Le Prix Orwell de la Paix ou le droit chemin vers l’assassinat légal sur indice
Avant d’entamer notre plongeon dans les méandres de ce droit chemin, considérons d’abord quatre célèbres personnages que nous côtoierons :
Georges Orwell publiait en 1949 son roman « 1984 ». Il y évoquait la novlangue (Plusbon = très bon, Doubleplusbon = excellent, Inbon = mauvais) faisant écho à notre politiquement correct mâtiné de SMS, ainsi que l’omniprésent Big brother qui n’aurait jamais rêvé des systèmes de surveillance et d’intrusion qu’on nous fourgue sous le terme novlangue de vidéo-protection. Il décrivit les guerres éternelles scénarisées comme celles livrées à notre époque à la drogue ou au terrorisme, la réécriture de l’histoire en temps réel qui est désormais la principale tâche des mainstreams, comme le rite des « deux minutes de la haine » auxquelles répondent la crétinisation de masse des programmes TV.
Mais surtout, il énonça le principe de « doublepensée » : Le gouvernement imaginé par Georges Orwell utilisait un système complexe de « contrôle de la réalité ». Quoique 1984 soit plutôt connu pour ses descriptions de surveillance approfondie du quotidien, le contrôle de la réalité signifiait que la population devait être également contrôlée et manipulée au travers du langage de tous les jours et de la pensée commune. La novlangue fut ainsi désignée comme méthode pour contrôler la pensée par l'entremise du langage, la doublepensée étant une méthode pour contrôler directement l'esprit. La doublepensée était donc une forme d'aveuglement acquis et volontaire vis-à-vis des contradictions contenues dans un système de pensée.
Winston, le « héros » de 1984, définit la doublepensée comme suit : « Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « doublepensée » impliquait l’emploi de la doublepensée » (1984 Chap III)
« Le pouvoir est l'aphrodisiaque suprême. » : nous apprit plus tard un grand spécialiste des opérations secrètes : Henry Kissinger, Ministre US des Affaires Etrangères, le 10 mars 1975, deux ans après avoir été nominé Prix Nobel de la Paix pour son œuvre au Viet-Nam. Nomination dont chaque personne saine d’esprit serait en droit de douter, après la flopée de carnages et d’immondices auquel il contribua en passant par tous les continents.
Un fait moins connu sur Kissinger, est qu’il fut nommé par Bush et Cheney comme premier Président de la Commission d’enquête sur le 11 septembre. Sacrés farceurs, avec les pleines bennes de casseroles qu’il a enterré dans sa carrière, c’était un brin gonflé.
Lorsque les familles des victimes, scandalisées, révélèrent de plus qu’il travaillait toujours en tant qu'avocat avec la famille Ben Laden et certains princes Saoudiens intéressant les enquêteurs, il en oublia ses boutades et abandonna le poste.
Ce trait d’humour de Kissinger prend alors tout son sel : « Ce qui est illégal nous le faisons tout de suite, ce qui est anticonstitutionnel prend un peu plus de temps. ».
« Je sais ce que je crois. Je continuerai à exprimer ce que je crois, et ce que je crois... je crois que ce que je crois est bien. » déclara un jour Georges W. Bush qui lui, n’eut pas de Prix Nobel malgré tous ses efforts de fauteur de guerre, escroc électoral et incompétent international. Plus illettré et 'cramé' que véritablement idiot, avec le talent naturel de passer pour un crétin du terroir Texan et de s’en fiche comme d‘une guigne, pantin volontaire d’une famille sans scrupule, il restera pourtant une friandise de l’esprit pour qui apprécie Audiard et les Monty Python :
« Il y a un vieux dicton dans le Tennessee… je sais que ça se dit au Texas, probablement dans le Tennessee… qui dit : trompe moi une fois, honte sur... honte sur toi. Trompe moi… tu ne peux pas me tromper à nouveau... » 17 septembre 2002 Tennessee
13 sept. 2001 : « La chose la plus importante pour nous est de trouver Oussama ben Laden. Elle est notre priorité numéro un et nous n’aurons pas de repos jusqu’à ce que nous le trouvions. »
13 mars 2002 : « Je ne sais pas où est Ben Laden. Je n’ai aucune idée et je ne m’en soucie pas vraiment. Ce n’est pas si important que cela. Ce n’est pas notre priorité. »
Et le très définitif : « Je sais que l’être humain et le poisson peuvent coexister pacifiquement. »
Barack Obama qui est à son opposé, vif, à l’aise, sympathique, charismatique, le gars qu’on inviterait à toutes les fêtes, star mondiale des bobos progressistes, estampillé de gauche par défaut et icône de nombreuses populations défavorisées de la planète, fut lui-même nominé Prix Nobel de la Paix en octobre 2009. Neuf mois après son entrée en fonction, une prouesse à signaler, alors que les troupes US publiques ou privées (Blackwater et autres) se répandaient comme jamais à travers le monde et que les programmes d’assassinats par drones initiés sous l’ère Bush décuplaient dès le début de sa propre présidence.
Ne parlons pas de sa soi disante incapacité à fermer Guantanamo, (encore évoquée récemment) ni aucun autre centre de torture ou prison secrète US. Ni d'ailleurs de sa retraite stratégique tellement prévisible et si peu évoquée, sur la question de la Sécurité Sociale US, vers les terres plus sûres de la classique privatisation larvée aux bailleurs de fond électoraux.
Et ce qui est marrant, c’est qu’au vu de la procédure stricte de sélection des prix Nobel, sa candidature à la sainteté dût être déposée par son comité de soutien au lendemain même de son élection de novembre 2008 : « Les dossiers de nominations sont envoyés au mois de septembre pour l’année suivante, avec le 31 janvier comme date limite. ». Une belle histoire.
Mais quel est ce fatras anecdotique, vous demandez vous peut être ? Est-ce juste pour en venir à casser de l’Obama comme tout anti-américain primaire et primitif ou pire encore, complotiste ? Alors je vous propose de passer maintenant à l’article proprement dit.
1/ Mort de Ben Laden : ‘Justice est faite’.
« Le téléviseur est "réel". Il est là, il a de la dimension. Il vous dit quoi penser, vous le hurle à la figure. Il doit avoir raison, tant il paraît avoir raison. Il vous précipite si vite vers ses propres conclusions que votre esprit n’a pas le temps de se récrier : "Quelle idiotie !" » Ray Bradbury dans « Fahrenheit 451 »
Recueillons nous vite fait, soulagés planétairement de la disparition virtuelle et aquatique de l’épouvantail Oussama Ben Laden, capable pendant 10 ans de changer de tête, de barbe, d’oreille entre chaque apparition. L’hyper-méchant le plus mal recherché devenu le plus mal capturé de l’univers, à propos duquel Obama s’écria noblement en Mai 2011 : ‘Justice is done !’.
On nous indiqua rapidement que pour des raisons humanitaires et de savoir-vivre on ne verrait que dalle, contrairement aux habituels tableaux de chasse sanguinolents du genre Saddam ou Kadhafi dont les médias raffolent.
Sa mort étant restée jusqu’ici sans autre image que de synthèse ou même de pur jeu vidéo, le cinéma hollywoodien nous en présente ces mois-ci la cahotante version officielle, via le guignolesque « Zero Dark Thirty » que je me suis farci par souci déontologique et que je vous déconseille par souci historique. Du bon gros showbiz avec jolie rousse à gros seins de la CIA, constellé d’approximations sommaires et de faux rapprochements, lancé par une salve mondiale des médias mainstreams. Ils n’ont pas tout de même pas osé reproduire la scène absurde où d’après la VO, son corps est balancé du pont d’un porte-avion US en plein Océan Indien, après un genre de De Profondis ‘répondant aux critères musulmans’.
On eut droit, pour accompagner ce nanar de commande, aux « révélations exclusives » concomitantes du héros-Navy-Seal-un-peu-anonyme-sans-sécurité-sociale ayant abattu Ben Laden de 2 ou 3 balles selon les versions « dans sa riche demeure ». Et nous eûmes même en prime la version ‘embedded’, sous forme de dessin animé de style nord-coréen.
La frange combattante de l’Al-Qaida post-Ben-Laden va alors se délocaliser en Syrie et en Lybie, avec le soutien des ex pseudo-ennemis de l’OTAN au sens large, devenus leurs alliés pseudo-officiels contre les tyrans orientaux et autres Axes du Mal riches en pétrole, gaz ou pipe-line. La nouvelle génération de jihadistes oeuvrant désormais à ciel ouvert au Moyen-Orient, il était temps de dégager les restes de la vieille garde médiatique d’Al-Qaida, qui risquait de brouiller le nouveau message : « On a trouvé pire que les islamistes, ce sont les anti-islamistes anti-OTAN ».
Parmi cette vieille garde destinée à finir à la benne, on trouve l’imam Anwar al-Awlaki
2/ Mort d’al-Awlaki, ‘Justice est re-faite’.
« Nous ne sommes pas gouvernés par des meurtriers, mais seulement – par leurs amis, » Rudyard Kipling
Le 30 septembre 2011, Anwar al-Aulaqi (ou Awlaki), un imam radical de 40 ans, né aux États-Unis a été tué vendredi au Yémen …/… par un drone américain de la CIA. Washington en avait fait un de ses objectifs prioritaires depuis la mort d'Oussama Ben Laden. Aulaqi et six autres personnes, dont l'Américain d'origine pakistanaise Samir Khan, expert en informatique d'al-Qaida, ont péri lorsque le missile a pulvérisé leur pick-up Toyota. …/… Parlant couramment l'anglais, il était le meilleur propagandiste anglophone du mouvement islamiste. Ses sermons et analyses, qui visaient notamment les jeunes musulmans américains, étaient très suivis sur internet et ont inspiré plusieurs attentats.
Mis à part que ‘Justice est encore faite !’, une information primordiale est qu’Al-Awlaki était citoyen Américain, tout comme Samir Khan l’ « expert en informatique » de 24 ans, associé à l’unique magazine au monde dédié aux fans de terrorisme Al-Qaidiste, la très improbable revue jihadiste à la mise en page groovy : ‘Inspire’.
L’imam Anwar Al Awlaki, annoncé mort à plusieurs reprises par les Américains entre 2007 et 2011 et présenté comme le leader d’AQPA (Al-Qaida Péninsule Arabique, fusion des Al-Qaida saoudien et yéménite) était citoyen du Yémen et des Etats-Unis. Né au Nouveau-Mexique en 1971, « fils de bonne famille » puisque son père était ministre, il effectua de sérieuses études universitaires, devint à 25 ans aumônier musulman à San Diego, prêchant tout aussi bien en anglais qu’en arabe. Sa radicalisation ferait directement suite au 11 Septembre. Plus tard, alors qu’il est emprisonné au Yémen pour propagande et liens avec Al-Qaida en 2006, puis relâché en 2007, il bascule dans une semi-clandestinité très médiatisée par ses sermons sur le web. Il y gagnera plusieurs galons médiatiques dans la hiérarchie d’Al-Qaida inventée par la CIA, ainsi qu’un surnom offert par leurs scénaristes : « le Ben Laden de l’Internet ». Il sera désigné par les journaux de l’époque comme successeur potentiel de l’hyper-méchant-en-chef.
En 2010, la CIA a reçu pour consigne de « neutraliser » Anwar al-Awlaki. Il s'agit d'ailleurs là d'une première, car aucun citoyen américain n'a jamais fait l'objet d'une telle mesure, même du temps de la Guerre froide. Il a été désigné officiellement comme un « élément terroriste » par l’ordre 13224 publié par le Département d'Etat américain au Trésor.
Pour démontrer son niveau d’implication et son importance, les autorités US informèrent alors les journalistes :
- qu’il aurait était en contact en 2001-2002 avec Nidal Malik Hasan, psychiatre militaire tueur de la base de Fort-Hood au Texas en 2009 qui fît treize morts et une trentaine de blessés et qu’il aurait échangé avec lui des mails.
- qu’il aurait recruté et formé le Nigérian Abdulmutallab, (fils de ministre aussi par ailleurs) connu comme le ‘terroriste au slip piégé’ malchanceux du vol Amsterdam-Détroit de Noël 2009.
- qu’il aurait été le mentor du Pakistano-Américain Faizal Shahzad, auteur de l'attentat raté de Times Square en mai 2010.
- qu’il serait à l'origine de l’attentat raté aux toners d'imprimantes piégés d’octobre 2010, destinés à un très étonné groupuscule de prière juif-gay-lesbien de Chicago…
- Il aurait été en outre le « DRH » des recrues Jihadistes venus d’Occident, anglophones principalement, par le biais de mosquées Londoniennes. Et aussi parait il par le très cocasse magazine ‘Inspire’ auquel collaborait un autre citoyen US : le Pakistano-Américain Samir Khan tué en même temps qu’al-Awlaki.
Ci-dessous, dans cette impérissable revue éditée-par-al-qaida-promis-juré, on trouve le titre suivant en anglais : ‘Fabrique une bombe dans la cuisine de ta mère’. Vous voyez le genre ?
Sur la photo voisine, le commandant al-Ghamidi nous invite d’un regard mutin au « jihad style-of-life » : Fais comme moi, bats toi contre le Grand Satan, soit swag et prend soin de ta pilosité… Eh bien, c’est pourtant considéré officiellement comme provenant vraiment du réseau terroriste le plus ultra-extrémiste de la planête… On ne doit sûrement pas bien comprendre un truc. Mais lequel ?
Loin de moi de considérer l'imam al-Awalki comme un paisible agnelet égaré dans le désert de sa foi, ses sermons belliqueux et extrémistes indiquant le contraire, mais force est de constater que rien de juridiquement concret ne fut produit contre lui et sa féroce propagande anti-occidentale, jusqu’au conclusif missile Hellfire de septembre 2011. Sauf peut-être pour le nébuleux massacre de Fort-Hood de 2009, dont le tireur Nidal Malik Hasan suivait huit ans plus tôt ses sermons dans une mosquée proche de Washington. D’après le FBI, Hasan échangea avec lui des mails dont on ignore toujours les circonstances ou la teneur. Ce qui reste ‘capilotracté’ comme preuve principale de son rôle actif, comme le souligne même The Wall Street Journal.
Les autres attentats anti-US attribués au pouvoir de nuisance d’Al-Awlaki font partie des moins crédibles attribués à al-Qaida et sont hautement suspects à divers titres : parmi ces attaques probablement sous fausse bannière, on trouve
- le terroriste au slip (mal) piégé et son cornac anti-contrôle policier dénoncé par les passagers
- le 4/4 (encore mal) piégé de Times Square à qui ne manquait qu’une affichette sur le pare-brise : ‘Attentat bidon en cours’,
- et l’inénarrable pseudo-attentat raté aux ‘pseudo-toners d’encre’ (toujours mal) piégés à destination d’une salle de prière juive de Chicago, la veille de la venue d’Obama pour la clôture de sa campagne des législatives, ce qui fit tiquer même les journalistes mainstreams qui ahanait devant le téléscripteur, c’est dire.
Un fait moins connu mais bien plus sûr, était que via une mosquée Californienne, Anwar Al-Awlaki avait été en contact avec trois des plus célèbres terroristes du 11 Septembre Ceux du « vol AA77 sur le Pentagone », dont le légendaire Hani Hanjour, pilote intégriste d’élite qui ne savait pas piloter, sauf parfois comme un dieu. Mais seulement les 11 septembre entre 9h32 et 9h37. Ces contacts, furent à l’époque suffisants, pour valoir à al-Awlaki quatre visites du FBI dans la semaine suivant les attentats. FBI qui conclut semble-t-il à un hasard.
En tout cas, cela ne porta pas à conséquence, puisqu’on apprit que ce pittoresque imam participait dès février 2002 à une réunion au Pentagone même, faisant suite aux rafles policières aveugles post 11-septembre dans la communauté américano-musulmane. Rafles et enquètes qui fîrent strictement toutes chou blanc. Elle était présentée comme devant rapprocher l'état US et les communautés musulmanes scandalisées. Tout cela tandis que les maçons réparaient toujours l’aile endommagée du Pentagone et que la guerre ravageait déjà l’Afghanistan.
Cette réunion de 2002 constitue un évènement vraiment ébouriffant, révélé par Fox-News en 2010. Ce qui est d'ailleurs tout aussi stupéfiant… « A cette époque, le secrétaire de l’Armée de terre (nom expurgé) souhaitait voir une conférence faite par un musulman modéré ». En outre, Awlaki « était considéré comme un homme possédant un futur prometteur dans la communauté islamique ». .../... “J’ai réservé une des salles à manger des personnels d’encadrement pour le 5 février, qui est la date qu’Awlaki préférait,” avait écrit un juriste du Département de la Défense dans le courriel qui annonçait l’événement.
Après sa conférence, Awlaki a ainsi été invité et a assisté à ce déjeuner au Pentagone, au bureau du secrétariat du « Army’s Office of Government Counsel. » http://www.reopen911.info/News/2010/12/ ... septembre/
http://www.foxnews.com/us/2010/10/20/al-qaeda-terror-leader-dined-pentagon-months/ (en anglais)
Et pour approfondir encore un brin le sujet, mon article sur Abdulmuttalab le ‘terroriste au slip piégé’ de Noël 2009 et Al Awlaki : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/une-panique-mondiale-vite-oubliee-98999
On comprend alors mieux pourquoi, les autorités et les médias n’ont pas sauté à pieds joints sur l’occasion de démontrer sa dangerosité, en clamant sur les ondes ces anciennes rencontres malvenues de l’imam avec les super-stars du 11 Septembre. Il aurait fallu alors s’expliquer aussi sur les aimables invitations au Pentagone qui suivirent quelques mois plus tard. Tout cela faisait désordre. Cela aurait pu laisser imaginer que la mort d’al-Awlaki était en partie liée à sa proximité d’honorables services et administrations qui ne souhaitaient visiblement pas avoir à s’expliquer sur la nature, ni la durée de leurs rapports avec cet imam « au futur prometteur ».
De toutes façons les enquêtes objectives et sans compromis ne sont pas du périmètre de l’administration US. Comme on le sait depuis JFK par exemple. Ou encore depuis qu’il fallut attendre 14 mois (soit 420 jours) pour que la Commission d’Etouffement, euh… d’Enquête sur le 11 Septembre, fut enfin instituée et simule un dur labeur. Et cela uniquement suite à la menace de plaintes contre l’absence totale d’investigations, de la part des collectifs de familles de victimes qui avaient récusé le deal gouvernemental : indemnités pécuniaires contre abandon des procédures.
Cette commission non voulue fût d’abord confiée à la direction de Saint Henri Kissinger, autre Prix Nobel de la Paix. A qui on doit parmi toutes sortes de « black operations » à travers le monde, par exemple les bombardements massifs et secrets du Cambodge durant la guerre du Viet-Nam. Il offrit aussi un soutien direct à l’opération Condor consistant à assassiner en masse les gauchistes d’Amérique du Sud, et participa activement à la prise sanglante du pouvoir chilien par Pinochet, futur grand pote de Reagan et Thatcher. Il collabora aussi avec Suharto lors des 200 000 meurtres du Timor Oriental. Etc.. Etc…
Comme je le disais plus haut, lorsque fin 2002 les familles de victimes informèrent les médias-au-bois-dormant que plusieurs princes saoudiens, comme la famille Ben Laden elle-même, étaient d’éminents clients du cabinet d’avocats de Kissinger, celui-ci battit en retraite et abandonna son poste d’enfouisseur-d’enquête-en-chef à un faucon de l’administration Bush moins connu, mais finalement tout aussi compétent : Philip Zelikow.
3/ Veuillez valider votre meurtre légal sur indice non probant en cliquant ok.
« Je suis le commandant en chef, voyez, je n’ai pas besoin d’expliquer, je n’ai pas besoin d‘expliquer pourquoi je dis des choses. C’est la partie intéressante de la fonction de président. » George W. Bush
Cette élimination assumée de citoyens US, sans procédure juridique, sans procès ni plainte, sans preuve de risque étayée - mais pourtant légalisée par l’administration pour d’obscurs intérêts supérieurs- va accentuer notre dégringolade au cœur de la justice-fiction. Dans un mauvais remake de « 1984 » en 3D, écrit par un Lewis Caroll dépressif et un Terminator sous emphétamines.
Officiellement ces meurtres sont justifiés comme suit : les forces armées US et leurs services « sont autorisées à procéder à ce que la CIA appelle les "signatures strikes", ou attaques sur indices. Des personnes dont la CIA peut ne pas même connaître le nom, mais dont le comportement signe l'appartenance à AQPA, ou dont l'attitude apparaît menaçante pour les intérêts américains ».
« Ceux qui peuvent vous faire croire des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités. » Voltaire
Le fait suivant démontre le haut niveau d’activisme anti-constitutionnel des responsables de cette politique de meurtres légaux :
Quelques semaines avant la mort d’al-Awlaki, son fils de 16 ans nommé Abdulrahman, né aux USA et citoyen américain comme son imam intégriste de père, avait rejoint le Yémen, sûrement à la recherche de son géniteur, comme l’indiqua sa famille.
On ne sait pas si il le trouva, mais ce qui est sûr c’est que deux semaines après la mort de son père, Abdulrahman, adolescent américain, ni recherché, ni accusé de rien, ainsi que six de ses cousins et amis du même jeune âge vont mourir salement. Il seront carbonisés le 14 octobre 2011 dans les feux de l’enfer de deux missiles Hellfires lancés par un drone Predator de la CIA ou du JSOC, sur le bas coté d’une piste yéménite où ils faisaient un… barbecue, selon les témoignages d’inutiles secours arrivés sur place. (En Anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Abdulrahman_al-Awlaki )
Le gouvernement US tentera mollement d’invoquer une erreur de cible, faisant semblant d’étouffer la nouvelle tout en la laissant courir : « Y avait beaucoup d’arabes dans le désert, tout le monde peut se tromper, etc… »
Le message à destination des opposants et ennemis semblant être : Justice US est encore faite, on n’hésitera pas à éradiquer vos familles si il le faut, américain ou pas.
Le message subliminal pour les téléspectateurs occidentaux étant d’établir comme acceptable, bien que parfois pénible, une scission radicale entre les concepts de lois et de justice. On peut appliquer la justice même sans loi. La preuve : « Justice is done ! »
Les héros, comme Jack Bauer dans la mauvaise célèbre série « 24h Chrono », passant déjà leur temps à çà, « le directeur des renseignements américains, Dennis Blair a dit que les assassinats seraient justifiés si les citoyens américains « agissaient de manière à constituer une menace aux Américains ». …/… Al-Awlaki n’a été accusé d’aucun crime. CNN a toutefois rapporté : « En privé, de nombreux responsables gouvernementaux ont dit qu’il était l’un des prochains citoyens américains à l’étranger dont les services de renseignement américains avaient l’intention de s’occuper. » …/… A présent, le gouvernement américain s’arroge ouvertement le droit de tuer des citoyens américains sans que cela soulève de protestation d’aucun des deux partis politiques. »
En mars 2012, le Procureur Général US Eric Holder prononça un discours : "Certains appellent ces opérations des assassinats, ce n'en sont pas (...), les assassinats sont des meurtres illégaux". « Certains ont fait valoir que le président a l’obligation d’obtenir l’autorisation d’un tribunal fédéral avant de prendre des mesures contre un citoyen américain qui est un haut dirigeant opérationnel d’al-Qaida ou de forces associées. Ceci est tout simplement inexact. ‘Procédure régulière’ et ‘procédure régulière’ ne sont pas la même chose, en particulier quand il s’agit de sécurité nationale. »
L’American Civil Liberties Union (ACLU) commente alors sans détour : « les responsables de l’exécutif sont entièrement dispensés de rendre des comptes sur leur usage de la force létale, même lorsque celle-ci est dirigée contre un américain de 16 ans dont personne n’a soutenu qu’il se soit jamais engagé dans le terrorisme… » et critique alors « la justification de l'effrayante autorité autoproclamée du gouvernement de conduire des assassinats ciblés contre des civils, y compris américains, sur n'importe quel champ de bataille et sans supervision publique ni contrôle du droit ». L’ACLU continue encore « Le Président des Etats-Unis s’arroge explicitement le pouvoir de cibler qui il veut, où que ce soit dans le monde, pour le tuer, y compris ses propres concitoyens ; il le fait dans le plus grand secret, sans aucun contrôle ; et ce pouvoir n’est pas simplement assumé, mais exercé de façon routinière ».
http://www.lavoixduyemen.com/2012/04/24/un-jeune-americain-tue-par-un-drone-au-yemen/1898/
Certes nous ne sommes pas des perdreaux de l’année, et nous savons déjà que les états utilisent depuis toujours des moyens radicaux contre leurs ennemis, en démocratie comme ailleurs. Mais assumer publiquement l’assassinat de ses propres citoyens, adolescents y compris en invoquant une justification administrative en « doublepensée » orwellienne, faut quand même le faire. Respect.
« Procédure régulière’ et ‘procédure régulière’ ne sont pas la même chose » nous dit le Procureur en chef de la maison-mère de la marque ‘démocratie versus dictature’.
« Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique » répond Orwell dans son « 1984 ».
Une plainte intentée en juillet 2012 par les familles des trois citoyens US tués contre de hauts responsables de l’armée et du renseignement US est en cours. Souhaitons leur bien du plaisir...
Outre l’écoeurement devant ces assassinats aggravés, réalisés et exécutés par la frange ultra-sécuritaire de l’administration, elle-même issue en grande part de la clique Bushienne, une question se pose que j’ai trouvée bien formulée dans ce commentaire du net :
« Si Awlaki devait vraiment être assassiné, pourquoi le président Obama n’a t’il pas protégé les citoyens américains de ce précédent que désormais leur mort peut-être ordonnée sans autre forme de procès, en retirant en première instance sa nationalité américaine à Awlaki ? »
Et ailleurs cette analyse : « Le problème n’est pas que le gouvernement tue des gens. Le problème est que jamais avant Obama, un président US n’avait endossé publiquement le pouvoir d’assassiner ses propres citoyens. …/… Emotionnellement, les gens ont accepté les nouveaux pouvoirs du président. Si le président peut faire assassiner des citoyens américains, il n’y a donc pas de problème à les torturer. »
C’est, à mon avis, le sens psychologique de la revendication officielle de l’assassinat d’Al-Awlaki père et de l’obscur « démenti-confirmation » de l’assassinat de son fils. Le but étant d’établir avec cette famille un précédent, en assumant publiquement mais sans tapage médiatique superflu, le pouvoir de vie, d’emprisonnement, de torture ou de mort, de l’Exécutif (terme parfaitement adapté) sur ses propres citoyens. En faisant accepter le fait accompli sans trop de heurts, avec l’efficace charisme de gendre idéal trop cool d’Obama et en fond musical l’anxiogène rengaine anti-terroriste.
Un autre aspect psychologique intéressant est que, si c’est bon pour les citoyens Américains eux-mêmes, la question de tuer des étrangers ‘même pas américains’ pose alors infiniment moins de problème. Par exemple, les familles Yéménites des six autres adolescents assassinés en même temps qu’Abdulrahman al-Awlaki, comme tout autre basané lointain, on s’en tape fichtrement.
4/ L’enchainement des lois d’enchainement aux USA : Rex 84, COG, Patriot Act, NSPD-51
« Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » La Boétie
Quand on s’y penche, le cheminement jusqu’à la légalité des ‘assassinats présidentiels automatisés’, fut tortueux dans ses manigances pour fuir la lumière et la publicité, mais rectiligne quant à l’axe suivi. Rien de plus normal, l’ensemble ayant été préparé par les mêmes obsédés de pouvoir, les mêmes réseaux de "services" privés ou publics et les mêmes milieux aristo-politico-financier anti-constitutionnels, au cours de deux ou trois grosses décennies de boulot constant.
Cette abomination légale, juridique, humaine et morale, découle d’un avatar semi-administratif des années 80 tout aussi monstrueux intitulé ‘Continuity Of Government’ ou COG, connu au pentagone comme le « Doomsday Project » ou « Projet du Jugement Dernier », qui initiera :
- dès le 11 septembre la percée oppressive des mille page du Patriot Act, votées sans lecture, hormis par une petite poignée de congressistes et de journalistes. Juste quelques semaines après les attentats et évidemment rédigées bien avant le 11/9, mettant bas des pans entiers de liberté et de droits civiques, militarisant les polices, "poliçant" la sécurité privée et criminalisant toute contestation en invoquant l’anti-terrorisme.
- simultanément on eût droit à la création du très printanier Ministère de la Sécurité de la Patrie (Department of Homeland Security) pour gérer tout çà et aboutissant entre autre à la légalisation et la codification de la torture sauce démocratique.
- en 2003 le lancement du ‘projet Endgame’ (Plan décennal d’extension des camps de détention en cas de troubles publics)
- en mai 2007 la peu connue mais décoiffante directive présidentielle NSPD-51, donnant les absolus plein pouvoirs militaires, policiers et économiques au Président en cas de crise.
- 2012 verra passer, tel un drone législatif, le NDAA qui autorise l’emprisonnement de citoyens US ou étrangers, au secret, sans limite de temps et sans procès, en cas de simple soupçon de terrorisme.
- A ce jour le petit dernier de la COG est la ‘Disposition Matrix’ ou l’assassinat légal automatisé assisté par ordinateur, comme nouvelle prérogative présidentielle en 2012.
Que nous réserve donc, pour demain, la démocratie US, dont l’Europe rejoint rapidement les principes de droit ? J’ai hâte d’en être…
Peter Dale Scott, docteur en science-po, ex-diplomate Canadien et analyste des ‘politiques profondes’ précise dans ses récents livres ‘American War Machine’ et ‘La route vers le nouveau désordre mondial’ (en français aux excellentes éditions demi-lune) : Le 11 septembre 2001 avant que le dernier avion ne s’écrase en Pennsylvanie, la Maison-Blanche autorisa l’instauration de la COG. Aucun doute ne subsiste sur sa mise en action, le fait étant même rapporté à deux reprises dans le Rapport de la Commission sur le 11 septembre. Page 555 : "L’urgence du 11-Septembre fut pour les États-Unis un test des plans et des capacités du gouvernement à assurer la continuité du gouvernement constitutionnel et la continuité des opérations du gouvernement. Nous n’avons pas enquêté sur ce point,…/.. ».
Cette « Continuité du Gouvernement » planifiée secrètement fût évoquée officiellement et publiquement en 1987, lors du procès dit ‘Iran-Contras’ ou Irangate. Le colonel US Oliver North comparaissait alors devant une commission du Congrès US, pour les trafics stratosphériquement répréhensibles, dans lesquels il trempait tel un poisson dans l’eau trouble et auxquels se livraient les ‘services US’. Il fût découvert qu’au cours de l’opération Enterprise, North utilisait à « ses » propres fins le réseau anti-terroriste secret Flashboard, dans un bain de dollars blanchis, d’armes et de dope, entre fascistes Nicaraguayens, banquiers américains et barbouzes iraniens, au nom de la démocratie mondiale à la mode Reagan. (Voir la « Surprise d’octobre » qui coula Carter et permit l’élection de Reagan).
Se sentant soudain esseulé dans sa fosse septique, accusé de complot (ciel, un complot, fermez les yeux) et de trahison, ce brave Oliver North se rappela au bon souvenir de ses supérieurs, complices et associés d’alors. Il leur lança un appel au secours d'urgence en forme de missile, en évoquant en plein Congrès un plan secret ‘hautement sensible’ dans lequel il se disait impliqué : « Visiblement, il s’agissait de mesures d’urgence pour suspendre la Constitution des États-Unis en cas d’attaque nucléaire. »
L’échange suivant parut dans le New York Times, sans autre commentaire ni mention ultérieure :
Sénateur Brooks : « Colonel North, dans votre travail au NSC, est-ce que vous n’étiez pas chargé de travailler sur des plans de continuité du gouvernement (COG) dans l’éventualité d’une catastrophe majeure ? »
Brendan Sullivan qui était l’avocat de North, tout comme le Sénateur Daniel Inouye, président démocrate du Comité, savaient de quoi il s’agissait :
Brendan Sullivan (s’agitant) : « M. le Président ? »
Sénateur Inouye : « Je crois que cette question concerne un point hautement sensible et un domaine classifié, pourrais-je pour cette raison vous demander de ne pas l’évoquer ? »
Sénateur Brooks : « J’étais particulièrement préoccupé, M. le Président, parce que j’ai lu dans des journaux de Miami et d’ailleurs, que l’on préparait un plan dans cette même agence (la FEMA), un plan à appliquer dans l’éventualité d’une urgence, qui suspendrait la Constitution. Cela me préoccupait et je me demandais si c’était un domaine dans lequel il avait travaillé. Il me semblait que oui, je voulais en avoir la confirmation. »
Sénateur Inouye : « Puis-je, avec tout le respect que je vous dois, vous demander que ce sujet ne soit pas abordé à ce stade ? Si nous souhaitons en parler, je suis sûr que nous pouvons nous arranger pour programmer une session exécutive. »
Un an plus tard en 1988, la COG, initialement présentée comme devant faire face "au lendemain d’une attaque nucléaire", fût discrètement réorientée vers toute "urgence de sécurité nationale." L’Ordre exécutif 12656 la définit comme suit : "tout événement, désastre naturel, attaque militaire, accident technologique, ou autre urgence, qui affaiblit ou menace sérieusement la sécurité nationale des États-Unis."
Bien évidemment, concernant la première puissance et démocratie mondiale, on en resta là pour d’autres précisions sur l’exceptionnel périmètre d’interprétation de ce Juggernauth constitutionnel. Et jusqu’à aujourd’hui toute demande de journalistes, d’élus, de collectifs ou de juristes concernant la COG, s’est trouvé face au veto d’Etat. Veto interdisant de consulter même sous contrôle, le moindre document de ce que le Washington Post appela en mars 2002 : "Un gouvernement de l’ombre travaillant dans le secret".
La COG prévoyait donc en cas de crise grave, "la suspension de la Constitution, le transfert du contrôle du gouvernement à la FEMA, la nomination d’urgence de dirigeants militaires pour les affaires fédérales et locales, ainsi que la déclaration de la loi martiale."
La FEMA, créée en 1979 par le très ‘fameux’ Zbigniew Brzezinski, est une ‘sécurité civile’ US devenue littéralement tentaculaire et dotée de pouvoirs d’exception, policiers et autres, en cas de quelque crise que ce soit, sous contrôle en 2001 de… Dick Cheney bien évidemment, via son directeur Joe Allbaugh, qui était aussi directeur de campagne de Bush fils...
Pour donner une idée des fonctions très particulières de la FEMA, celle-ci était aux manettes d’un exercice majeur comprenant des centaines de personnes et simulant une attaque terroriste biologique majeure à New-York le … 12 septembre 2001 : l’exercice Tripod II (Les hasards de la vie restant insondables jusqu’à véritable enquête).
Exercice dont le QG opérationnel, était déjà incidemment installé depuis la veille des attentats, soit le 10 septembre, sur le quai 92 de l’autre rive de l’Hudson, face aux tours du World Trade Center. Il put donc prendre sans délai le relai opérationnel du tout neuf Centre de Commandement des catastrophes qui avait été abandonné dans la panique. Et pour cause le Centre abandonné se trouvait dans une certaine tour WTC 7 qui fut ce jour là, la troisième à s’écrouler sur ses bases, en partie à vitesse de la chute libre, sans qu’aucun avion ne l’ai percuté, ni que le Rapport de la Commission qui suivit trois ans plus tard ne l’évoque. Sacrés coïncidences. Et alors qu’une telle prescience miraculeuse mériterait une pleine armoire de médailles, on resta bougrement discret sur son existence même. Y a pas de justice.
On voit par là que la FEMA, aussi habilitée à prendre le contrôle du gouvernement grâce à la COG, n’est pas la petite ONG humanitaire du coin. C’est du lourd. Elle participait d’ailleurs au plan décennal d’extension des camps de détention en cas de troubles publics du projet Endgame mentionné plus haut.
Cette COG omnipotente et particulièrement bien planquée depuis des lustres par la frange de la haute administration complice, fut élaborée par des passionnés de sécurité particulièrement enthousiastes. La preuve d’après le Boston Globe, dès 1984… (Georges, si tu m’entends ?), une sorte de ‘maquette’ de travail en taille réelle fût réalisée avec l’exercice Rex 84 simulant une intervention militaire pour la gestion de civils aux USA : "le Lieutenant Oliver North travaillait avec des responsables de la FEMA [...] à dresser un plan d’urgence anti-insurrectionnel secret pour surveiller les dissidents politiques et prévoir la détention de centaines de milliers d’étrangers en situation irrégulière, ainsi que l'arrestation de certains segments non identifiés de la population dans le cas d’une urgence nationale non spécifiée. Le plan, dont une partie était désignée sous le nom de code Rex 84, imposait la suspension de la Constitution dans un certain nombre de scénarios.
La mise en application ultra secrète de la COG, élaborée tout aussi secrètement, débuta sous Reagan (décret secret NSDD 55 du 14 septembre 1982 entérinant l’existence secrète d’un comité d’action qui oeuvrait déjà depuis un moment). Elle s’amplifia sous Bush père, prospéra sous Clinton, puis évidemment sous Bush fils lorsque le 11 septembre au matin elle fut mise en œuvre semi-publiquement. Elle continue aujourd’hui de plus belle, sous le règne de notre Prix Nobel de la Paix préféré.
Les instigateurs connus de ce ‘système automatisé de suspension de la Constitution’ sont célèbres, pour qui s’intéressent au traitement des ordures ou aux black-opérations-n’ayant-jamais-existées-ailleurs-que-dans-l’esprit-de-complotistes-dégénérés. On y trouve entre autre Oliver North que nous avons déjà appris à apprécier, mais aussi les fétides Dick Cheney et Donald Rumsfeld qui y travaillèrent depuis les origines, même lorsqu’ils n’étaient en aucune façon membre de l’administration américaine. Ce qui est peu banal et démontre un amour profond du pouvoir bien fait, dépassant l’entendement commun du bétail politique que nous sommes. De saints hommes attelés à une lourde tâche, bénie sans réserve ni publicité, par chacun des présidents US depuis 30 ans.
Cheney & Rumsfeld
à 35 ans d'intervalle
L’exercice Rex 84 (Readiness Exercise 1984) servit de test pratique à Cheney et Rumsfeld et leurs complices néo-cons pour la partie juridique et organisationnelle et à Oliver North et bien d’autres ‘personnes-ressource’ barbouzardes pour les détails pratiques.
Sous le mandat de Bill Clinton, Cheney et Rumsfeld faisaient du fric à pleine palette à la tête de multinationales d’une rare intégrité (Halliburton par exemple) en manière de chômage partiel gouvernemental. Tout cela en peaufinant en parallèle leur système ‘alternatif’ de gouvernement, qu’ils implémentaient patiemment via leurs réseaux de fonctionnaires affiliés au PNAC (Projet pour un nouveau siècle américain), le ‘think tank’ d’ultra-droite à l’origine des si poétiques équipées militaires en Afghanistan et autres Irak de cette dernière décennie.
Ils attendaient l’alternance démocratique, pour revenir aux manettes essayer leur jouet d'une vie. Mais les électeurs ne respectèrent pas assez les règles du jeu, et l’on eût alors droit au rapt des élections présidentielles de 2000 par l’équipe du fiston Bush, grâce à 537 voix miraculeuses de Floride que gouvernait incidemment son frère Jeb Bush, puis par le recours de Bush fils devant la Cour Suprême dont les membres avaient été nommés par Bush père. Cour Suprême qui réécrivit Suprêmement vite fait un bout de code électoral pour l’occasion, au dos d’un chéquier… Vous suivez ?
Franchement après tous ces efforts des néo-cons et autres archéo-fachos, c’eût été dommage que la COG ne voit jamais le jour. Et le matin du 11 septembre 2001, le Vice-Président Cheney et le patron du Pentagone Rumsfeld l’accouchèrent donc au forceps.
4/ Divers effets concrets de la COG
« Nul n'est plus esclave que celui qui croit à tort être libre. » Goethe
Peter Dale Scott continue son étude sur la COG : Les mille pages fournies, techniques et complexes du premier Patriot Act furent soumises au Congrès cinq jours après le 11-Septembre… Le Patriot Act a été voté uniquement après que des lettres contenant de l’anthrax ont été envoyées à deux Sénateurs démocrates clés qui avaient soulevé des questions sur le texte. Après (avoir reçu chacun) des lettres à l’anthrax toutefois, ils renoncèrent à s’opposer.
Quelqu’un doit aussi avoir planifié le nombre inhabituel d’exercices militaires menés le 11-Septembre. La FEMA et les planificateurs de la COG étaient impliqués dans la préparation de ces exercices durant les deux décennies précédentes, et le 11-Septembre même, la FEMA était à nouveau engagée avec d’autres agences dans l’Opération Tripod, un exercice de bioterrorisme à New York.
Voici quelques mesures pré-11 septembre notables découlant de la COG :
- Le 8 Mai 2001, dans ce cadre de préparatifs larvés et discrets "le Président Bush confirma la création du Bureau de la protection nationale (ONP pour Office of National Preparedness), subordonné à l’Agence fédérale de gestion des situations d’urgence (FEMA), et qui attribue au poste du Vice-président Dick Cheney le pouvoir de coordonner la réaction du gouvernement face aux attaques terroristes sur le territoire américain."
Le « pouvoir de coordonner la non-réaction gouvernementale » parait plus adéquat, puisqu’à peine quatre mois plus tard, pas un seul chasseur de l’US Air Force ne tentera d’intercepter aucun des quatre vols du 11/9, avant que ce ne soit devenu inutile…
- Le 1er juin 2001 dans la foulée, un changement discret d’instructions liées à la COG précisa encore que "les interceptions par l’armée d’un avion détourné devaient être approuvées "aux plus hauts niveaux du gouvernement" (c’est-à-dire par le Président, le Vice-président, ou le secrétaire à la Défense). Ce changement fut discrètement annulé au mois de décembre suivant."
D’où trois mois après les attaques, retour à l’ancienne procédure ‘normale’ militaire pour intercepter et éventuellement abattre les avions détournés, après que seuls certains politiques et hauts fonctionnaires eurent été autorisés à gérer ces problèmes Certains mauvais esprits diraient : le temps que les attaques aient lieu sans incidents majeurs...
Voici d’autres mesures, Post-11 septembre celles-ci, découlant de la COG :
La COG instaurée par le Vice-président Dick Cheney le 11 septembre 2001 peu avant 10h00 du matin, en tous les cas avant la frappe sur le Pentagone, fît que Bush fut maintenu loin de Washington toute la journée. Tandis que le Cheney restait aux manettes dans le pays via ses réseaux de communications alternatifs de la COG. Sous ses auspices, des membres du gouvernement et de nombreux congressistes furent évacués manu-militari du Capitole vers le "Site R" dans un tunnel sous une montagne près de Camp David. Pour finir, elle fût discrètement ratifiée le 14 septembre par la proclamation d’urgence 7453.
Et tout cela sans le moindre contrôle, même à posteriori, d’un Congrès qui abdiqua totalement prérogatives, droits et devoirs encore plus que d’habitude. Littéralement tétanisé par la folie médiatique, la lévitation soudaine des institutions, sa mise sous pression par les services de sécurité et les aboiements et les menaces d’accusation d’anti-patriotisme ou de trahison des néo-cons du PNAC à la manœuvre.
Le 17 Septembre 2001, le président George W. Bush signa un ordre autorisant la CIA à traquer les terroristes dans le monde entier. Et le texte ne fait pas la distinction entre nationaux et étrangers. S'ils posent une « menace continue ou imminente », ils peuvent être tués.
Le 8 octobre 2001, avec le décret 13228 le président a créé un Office of Homeland Security au sein du Bureau exécutif du président. Cela a engendré en retour le Department of Homeland Security (DHS ou Ministère de la Sécurité de la Patrie), aujourd’hui le troisième ministère du Cabinet états-unien en termes de grandeur…
Le 26 octobre 2001 verra le vote express du premier des Patriot Act. Seul un élu républicain votera contre et disparaîtra de l’échiquier politique dans la foulée. Pour rappel, 12 ans plus tard, ces lois liberticides sont toujours valides et sont désormais renouvelées par tranche de 4 ans pour la commodité.
Le 9 mai 2007 la situation constitutionnelle des USA s’aggrava de nouveau avec la ‘Directive présidentielle’ NSPD-51 qui précise que ‘lorsque le Président détermine qu’une crise catastrophique a débuté, il peut prendre le contrôle de toutes les fonctions gouvernementales et diriger toutes les activités du secteur privé…’
Ben voyons, sacré Georges Bush. Aucune annonce publique ne fut faite à ce sujet. Et comme je l’écrivais plus haut l’ensemble des dispositions est à peine effleuré ici.
5/ La NDAA, la HR 347 ou le fait du Prince
« Si nous étions en dictature, les choses seraient plus simples, du moment que ce serait moi le dictateur. » George W. Bush
Le 31 décembre 2011 au soir, tandis que le monde libre s’empiffrait en braillant sous le gui, Barack Obama ratifia le NDAA (National Defense Authorization Act) durant son réveillon à Hawaï.
NDAA qui confirmait son pouvoir présidentiel de faire interpeller pour l’embastiller indéfiniment, n’importe où dans le monde (USA compris), toute personne, citoyen américain ou non, en cas de simple suspicion de terrorisme par ses services. L’exécution sommaire étant déjà légalisée et routinière, pourquoi se gêner pour de menus détails collatéraux me direz vous ?
La définition de terrorisme étant si bien sujette à fluctuation ces dernières années - Occupy Wall Street par exemple y a été classé pour ses occupations de gazon -, Obama dût préciser, avec la moue préoccupée adéquate, que « ces mesures ne seraient utilisées qu’à la dernière extrémité » avant de retourner finir son golf.
Certains dangereux complotistes ont cru voir dans cette loi, une possible menace envers les libertés ‘si-elle-tombait-entre-de-mauvaises-mains’. Voire qu’il n’y avait désormais plus aucune chance de fermer ni Guantanamo, ni les prisons secrètes, ni les centres de torture dont les USA et leurs alliés ont démocratiquement parsemé la planète. Pour confirmer cela, il fût annoncé il y a peu, que Guantanamo ne serait malheureusement pas fermé, ni ses prisonniers relâchés, parce que c’est un peu compliqué, çà coûterait cher, tout ça, tout ça…
Une juge américaine, face au NDAA, se risqua alors à envoyer balader l’administration des Prix Nobel et Orwell, pour l’évidente inconstitutionnalité de l’arrestation arbitraire et la mise au secret à la mode de Louis XIV des citoyens US : « La juge Catherine Forrest confirme dans un mémo …, que la provision controversive de la loi NDAA qui permet la détention indéfinie ne peut pas être utilisée sur quelque citoyen que ce soit des Etats-Unis d’Amérique. …/…Le gouvernement Obama a répondu neuf jours plus tard en demandant à la juge Forrest de reconsidérer son jugement. »
Fort heureusement pour la morale, la justice, la démocratie et les fabricants de drones, le ministère de la Justice a donc fait appel de cette décision insane. Il dénonça « le mal irréparable à la sécurité nationale et à l'intérêt public » que vaudrait au peuple de ne pas appliquer le NDAA Obamien dans son intégralité. Le procès d’appel du gouvernement est en cours et je subodore que le contorsionnisme sournois du futur verdict désappointera la juge téméraire. Quant à sa carrière… quelque chose me dit…
Le 5 mars 2012 le procureur général d'Obama, Eric Holder, a défendu la doctrine des assassinats et le fondement légal de l'assassinat d'Anwar al-Awlaki, …/…Selon Holder, la résolution du Congrès, confère au président, en sa qualité de commandant en chef, un pouvoir permanent d'ordonner des assassinats d'Etat extrajudiciaires entièrement et uniquement à sa discrétion et sans même le besoin d'un prétexte ni même de toute autre forme de contrôle judiciaire. Ce discours affirme que le droit à la « procédure légale régulière », garanti à tous les Américains en vertu du Cinquième amendement, ne signifie pas un « processus juridique. »
Outre une nouvelle superbe révérence à Orwell et à l’amicale des juristes psychopathes, la manœuvre consistant a dissocier procédure légale de processus juridique, « veut dire que la détermination du président à ce qu'un citoyen américain puisse être tué - n'importe où, y compris aux Etats-Unis mêmes - répond aux critères de la Constitution. »
Le lendemain au cours de sa conférence de presse, le Président Obama fut littéralement harcelé de questions outrées de journalistes mainstreams n’en ayant pas fermé l’œil de la nuit… Non, je blague ! Pas un seul ‘journaliste’ accrédité n’aborda le sujet, ne serait ce pour le féliciter de ses nouveaux pouvoirs divins.
En 2012, en hommage aux manifestations des terroristes d’Occupy Wall Street et autres mouvements contestataires anti-patriotiques, le Président repassa une petite couche de liberté extra-judiciaire, au cas où on ait mal saisi l’idée générale : Obama a promulgué la loi HR 347, ‘qui interdit les protestations et la désobéissance civile à la Maison Blanche et partout où se rendent le président, le vice-président ou d'autres responsables. L'interdiction s'appliquerait aux congrès et aux débats nationaux ainsi qu'aux rassemblements électoraux pour les présidentielles sous peine d'un an d'emprisonnement ou jusqu'à dix ans pour violence. http://www.wsws.org/francais/News/2012/mar2012/obam-m13.shtml
Dans la même veine de soupçon généralisé de l’état envers ses citoyens, le Wall Street Journal en décembre 2012 révèlera que les Etats-Unis regroupent l’ensemble de leurs fichiers sécuritaires pour désormais détecter le « pré-crime », rejoignant le film Minority Report. Ce qui m’autorise une transition hollywoodienne, pour rebondir sur un autre blockbuster d’importance : le célèbre film Matrix dont les pilules bleues et rouges peuplent le folklore du web.
4/ La « Disposition MATRIX » ou les ‘Mardis du Terrorisme’
« Nos ennemis sont innovants et pleins de ressource, et nous aussi. Ils ne cessent jamais de réfléchir à de nouveaux moyens de faire du mal à notre pays et à notre peuple, et nous non plus. » George W. Bush
Le Wall Street Journal, le New-York Times et The Atlantic révélèrent en 2012 les programmes US d'assassinats par drones et l’existence d’une institution jusque là discrète. Cette institution d'état était cocassement surnommée par ses joyeux participants : ‘les Mardis du Terrorisme’ (‘Terror Tuesday’). Son support de travail informatisé portait lui le nom de : ‘Disposition MATRIX’.
« Drones : Obama embarrassé par son programme d'assassinats ciblés » (20minutes.fr du /2 2013)
Embarrassé… ah la sémantique politiquement correcte : « Holy fuck, mon programme démocratique d’assassinat légal dépasse de la poche de mon futal de golf, me voila bien embarrassé… » Il est plutôt probable que cette « révélation » était directement pilotée par la « comm’ » de l’administration, pour servir leur campagne d’adoption graduelle des nouveaux pouvoirs présidentiels de chef de guerre éternelle.
Obama préside les réunions dites « Terror Tuesday » à la Maison blanche, établissant les « listes de gens à abattre » soumises au président pour approbation, et supervisant les meurtres à distance par drones Predator.…/…Ce processus a été organisé en une routine hebdomadaire lors de laquelle Obama dirige les réunions qui rassemblent des responsables de l’armée et des services du renseignement. Chaque semaine, ils se réunissent dans la Situation Room de la Maison Blanche pour examiner les photos signalétiques de ceux qui figurent sur la « liste des personnes à tuer », dont certaines sont mineures, comme c'est le cas d' « une jeune fille qui avait l’air d’avoir moins de 17 ans. » …/…
Ce que l'on appelle la « disposition matrix (tableau des suppressions) », est un système qui permet de « codifier et normaliser » les exécutions extrajudiciaires qui sont menées par des attaques de drones pratiquement tous les jours. …/…
Parmi les épisodes spécifiques cités par le Times, il y a la première frappe ordonnée par Obama au Yémen le 17 décembre 2009.
Un missile de croisière avait frappé un village en tuant des dizaines de personnes, dont 14 femmes et 21 enfants …/…
« M. Obama, » rapporte le Times, « a adopté une méthode contestée pour compter les victimes civiles. » Cette méthode définit simplement comme combattant, sauf preuve du contraire, tout homme en âge d’aller à l’armée et qui est tué dans une zone de frappe. …/…
La proposition d’assassiner Awlaki avait soulevé une « question urgente » chez Obama, remarque le Times. « Pouvait-il ordonner, en secret et sans procès, le meurtre ciblé d’un citoyen américain dans un pays contre lequel les Etats-Unis n’étaient pas en guerre ? »
Sûrement un formidable cas de conscience pour notre Nobel, 35 femmes et enfants tués pour son premier dronage çà doit peser, mais comme rien ne doit entraver la course de la démocratie, la réponse ne se fit pas plus attendre : « Yes, we can again ! ».
En effet : Les conseillers juridiques du Département d’Etat de la Justice avaient préparé un mémo pour le président justifiant une telle attaque au motif que, comme le rapporte le Times, « …alors que le Cinquième amendement garantit une procédure légale régulière, des délibérations internes au sein de l’organe exécutif pourraient suffire à la justifier. »
Le comité de la « liste des personnes à tuer » d’Obama (Mardis du terrorisme) est inscrit comme le quatrième organe du gouvernement américain.
http://www.wsws.org/fr/articles/2013/jan2013/pers-j12.shtml
http://www.wsws.org/fr/articles/2012/jui2012/obam-j02.shtml
Et en Anglais http://en.wikipedia.org/wiki/Disposition_Matrix
« Barack Obama est un homme pragmatique. Il est officiellement contre la torture mais il a, dans une opacité presque totale, développé le programme de drones et d'assassinats ciblés de George W. Bush à des niveaux qui inquiètent certains élus de son propre camp…/… L'ancien ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies, John Bolton, a estimé mardi que le programme de drones d'Obama était une extension « raisonnable et cohérente » de celui de George Bush pour lutter contre le terrorisme. Le sénateur républicain Lindsey Graham a, lui, loué le programme comme l'un « des plus grands accomplissements d'Obama ».
http://www.20minutes.fr/monde/etats_uni ... ats-cibles
Ce à quoi acquiesce évidemment sans barguigner John Brennan le nouveau patron de la CIA et grand fanatique du "dronage" industriel. Puisque après avoir participé à la mise en place de la torture légale sous Bush, il a aussi lancé le programme de drone-tueur. Un pedigree de qualité sur le long terme, qui remonte au temps où il était déjà numéro 2 de la CIA, lors d’un célèbre 11 septembre…
Le gouvernement américain a demandé à la justice de débouter le New York Times et une association de défense des droits civiques qui réclament la publication de documents sur les attaques de drones menées par la CIA à l'étranger. …/… l'administration Obama n'entend non seulement pas divulguer les documents en question, mais aussi garder le secret qui entoure le nombre et la catégorie à laquelle appartiennent ces documents. Le simple fait d'évoquer le nombre et le contenu de ces documents mettrait au jour des informations qui pourraient porter préjudice à la lutte du gouvernement contre le terrorisme, argue Washington dans son recours. AFP 21 juin 2012
http://www.romandie.com/news/n/_Washing … 121912.asp
Les journalistes s’éveillèrent alors quelque peu, une fois n'est pas coutume, lors d’une conférence de presse d’Obamatrix destinée à éclaircir le contenu de ‘fuites’ à propos d’un Livre Blanc du département de la Justice sur le meurtre légal. Fuites encore bien peu crédibles et plus probablement destinées à l’accoutumance du thème par le publi). Le Président se débinât de l’estrade étoilée avec le sourire blasé approprié, laissant son porte-parole se débrouiller par ses talents de haute voltige sur langue de bois. Voici quelques unes des questions du jour :
- « Comment le gouvernement peut-il déterminer si un citoyen américain représente une menace imminente aux intérêts américains sans qu’il n’existe aucune preuve montrant que l’individu ciblé est en train de planifier une attaque immédiate ? »
- « Mais comment le gouvernement peut-il décider qu’il y ait une menace imminente s’il n’y a aucune preuve qu’une attaque doit arriver dans l’avenir immédiat ? »
- « Nous ne questionnons pas les bonnes intentions du Président, mais n’êtes-vous pas en train d’établir un précédent à l’égard des administrations à venir ? »
- « Que dire à propos du drone qui a tué le fils de 16 ans américain d’Awlaki citoyen américain ? Est-il considéré comme un haut responsable d’al-Qaïda, comme il est stipulé dans le livre blanc ? »
http://www.solidariteetprogres.org/actualites-001/obama-assassinats-drones-9623.html
Concernant la notion de menace imminente, que le département de la Justice appelle plus précisément : « un concept élargi de l’imminence », elle est actuellement en cours de redéfinition par les juristes de l'administration. Comme la définition de la torture le fut par le Secrétaire Woo, pour le compte de l’administration Bush il y a 6 ou 7 ans.
En gros, ce « concept élargi de l’imminence » a ceci de révolutionnaire philosophiquement parlant, qu’il peut varier d’un évènement concret devant advenir dans peu de temps, à une possible menace qui pourrait peut-être potentiellement survenir dans un avenir hautement variable. Cette distance de l’inéluctable pouvant atteindre l’infiniment grand. Yes, they can toujours.
Ce système concerne tout les citoyens US et étrangers ayant « des liens avec le terrorisme ». Terrorisme défini désormais comme toute activité mettant en danger les intérêts US. La condition seconde semblant être qu’ils soient difficiles à capturer au lasso ou avec une liasse de dollars.
Pas de procédure juridique, mais des processus extra-judiciaires légaux. Pas d'accusation mais des soupçons à discrétion des services. Pas de preuve, mais la simple appréciation d'un haut fonctionnaire, dont les compétences et pouvoirs de vie et de mort sur ses propres citoyens ne sont pas précisées. Mais pouvant tout de même aller jusqu’à un célèbre Prix Nobel, via les Mardis du terrorisme et la disposition Matrix. Et tout ceci par la grâce d’une stase légalo-temporelle, (une Parenthèse enchantée comme dirait Lalo Vespera à propos de la physique et des probabilités du 11/9). Franchement, c’est grand.
Le Times remarque : « A la question de savoir ce qui l’avait le plus surpris chez M. Obama, M. Thomas Donilon, conseiller américain à la sécurité nationale, a immédiatement répondu : ‘C’est un président qui se sent tout à fait à l’aise pour recourir à la force au nom des Etats-Unis’. »
5/ Le drone, nouvelle massue du monde libre
« Nous sommes un Empire maintenant, et quand nous agissons, nous créons notre propre réalité. Et pendant que vous étudiez cette réalité - avec discernement, peut-être - nous agissons à nouveau, créant d’autres réalités nouvelles, que vous pouvez étudier aussi, et c’est comme ça que les choses se passent. Nous sommes les acteurs de l’Histoire… Et vous, vous tous, en serez réduits à étudier ce que nous faisons. » (Karl Rove, conseiller politique de Bush. N-Y Times, 17/10/2004)
Actuellement les assassinats par drones -je ne compte pas les attaques spécifiquement militaires-, sont réalisés par plusieurs agences de renseignements, dont la CIA bien sûr. Mais désormais et surtout, par le très discret JSOC du Pentagone (Joint Special Operations Command) hautement apprécié par la clique des « Mardis du Terrorisme » et agence préférée d’Obamatrix, qui vient de leur offrir un nouveau centre de commandement à la ‘24h chrono’.
Les campagnes d’assassinats ciblés menées par la CIA ne sont rien en comparaison de celles
menées par le service moins connu qu’est le JSOC. Sa liste des cibles est bien plus longue ; ses règles de fonctionnement bien plus floues. Opérant avec une opacité beaucoup plus grande, le JSOC assure dix fois plus de vols de drones que la CIA et a tué 10 fois plus d’opérateurs d’Al-Qaida. Jusqu’à récemment, les assassinats avaient toujours été le fait
d’équipes de chasseurs/tueurs opérant au sol, mais l’on opte de plus en plus pour les drones tueurs. Entre-temps, le JSOC a eu tendance à devenir l’arme préférée de lutte contre les terroristes, d’abord pour Bush, puis pour Obama, loin du contrôle par le Congrès ou d’autres agences. C’est ainsi que depuis le 11 septembre 2001, le JSOC a atteint une force pléthorique de 25 000 hommes, incluant une division spéciale de 3000 agents de renseignement. Il opère en partenariat avec d’autres services de forces spéciales de pays alliés, notamment avec les SAS britanniques. 5000 employés de compagnies privées de défense et 49 entreprises font du travail secret pour le JSOC.
http://echelledejacob.blogspot.com/2011/10/3eme-americain-assassine-par-un-drone.html
Concernant le nombre global de victimes de drones, ainsi que la comparaison entre le nombre de cibles politico-militaires et celles des non-combattants, les chiffres restent évidemment soigneusement occultés. Le pourcentage de victimes civiles, d’enfants notamment, décroissant au fil des ans et des critiques, au moins dans les statistiques officielles US…
Le gouvernement reconnaît 2500 morts environ rien qu’au Pakistan, dont 90% sous Obama. Bush n’était pas fervent du dronage. Les données concernant le Yémen, l’Afghanistan ou les Philippines par exemple sont encore plus rares et moins sures.
Un député US vient d’annoncer 4700 morts en tout, mais cela ressemble à un nouveau ballon d’essai de ‘communication gouvernementale’. Je pense que comme d’habitude dans ce genre de cas, on peut aisément doubler les chiffres de ‘la police’, sans oublier bien sur le nombre faramineusement plus élevé de blessés générés par ces bombardements.
Des ONG et journalistes à l’affût d’infos sur ces tristes questions évaluent à environ 2% le nombre de ‘cibles de marque’ éliminées. Soit, si on croit les chiffres rabotés des gouvernements US et Pakistanais, 50 activistes considérés comme de ‘valeur politico-militaire’ au maximum. Rajoutons leur sans barguigner 10 fois leur nombre de second couteaux, çà nous laisse un petit 2000 cadavres d’innocents non concernés au bas mot (Obama). Et cela je le redis, au Pakistan seulement et en oubliant les amputés, carbonisés et défigurés ayant eût le malheur de survivre.
Aucun manipulateur de joystick basé aux USA n’a été blessé. Sauf peut être ébouillanté à la machine à café.
Et c’est pour cela, qu'en soutien à la démocratie et à la paix, "Le Pentagone a créé un nouveau type de médaille pour saluer les "réalisations extraordinaires" des opérateurs de drones, qui ne sont pas éligibles aux distinctions traditionnelles parce qu'ils ne mettent pas leur vie en danger, a annoncé mercredi le secrétaire américain à la Défense sortant, Leon Panetta. http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/a … ones.dhtml
Je joins ici selon les données officielles la ‘timeline’ en anglais concernant le Pakistan sous forme interactive et les ratios de morts de leaders terroristes, d’enfants, de civils déclarés et de ‘combattant ou activistes supposés’ sous l’appellation ‘Others’.
En gros, on trouve dans « Others » toutes les personnes tués qui n’ont pas été classées ailleurs, suivant la logique circulaire que si ils étaient sous un drone, c’est qu’ils étaient coupables. http://drones.pitchinteractive.com/
"Pour la plupart, ils ont été frappés car ils ont été affiliés à Al-Qaïda même s'ils ne figuraient pas sur notre liste de terroristes actifs"
Imperturbable, le 28 janvier 2013, Mr Brennan a dit comprendre les "désaccords" avec le programme d'éliminations ciblées par les drones. Cette opposition est "saine et est une composante nécessaire de la vie démocratique", a-t-il fait valoir. C’est très beau.
L’ambiance devient pourtant un brin frisquée, je ne sais pas comment vous qualifieriez un régime politique réalisant tout ce qu’on vient de lire, mais si vous êtes bien élevé, comme un veau sous la mère, vous devrez dire : ‘La plus grande démocratie du monde guidée par son charismatique Prix Nobel de la Paix mondiale’.
6/ Conclusion
« Mais il y a si longtemps qu'on fait croire aux gens qu'ils n'ont aucun avenir et qu'ils sont ignorants à jamais. Et idiots de naissance. » Guillaume Apollinaire
En attendant encore un peu les cousins terrestres des drones, sous forme de bots-policiers autonomes ou télécommandés, gèreront rationnellement les conflits sociaux tout en respectant l’écosystème et le développement durable bien sûr.
Je me permets cependant de signaler aux bienheureux arguant qu’un océan politique nous sépare de nos cousins d’outre-atlantique, que le rapprochement de nos législations nationales, occidentales et mondiales, vers le modèle juridique anglo-saxon est rapide et constant. Ceci, par la convergence incessante des standards internationaux, imposée par la globalisation des dernières décennies.
Les toujours plus nombreuses législations sécuritaires européennes, comme en France la LOPPSI II (« loi pour la performance de la sécurité intérieure ») suivent le modèle dominant et soumettent peu à peu nos droits nationaux à la ‘pata-légalité’ sécuritaire d’outre-atlantique.
Dans un essai très récent, traduit le 8 avril 2013, Peter Dale Scott, largement cité plus haut, né en 1929, ancien diplomate, ancien camarade de promo de Zbigniew Brzezinski, docteur en sciences politiques, spécialisé dans les domaines des opérations secrètes et du trafic de drogue international ou de ce qu'il appelle la « Politique profonde », prof de littérature à Berkeley et figure célèbre de la contestation anti-guerre durant le Viêt-Nam, nous fait part de son analyse, suite à une émission TV diffusée en 1987, qui faisait écho à ses propres conclusions à l’époque de la comparution d’Oliver North devant la commission parlementaire :
(C’) est la notion d’un « gouvernement secret », mise en avant en 1987 par Bill Moyers dans une importante émission télévisée de la chaîne PBS. Ce programme soulignait, avec justesse, la dangereuse montée en puissance des agences clandestines, et par-dessus tout de la CIA, depuis le National Security Act de 1947. En particulier, cette émission analysait les crimes de l’Irangate afin d’illustrer ce qu’est un gouvernement secret, qui échappe aux restrictions légales et à toutes les autres limitations juridiques imposées par la Constitution et l’État public.
Pour reprendre les termes de l’émission de Moyers : « Le Gouvernement Secret est un complexe réseau de collusions regroupant des fonctionnaires, des espions, des mercenaires, d’anciens généraux, des profiteurs et de grands patriotes. Pour diverses raisons, ces individus opèrent en dehors des institutions légitimes du gouvernement. »
En d’autres termes, cette émission désignait l’« Enterprise ». Il s’agit de l’opération utilisée par Oliver North, ses soutiens extérieurs et ses alliés du bureau exécutif (du Président) afin de mettre en œuvre le trafic Iran-Contra, ainsi que d’autres politiques violant la loi et/ou les directives du Congrès. Comme je l’ai montré dans d’autres travaux, Oliver North s’est servi du réseau antiterroriste de crise appelé Flashboard lorsqu’il concrétisait ces politiques. À l’origine, ce réseau très coûteux avait été mis en place dans le cadre du Projet Jugement dernier.
En agissant ainsi, North « couvrait » son opération, car il mettait en œuvre son programme illicite et criminel grâce à ce réseau secret autorisé, mais hors du cadre assigné à cet outil.
Voici qu'il y a quelques jours, suite aux attentats de Boston du 17 avril 2013, le Quatrième Amendement à la Constitution des États-Unis d'Amérique a été suspendu pour ‘la sécurité’ de plusieurs millions de personnes. Ratifié depuis 1791 sous le nom de « Bill of Rights » il était destiné à protéger les citoyens contre les excès policiers, perquisitions et saisies non motivées et requérant un mandat (et une sérieuse justification) pour toute perquisition. On a pu ainsi voir l’armée US, presque 10 000 hommes, se déployer dans la ville et les faubourgs de Boston, fouillant impunément maisons, voitures, avec l’assentiment obligatoire de la population, par médias hystériques interposés.
Serait il possible qu’une partie des systèmes secrets et criminels -bien que légaux- évoqués tout au long de cet article, aient pu avoir un résultat direct sur les préparatifs et le déroulement d’un certain 11 septembre, par exemple ? Générant parfois des crises qu'ils nous proposent ensuite de résoudre ? Mais non, suis-je sot, la Version Officielle nous l’a déjà expliqué : ce sont dix-neuf fanatiques suicidaires, dirigés par un Ben Laden dyalisé, qui ont monté le coup du millénaire et feinté tous ces braves défenseurs du monde libre. Et c’est bien sûr encore par hasard que les organisations et membres de la classe politico-militaire aujourd’hui bénéficiaires de la COG, aient été de ceux là même qui étaient aux manettes ce jour là.
En attendant la prochaine loi secrête et son futur prétendant au prix Orwell de la Paix, finissons cette compilation avec une dernière citation de Georges W. Bush, offrant un absurde écho à l'ensemble des manoeuvres politiques décrites dans cet article :
"Je crois que vous m'avez mal sous-estimé...."
14 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON