Le Maroc déroule sa stratégie solaire
Le Maroc affiche une ambition royale pour le développement de l’énergie solaire, avec un plan de 2 000 MW d’ici 2020. Ferme et crédible, le plan est géré par la Moroccan Agency for Solar Energy (MASEN). Une agence nouvelle créée pour l’occasion, qui gère les appels d’offres internationaux. La MASEN a reçu 180 propositions à l’appel à manifestation d’intérêt qui s’est clôturé le 24 mai, pour les 500 MW de Ouarzazate à connecter d’ici 2015 (1ère phase du plan, cruciale, pour enclencher le développement à plus large échelle). Les candidats sont allemands, américains, chinois, français, espagnols ou encore portugais, notait les Echos dans un article en début de semaine. Solaire à concentration et centrales photovoltaïques constitueront le mix électrique solaire de Ouarzazate, où un site de 33 km² est réservé à cet effet.
Des négociations avec les partenaires potentiels vont être conduites durant le 3ème trimestre, pour une sélection finale d’ici novembre. Le choix du partenaire prendra en compte le contenu en emplois et en transfert technologique des offres, qui ne pourront se résumer à un prix de kWh pendant 20ans pour honorer un Power Purchase Agreement (PPA).
Une compagnie solaire française, Solaire Direct, a répondu à ce premier appel de MASEN, en tandem avec l’équipementier électrique Schneider Electric, pour 125 MW de PV. Solaire Direct, qui exploite une usine de production de modules solaires en Afrique du Sud, (avec deux projets de nouvelles usines en France) est implanté au Maroc depuis 2008, et compte bien bénéficier de son expérience et du soutien de la diplomatie franco-marocaine.
Car les compagnies allemandes ont clairement le soutien de la diplomatie de Berlin. Ainsi, la banque allemande KfW Entwicklungsbank en partenariat avec la MASEN et l’Office national de l’électricité (ONE) marocain, organisait le 15 juin dernier, la conférence internationale « Large-Scale Solar Power in MENA » à Casablanca. L’objectif de la rencontre, « regrouper des industriels de l’énergie solaire, des représentants de banques internationales et des délégués des pays arabes, pour débattre des objectifs et défis de la production d’énergie solaire à court et moyen termes dans les pays de la région MENA, de la vision à sa réalisation » selon le journal libe.ma.
Ce forum financé par les allemands, a un objectif de lobbying commercial assumé. Kurt Hildebrand, chef de la division Climat et Environnement à la KfW, a été une sorte d’avant-centre de cette Mannschaft solaire allemande. Pour lui, il s’agit « de démontrer à partir de projets de référence que le développement de l’énergie solaire dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est faisable et rentable ». Il avait dans son équipe de gros calibres, tel le Dr. Manfred Konukiewitz, Directeur Général Adjoint au Ministère Allemand de la Coopération économique et du Développement. Ce dernier a clairement offert d’accompagner le Marocdans la réalisation de ses ambitions dans le domaine des énergies renouvelables, avec un appui au travers le transfert technologique et le développement de capacités. Le Dr Konukiewitz propose du clé en main (cadre juridique, financement, technologies) : « la coopération allemande au développement peut contribuer à la mise en place des conditions cadres institutionnelles et législatives, elle peut apporter une partie du financement nécessaire pour les premiers investissements qui ont le caractère de projets de référence… La coopération allemande au développement peut aussi accompagner le dialogue politique relatif à la politique de l’énergie dans la région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et en Europe. »
On parle de deux projets allemands de construction d’usines solaires…
Quatre autres projets solaires succèderont aux 500 MW de Ouarzazate (Ain Bni Mathar, 400 MW pour 2016 / Foum Al Oued, 500 MW pour 2017 / Boujdour, 100 MW / Sebkhat Tah, 500 MW). Sans compter qu’à côté de ces projets « gigantesques », le Royaume continue d’électrifier les zones rurales (100.000 foyers déjà équipés en PV) et développe le recours généralisé au chauffe-eau solaire.
Les européens arriveront-ils à jouer groupés dans ce développement du solaire sur la rive sud ? Va-t-on dépasser le cadre étroit de la diplomatie bilatérale, pour développer une coopération solaire euro-méditerranéenne vigoureuse ? Cela pourrait passer par un plan industriel et financier « franco-germano-hispanique », en appui et partenariat avec la rive sud de la Méditerranée… C’est un rêve pour demain, car aujourd’hui, ni l’Allemagne, ni l’Espagne, ni la France n’arrivent à s’entendre pour faire converger une politique d’énergie verte au nord de la méditerranée. Sans compter qu’en France, l’atom’cratie est en embuscade…
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