Le Hezbollah libanais : Forces et faiblesses
Sans doute le cas du Hezbollah au Liban, constitue un phénomène politico-religieux assez complexe. C’est un phénomène qui ne cesse de s’adapter aux changements dramatiques frappant continuellement le Liban. Il est incontestable qu’au fur et à mesure le parti de dieu a pu se forger une place essentielle dans le paysage politique libanais, il est vrai également qu’il représente une force politique importante sur la carte géopolitique de la région. Ainsi, il est tout à fait légitime de nous nous poser les questions suivantes : Comment a-t-il pu s’imposer comme élément incontournable du jeu politique au Liban ? Qu’est-ce qui fait sa force ? Et quelles sont ses faiblesses ?
La branche armée du Hezbollah la Résistance Islamique qui depuis sa naissance a pris à son compte la lutte contre Israël en 1982, lui a permis de s’imposer quelque années plus tard comme la première force politique au sein de la communauté chiite libanaise. Parallèlement, le Hezbollah a entamé dans les régions chiites, un travail sociaux-culturel de longue haleine par le biais de ses différentes institutions humanitaires et éducatives, profitant ainsi de l’absence de l’Etat libanais surtout dans les régions chiites déchirées comme l’ensemble du pays par une guerre civile longue de 15 ans (1975-1990). Sans doute toutes ses actions n’auraient pas été possibles sans l’aide financière et militaire de la République islamique d’Iran et l’aide logistique de la Syrie, pays voisin du Liban. Mais travailler seulement au sein la communauté chiite aurait limité le champ d’action du Hezbollah. Il commence donc à tisser un réseau politique, social et économique avec les différentes tendances politiques et religieuses qui composent un pays cosmopolites tel que le Liban. Une stratégie payante, puisqu’il arrive à faire siéger quelques députés au parlement, et gagne des municipalités. Les élections se suivent, et la présence du Hezbollah au sein de l’Etat libanais devient de plus en plus visible. Il faut dire que, son discours qui se focalise contre la corruption caractérisant l’appareil d’Etat libanais et surtout sa lutte contre Israël, lui servent comme arguments implacables. D’autant plus que ses actions militaires contre l’Etat hébreu, obligent ce dernier à appliquer la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations Unies adoptée le 19 mars 1978 en se retirant du Sud du Liban en 2000 (Israël garde toujours le contrôle sur les fermes de Chébaa sous prétexte qu’elles font parties des territoires syriens, une thèse réfutée par l’Etat libanais). C’est de cette façon que le Hezbollah s’impose comme libérateur du pays, ceci lui permet de voir sa cote atteindre le sommet au Liban et aussi dans le monde arabo-musulman, c’est la consécration totale.
La relation entre le Hezbollah avec l’Iran et surtout avec son Guide divin Khamenei est fortement contestée par les partis politiques opposants. En effet, le Hezbollah n’a jamais fait mystère de son lien doctrinal avec son chef suprême Khomeiny et son successeur Khamenei. Le fait que le Hezbollah soit lié doctrinalement à la haute autorité politique iranienne, met le soupçon sur son attachement à sa patrie le Liban, et constitue aussi un élément embarrassant pour ses alliés, qui peinent à calmer la polémique sans grand succès. Donc c’est une arme à double tranchant. L’Arsenal militaire du Hezbollah, qui a fait de lui une force militaire incontournable, constitue également son point faible. L’accord de Taif signé en 1989, qui a mis un terme à la guerre civile libanaise, a exigé le désarmement de toutes les milices, seul le Hezbollah n’a pas déposé les armes sous prétexte d’être une résistance et non une milice. Ceci aussi est fortement critiqué par ses opposants, surtout après l’épisode de 7 mai 2007, date à laquelle le Hezbollah retourne ses armes contres ses compatriotes partisans du Saad Hariri le fils d'ex-premier ministre Rafic Hariri assassiné le 14 février 2005 à Beyrouth. Actuellement, le dossier du désarmement du Hezbollah est devenu la première revendication du courant de 14 mars qui rassemble les partis politiques opposants au Hezbollah. Les puissantes institutions dont disposent le Hezbollah n’échappent pas aux critiques. Elles sont perçues comme des instruments servant à consolider la mainmise du Hezbollah sur la communauté chiite libanaise. Le lien avec la République islamique et l’arsenal militaire et les fortes institutions, dont disposent le Hezbollah, offrent le prétexte aux opposants du Hezbollah de l’accuser de former un Etat dans l’Etat.
En somme, l’une de spécificité du Hezbollah, c’est que les raisons qui constituent sa force constituent aussi sa faiblesse. Ainsi, autant qu’il devient plus fort il devient en même temps plus faible, et c’est cela toute la particularité et la complexité du Hezbollah, qui en fin de compte ne fait que refléter l’image d’un pays assez particulier et complexe, le Liban.
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