Le néo-sultan Erdogan ordonne de nouvelles arrestations de maires kurdes
Devant la gestion désastreuse de la crise sanitaire et faisant face à de difficultés à l’extérieur avec la défaite à Idlib en Syrie face aux troupes d’Assad soutenues par la Russie et en Libye où le Maréchal Haftar avance inexorablement vers Tripoli, le néo-sultan Erdogan se tourne vers les recettes habituelles pour galvaniser et surtout pour garder ses troupes : les Kurdes.
En effet, les autorités turques ont procédé à l’arrestation, vendredi 15 mai, de quatre maires élus sous la bannière du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) pour leurs liens supposés avec la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Berivan Helen Isık, Peymandara Turhan, Baran Akgül et Ramazan Sarsilmaz ont été arrêtés. D’autres élus kurdes ont été « simplement » démis de leur fonction. Tous ont été remplacés au pied levé par des administrateurs nommés par le gouvernement d’Ankara.
Rappelons que le HDP fait face à une véritable guerre de la part de l’appareil répressif de l’État turc. Lors des élections municipales du printemps 2019, le HDP avait remporté 65 municipalités dans l’est et le sud-est du pays. Depuis, 45 maires HDP ont été révoqués et remplacés par des administrateurs nommés, 21 sont actuellement en prison sous l’accusation de « terrorisme ». Sept députés du parti, dont sa figure de proue, Selahattin Demirtas, sont également en prison[1].
Cet acharnement est régulièrement dénoncé par les défenseurs des droits de l’homme. Nacho Sanchez Amor, le rapporteur du Parlement européen sur la Turquie, a appelé vendredi les autorités turques à cesser de révoquer les élus sans décision de justice. « Au moins, les conseils municipaux devraient avoir la possibilité de nommer un maire intérimaire parmi ses membres élus », a-t-il commenté sur son compte Twitter.
Affaibli politiquement par la perte de plusieurs municipalités – dont Istanbul et Ankara – passées aux mains de l’opposition kémaliste, confronté à la perspective d’une récession économique à cause de l’épidémie due au coronavirus, et en perte de vitesse au niveau international, le gouvernement islamo-conservateur ne laisse aucun répit aux régions kurdes, où la moindre prise de parole – réelle ou supposée - est sanctionnée.
D’autre part, et pour les mêmes raisons, l’autocrate d’Ankara a encore envoyé une plateforme de forage dans la zone économique exclusive de Chypre, afin d’y effectuer des forages illégaux et contraires au droit international, à la recherche de gaz naturel.
Là encore, les condamnations de cette piraterie sont unanimes ; elles vont des États-Unis, à la France, l’Égypte, Israël, la Grèce, Chypre, les EAU, etc, ainsi que l’Union européenne qui rappelait à la Turquie ses obligations à l’égard de Chypre qu’elle continue à occuper partiellement, illégalement, depuis 45 ans.
Mais, là où les dictatures sévissent, point de respect pour le droit et la dignité humaine…
[1] Voir Le Monde date du 17 mai 2020 ainsi que la dépêche relative de l’AFP.
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