Le choix douteux de John McCain : une colistière aux multiples casseroles
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La semaine dernière alors que la grande messe de la convention démocrate prenait fin, John McCain surprenait tout le monde en annonçant que le numéro 2 du « ticket présidentiel » républicain serait une femme. Sarah Palin, gouverneur de l’Alaska, mère de famille de cinq enfants, âgée de 44 ans et quasi inconnue de l’électorat américain, vient de faire une entrée fracassante dans la politique fédérale américaine.
Mais ce coup d’éclat est-il un coup de maître ? Pas sûr. Si l’on considère que le choix du vice-président est finalement la première décision d’ordre présidentiel des candidats, on peut se demander si John McCain ne vient pas là de commettre une première bévue.
Si John McCain pensait ainsi récupérer l’électorat féminin déçu de l’absence d’une Hillary Clinton battue sur le fil par un Barak Obama inexpérimenté, son calcul s’avère bien simpliste voire méprisant et machiste à l’égard de cet électorat féminin. Il faut bien davantage pour convaincre et séduire les électrices que de leur proposer de rallier le panache d’une farouche chasseuse d’ours, elle-même assez inexpérimentée. Mais c’est surtout un choix qui frise l’absurde quand on sait que les féministes, les plus susceptibles de voter pour une femme par conviction idéologique, rejetteront Palin en raison de ses positions anti-avortement. Et de toute façon, entendons-nous, les femmes politiques ne sont pas meilleures que les hommes politiques, elles ne sont pas non plus moins compétentes ; certaines femmes sont aussi compétentes, que certains hommes sont incompétents et vice versa (ici).
Miser sur l’image d’une femme, aussi photogénique soit-elle (c’est une ancienne reine de beauté) est une mince stratégie. Il en faudra davantage pour contrer l’effet médiatique Obama.
Par ailleurs, cette « outsider qui a du charme à revendre » (pour reprendre un titre récent du New York Times) traîne quelques casseroles qui pourraient finalement bien encombrer le candidat républicain :
1) sa fille, célibataire et mineure enceinte de 5 mois alors qu’elle prône l’abstinence et condamne l’avortement ;
2) elle ferait l’objet d’une enquête à la suite du congédiement du commissaire de la sécurité publique d’Alaska. Celui-ci a en effet perdu son poste après avoir refusé de limoger un agent de police qui se trouve être l’ex-beau-frère de la gouverneure. Le couple, qui était alors en instance de divorce, se disputait la garde de leurs enfants ;
3) d’après le camp McCain, Todd Palin, son mari a été arrêté pour conduite en état d’ébriété en 1984. A noter qu’aujourd’hui il travaille pour la compagnie pétrolière BP ;
4) le Washington Post a révélé que Sarah Palin a été, de 2003 à 2005, directrice d’un groupe lié au sénateur Ted Stevens, symbole de la corruption du Parti républicain en Alaska ;
5) Palin a envoyé un message de soutien aux membres d’un parti sécessionniste de son État (Alaskan Independence Party) à l’occasion de leur convention en 2008. Nul doute que dans un pays où la bannière étoilée est à ce point sacrée, cela fait mauvais genre pour une candidate à la vice-présidence de laisser entendre qu’elle serait favorable à la partition de l’Union.
Liste peut-être non exhaustive… à suivre…
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