Le Maghreb doit stopper l’exode africain
La géopolitique du bassin méditerranéen est en profonde mutation. Révolutions en Afrique du nord, crises financières en Europe du sud. Ces deux rives restent pourtant liées et confrontées à un vaste et tragique exode africain sous couvert d’immigration clandestine.
Jusqu’à présent le Maghreb n’a jamais défini de politique nationale ou régionale en la matière. C’est le laisser faire, laisser passer qui a primé, avec une volonté explicite de punir et culpabiliser l’Europe pour son passé colonial. Face à toutes les demandes pressantes de l’Union Européenne, le Maghreb a toujours répondu que seul le développement de l’Afrique jugulera le flux migratoire.
La vision maghrébine sur ce phénomène doit aujourd’hui changer.
D’une part, le nouveau face-à-face euro-maghrébin va bouleverser les relations politiques, économiques et humaines. Il ne saurait donc être perturbé par une donnée démographique exogène aux deux espaces. On peut même envisager à terme un reflux migratoire et une suppression du visa Schengen pour les maghrébins, qui ne seront plus considérés comme des réfugiés politiques ou des terroristes.
D’autre part, l’Afrique vit une grave régression. La mal gouvernance, la corruption endémique, le sous-développement chronique, les coups d’Etat l’ont rendu ingérable. Elle tarde à entrer dans un processus révolutionnaire.
Quand on connaît le phénomène migratoire et qu’on visite les pays africains, on mesure toute l’ampleur du désastre humain. La plupart des candidats à l’exode sont des enfants d’une anarchie démographique immorale, nés de mariages polygames et/ou précoces, d’unions libres, de vagabondage sexuel, prostitution, viols. La plupart n’ont pas de vie de famille et ne connaissent pas leur véritable père. Mal élevés par des mères adolescentes, ils sont très tôt jetés à la rue pour gagner leur vie. Non scolarisés, analphabètes, ils n’ont ni culture, ni métier.
La majorité d’entre eux n’ont pas d’état-civil et se font établir de faux documents par des fonctionnaires véreux, sans scrupules, hyper corrompus.
Nourris au complexe de culpabilité, ils se font systématiquement racketter aux frontières par les policiers africains et maghrébins qui ferment les yeux sur les trafics de passeports.
Résidant souvent plusieurs mois dans les pays du Maghreb, certains finissent par s’y installer en se faisant établir de nouveaux faux documents.
Les villes du grand Sahara souffrent de cette poussée démographique exogène d’africains se faisant passer pour des Harratines (descendants d’esclaves ou travailleurs agricoles installés de longue date dans les oasis du désert).
Les tribunaux et prisons des villes maghrébines du nord ne désemplissent pas des nouveaux délinquants africains (faux documents, fausse monnaie, drogue, prostitution, cambriolages, agressions,…).
Les insurrections tunisienne et libyenne ont amplifié le flux migratoire à Lampedusa afin de profiter de l’obligation italienne de ne pas refouler les victimes de conflits.
Les pays maghrébins les plus permissifs à l’entrée des migrants sont le Maroc, la Tunisie et la Libye où plusieurs pays africains sont exemptés de visa. Mais les deux pays passoires sont la Mauritanie pour transiter au Maroc, et l’Algérie pour transiter en Tunisie et Libye.
Le cas de l’Algérie est symptomatique de la déchéance des Etats africains. Le Mali est le seul pays africain exempté de visa par l’Algérie, en raison surtout de la population touarègue qui vit des deux côtés de la frontière. Les africains, même anglophones, se font donc établir de faux vrais passeports maliens et affluent par centaines au poste frontalier de Borj Baji Mokhtar.
Le Maghreb traverse une nouvelle ère de reconstruction refondation inter et extra maghrébine qui prendra du temps.
Une nouvelle politique d’instauration de visas doit mettre un terme à la falsification des passeports et à un exode anarchique et massif. Les consulats maghrébins pourront ainsi contrôler la véracité des documents et les motivations réelles des voyageurs.
Ce n’est pas punir les africains que d’adopter une telle politique. C’est au contraire sauver des vies. Des ONG ont estimé à près de 20.000, les migrants morts par noyade en Méditerranée depuis 1993. Ce chiffre est une estimation des cadavres repêchés, tout en précisant que « le total peut être multiplié par trois ».
Les africains doivent cesser cette fuite suicidaire et se recentrer sur la résolution de leurs problèmes de gouvernance, comme le font aujourd’hui les maghrébins.
Saâd Lounès
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