Le complexe génético-industriel fait pression sur les pays africains
Une conférence sur le coton génétiquement modifié se tient actuellement et jusqu’au 18 septembre au Burkina Faso, dans la ville de Ouagadougou. Cet événement sera suivi par une conférence à visée panafricaine sur les biotechnologies à Nairobi, au Kenya, du 21 au 27 septembre, pour promouvoir le développement de la culture des OGM sur le continent.
Le marché agricole africain, comme ceux d’autres pays dits en voie de développement, est un marché hautement recherché par les multinationales de l’agrogénétique, en cela que les accords de libre-échange sont plus facilement convertis en leur avantage, du fait de la fragilité économique de ces pays au regard de l’organisation du commerce mondial. En avril 2004, le conseil de l’Union européenne avait entériné un "Partenariat UE-Afrique sur le coton", devenu "Plan d’action conjoint pour le secteur du coton". Aussi, la France s’est investie dans des accords bilatéraux avec le Burkina Faso pour développer son secteur du coton, notamment par la privatisation progressive de l’opérateur historique SOFITEX, mais aussi celle de l’aide fournie par l’Agence française de développement (AFD) pour la réorganisation des producteurs, et soutenue par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), favorable aux biotechnologies végétales.
L’entreprise de libéralisation de l’agriculture africaine, dans et à côté du cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), repose sur la compétitivité économique des secteurs agricoles dans le marché mondial, au détriment d’une véritable relocalisation des activités agricoles, et notamment l’aide au développement de l’agriculture vivrière pour une réelle autonomie alimentaire des populations. Ces Accords de libre-échange (ALE), ou accords bilatéraux en marge de l’OMC, sont en passe d’imposer une vision néolibérale de l’agriculture dans le monde, et rencontrent des critiques de plus en plus marquées de la part de nombreuses ONG, associations civiles et professionnelles, dont l’une des plus connues au niveau international est Via Campesina.
La population burkinabèse est comme celle des pays européens et la population américaine, largement défavorable à la culture des OGM disséminés, et l’Association des consommateurs du Burkina (ACB), la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) et l’Organisation des consommateurs du Burkina (OCB) ont déjà exprimé leur avis négatif en refusant catégoriquement les Organismes génétiquement modifiés. Alors que le président sénégalais vient d’autoriser en mai la culture du coton génétiquement modifié, c’est au tour des institutions du "pays des hommes intègres" de se pencher sur la question, et aussi l’occasion de faire preuve ou non, d’une position démocratique que n’a pas eue un pays comme la France, plus aujourd’hui à l’écoute des think tank internationaux que des souhaits de sa population, largement hostile aux OGM non confinés.
En Ethiopie, le scientifique Tewolde Egziabher œuvre à la diffusion de l’information sur les OGM en dénonçant l’imposition légaliste et industrielle de ces produits par les multinationales. En 2005, une polémique avait surgi alors que le Canada, membre du Groupe de Miami (promoteur des OGM), lui avait difficilement délivré un visa alors qu’il participait à une conférence des pays signataires du protocole de Carthagène. La même année, la pression de la société civile africaine hostile aux OGM se faisait de plus en plus entendre, comme au Cameroun, ce qui a poussé les tenants des biotechnologies végétales à accentuer leur effort de propagande, comme en témoigne notamment le site GMOAfrica, créé en 2005, et dont une simple recherche Whois nous apprend qu’il est localisé, non pas en Afrique, mais à New York, aux Etats-Unis...
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON