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Le grand essor de l’Inde

De nombreux observateurs n’ont pas réalisé l’importance de la déclaration faite par Jake Sullivan, le conseiller américain à la sécurité nationale, avant le récent sommet du G20 organisé par l’Inde. Commentant l’absence du président chinois Xi Jinping, il a déclaré qu’il s’agissait d’une tentative de gâcher le grand moment de Narendra Modi. Selon les informations disponibles, certains analystes ont affirmé qu’il faisait référence à la volonté de l’Inde d’annoncer le siège de l’Union africaine à la table du sommet du G20, avec tout ce que cela implique pour New Delhi dans sa compétition avec la Chine pour le leadership dans le Sud global et pour le continent africain, qui s’efforce de plus en plus de faire entendre sa voix dans le monde.

Par ailleurs, Sullivan faisait probablement référence à l’annonce du projet de corridor économique reliant l’Inde et l’Europe via l’Arabie saoudite, la Jordanie et Israël. Ce projet semble être un concurrent de taille pour l’initiative chinoise Belt and Road, qui implique une soixantaine de pays et vise à livrer des marchandises chinoises à l’Europe occidentale via l’Asie centrale et la Russie. La transformation de l’Inde en grande puissance n’est plus seulement une hypothèse théorique ou un scénario attendu discuté dans les groupes de réflexion  ; elle est devenue une réalité concrète.

Récemment, l’Inde a démontré sa détermination à affirmer sa place légitime dans l’ordre de la guerre post-Ukraine. Cette affirmation s’est traduite par des succès continus dans l’espace et par des projets qui assurent au pays une position importante en tant que centre de fabrication, d’exportation, d’industrie et de technologie.

À mon avis, le sommet du G20 a eu l’impact le plus important de l’Inde à ce jour. La diplomatie indienne a réussi à influencer les dirigeants occidentaux qui critiquent la Russie, avec laquelle l’Inde entretient des relations amicales et neutres. Dans la déclaration finale du sommet, l’Inde a envoyé un signal clair en évitant de condamner directement la Russie pour sa guerre contre l’Ukraine, même si la Chine, un allié clé de la Russie au sein du groupe, n’était pas présente.

Bien que l’on s’attende à ce que le sommet se termine sans déclaration finale en raison de désaccords sur la position de la Russie en l’absence de la Chine, nombreux sont ceux qui y ont vu une occasion pour l’Occident d’exercer une forte pression pour condamner fermement Moscou. Plus important encore, la diplomatie indienne a non seulement réussi à obtenir un consensus parmi les membres du G20, mais la déclaration finale a également condamné le «  recours à la force  » en Ukraine pour obtenir des gains territoriaux. Cependant, aucune mention explicite n’a été faite de l’attaque de la Russie contre ce pays après qu’elle ait été dénoncée dans la déclaration publiée à l’issue du sommet du G20 de 2022 à Bali, auquel participait alors la Chine.

La déclaration du sommet du G20 en Inde a été saluée par la Chine, qui l’a qualifiée de «  signal positif  » pour le monde et a réitéré que la déclaration reflétait ses points de vue et montrait que le G20 travaillait ensemble pour relever les défis mondiaux et promouvoir le développement. La Russie a également salué la déclaration, la qualifiant d’«  étape importante ».

Il est indéniable que l’un des domaines dans lesquels l’Inde et la Chine sont en concurrence est le leadership des économies émergentes. L’Inde a marqué un point important lors du sommet en annonçant l’adhésion de l’Union africaine au G20. En outre, l’Inde a lancé un projet que les observateurs considèrent comme un solide concurrent de l’initiative chinoise Belt and Road.

Le projet indien de corridor économique bénéficie du soutien total de l’UE et des États-Unis, dont les dirigeants ont déclaré que le projet «  changera les règles du jeu ». Ils entendent par là les règles du conflit géostratégique entre l’Occident et la Chine, ainsi que la concurrence entre l’Inde et la Chine. Le fort soutien des États-Unis à l’Inde peut peut-être se comprendre à la lumière de la reconnaissance par le secrétaire d’État américain Antony Blinken que les changements dans le monde constituent un défi majeur pour l’ordre existant depuis la fin de la guerre froide. Il a souligné que la guerre russe en Ukraine constitue la plus grande menace pour le système international, car le partenariat entre Moscou et Pékin rend le monde plus sûr pour les «  régimes autoritaires », a déclaré M. Blinken.

Il convient de noter que les inquiétudes des Etats-Unis à l’égard de la Chine se sont accrues au point que le secrétaire de l’US Air Force, Frank Kendell, a demandé aux autorités de son pays d’intensifier les préparatifs en vue d’une éventuelle confrontation militaire avec la Chine. Selon lui, la guerre pourrait éclater «  si les capacités militaires américaines sont insuffisantes pour repousser l’agression chinoise contre Taïwan ».

L’Inde, membre de nombreux blocs institutionnels incluant la Russie et la Chine, tels que les BRICS et le G20, est également impliquée dans des alliances informelles telles que le Quad, le dialogue quadrilatéral de sécurité entre les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et l’Inde. Elle joue un rôle très influent dans la gestion occidentale des conflits et de la concurrence avec la Chine et son alliée la Russie. Le soutien occidental à l’Inde est en quelque sorte considéré comme un concurrent stratégique important de la Chine, qui partage avec l’Occident des valeurs démocratiques, une économie libre et bien d’autres choses encore.

De son côté, l’Inde considère qu’il est nécessaire d’agir très prudemment entre les parties et de maintenir son importante coopération avec la Russie. Elle gère ses différends frontaliers historiques avec la Chine avec une extrême précision afin d’éviter les affrontements militaires et les confrontations violentes dans lesquelles les deux parties pourraient perdre beaucoup. Elle est également consciente que la transition actuelle du système mondial est une occasion favorable d’affirmer sa position et de s’assurer un rôle de leader parmi les grandes puissances.


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10 réactions à cet article    


  • sylvain sylvain 21 octobre 2023 18:28

    l’inde profite de la guerre entre l’occident et la chine. Elle mange a tous les rateliers, sans se facher avec personne pôur le moment et donc c’est elle qui tire les benefs de la guerre. Ils vont peut etre finir par avoir des problemes avec la oumma, vu leur maniere de traiter les musulmans, mais visiblement ici la « communaute internationale » n’y trouve rien a redire.


    • microf 21 octobre 2023 22:10

      J´espère que l´Inde sait ce qu´elle fait, car si l´Inde rate cette opportunité de se ranger carrément du côté des BRICS oú est son avenir et veut manger á tous les rateliers, alors, son avenir sera sombre.


      • Iris Iris 22 octobre 2023 00:09

        @microf
        L’inde joue sur les deux tableaux ce qui va peut être froisser ses partenaires du brics. J’y vois aussi une opportunité de garder des ponts entre deux pôles qui pourraient être amenés à s’affronter violemment.


      • Iris Iris 22 octobre 2023 00:10

        @microf
        L’inde joue sur les deux tableaux ce qui va peut être froisser ses partenaires du brics. J’y vois aussi une opportunité de garder des ponts entre deux pôles qui pourraient être amenés à s’affronter violemment.


      • titi titi 23 octobre 2023 11:23

        @L’auteur

        L’Inde était jadis un des leaders du mouvement des « non alignés ».

        Elle est juste constante dans sa politique :elle ne s’aligne pas, elle travaille pour elle même.

        Elle en a les moyens.


        • yakafokon 23 octobre 2023 14:22

          Il sait lire au moins Antony Blinken ?

          SI oui, qu’il lise très attentivement la résolution n° 2758 ( XXVI ) de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, mise au vote le 25 Octobre 1971 !

          Cette résolution, appelée « Rétablissement dans ses droits légitimes, de la République Populaire de Chine à l’Organisation des Nations-Unies » a permis à la Chine de Mao Tse Tung, puis de XI Jinping, de retrouver son intégrité territoriale, tant sur la partie continentale, que sur les îles comme les îles Paracels, Spratleys, ou Taïwan ( dans la mesure où la Chine a pu en revendiquer la propriété, preuves à l’appui ).

          Or la Chine a inventé l’imprimerie il y a 5.000 ans ( bien avant Gutenberg ) et des documents indiscutables sont conservés à Bejing.

          A cette époque, les pays qui lui contestent ces îles n’existaient même pas !

          76 pays ont voté OUI, 35 pays ont votè NON ( devinez lesquels ), et 17 se sont abstenus.

          Donc Taïwan est redevenue une île chinoise et l’une des provinces de la R.P.C.

          D’ailleurs, les Etats-Unis ont fermé leur ambassade de Taïpei, pour en ouvrir une à Beijing, et ont même annulé le Pacte de défense conclu entre Taïpei et Washington i

          Comme le disait Henri Kissinger : « avoir les Etats-Unis comme ennemis, c’est très dangereux, mais s’en faire des amis c’est mortel ! ».

          Jamais Taïwan ne deviendra une nation ( malgré des demandes réitérées auprès de l’O.N.U. ).


          • titi titi 23 octobre 2023 23:48

            @yakafokon

            Alors on peut discuter de l’appartenance ou non de Taïwan à la Chine.

            Par contre évitez de raconter des conneries du genre il y a des « documents indiscutables à Beijing » et encore moins depuis 5000 ans.

            Si ces documents existaient, ça fait bien longtemps qu’ils auraient été produits.
            Vous savez comme les fameux accords signés par les USA sur le non élargissement de l’OTAN.

            Le fait est que justement, au regard de la longueur de l’histoire de la Chine, l’inclusion de Taïwan est très récente.

            Le problème, au delà de Taïwan, c’est que la Chine considère que tous les territoires qui ont été chinois un jour doivent le redevenir.

            C’est largement contestable.

            Déjà historiquement l’empire chinois n’a pas toujours été fort et son autorité était toute théorique sur certains territoires qui se contentaient de payer tribu.

            Ensuite si on lui accorde cela, alors pourquoi ne pas accorder à la France le retour du Canada ? du Middle West ? de l’Italie ? du Bénélux ? de l’Algérie ?

            Bref c’est débile et dangereux.


          • titi titi 23 octobre 2023 23:56

            @yakafokon

            "Jamais Taïwan ne deviendra une nation ( malgré des demandes réitérées auprès de l’O.N.U. ).

            « 

            Hummmm... vous êtes sûr de ce que vous avancez ?

            Le gouvernement de Taïwan, se considère comme le légitime gouvernement chinois »en exil", et revendique tout le territoire de la Chine continentale.
            Je l’imagine mal renoncer à cette position en se déclarant Taïwanais.


          • charclot charclot 23 octobre 2023 15:35

            Bharat pas Inde....


            • roby roby 23 octobre 2023 18:39

              Indien vaut mieux que 2 tu l’auras !

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