Le Dalaï-Lama au Financial Times : « Oui, personnellement, je veux aller aux JO »
Dans les derniers jours d’avril dernier, Libr’OP lançait sur Agoravox un appel "Que Pékin invite le Dalaï-Lama aux JO". Un mois plus tard, le hiérarque tibétain s’exprime à ce sujet lors d’une interview en Grande-Bretagne avec le Financial Times. Une occasion rêvée de revoir les grandes lignes de cet appel et les réactions qui lui firent écho.
Le 24 mai 2008, une équipe éditoriale du Financial Times a rencontré le chef spirituel et temporel du Tibet à Nottingham en Angleterre pour une interview reproduite in extenso en date du 25 à 18 h 30 dans les colonnes en ligne du grand quotidien britannique.
A cette occasion le prix Nobel de la paix 1989 s’est à nouveau exprimé sur une éventuelle invitation de la part de Pékin à assister aux prochains Jeux olympiques dans la capitale de l’Empire du Milieu.
« Oui, personnellement je veux y aller », a déclaré le hiérarque tibétain tout en assortissant cette réponse positive à certaines conditions.
Extraits de l’échange à ce sujet entre le journaliste Lionel Barber du Financial Times et le Dalaï-Lama (voir la vidéo) :
FT : Vous attendez-vous à vous rendre aux JO, Dalaï-Lama ?
DL : Oh, cela dépend de maints facteurs. Bien sûr, personnellement je veux y aller s’il m’arrive une invitation. Mais cela dépend de la situation au sein du Tibet et aussi de notre dialogue. Il y a encore deux mois. Dès lors, nous verrons.
FT : Avez-vous eu une claire invitation de la part des Chinois à assister aux JO ?
DL : Bien sûr il me faut prendre en considération tous les autres facteurs. Savoir si ma visite peut aider le peuple tibétain au Tibet, voilà la clé.
FT : Et dans quelles conditions une visite de votre part aux JO serait-elle une aide ?
DL : A ce moment, c’est difficile à dire. [Cela] dépend de la Chine, du gouvernement chinois. Donc, voyons la prochaine rencontre et le résultat qui en découlera. Alors nous pourrons juger.
FT : Et s’il y avait un ou deux gestes, des gestes concrets, que les Chinois pourraient faire, quels seraient-ils pour résister à votre examen ?
DL : Donc, mettre un terme aux arrestations et à la torture au Tibet. Il faut que cela cesse. Ensuite on doit procurer une assistance médicale appropriée. Et le plus important, les médias internationaux doivent être autorisées à se rendre là-bas et à y investiguer de façon à ce que le tableau devienne clair.
Fin des extraits de l’interview du Dalaï-Lama par le Financial Times. Voire aussi "Le Dalaï-Lama admet que les Tibétains perdent confiance" sur Le Post par Libre Opinion d’après L’Express et le Financial Times.
Selon Reuters, le 15 mai 2008 à Berlin, le Dalaï-Lama trouverait difficile d’aller aux JO de Pékin selon des propos attribués au prix Nobel de la paix par la télévision allemande jeudi, suite aux déclarations d’un élu du Parlement tibétain en exil, selon lesquelles les Chinois auraient cherché à savoir si le Dalaï-Lama répondrait à une invitation dans ce sens.
« Si la situation reste telle qu’elle est maintenant et qu’il n’y a aucune amélioration, il serait fort difficile pour moi de m’y rendre », le Dalaï-Lama a-t-il précisé à la ZDF dans une interview lors de sa visiter de cinq jours en Allemagne.
Selon ZDF, le Dalaï-Lama a déclaré que, sans les troubles de mars dernier au Tibet, il y aurait eu « une réelle possibilité de voyager là-bas (Pékin) et de se réjouir en cette grande occasion ».
Le 12 mai 2008 depuis Taipei, capitale de la province dite « rebelle » de Taiwan, l’agence Reuters publiait une dépêche de Ralph Jennings selon laquelle « Un haut fonctionnaire chinois avait demandé si le Dalaï-Lama accepterait d’assister aux JO à Pékin afin d’apaiser les récentes tensions ».
Le journaliste de Reuters citait les déclarations d’un législateur du gouvernement tibétain en exil, ce même jour, dans la métropole formosane.
Selon ce membre du Parlement tibétain en exil basé à Taipei, M. Khedroob Thondup, le prix Nobel de la paix envisagerait de s’y rendre.
D’après l’élu tibétain en exil, un haut dirigeant à Pékin l’avait appelé il y a deux semaines de cela pour le « sonder » sur cette idée de visite olympique. Cet élu tibétain n’a pas identifié le dirigeant en question.
Ce geste, selon la dépêche de Reuters, suggère que Pékin cherche à montrer au monde qu’il peut s’entendre avec les dirigeants tibétains suite à un rebond de l’opinion mondiale face à la manière dont la Chine a réagi aux violences au Tibet.
« S’ils veulent inviter Sa Sainteté aux JO, cela constituerait un grand changement », a déclaré Khedroob Thondup à l’agence de presse et se référant au Dalaï-Lama d’ajouter : « Je suis certain qu’il l’envisagerait » (voir Le Dalaï-Lama n’envisage pas de se rendre aux JO sur Le Post par Libre Opinion).
Rappelons que c’est Rangzen et Libre Opinion qui le 25 avril 2008 avaient lancé un appel en faveur de l’invitation du Dalaï-Lama aux JO par Pékin, notamment sur Agoravox : "Que Pékin invite le Dalaï-Lama aux JO".
Voici les extraits les plus significatifs de cet appel :
Comme le Dalaï-Lama est favorable aux JO de Pékin et hostile à leur boycott, pourquoi, dans un geste politique de main tendue, Pékin n’inviterait-il pas le prix Nobel de la paix 1989 à assister aux cérémonies d’ouverture le 8 août prochain ?
Quel meilleur moyen de décrisper les tensions ! Le Dalaï-Lama en vertu de ses positions ne saurait refuser. Les nations n’auraient plus aucune raison de boycotter les cérémonies olympiques ; les athlètes non plus. L’idéal olympique s’en verrait grandement exalté. Le CIO retrouverait la face. La communauté internationale et tous les Chinois pourraient vivre ce grand événement mondial, si important pour la Chine, dans la liesse.
Comme les JO se déroulent en dehors de toute perspective politique ou partisane, aucune prise de position politique n’aurait lieu publiquement de la part d’aucune des parties. Le Dalaï-Lama pourrait, comme il l’a donc déjà fait maintes fois, se féliciter de la tenue des JO dans la capitale de l’Empire du Milieu. Et Pékin de lui répondre que la Chine se félicite de son soutien. Et vive le sport !
En cette occasion solennelle, une photo de famille pourrait être faite en présence de tous les délégués de toutes les nations. Vive le sport, vivent les Jeux olympiques.
Des contacts discrets entre Tibétains et Chinois pourraient jeter les bases d’entretiens futurs plus politiques. Sans engagement formel.
Ce serait un premier grand pas vers une réconciliation et un réel dialogue. La Chine apporterait la preuve de la sincérité de ses engagements.
Bien entendu, un second grand pas dans ces relations préliminaires placées sous le signe du bon vouloir, serait de permettre au Dalaï-Lama de se rendre à Lhassa et de visiter librement le Tibet. Quelle acclamation dans le monde entier !
Là aussi, il n’y aurait aucune intervention politique publique. Pas de discussions officielles sur une « autonomie » élargie. Et il serait étonnant que les Tibétains en vinssent à saccager les boutiques chinoises en présence de leur chef spirituel bien-aimé qui pourrait vanter les bienfaits de la non-violence pour la paix sociale partout sur la planète.
Des équipes de journalistes du monde entier pourraient suivre ce voyage, disons-le bien, extraordinaire et montrer combien le Tibet se développe et combien les Tibétains y sont heureux, épanouis, prospères.
Dans le cadre des conversations entre émissaires tibétains et représentants chinois, des fondations privées pourraient apporter leurs bons offices. Sur le thème du développement durable, de la paix sociale, du bien-être public. De la bienfaisance.
En fait, le dialogue n’est rompu, officiellement, entre la Chine et le Tibet que depuis moins d’un an, lit-on dans le journal Le Monde ce soir. Dixit le quotidien du soir, depuis Dharamsala en Inde, les Tibétains négocient depuis 2002 avec des responsables chinois. Les derniers entretiens directs et officiels remontent à juin-juillet 2007. Les canaux ont été rouverts suite aux émeutes déclenchées au Tibet à partir du 10 mars dernier. Très bien. Où cela bloque-t-il encore ? De toute évidence, ce qui manque le plus aux deux parties, c’est un bon conseil en communication. Des décennies durant, le « dialogue » s’est résumé à un dialogue de sourd. Et il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
"On voit mal en quoi vont consister les négociations", s’exclame Bruno Philip dans Le Monde. Certes, les pires invectives ont fusé du côté de Pékin et le Dalaï-Lama, du sien, n’a cessé de dénoncer le « génocide culturel » dont serait victime son peuple.
Mais que Pékin invite le Dalaï-Lama aux JO et organise son retour au Tibet. La sincérité de la Chine frappera l’opinion mondiale qui reconnaîtra, unanime, que, oui, la Chine méritait les JO. La glace se rompra d’elle-même. Et après le dégel, devant l’approbation de la Communauté internationale emportée par l’élan olympique, les conversations s’étofferont d’elles-mêmes. L’Union européenne, par exemple, pourrait y insuffler un supplément d’enthousiasme.
Nicolas Sarkozy est-il prêt à appuyer une telle initiative à quatre mois des JO ? L’Union européenne sera-t-elle disposée à le suivre sur ce chemin du dialogue et de la réconciliation ?
Nicolas Sarkozy sera bientôt président de l’Union. Les cartes sont entre ses mains. Que notre bling-bling national dépêche Thierry Saussez, son conseil en communication. L’homme, rompu au jeu politique, aura peut-être moins de mal avec les Tibétains et les Chinois qu’avec les éléphants de l’UMP, d’un côté, et, de l’autre, les jeunes loups (sans robe de moine) du gouvernement de François Fillon !
Rangzen avec Libre Opinion.
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