Le Kosovo en route vers l’Europe
Bâtir une société civile, construire un Etat démocratique
Confrontées aux incertitudes de leur statut définitif et à la double crise du déclin économique et de l’instabilité politique, les institutions provisoires du Kosovo, bien qu’elles reconnaissent la validité des critères de Copenhague, ne disposent pas de la capacité de soutenir ces processus.
La création d’un environnement institutionnel favorable au développement économique et à une croissance durable, ainsi que le respect des principes établis au Sommet de Thessalonique de 2003, exigent du Kosovo qu’il consolide ses capacités administratives et gouvernementales.
En d’autres termes, la clé de la prospérité démocratique et du développement économique réside dans la capacité du gouvernement à construire une bonne gouvernance.
Maintenant qu’ont été mises en oeuvre les valeurs démocratiques fondamentales par l’organisation d’élections libres, de la représentation proportionnelle, etc, les citoyens du Kosovo devraient prendre conscience des autres traits de ces valeurs démocratiques fondamentales, telles que la réactivité gouvernementale, l’efficacité, la responsabilité et la promotion d’un développement économique durable.
Ces valeurs sont d’une importance cruciale pour assurer le bien-être global de la population. Pour que la bonne gouvernance devienne une réalité au Kosovo, l’attention ne doit pas seulement se porter sur les institutions étatiques. Le développement de la société civile, un engagement citoyen accru, une société fondée sur l’Etat de droit et une bonne gouvernance constituent les objectifs de toute démarche de réduction de la pauvreté et des éléments fondamentaux pour tout solide développement économique, social et politique.
Vers le développement d’une société civile démocratique au Kosovo
Au Kosovo, la société civile est perçue comme une assise et une solution éventuelle pour le développement futur du pays. C’est donc vers l’espace public que l’attention devrait se tourner, là où interagissent le gouvernement et la société et où les acteurs en présence doivent pouvoir (et pouvoir espérer) influencer les décisions. Or, l’espace public kosovar n’est pas correctement structuré et laisse donc le champ libre à d’autres formes d’organisation sociale : clientélisme, néo-patrimonialisation, institutions informelles.
L’approche actuelle, adoptée par les donateurs, les institutions publiques et la société civile, est nécessaire mais elle pourrait se révéler insuffisante à résoudre les déficiences de gouvernance. Beaucoup a déjà été accompli pour établir au Kosovo des autorités gouvernementales opérationnelles dans de nombreux services publics.
En revanche, le transfert de nouveaux pouvoirs de l’UNMIK au Gouvernement Provisoire du Kosovo pourrait s’accompagner d’une intensification des problèmes de corruption. A cet égard, il est vital d’éduquer les citoyens et de les informer de leurs droits et des devoirs du gouvernement, et d’encourager leur participation active pour conserver des institutions responsables et prévenir d’autres abus.
Les organisations de la société civile, les médias et le monde économique ont un rôle très important à jouer dans ces initiatives. Les médias et les entreprises devraient plus s’engager pour contenir les tendances négatives en menant des actions efficaces contre la corruption, l’insécurité et la manque de professionnalisme et en devenant ainsi des partenaires proactifs dans les campagnes menées contre la mauvaise gestion.
Quelle perspective européenne pour le Kosovo ?
L’Union européenne n’a pas abandonné le Kosovo en offrant un partenariat européen aux pays des Balkans occidentaux. Elle a au contraire laissé ouverte une perspective européenne au Kosovo, espoir crucial pour que s’y étendent les principes européens fondamentaux que sont la liberté, la sécurité et la justice et pour guider la région vers un développement économique durable.
Néanmoins, ainsi que l’a noté le Commissaire européen à l’élargissement Olli Rehn, l’euroscepticisme et les hésitations quant à la perspective européenne de la région risquent d’attiser le radicalisme et pourrait finalement avoir d’amères conséquences. En menant ses réformes conformément aux attentes de l’UE, le Kosovo élabore une stratégie de long terme.
Une telle approche est offerte par le « Processus de Stabilisation et d’Association » (PSA), pierre angulaire de la politique de l’Union à l’égard des Balkans occidentaux. Le PSA offre un partenariat progressif et à multiples facettes, afin d’encourager la stabilité et la coopération dans la région, tout en facilitant une association plus étroite avec l’Union européenne. C’est là une chance unique pour que les Kosovars réalisent leurs désirs d’une société meilleure et d’un avenir qui sourisse aux générations à venir.
Jamais les pays des Balkans occidentaux n’ont été aussi économiquement et politiquement liés, et le renforcement des instruments de préadhésion revigoreraient la paix et la stabilité et mèneraient la région là où est sa place : au sein de la famille européenne.
Le Kosovo, toutefois, n’est pas seulement européen par la géographie, mais également car son avenir politique et économique est étroitement lié à celui de l’Union européenne. Pour le Kosovo, le chemin ne mène donc pas seulement à l’Europe, mais bien à ses institutions.
(Article de Armend Muja pour Le Taurillon, magazine eurocitoyen traduit de l’anglais par Emmanuel Vallens)
Sur le Web : « Trois visions pour le statut définitif du Kosovo »
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