, économique, militaire. La dernière belle et bonne sortie diplomatique française fut celle de Dominique de Villepin à New-York aux Nations Unies lors de la crise du Golfe, voulue par les américains pour asseoir leurs intérêts pétroliers dans le monde.
            Demain, après leur chute boursière, égale à celle de 1929, les nouveaux Maîtres (sud-asiatiques ?)imposeront leurs politiques et leurs langues dans leurs diplomaties.
            Kaj mi ĉiam povas esperi en la fina adopto de neŭtrala lingvo pour la mondo.
            Krokodilo ne kontaŭdiros min, ĉu ? 
            Cher M. le Prof. N’Diaye, si vous alliez voir de ce côté-là ? 
            L’avenir diplomatique n’est plus pour la France ni les E.U.
            Ni pour la langue française autrement que pour le fun. 
            On le voit tous les jours.


            • kakadou n’diaye 11 octobre 2008 13:01

              le Prix Novel délivré à Jean Marie Le Clezio
              qui fut nicois, mauricien, mexicain et nigerian aussi
              vient à point nommé pour répondre à votre chaleureux, nostalgique et coléreux commentaire
              " j’habite ma langue, je suis de ma langue d’abord "a t il dit.
              L’impérialisme avec sa religion et ses habitudes alimentaires impose également sa langue, certes.
              Mais quant au français j’ai la faiblesse de croire qu’après avoir été une langue de domination et d ’écrasement des parler créoles il est devenu langue de libération, d’opposition, de révolte.
              Le référence des 19 et 20 siècles fut la révolution française et sa déclaration des droits de l’homme. Que ce pays se roule aujourd’hui dans la fange anglo-saxonne venue d’outre-atlantique, dans les appétits mesquins et les ambitions mercantiles ( oubliant au passage la beauté fière de l’Angleterre de ses écrivains et poètes pour n ’en garder que les marchands) ne doit nous faire oublier que la défense et l’illustration du français appartient aujourd’hui non à la nostagie d’un empire bien et bien disparu et englouti mais à la révolte et à l’indignation.


            • Asp Explorer Asp Explorer 11 octobre 2008 13:37

              C’est marrant, j’ai vu le titre de l’article, j’ai pas pu m’empêcher de me dire : "tiens, Krokodilo va pas tarder à sortir à nouveau ses conneries".


              • Krokodilo Krokodilo 11 octobre 2008 13:42

                Je partage l’avis d’Eugène que tout empire et niveau administratif nouveau a eu besoin d’une lingua franca, et que le "monde mondialisé", avec ses échanges instantanés, en aura une à long terme, l’espéranto j’espère, ce qui ne m’empêche pas de défendre la place du français ; et je ne me prive pas de rappeler que la télévision French 24, faussement polyglotte et réellement anglophone par essence, nous coûte 80m/an, outre le chantage de TF1 qui exige un max pour la quitter (c’est en cours de négociation).

                Et quel délice de lire, à l’occasion du prix Nobel de Le Clézio, les hommages des ministres Darcos et Kouchner, ces chantres de l’anglicisation de l’UE et de nos écoles…



                • Krokodilo Krokodilo 13 octobre 2008 09:41

                  J’ai trouvé un article qui n’ évoque pas ce problème de statut de certains personnels, mais donne la structure des Alliances françaises et de l’autre réseau parallèle :
                  http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2265/articles/a371787-l%C3%A9tonnant_miracle_de_lalliance_fran%C3%A7aise.html



                  • meiko 14 octobre 2008 15:24

                    Tout d’abord, merci de parler du FLE, discipline obscure ou inconnue de la plupart de nos concitoyens. Le problème que tu dénonces n’existe pas qu’à l’étranger, et les conditions de travail ne sont pas les pires à l’Alliance.

                    La plupart des écoles de FLE où j’ai travaillé en France contournent le maximum de lois possible afin de payer leurs professeurs une misère et de les échanger dès que possible (si on arrive à un salaire de 800euros/mois - seuil de pauvreté je le rappelle - on est heureux).

                    Ah oui ! Parce qu’on ne travaille pas dans une école dépendant de l’Education Nationale, c’est qu’on n’aime pas la stabilité ! Curieuse idée, qui pousse les chefs d’entreprise (les écoles de FLE peuvent plus tenir d’entreprises que de lieux de formation) à embaucher des professeurs qualifiés (je rappelle qu’il y a quelques années une Licence pouvait suffire, aujourd’hui il faut en général un Bac+5 pour être embauché) pour des contrats d’une semaine quand ce n’est pas 3 jours...

                    Alors merci de parler de la francophonie à l’étranger et du monopole de l’Alliance Française et des professeurs de l’Education Nationale téléscopés pas du tout formés au public FLE à l’étranger... Mais la situation en France métropolitaine est aussi préoccupante.


                    • kakadou n’diaye 14 octobre 2008 15:36

                      merci de votre commentaire
                      je ne connais pas la situation des écoles de français pour étrangers en France....Elles travaillent souvent, à ce que j’ai pu voir, comme centre de formation des universités -stages en quelque sorte- disposent aussi parfois du soutien des Conseils Généraux...et ont malgré tout beaucoup de difficultés financières..d’où traitent leurs profs par dessous la jambe..ce qui ne m ’étonne pas. Mais ce qui continue à m’étonner c ’est que les Départements universitaires continuent à deverser sans mauvaise conscience une centaine de Master 2 - équivalent DESS- sur le marché alors que dans le meilleur des cas l’embauche se fait sur la base d’un salaire minimum.....
                      Il faudrait peut-être si vous avez des ami(e)s FLE que vous distribuiez via le net ce papier afin qu’il puisse s ’enrichir et déboucher sur un vrai débat avec les Affaires étrangères, l’Alliance, et l’Université.


                    • Max Max 23 octobre 2008 20:33

                      Bonjour à tous.

                      Je travaille dans une institution dédiée à l’enseignement du FLE en Amérique Latine, en tant qu’enseignant et également pour le recrutement des professeurs.

                      Un constat préoccupant : le recrutement de professeurs de FLE devient de plus en plus difficile et il y a plusieurs causes à cela, en plus de la mauvaise information, que les articles de ce forum contribuent à diffuser.

                      L’Europe traverse une crise économique, certes, mais même avant cette crise, les billets d’avion coûtaient très cher, et leur tarif est souvent un frein à la venue des candidats. Je dois bien sûr préciser que l’institution ne peut pas prendre en charge le vol.
                      Mais cette barrière économique n’est que la première étape dans le découragement du candidat moyen à un poste de FLE dans l’institution. A la vue du salaire proposé, qu’il s’empresse de convertir en Euros, le candidat se sent soudain "dévalué", "exploité" et "contraint à la précarité".
                      Il me semble en effet qu’au niveau mondial, le salaire moyen d’un professeur de FLE est de moins de 300 euros par mois. Le loyer du moindre studio à Paris avoisinant le double de ce salaire, on croit à une farce, à une erreur, ou à une réelle tentative de retour à l’esclavage !

                      Il faut ici prendre en compte que la plupart des institutions proposant des postes de professeurs de FLE à l’étranger sont des entreprises ou même des associations locales, qui demandent donc à leurs élèves des prix de cours en rapport avec le pouvoir d’achat local, et qui paient leurs professeurs en monnaie locale, avec un contrat de travail local. Il est donc bien évident que ces institutions ne peuvent pas payer, en euros, un salaire "à la française" lorsqu’elles se trouvent dans un pays ne faisant pas partie des pays dits "riches".

                      Professeur de FLE à l’étranger, oui, mais quel "étranger", donc ? Même nombre d’heures de cours, mêmes compétences, mais un salaire 5 ou 6 fois plus faible, en valeur absolue, au Guatemala qu’au Japon ? Mais qu’en est-il du pouvoir d’achat du professeur dans ces deux pays ? Est-il si différent ?

                      En outre, devient-on professeur de FLE pour un petit moment, ou pour s’installer dans le pays où l’on va travailler ? On peut très bien vivre avec 300 ou 400 Euros par mois dans de nombreux pays d’Amérique latine si l’on y réside, mais on n’aura pas les moyens de retourner voir sa famille en France à chaque vacances. Ce sont les jeux de l’économie mondiale, des diversités économiques et des distances.

                      Ma réflexion me pousse donc à m’interroger sur la préparation des futurs professeurs de FLE. Ils ne sont pas forcément conscients de ces réalités économiques, car les départements de sciences du langage ou de didactique des langue n’abordent probablement pas ces aspects concrets dans leurs amphithéâtres.

                      De plus, être professeur de FLE, pour beaucoup, se limite à faire du tourisme d’une manière différente, faire une pause d’un an ou deux pour des titulaires de l’éducation nationale, apprendre une langue étrangère en s’amusant ou encore fuir un problème de cœur... Nous avons vu tous les cas de figure.

                      Lorsque l’on décide de s’expatrier pour travailler, il faut donc bien savoir si l’on part pour revenir un jour ou pour rester sur place à plus long terme. Il faut aussi savoir si l’on veut être à l’étranger un enseignant de langue, ou une personne reconnue professionnellement, à la "juste valeur" que l’on s’est définie avec des critères français. Travailler à Londres, Mexico, Santiago de Chile ou Tokyo, c’est le plus souvent être un employé local, comme les autres, avec le même statut.

                      Il n’y a ni attaque, ni recherche de conflit dans mes propos, simplement le sentiment qu’il manque une certaine réflexion sur la définition même de ce qu’est un professeur de FLE, et que si l’on doit chercher à lui donner un statut, comment l’uniformiser au niveau international.

                      Salutations à tous.


                    • kakadou n’diaye 24 octobre 2008 10:42

                      je dois reconnaitre que votre commentaire, dont je vous remercie, me laisse quelque peu perplexe.
                      Vous reconnaissez implicitement que toutes mes remarques sont justes mais vous semblez incriminer des centres de formation "les départements de sciences du langage ou de didactique des langue (qui)n’abordent probablement pas ces aspects concrets dans leurs amphithéâtres. "...Or la formation des professeurs de FLE n ’est pas liée aux départements de siciences du langage..mais au Départment FLE , filière qui a, je le rappelle dans mon article, sa lience, sa maitrise et maintenant son DESS devenu récemment Master. 
                      Sur les revenus je n ’ai jamais parlé de l’équivalent en euros des sommes perçues sur place. J’ai calculé à travers de nombreux exemples que le prof bac+ 5 employé "en contrat local" par une Alliance gagnait en moyenne 10% de moins qu’une femme de ménage locale c est à dire en moyenne 10 fois moins que son Directeur, payé par la France, et dont le niveau de compétence est en général inférieur ( beaucoup sont des capesien c est à dire bac +4). Encore faut-il ajouter que le jeune prof FLE à l’étranger non seulement paye son voyage alors que pour son directeur le voyage est payé mais, c est le comble, qu’il doit payer son contrat de travail.

                      Que faire ? que l’Ambassade et tous ces enconconnés de l’Administration MAE se mouille un peu. Qu’elle garantisse d’abord un salaire mesurable à l’aune des salaires de professeurs locaux à diplôme équivalent. Qu’elle assure des contrats de travail et les paie. Qu’elle paie sur ses deniers les droits à la retraite en France des enseignants recrutés. Qu’elle s’interpose enfin dans les conflits du travail et en particulier les conflits entre le Président le Directeur et l’enseignant.

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