Le G8, vestige du passé relancé par Nicolas Sarkozy
Relancé par Nicolas Sarkozy, le G8 appartient au siècle passé, celui de la domination politique, géopolitique et économique de quelques pays du Nord. Un vestige du passé. Suranné. Dépassé. Bunkérisé derrière des milliers de policiers et militaires. A mille lieues des des aspirations démocratiques et sociales qui prennent la rue un peu partout....
Toutes les traditions ne méritent pas d'être poursuivies. Ainsi en est-il du G8, réunion des chefs d'Etat des 8 pays qui furent « les plus puissants de la planète ». En établir la liste illustre le côté anachronique d'une telle rencontre. Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Russie. Le G8 fleure bon la domination politique, géopolitique et économique de la fin du siècle passé. Mettre sur la touche la Chine, l'Inde, le Brésil, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud, etc. fait mauvais effet. Pourtant Nicolas Sarkozy a tenu coûte que coûte à être l'hôte d'une nouvelle réunion du G8. Comme un mauvais remake d'un film suranné, le G8 a lieu ces 25 et 26 mai à Deauville.
Promesses des G8 d'Evian en 2003 et de Gleneagles en 2005, les pays du G8 n'ont jamais débloqué les montants nécessaires au développement économique des pays africains ou à la suppression de la pauvreté. Ils n'ont pas été plus capables de s'entendre sur la suppression intégrale de la dette des pays pauvres pourtant exigée de toute part. Loin de stabiliser les grands déséquilibres économiques mondiaux, les pays du G8 ont contribué à les accroître par leurs politiques maintenues et toujours confirmées de libéralisation de l'ensemble des marchés mondiaux. Symbolisant la domination des pays du Nord sur les 184 autres pays de la planète, les pays du G8 possèdent 90 % des armes nucléaires et dépensent les trois quarts des budgets militaires. Sans avoir su assurer « la paix et la sécurité » qui revient pourtant comme un leitmotiv à chaque déclaration du G8.
Relancer un G8 profondément discrédité par sa symbolique et ses échecs passés permettra peut-être à Nicolas Sarkozy d'être au centre de la photo. Mais la diplomatie française, déjà mise à mal par ses errements face aux révolutions arabes n'en sortira pas grandie. Au menu du G8 : nucléaire, Internet, nouvelles technologies, économie verte, « la paix et la sécurité » ou encore le « développement de l'Afrique ». Ne représentant qu'à peine 13 % de la population mondiale, quelle est la légitimité des chefs d'Etat des pays du G8 pour prendre des décisions qui concernent l'ensemble des pays et des populations de la planète ?
Crise financière et économique, nouvelle donne géopolitique mondiale, changement climatique et raréfaction des ressources naturelles, migrations internationales etc. sont autant de défis cruciaux qui concernent l'avenir de toutes les populations de la planète. En ce début du 21ème siècle, ces défis seront résolus pour tous ou ils ne le seront pour personne. Il y a des choix à faire. Se recroqueviller sur un G8 incarnant les dominations du siècle passé et la confiscation des décisions globales. Ou contribuer à l'émergence d'une véritable démocratie globale. En faisant perdurer le G8, Nicolas Sarkozy a choisi. Il a choisi le passé et la séquestration de la démocratie mondiale.
Vestige du passé au lourd passif, le G8 de Deauville se tient retranché derrière une zone rouge défendue par des milliers de policiers et militaires, comme une citadelle assiégée. Avec un coût exorbitant, les chefs d'Etat du G8 se calfeutrent loin du reste du monde. Loin des autres puissances. Loin des aspirations populaires exprimées par les révolutions arabes ou par les manifestations aussi diverses qu'inventives contre les politiques d'austérité menées en Europe ou en Amérique du Nord. A se couper ainsi des préoccupations et exigences des populations, il n'est pas étonnant que les aspirations démocratiques et sociales prennent la rue, place Tahrir, mais aussi à la Puerta del Sol de Madrid ou à Madison dans le Wisconsin. A l'image de l'Espagne, les pays du G8 vont-il voir le printemps arabe se répandre comme une trainée de poudre ?
Maxime Combes, membre de l'Aitec, engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)
2 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON