Le monde est de nouveau multipolaire et soumis à l’équilibre de la terreur nucléaire
Paris le 7 décembre 2006 - (BCB) - Ironiquement, soixante-cinq ans, après l’attaque surprise de la base de Pearl Harbor par la marine et l’aéronavale japonaise, la marine chinoise et la 7e flotte, une de ses plus prestigieuse, de la US Navy, se sont faits mutuellement « perdre la face » au cours d’un journée de dupes qui s’est produite au début du mois d’octobre dernier.
Un sous marin chinois, de classe non précisée, de la marine s’est inséré « incognito », le 13 octobre dernier, sous un groupement aéronaval constitué autour du vénérable porte-avions, lancé en 1960, « Kitty Hawk » (80 000 t.) un des monstres de la marine americaine dans le dispositif naval américain au large d’Okinawa. Outre le Kitty Hawk, la flotte déployée dans ce secteur du Pacifique nord, comprenait, deux croiseurs lance-missiles, deux sous-marins nucléaires d’attaque et onze destroyers américains et japonais.
Un avion patrouilleur l’a aperçu et donné l’alerte au moment où ce submersible « non-annoncé » faisait surface, non loin du porte-avions situé comme le veut la stratégie navale au centre du dispositif de la flotte.
C’est un quotidien de Washington, et pas forcément le plus important, le « Washington Times » qui l’a révélé au début du mois de décembre.
Les faits aussitôt, démentis par Pékin, ont été confirmés par le porte-parole de la Marine des Etats-Unis.
Cet incident dans lequel un sous-marin marin a eu l’habileté, ou la capacité technique de suivre la 7e flotte et de lui faire un "pied de nez » - voulu ou non - en émergeant à proximité du PA Kitty Hawk, bâtiment, constitue un évènement important qui pèsera de tout son poids dans l’avenir sur la stratégie des Etats-Unis dans l’océan Pacifique, devenu en raison de la faiblesse actuelle de l’Union de l’Europe, le centre de gravité de la planète.
On peut imaginer les réactions auxquelles on aurait assisté si un sous-marin « non-annoncé » était venu surprendre le PA Charles de Gaulle qui constitue, toutes proportions gardées, la fierté de la Marine française.
Dire que la flotte ne faisait pas d’exercice de chasse et détection anti sous marin est une explication ridicule et pas croyable. Mais on peut alors se demander ce que faisaient les équipages pendant tout le temps qu’a duré la « cour » discrète du sous marin chinois.
Il n’est pas possible de croire que toute un dispositif naval du type de la 7e flotte ait pu se laisser surprendre ainsi...
Ou bien l’amiral commandant voulait voir jusqu’où le Chinois irait et de quelle façon jusqu’au moment où il a fait surface.
Ou bien, le Chinois s’est tout simplement égaré sous des bâtiments américains sans méfiance. Mais quoi qu’il en soit ces derniers ont matérialisé l’existence de force leur sous-marine en démontrant - peut-être par l’absurde - qu’une de leur submersible aurait été capable d’envoyer par le fond une des grosses unités de la marine américaine !
Les Chinois, (avec l’assistance des Russes qui construisent certains de leurs sous marins) sont parvenus à une telle maîtrise de la discrétion (c’est-à-dire éliminer complètement le bruit « naturel ° de ses sous-marins en plongée) qu’ils peuvent se permettre - même par erreur - de »faire perdre la face" à une partie de la flotte americaine.
Comment est il possible qu’avec tous leurs « sonars », leurs systèmes de détections sous-marines, aucun des bâtiments de ce groupement aéronaval, chargé de protéger son unité centrale qui est le porte avion, n’ait pas détecté cet intrus.
Les conséquences de cette « incursion » ont été maintenues officiellement au niveau le plus bas. En effet un mois plus tard une des unités de la 7e flotte a effectué une « visite officielle » de trois jours dans le port de Zhanjian (RPC). Le bâtiment de débarquement USS Juneau, son équipage et les personnels de la « 13° Corps Expéditionnaire des « Marines” ont été reçus cordialement et effectué avec des unités chinoises homologues des exercices en mer de Chine du Sud jusqu’au 19 novembre.
Le journal de bord du batiment accessible dans le portail d’information de la US navy dans Internet, , indique que cette visite a été marquée par une « multitude d’évènements aussi divers que des rencontres sportives des réceptions, ou des visites touristiques organisées par l’hôte chinois. Le journal mentionne également l’exécution de manœuvres conjointes ayant pour thème des exercices de « recherches et secours en mer ».
C’est dire toute l’ambiguïté des relations actuelles de deux géants qui se font face de part et d’autre de l’océan Pacifique.
Mais en stratégie - qui est un des éléments de la diplomatie - il n’y a pas de gestes gratuits ou aléatoires dans un sens ou dans l’autre. Pas plus ou moins qu’aux échecs : « Question mark : Quel etait donc leur but ? ». Y en avait-il un seulement ? L’incursion du sous-marin ne fut-elle qu’une erreur de navigation qui aurait coïncidé avec un relâchement au sein des unités américaines
Ce 14 octobre - puisque telle est la date ’officielle« donnée pour »l’incident« survenu »en eaux internationale" pourrait marquer les prémices d’une époque, comme l’avait été le 4 octobre 1957, le lancement du premier « spoutnik » soviétique dont le « bip-bip » a scandé il y a quarante neuf ans, les débuts de la course à l’espace.
Ou bien, avant cela, en 1949, la connaissance qu’une première bombe à fission nucléaire soviétique avait été réalisée, mettant fin au monopole que les US détenaient depuis Hisroshima/Nagasaki, le 5 Aout 1945, qui lui-même avait provoqué et marqué la fin de la seconde guerre mondiale commencée en 39 pour les Européens et 7 décembre 1 941 pour les Etats Unis.
L’anecdote rend dérisoires les « querelles » diplomatiques et les « vœux pieux » du dernier sommet de Riga à propos de l’Afghanistan ou du Moyen Orient.
Nous savons bien aujourd’hui - bien que cela ne soit pas proclamé - quel est ou quel sera désormais le principal adversaire « potentiel » de l’OTAN. Les autres conflits régionaux - aussi graves et sanglants - soient t ils ne seront plu désormais que des « rideaux de fumée » dissimulant une apocalypse possible.
De la même manière Moscou - quelle que soit l’évolution future de sa diplomatie en occident ou en Asie, va devoir tenir compte de ce nouvel élément qui explique pourquoi le gouvernement russe a poursuivi le développement de ses équipements militaro- nucléaires (espace compris)
L’incident d’Okinawa a matérialisé l’hypothèse selon laquelle il pourrait exister à nouveau un monde a nouveau multipolaire dont les trois points du triangle stratégique sont bien définis :
1 - Les Etats Unis demeurent une hyperpuissance essoufflée qui a probablement le tort de trop disperser ses forces armées en y compromettant son prestige.
2 - La Russie qui (même après les accords de START III : 3 000-3 500 leurs têtes nucléaires de part et d’autre de l’océan Atlantique) possède de beaux restes en matière d’armements et systèmes d’armes nucléaires,
3 - La Chine, avec 424 bâtiments de combat pour 788 870 tonnes, possède une flotte en pleine expansion. Elle fait désormais partie des grandes puissances maritimes mondiales, estiment les experts.
Depuis quarante ans elle fait monter en puissance sa
flotte sous marine. Ces recherches ont abouti aux cinq sous-marins nucléaires d’attaque (SSN) du type Han, dont le premier exemplaire, le 401, a été lancé en décembre 1970 et le dernier a été réceptionné en 1991
Un submersible stratégique (SSBN) a également vu le jour, mais il serait resté seul de sa catégorie. Mis sur cale en 1978, le Xia est un bâtiment de 7 000 tonnes en plongée, emportant 12 missiles Ju Lang-1. Selon les données recueillies par « Flottes de Combat », la portée de ces engins dépasserait 3 600 km. Son successeur, le Ju Lang-2, actuellement en cours de développement, atteindra 8 000 km. Ce missile emporterait une ogive de 2,5 mégatonnes ou 3 MIRV (ogives à téléguidage indépendant) de 90 kilotonnes.
On n’est pas encore en présence d’une « cold war » « guerre froide » déclarée ayant l’intensité de celle que le monde a connue de 1960 à 1989, mais au train auquel les situations se détériorent en Asie entre Taiwan, le Japon et la Chine pour des raisons territorial ou économique ainsi qu’aux besoins d’énergie de la Chine, il n’est pas a exclure que l’on ne soit pas loin d’évènement décisifs auprès desquels les guerres régionales des Balkans, du Golfe, de l’Irak, et d’Afghanistan apparaîtront comme des amusements de »kinter garten".
La question se pose : Que fera le Japon dans des eaux territoriales recèlent des réserves de plus de 60 milliards (billions) d’équivalent en tonnes, de gaz dans une mer dans laquelle le Japon, ; La Chine et la Russie estiment avoir des « vested interests » (intérêts vitaux)
© Bertrand C. Bellaigue - Décembre 2006
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