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LE CONFLIT SYRIEN est-il avant tout un conflit Est-ouest ?

 La République Syrienne est gouvernée par la famille Al Assad depuis Novembre 1970, à la suite d’un coup d’Etat militaire perpétré par Hafez Al Assad qui va détenir les rênes du pouvoir jusqu’à sa mort en juin 2000. Son fils Bachar qui lui a succédé dirige le pays depuis cette date.

 A l’instar de tous les régimes de la région, le pouvoir en Syrie est exercé par un seul homme à la tête d’une junte de civils et militaires, érigée en parti politique « Le Baas ». Hafez al Assad a accédé aux commandes suprêmes du pays après une longue période d’instabilité politique. De 1943 à 1970 on a vu se succéder à la tête de l’Etat plus de vingt présidents dont une dizaine de militaires, soit en moyenne un coup d’Etat tous les seize mois. (Notre article du 28 mars 2011 sur Agora Vox).

 Appuyé sur une armée solidement fournie en matériel soviétique et une équipe de gradés militaires aguerris dont la plupart sont formés en Russie, Al Assad allait vite consolider son image d’homme fort du pays.

 Brillant élève de l’Académie militaire syrienne, le jeune Hafez est envoyé en Union soviétique où il poursuivit t sa formation avant d’intégrer l’Armée rouge. De retour au pays il commença déjà à se faire remarquer par ses positions divergentes avec celles de ses camarades. C’est ainsi qu’en 1958 il refusa d’approuver le projet de l’union avec l’Egypte au sein de la « République Arabe Unie », où le pays des Pharaons de Nasser allait avoir une certaine hégémonie, une union dont la durée de vie n’a pas dépassé trois ans. Assad dont le nom en arabe signifie « le lion » rêvait peut être déjà de devenir un grand chef d’Etat à la tête d’une Syrie puissante et dominante dans le Proche et le Moyen Orient. Ce culte de sa personnalité ne l’a d’ailleurs jamais quitté jusqu’à sa mort. Ses nombreuses statues et ses effigies sur la monnaie et sur toutes les places publiques donnent une idée de cette folie des grandeurs. Sa participation en 1973 aux cotés de l’Egypte dans la guerre du Kippour (des six jours) allait faire de lui un interlocuteur incontournable dans la question du Moyen Orient et du même coup consacrer définitivement l’aversion entre la Syrie et l’Etat hébreu plongés désormais dans une hostilité irréversible.

 Son fils Bachar va continuer dans le même esprit et la même orientation à savoir une politique étrangère agressive et une course effrénée vers le renforcement de son arsenal militaire. Ses liens resserrés depuis ces dernières années avec le régime iranien et le Hisboullah libanais constituant un axe dangereux pour la sécurité d’Israël contribuent à perpétuer la tension dans la région et à entretenir cette crise à laquelle personne n’entrevoit une issue favorable dans un avenir proche.

 Il est vrai que la position des arabes a beaucoup évolué depuis la visite en Israël du président Anouar Sadate et que la plupart des Etats du Moyen Orient admettent et reconnaissent aujourd’hui l’existence de l’Etat hébreu. Pendant ce temps Tel Aviv persiste dans son refus de restituer les territoires annexés depuis 1967 (dont le Golan syrien) et de reconnaître le caractère palestinien de Jérusalem Est, un lieu saint et sacré pour l’ensemble du monde musulman. Ce qui n’est pas de nature à favoriser une solution définitive de la question arabo-israelienne. Tout le problème est là.

 Les Etats-Unis et l’Europe qui n’accordent pas toute l’importance voulue à ce détail, semblent plutôt avoir misé et concentré tous leurs efforts sur le départ d’Al Assad et la chute de son régime d’une part et sur le fait d’autre part de stopper le projet iranien de l’enrichissement de l’uranium. Pour l’Occident l’Iran et la Syrie constituent des places fortes pour la Russie qui cherche, quant à elle, à consolider son implantation dans la région, une contrée dont personne n’ignore l’importance stratégique et la richesse de ses sous sols.

 La concurrence EST-OUEST dans cette partie du monde ne date pas d’aujourd’hui. Les services de renseignement des deux camps n’ont jamais cessé de couvrir étroitement les pays du Proche et Moyen Orient, du golfe persique, de l’Asie Occidentale et en particulier tous les Etats qui possèdent des richesses minières. La question qui se pose maintenant est de savoir si le désir de ces grandes puissances n’est pas justement de maintenir en permanence ces foyers de tension et de créer un peu partout des situations chaotiques telle celle existant actuellement en Irak, au Yémen, en Libye, pour perpétuer leur hégémonie, vendre leur matériel de guerre et venir ensuite pour faire offrir des marchés à leurs entreprises pour la reconstruction des villes détruites.

 De nombreux observateurs de par le monde pensent que si le problème israélo-palestinien est résolu et en particulier la question de la mosquée Al Qods dans le Jérusalem Est, ni la Syrie même avec Assad ni l’Iran avec son régime actuel des Ayatollah ne constitueront plus un danger pour la sécurité de la région. Le monde arabe dans sa totalité, Moyen Orient et Afrique du Nord ne conteste plus l’existence de l’Etat d’Israël. Mieux encore de nombreux pays musulmans entretiennent des relations diplomatiques et économiques avec Tel Aviv. De plus l’attachement des juifs et des musulmans à leurs pratiques religieuses, à leurs cultures et coutumes ainsi qu’à leurs modes de vie, les rapprochent beaucoup plus qu’ils ne les divisent. Tout le monde enfin sait que les richesses du monde arabe conjuguées à la technologie israélienne et à ses connaissances avancées en matière médicale et agricole notamment sont de nature à faire du Moyen Orient une région prospère au lieu de rester un foyer perpétuel de tension et de haine.

 Mais est-ce que les Etats-Unis et la Russie sont de cet avis et est-ce qu’une paix définitive au Proche et Moyen Orient arrangera les affaires des fabricants d’armes ? Personnellement je ne le crois pas.


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2 réactions à cet article    


  • Pierre Pierre 29 juin 2013 08:30

    Je ne suis pas convaincu que le commerce des armes soit la motivation première de l’intervention des grandes puissances en Syrie. On voit bien que ce n’est pas dans les préoccupations premières de l’Egypte,et de la Tunisie ruinées par l’effondrement du secteur touristique et de la Libye en chaos prolongé et ce ne serait pas le cas non plus en Syrie si le régime tombait.

    Vous ne soulignez pas que Bachar al Assad n’a pas été formé en Russie. Il travaillait comme ophtalmologue à Londres jusqu’à la mort de son frère, Bassel, qui était destiné à prendre les rênes du pays. Asma, son épouse, travaillait pour JP MORGAN et elle faisait la une des magasines anglais jusqu’en 2011. Le couple présidentiel a plutôt une culture british, très moderne et aux antipodes des barbus qui veulent le renverser.
    Là où vous avez raison, c’est quand vous mettez le conflit arabo-israélien comme problème central de la région. Il est actuellement insoluble à cause de deux peuples aux convictions tout-à-fait antagonistes. Des Israéliens qui ne veulent par admettre qu’ils sont d’origines khazares ou berbères et qu’aucun de leurs ancêtres n’a habité la Judée et la Samarie et des musulmans arabes influencés par des intégristes walhabites en décalage historique. Il est à remarquer que les dirigeants arabes sont prêts à reconnaître Israël mais pas 90 % de leurs populations qui sont sous l’influence des mosquées.
    La Russie a de bonnes raisons de soutenir Bachar al Assad parce qu’elle sait que c’est le dernier rempart avant l’Iran et que le basculement de l’Iran dans le camp occidental ouvrirait la voie à la pénétration des Etats-Unis en Asie centrale.
    Heureusement que l’élection sans discussion au premier tour de Hassan Rohani ne permet pas de justifier un soutien à une contestation interne. Je suis sûr qu’il y avait quelques plans déjà bien préparés.



    • Rodolphe de Gérolstein Boris 29 juin 2013 09:08

      La guerre civile syrienne est au coeur de la rivalité régionale entre sunnites et chiites.


      Une guerre menée par une partie des sunnites, notamment les Frères musulmans soutenus par le Qatar et les salafistes financés par l’Arabie saoudite, contre le régime alaouite — une branche chiite abhorrée des sunnites.

      Avec au cœur du conflit : le facteur religieux et non la rivalité est-ouest.


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