Le codéveloppement d’Hortefeux, de la poudre aux yeux ?
Dans le Figaro de ce 1er Juin, en plus de se fixer comme objectif 25 000 retours à la frontière (ce qui est très coûteux pour les finances publiques), Brice Hortefeux, nouveau ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement, présente ce qu’il entend par "codéveloppement".
Selon lui, il s’agit de "donner aux États du Sud et à leurs ressortissants les moyens d’avoir confiance en eux-mêmes et de construire un avenir en dehors de l’émigration".
L’ambition est très honorable. Mais quels sont les moyens que le gouvernement et le ministre se donnent pour réaliser ces objectifs ?
On se serait attendu à ce que l’augmentation de l’aide publique au développement, même conditionnée à des accords migratoires, soit mentionnée en bonne place. Il n’en est rien. Alors que l’aide au développement de la France est loin d’atteindre les objectifs internationaux de 0,7 % du PIB (voir ici), elle ne fait pas partie, étonnamment, des moyens pour favoriser le codéveloppement. Le ministre n’évoque que deux idées, deux mesures :
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Assurer une meilleure allocation des transferts de fonds des migrants en France vers leur pays d’origine ; se basant sur le fait que 80 % de ces sommes sont consacrées aux consommations courantes, le ministre entend privilégier leur allocation vers des projets d’investissement économique. Oubliant sans doute que cette répartition n’est pas le fruit du hasard, et que les migrants sont peut-être assez grands pour choisir ce qu’ils entendent faire de leur épargne..., le ministre Brice Hortefeux entend donc suppléer les choix individuels par des dispositifs collectifs ! Cela paraît peu crédible, notamment parce que cette mesure ne joue pas sur le montant des transferts, seulement sur leur répartition.
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Renforcer l’aide au retour volontaire. Giscard l’avait déjà fait en proposant 10 000 francs pour tout Algérien retournant an Algérie, ce qui avait inspiré au cinéaste Mahmoud Zemmouri son film Prends 10 000 balles et casse-toi. A l’époque, cette somme représentant pourtant une petite fortune, les demandeurs ne s’étaient déjà pas bousculés... A en croire les documents officiels, l’aide prévoit 4 000 euros pour la personne concernée + 3 000 euros pour son conjoint et 2 000 euros pour chacun des trois premiers enfants. Et à en croire le ministre, il y aurait eu seulement 1000 bénéficiaires en 2005 et à peine 2000 en 2006. Au final, pas de quoi plomber les finances de l’Etat et rien qui ne soit à la hauteur des enjeux de développement des pays du Sud.
Il ne nous reste sans doute plus qu’à espérer que les pays du Sud n’attendent pas le codéveloppement de Brice Hortefeux pour améliorer les conditions de vie de leurs habitants !
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