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Le projet d’un Grand Kurdistan aujourd’hui

Le conflit syrien remet au goût du jour la question de la création d'un Grand Kurdistan au Moyen-Orient.

Le concept de « Grand Kurdistan » consiste en l’unification des zones kurdes des quatre pays où elles se trouvent afin de créer un Etat indépendant. Cela entraînerait inévitablement une modification des cartes de ces pays ; Turquie, Syrie, Iran et Irak. Si l’unification de ces régions n’est pas d’actualité pour les Kurdes, qui cherchent plutôt à conquérir des droits dans les Etats où ils se trouvent, l’idée d’un Grand Kurdistan est dans l’imaginaire et le fantasme collectif de la plupart d’entre eux. Son application réelle reste néanmoins peu probable.

Les limites de la création d’un nouvel Etat au Moyen-Orient

« Le principe de l’intangibilité des frontières (L’uti possidetis juris), est un principe de droit international par lequel des États nouvellement indépendants ou bien les belligérants d’un conflit conservent leurs possessions pour l’avenir ou à la fin dudit conflit, nonobstant les conditions d’un traité.[1] » Cette loi internationale est la principale limite juridique à la création d’un Grand Kurdistan : car elle redéfinirait les frontières de quatre pays mises en place par le Traité de Sèvres. Ainsi, une décision unilatérale des régions kurdes de s’unifier serait condamnée par les instances internationales et la plupart des pays du monde. Les conséquences d’une telle situation seraient probablement catastrophiques : il est possible qu’une guerre éclate entre ce nouvel Etat et une alliance des quatre pays amputés d’un territoire.

La seule manière de créer un Etat dans le cadre du droit international serait d’établir un nouveau traité comme le stipule le principe de l’uti possidetis juris. Un traité nécessite des pourparlers et un commun accord entre les parties concernées, en théorie. Or, il est évidemment hors de question pour les quatre Etats ayant des régions kurdes de se séparer d’un bout de leur territoire, d’autant plus que les zones kurdes sont riches en matières premières. Les gouvernements turcs successifs se sont battus depuis 1978 contre le PKK pour annihiler le désir d’autonomie de son peuple kurde, le régime syrien ne reconnaît en aucun cas la région fédérale de Rojava. Quant à l’Iran, l’Ayatollah Khomeini avait déclaré le jihad contre le séparatisme kurde en 1979[2].

Les conditions idéales pour déclarer une autonomie sont la déstabilisation et la crise interne d’un pays : ce fut le cas en Irak en 2005 après la chute de Saddam Hussein[3], puis en 2016 ; où Barzani a prévu de donner l’indépendance à sa région fédérale grâce à un référendum[4]. Mais les quatre régions kurdes ne fonctionnent pas à la même vitesse, elles dépendent d’une part de la politisation de leur propre population, et d’autre part, des agissements de leur pays respectif. Les Kurdes syriens ont saisi l’opportunité d’atteindre une certaine autonomie « grâce » à la guerre civile syrienne, suivant le modèle de leurs homologues irakiens, bien qu’il s’agisse d’une décision unilatérale dans le cas syrien. En revanche, le scénario d’une autonomie en douceur (et encore moins d’une indépendance) serait impossible en Turquie et en Iran, les gouvernements de ces deux pays étant stables d’un point de vue politique et institutionnel.

Outre l’aspect juridique de l’instauration d’un Grand Kurdistan au Moyen-Orient, les régions kurdes ne sont pas unifiées politiquement. Le nationalisme kurde est plein de contradictions : chaque zone kurde possède plusieurs partis ou mouvement politiques dirigés par des chefs tribaux engagés dans des luttes fratricides :

  • Au Kurdistan irakien, les deux principaux partis, après s’être affrontés de 1994 à 1996, se partagent le territoire depuis 2002 : le nord est contrôlé par le PDK de Barzani, alors que le UPK de Talabani est en charge de l’extrême sud. La branche du PKK irakien se trouve dans le mont Qandil.
  • Trois partis kurdes se partagent le jeu en Iran : le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK -Partiya Jiyana Azad a Kurdistanê), le Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI -Partî Dêmokiratî Kurdistanî Êran) en conflit pendant des années avec l’organisation Komala.
  • En Syrie, le PYD s’est imposé comme le seul parti ayant une autorité, mais il ne fait pas consensus : il en rivalité avec les partis kurdes syriens présents au sein du CNKS[5].
  • Pour la Turquie, le Congrès pour une société démocratique (DTK) sert d’organisation cadre regroupant les différents partis et initiatives kurdes, dont le Parti démocratique des peuples, le HDP (Halkların Demokratik Partisi), qui est l’unique instance pro-kurde représentée au Parlement. Bien qu’interdits, le PKK et d’autres organisations satellites, tel que le YDG-H (un groupe de jeunes activistes kurdes), font office d’autorités publiques de facto dans certaines villes et bénéficient d’un soutien de la jeune génération[6], dans le sud-est du pays.

Les conflits internes entre groupes politiques kurdes ont été attisés par les Etats dans lesquels ils vivent à travers des stratégies de déstabilisation du pays voisin en soutenant sa minorité kurde et vice-versa[7]. Cela a permis également d’empêcher une réelle unification kurde. Un Grand Kurdistan ne pourrait être créé et perdurer durablement s’il n’existe pas d’unité politique entre les mouvements kurdes existants. Le PKK et ses filiales est l’organisation la plus apte à mener un projet de cet envergure à l’heure actuelle, étant donné son implantation dans les quatre « Kurdistan », mais son idéologie est loin de rallier tous les Kurdes à sa cause.

Les Kurdes : un facteur de stabilité régionale ?

Donner l’indépendance à des peuples divisés dans différents Etats pourrait être un facteur de stabilité. C’est ce qu’avaient compris les américains, qui imaginaient un Grand Kurdistan uni et indépendant dans leur stratégie de création du « Grand Moyen-Orient »[8]. L’administration Bush, dans sa guerre contre la terreur, avait pour objectif de changer la donne dans la région : construire un Moyen-Orient démocratique et économiquement ouvert aux intérêts américains. Par une méthode de balkanisation des Etats actuels basée sur l’indépendance de petits pays confessionnels et ethniques en échange de leur adhésion aux intérêts américains, la paix pourrait régner au Moyen-Orient. Seulement deux grands pays existeraient : un Etat chiite riche en hydrocarbure pour l’extraction pétrolière et un grand Afghanistan pour faire office d’exutoire aux querelles régionales, selon la doctrine du « diviser pour mieux régner ». En revanche, le changement de politique étrangère américaine au Moyen-Orient amorcée par Obama, marque une rupture avec les théories néo-conservatrices antérieures et rend peu probable la continuité de ce projet.

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L’exemple actuel de la situation en Syrie et en Irak nous montre néanmoins que les territoires kurdes jouissent d’une certaine stabilité au regard des bourbiers qui les entourent. Les deux régions kurdes d’Irak et de Syrie sont nées et ont grandi au milieu du chaos et sont la terre d’accueil de milliers de réfugiés de guerre[9]. Les autorités kurdes ont amorcé la construction d’une société démocratique et de liens diplomatiques, ce qui pourrait faire d’eux des acteurs dans la résolution des conflits de la région : notamment dans la guerre syrienne, la situation irakienne et la guerre civile turque[10].

Les Kurdes aujourd’hui sont bien conscients qu’un Grand Kurdistan ne pourra être créé, ils aspirent alors à des provinces fédérales plus autonomes au sein des frontières de leur pays[11]. Cette option permettrait la résolution d’un conflit de longue date né de la revendication d’un peuple dispersé sur plusieurs Etats[12] sans violer le principe d’intangibilité des frontières. C’est peut-être la condition d’une certaine stabilité régionale ; la fin des guérillas entre milices kurdes et Etats souverains comme la fin des pratiques abusives de la part de ces gouvernements envers la minorité kurde. Mais cette alternative n'est peut-être pas la garante d'une cohabition pacifique entre les différentes communautés qui vivent sur un même territoire, comme on le voit au Kurdistan syrien confronté à la problématique des rivalités entre Kurdes et Arabes.

 

[1] L’intangibilité des frontières ne cessent d’être remise en cause –publié dans le blog de Michel Desmoulin le 31/10/2014

[2] "Kurdistan Today and Tomorrow". International Turkey Network, consulté le 01 mai 2016

[3] Cette initiative faisait partie du plan de fédéralisation de l’Irak voulu par les américains.

[4] Barzani : Kurdistan will hold referendum before October, par Mewan Dolamari, publié dans Kurdistan 24 le 23/03/2016

[5] En octobre 2011, tous les partis kurdes syriens fondent le Conseil National Kurde Syrien (CNKS), allié au CNS (le Conseil National Syrien) et soutenu par Barzani. Le CNS est une autorité politique « de transition » créée en novembre 2011 en Turquie, à l’initiative des Frères Musulmans, dans le but d’unir, de coordonner l’opposition syrienne et de proposer une alternative démocratique au pouvoir actuel. Il est financé à majorité par la Lybie, La France,

[6] Des Kurdes prennent les armes et déclarent l’autonomie en Turquie, par Yvo Fitzherbert, publié dans Middle East Eye le 28/08/2015

[7] Durant la guerre Iran-Irak, ces deux pays ont dressé leurs groups kurdes respectifs les uns contre les autres. La Syrie a longtemps soutenu le PKK turc. La Turquie possède un partenariat d’envergure avec le Kurdistan irakien, pendant qu’elle persécute sa propre population kurde. La question kurde–Rendez-Vous avec X dans France Inter

[8] Au cœur des services spéciaux/ La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers, Alain Chouet, 2013

[9] It is time for the Kurds to set up their own nation –Daniel Pipes, publié dans News Week le 16/09/2014

[10] Kurds as Peacemakers in the MiddleEast –Mehmet Gurses & David Romano, publié dans Carnegie Endowment for International Peace le 05/01/2016

[11] L’heure kurde sonne au Moyen-Orient –Martine Gozlan, publié dans l’Institut Kurde le 05/06/2014

[12] Les Kurdes en quête d’un Kurdistan impossible ? –Liliane Charrier, publié dans TV5 Monde le 21/06/2015


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28 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 29 septembre 2016 08:49

    « Donner l’indépendance à des peuples divisés dans différents Etats pourrait être un facteur de stabilité. »


    C’est justement ce que veulent éviter à tout prix les néo-cons, initiateurs et opérateurs de la politique du chaos. La déstabilisation est le fondement de leur stratégie.

    • sasapame sasapame 29 septembre 2016 18:51

      @Jeussey de Sourcesûre,

      Oui, sauf qu’il pourrait ne s’agir que d’une étape. La déstabilisation de certains États peut viser aussi à leur éclatement pour les réduire en taille, en force, en ressources.

      Le grand Turkistan, ou plutôt la dynamique qui y mène, a cet « avantage » génial de le faire dans le cas de l’Irak et de la Syrie, mais surtout :

      Brzezinski distingue les « acteurs géostratégiques » (France, Allemagne, Russie, Chine et Inde) des « pivots géopolitiques » (Ukraine, Azerbaïdjan, Corée, Turquie et Iran). Les premiers sont en mesure de modifier les relations internationales, «  au risque d’affecter les intérêts de l’Amérique » ; les seconds ont une position géographique leur donnant « un rôle clé pour accéder à certaines régions ou leur permet de couper un acteur de premier plan des ressources qui lui sont nécessaires ».


    • sasapame sasapame 29 septembre 2016 18:53

      Le grand Turkistan...

      ... mes excuses, j’ai écrit trop vite. Le lecteur aura sans doute corrigé tout seul (Kurdistan).


    • chantecler chantecler 1er octobre 2016 06:27

      @sasapame
      Oui ça rappelle le « Mamamouchi » du « bourgeois gentilhomme »...  smiley
      Quant au sujet de l’article , la création d’un « Grand Kurdistan », je ne suis pas certain que cela soit le bon moment en ce moment ...
      La priorité étant la paix en Syrie et au P.O ...
      Tout dépend de la volonté des dirigeants locaux pour stabiliser la région .
      Mais certainement pas imposée par les grandes puissances ...
      Tous les projets en « grand » , à ma connaissance , débouchent sur des catastrophes : la Grande Allemagne des années 1930 , le Grand Israël incubé à la fin du 19 ème siècle et réactivé en 1948 ,etc, etc ...
      Mais je pense que les responsables se passeront de mon avis pour discuter ou avancer leurs pions ... !


    • leypanou 29 septembre 2016 09:03

      Blle analyse mais quelques erreurs.
      Par exemple : Les Kurdes syriens ont saisi l’opportunité d’atteindre une certaine autonomie « grâce » à la guerre civile syrienne. Guerre civile ? Il faut revoir votre copie là.

      De même :
      Le CNS est une autorité politique « de transition » créée en novembre 2011 en Turquie, à l’initiative des Frères Musulmans, ... Il est financé à majorité par la Lybie, La France, : le CNS financé par la Lybie ? Cela m’étonnerait fort.

      Quant à la partie parlant du principe d’intangibilité des frontières, cela dépend de qui veut quoi et aux dépens de qui. Je donne des exemples : Chypre, Kosovo, Soudan, Crimée.

      Même votre affirmation avec : En revanche, le changement de politique étrangère américaine au Moyen-Orient amorcée par Obama est discutable. En tout cas, je ne la partage pas.


      • leypanou 29 septembre 2016 23:40

        @tab
        En tant que laquais de l’atlantisme, vous utilisez l’expression guerre civile, moi non.

        Le fait même que les kurdes syriens soient en sédition est une guerre civile
        . : les Kurdes syriens ne sont pas en sédition. Où avez-vous appris çà ? Dans l’Immonde ?

        Les américains sont clairement en retrait sur le dossier syrien.
          : encore une contre-vérité.
        Lisez çà : vous apprendrez quelque chose.


      • Tzecoatl Gandalf 30 septembre 2016 23:04

        @tab
        L’objectif de protection atlantiste des kurdes est d’en finir avec le harcèlement et la loi du talion avec les turcs.


        Le reste du projet alaouïte est de faire du terrorisme de peau de chacal et autre bichon un bouclier aux couilles de Mohammed et son idiologie.

        Oui, il y a des crimes contre la connivences pétromonarchies/atlantistes à la con, mais la Syrie souffre également de réchauffement climatique.

        Donc, l’intérêt de la Syrie est de foirer toute pipelubie, et de retrouver son cadre de vie. Afin de composer avec la recomposition de sa population. Et non pas la pollution d’hydrocarburtistes à la onc que tu viens incarner, histoire de chier comme un niais dans les bottes de tout le monde. Okaich ?
        Donc, tout les catharis, les saoulidis, fais en plein acte de ta boïte à caca, ok ?

        T’est pas trop con, l’insulte, tu comprends.

      • chantecler chantecler 1er octobre 2016 06:31

        @Gandalf
        Salut ,
        Peut être pas assez réveillé mais je ne vois pas qui est Mohammed et son idiologie .
        Merci de préciser .


      • Fisspair 29 septembre 2016 11:51

        La simple vue de cette carte rend malade Erdogan et celle des combattantes Kurdes fait vomir Philouie....
        ==> Très bon article


        • njama njama 29 septembre 2016 12:42

          Nous, le Kurdes de Syrie…
          Omar Oussi, 23 février 2016
          Source : Al-Fadaiya, M. Oussi est interrogé par Mme Alissar Maala

          À la question posée par un journaliste de l’AFP : « Êtes-vous prêt à accorder aux Kurdes un gouvernement régional autonome au nord de la Syrie, après la fin du conflit ? », le président Bachar al-Assad a répondu :

          « Cette question dépend directement de la Constitution syrienne ; laquelle, comme vous le savez, n’est pas donnée par un gouvernement, mais par toutes les composantes du peuple consultées par référendum. C’est donc une question qui doit concerner la nation et non s’adresser à un responsable syrien, qu’il s’agisse de gouvernement autonome, de fédération, de décentralisation ou autre. Tous ces sujets feront partie du dialogue politique à venir, mais je veux vous affirmer que les Kurdes font partie du tissu national syrien » [1].

          Une évidence qui semble poser problème là il où reste commode d’en trouver un pour travailler à démanteler la Syrie et l’offrir, par petits bouts, à ceux qui ont déjà fait main basse sur le Sandjak d’Alexandrette, le Golan syrien occupé, et leurs alliés d’hier et d’aujourd’hui. Mais qu’est-ce qu’un Kurde syrien ou un Syrien kurde ?
          [..............]
          lire l’article : http://www.legrandsoir.info/nous-le-kurdes-de-syrie.html

          * M. Omar Oussi, membre du parlement syrien, président de l’« Initiative nationale des Kurdes syriens », membre de la délégation de la République arabe syrienne rendue à la « Réunion de Genève 3 » le 28 Janvier 2016 pour des pourparlers de paix qui n’ont pas eu lieu, répond à cette question au cours d’une émission de la télévision nationale syrienne [NdT].


          • njama njama 29 septembre 2016 12:47

            autre extrait :

            Mais aujourd’hui et au bout de ces cinq années de guerre contre la Syrie, même des opposants syriens kurdes ont fini par adopter notre point de vue. C’est pourquoi, il faut que ceux qui nous écoutent sachent que les élites kurdes ne sont pas toutes engagées dans l’ « opposition » [4]. En effet, nous pouvons diviser la scène kurde syrienne en trois catégories :

            - Des petits partis favorables au « Conseil national kurde » [CNK] parrainé par Massoud Barzani en Irak [5], dont un seul représentant syrien faisait partie de la délégation du « groupe de Riyad », sélectionné par la Turquie, l’Arabie saoudite et les États ennemis, lors des pourparlers de Genève 3

            - Le PYD, le plus important des partis syriens kurdes, écarté de Genève 3 par un veto turc, avec l’approbation des USA et des Saoudiens  ; ce qui implique que nous, les Kurdes, devrions comprendre qui sont nos alliés et qui se tient derrière la tragédie humaine de notre peuple

            - Un important courant populaire regroupant 60 à 70% des Kurdes syriens présents dans toutes les régions de Syrie et qui font partie intégrante de la patrie syrienne et soutiennent son État. […]



          • njama njama 29 septembre 2016 12:49

            pourquoi un « Grand Kurdistan » est impossible
            autre court extrait très significatif :

            "Je répète, à ceux qui nous écoutent, que la question kurde en Syrie est différente de celles qui se posent au Kurdistan turc, irakien et même iranien. Les régions kurdes de Syrie sont le maillon le plus faible de la « cause kurde » puisque, comme je l’ai déjà dit, ce sont des régions de mixité par excellence : un tiers de kurdes, un tiers d’arabes, un tiers de chrétiens. C’est ainsi !

            Par conséquent, même si certains extrémistes kurdes voulaient établir une entité politique indépendante en territoire syrien, ils ne le pourront pas, faute d’assise populaire et géographique. Les trois cantons kurdes du nord, géographiquement séparés les uns des autres, sont donc la région de Qamishli [Al-Jazira], Kobané et Efrin ; alors que nous avons un million de Kurdes rien qu’à Damas et aussi dans certaines de ses banlieues malheureuses, d’où est probablement partie l’idée des trois cantons kurdes et de leur administration autonome."


          • Abou Antoun Abou Antoun 29 septembre 2016 14:13

            @njama
            sont des régions de mixité par excellence : un tiers de kurdes, un tiers d’arabes, un tiers de chrétiens.
            Combien de fois faudra-t-il répéter que les chrétiens du M.O. sont des arabes, à part entière.


          • njama njama 29 septembre 2016 15:48

            @Abou Antoun

            ce n’est pas moi qu’il faut convaincre, je ne faisais que reprendre la formulation dans l’article que peut-être l’auteur kurde utilise pour manifester le côté multiculturel, multiethnique, multi-confessionnel de la population syrienne (ce qui est son immense charme !)
            Alors, oui, il y a un million de kurdes « dilué » rien qu’à Damas ... et trois cantons kurdes séparés géographiquement
            Comment dans ces conditions des syriens kurdes pourraient-ils seulement imaginer un Kurdistan réalisable, viable, c’est une équation impossible. Il n’y a juste que cette sinistre coalition qui essaient (inutilement) de les persuader pour qu’ils combattent le régime de Damas ...

            Il y a deux point sûrs, les kurdes ne s’entendront jamais avec les islamistes, et ils n’ont jamais jusqu’à aujourd’hui combattu l’armée syrienne. Le régime de Damas a même armé leurs milices, leur fournit des aides, et n’est pas hostile dans le principe à une plus large autonomie ou représentativité, ce qui est le principe même de la démocratie ...


          • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 29 septembre 2016 16:55

            @Abou Antoun

            alors que la majorité des musulmans au Maroc sont des berbères et pas des arabes !

          • Abou Antoun Abou Antoun 29 septembre 2016 18:05

            @Jeussey de Sourcesûre
            Et pas seulement au Maroc, dans toute l’Afrique du Nord.


          • howahkan 29 septembre 2016 18:56

            Une fois mort , la mort qui est ce que tout le monde essaye de fuir ne sachant plus vivre,sauf exceptions bien sur, ici et là, or l’absolu quand on le rencontre ne se refuse pas, une fois mort ces différences pour lesquelles l’humain tue, détruit,massacre,vole,etc...sans jamais savoir pourquoi il fait cela et bien ces différences qui ne sont pas réelles mais existent uniquement comme concepts dans nos cerveau ,enfin ce qu’il en reste , ces différences ont juste gâché la vie ,enfin la non vie de tous...

            le maître n’en demandait pas tant...on lui donne le pouvoir sur un plateau...c’est le peuple qui a créé le maître tellement il est con et veule et cupide.....

            avec notre cerveau déficient nous serions tous identiques sur tous les plans nous nous tuerions et nous volerions encore ...

            je sais que vous ne savez pas pourquoi....pourquoi alors certains comprennent ? nous avons le même programme de la pensée avec des variantes superficielles seulement....sans différences de capacités les humains seraient morts depuis le début..

            Bon.........il va être temps de me retirer du combat ici bientôt....


            • ddacoudre ddacoudre 29 septembre 2016 21:19

              bonjour Yael

              intéressant à lire. il y a pas qu’en Europe que le nationalisme fait des dégâts. peut être un jour auront-il l’idée de faire des états unis du moyen orient.
              cordialement ddacoudre.over-blog.com.


              • njama njama 30 septembre 2016 13:03

                @ Yael P

                Si vous voulez suivre les derniers développements sur le terrain ... concernant les Kurdes vous en tirerez les conclusions que vous voudrez....

                La coalition a détruit ces derniers jours tous les ponts sur l’Euphrate à Deir Ez-Zor, à Al Mayadin et à Abou Kamal  !!! (carte) cela signifie que l’Euphrate devient de fait par ces destructions une sorte de frontière fermée. S’agit-il vraiment de protéger daech comme titre presstv ?

                Syrie : la Coalition détruit les ponts de Deir Ez-Zor pour protéger Daech face à la progression de l’armée
                « Ces derniers jours, les avions de la coalition internationale ont bombardé et détruit systématiquement les pont de la province : les ponts de Mayadin et de Bou Kamal (dans la banlieue est), mais aussi le Pont suspendu, le pont Siyassiah et le pont Qanamat à l’intérieur de la ville de Deir ez-Zor. »
                 
                alors que la « bataille de Mossoul » a commencé aujourd’hui pour en déloger l’EI ?
                ou s’agit-il d’une manœuvre pour isoler toute la partie nord-est de la Syrie à l’est de l’Euphrate, afin d’en rendre à terme l’accès difficile pour l’armée syrienne qui contrôle encore Hassaké et Deir Ez-Zor... ???
                le but est-il vraiment de détruire l’EI , alors que les US ont bombardé l’armée syrienne à Deir Ez-zor pour soutenir l’offensive de l’EI ** ?
                ou de le chasser vers le nord-est de la Syrie pour former un Sunnistan ? les djihadistes occupant déjà Raqqa ...
                ou de détruire l’EI pour créer un kurdistan ?

                La coalition combattrait l’EI en Irak, et l’aiderait en Syrie ? que peut signifier ce double-face ?
                ------------
                ** "Obama au secours de Daech" comme l’écrivait Bruno Guigueu

                ou s’agissait-il comme l’analyse Lina KENNOUCHE (journaliste auteure, doctorante en sciences politiques à l’université Saint-Joseph de Beyrouth) de Maintenir l’EI à Deir ez-Zor pour une victoire à Mossoul
                19/09/2016
                Une reconquête de cette zone de l’est de la Syrie par les alliés du régime signifierait la réouverture de l’axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas, que Washington entend à tout prix éviter.

                [...........]
                Mossoul vs Deir ez-Zor
                Deux explications sur cette attaque surprise semblent cependant s’imposer. L’affaiblissement des forces du régime qui mènent l’offensive contre l’EI à Deir ez-Zor n’est pas un non-sens dans le cadre des préparatifs de la bataille finale de Mossoul en Irak. En effet, si Washington mène une guerre totale contre l’EI et prive le groupe d’une zone de repli à Raqqa et Deir ez-Zor, non seulement les combats s’annoncent d’une grande férocité dans le cadre d’une offensive acharnée et extrêmement coûteuse, mais il faudrait également compter sur une plus grande participation des unités de mobilisation populaire Hached al-Chaabi, en Irak. Or, si les Américains planifient une victoire-éclair à moindre coût, il est exclu, pour atteindre cet objectif, de concéder un rôle de premier plan aux milices chiites dans la deuxième ville d’Irak, capitale de l’EI. Dans cette perspective, le groupe doit conserver sa base arrière en Syrie.

                Par ailleurs, il est fort probable que les Américains aient eu connaissance du plan russo-iranien pour reprendre la totalité de Deir ez-Zor. Or une reconquête de cette zone par les alliés du régime signifierait la réouverture de l’axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas et donc le rétablissement d’une continuité territoriale et d’une profondeur stratégique ; ce que Washington entend à tout prix éviter.
                « Les développements de ces derniers jours risquent de compromettre sérieusement l’accord fragile et difficilement accepté par les Américains en raison, selon des sources proches des négociateurs, de l’opposition du Pentagone à cette trêve. Ces évolutions en Syrie mettent en lumière le fait que la guerre contre le terrorisme n’incarne pas la dimension principale de ce conflit. Les bombardements des Israéliens contre les positions de l’armée syrienne au Sud pour, selon certains observateurs, faciliter l’offensive des combattants du Front Fateh al-Cham (ex-Nosra) et, à quelques jours d’intervalle, les raids aériens de la coalition à Deir ez-Zor, tendent à confirmer l’hypothèse que la priorité est à présent l’affaiblissement durable du régime syrien. »


                • Tzecoatl Gandalf 30 septembre 2016 23:22

                  @tab


                  Ecoute tab. Qui apporte la division récolte le malheur. S’en prévaloir est une honte internationale. Car nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, tab, sauf aux US et donc à la ZONU.

                  @Nadjam
                  Oui, il s’agissait de protéger les populations civiles à Der El Zoor, afin de limiter le bellicisme de ce conflit, et d’affirmer que la Syrie mérite mieux.

                • njama njama 1er octobre 2016 09:51

                  @tab

                  vous voila encore revenu à la charge avec vos petites bombes au chlore ... fabriquées par les terroristes, minable prétexte entretenu par les médias pour essayer de leur prêter assistance
                  comme si l’AAS en avait besoin.... les russes ont les missiles kalibr, leurs excellents Sukhoï et le droit international pour eux. Vous n’imaginez seulement pas que les syriens sont très patriotes, ça ne semble pas atteindre votre cerveau...

                  Les soldats syriens ressemblent à ça : (Exclusif : Qui sont en réalité les « mercenaires d’Assad » tuant « d’innocents touristes Saoudiens » à Alep ?)
                  EXCLUSIVE : Who are actually « Assad mercenaries » killing "innocent Saudi tourists" in Aleppo, Syria ?

                  Russia Insider 26 sept 2016 (7’03) https://www.youtube.com/watch?v=45ATslcZZ0g
                  vidéo originale d’ANNA NEWS, sous-titrée en russe
                  Алеппо. Лица передовой / Aleppo sept . Faces of frontline
                  https://www.youtube.com/watch?v=XDfwrEthi-g

                  pour ceux qui voudraient voir d’autres visages de soldats syriens mon amie damascène avait collecté quelques portraits d’eux en visitant leurs familles l’été 2015"Hommage aux soldats de l’armée syrienne morts pour leur patrie"


                • njama njama 1er octobre 2016 10:04

                  @tab
                  Cette autre Syrie dont les médias n’ont cure
                  30.09.2016
                   un bilan humanitaire de la Syrie déchirée par cinq années de conflit. Alors que toute l’attention se porte sur la ville d’Alep *, comment les Syriens dans les zones loyalistes et de l’autre côté du front, dans les zones rebelles vivent-ils ? Témoignages de terrain.

                  * [on se demande bien pourquoi ??? (njama)]


                • njama njama 1er octobre 2016 10:13

                  @Gandalf
                  @Nadjam
                   Oui, il s’agissait de protéger les populations civiles à Der El Zoor, afin de limiter le bellicisme de ce conflit, et d’affirmer que la Syrie mérite mieux.
                  ou de continuer de l’asphyxier ?

                  Damas : La destruction des deux ponts à l’Euphrate par la Coalition internationale démontre sa ligne se basant sur le bombardement des infrastructures en Syrie

                  Jeudi 29 septembre 2016

                  Damas/ Le ministère des AE et des Expatriés a affirmé que la destruction de deux ponts à l’Euphrate par la Coalition internationale confirme sa ligne se basant sur le bombardement et la destruction des infrastructures et des établissements économiques et sociaux en Syrie, soulignant que le seul bénéficiaire des attaques de la Coalition est les réseaux terroristes.[...........]

                  R.F. / A. Chatta  http://sana.sy/fr/?p=70983

                  le 02 septembre 2011  L’UE décrète un embargo sur les importations de pétrole syrien alors que la Syrie exportait plus de 90 % de sa production vers l’UE


                • njama njama 1er octobre 2016 10:17

                  @tab

                  La coalition combat l’EI en Irak, et l’aide en Syrie ! (aide manifeste dernièrement à Deir Ez-Zor)

                  que peut signifier ce double-face ?
                  ça devrait vous faire réfléchir ... vous qui vous piquez de vous passionner pour la géopolitique ...
                  on n’attend vos explications de pied ferme ...


                • SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs SPQR Sono Pazzi Questi Romani 1er octobre 2016 16:49

                  Très bon article ......


                  Curieusement les commentaires ne sont pas envahis par les zélotes « Je sais tout » .....
                  Quoi que la grenouille ....

                  Les Kurdes « semblent » moins crétin que les djihadistes sponsorisés à 100% par les états du golf et protégés par les U.S / Israël....

                  Trop tard j’ ai écrit un mot qui va déclencher une alerte voir une censure .....
                   
                   

                  • Byblos 1er octobre 2016 20:52

                    Ce projet de « grand Kurdistan » a surtout pour but, derrière son allure réparatrice, d’accentuer la déstabilisation de la région. On peut se poser, de prime abord, une question simple : les Kurdes des quatre pays impliqués -Turquie, Iran, Iraq, Syrie- parlent-ils seulement la même langue ? Autre question : Leur est-il arrivé une fois dans leur Histoire (?) de s’auto-gouverner ?

                    Mesure-t-on dans le cas des Kurdes de Syrie à tout le moins, leur degré d’intégration dans l’Histoire ancienne et contemporaine de ce pays ? Salaheddine el Ayyoubi, prince syrien et pourfendeur chevaleresque des prédateurs croisés était kurde. Dans l’Histoire contemporaine de la Syrie on compte plusieurs présidents de la République -et non des moindres- qui étaient d’origine kurde. 
                    En Occident, on a tendance à ériger l’ignorance en fine analyse. On évoque beaucoup, par exemple, la multiplicité des origines dans le tissu social syrien, mais aussi palestinien, libanais ou iraquien, trouvant là un bon prétexte pour semer la zizanie qui accompagne le chaos prétendu constructeur. On ignore parallèlement à quel point cette imbrication est profonde jusqu’au sein même des familles où les mariages mixtes sont innombrables. Le couple présidentiel syrien en est un bel exemple.
                    On pourrait tout aussi bien évoquer la même multiplicité ethnique dans le tissu français. Le slogan d’une République Une et Indivisible ne visait à rien d’autre qu’à colmater les nombreuses fissures séparant -OUI ! SÉPARANT- Basques, Bretons, Alsaciens, voire Italiens de Nice (qui est française depuis à peine deux siècles), etc.
                    Appelons les choses par leur nom. Ce qui se passe en Syrie et dans toute la région allant des confins de la Chine (Afghanistan) jusqu’au Maghreb, passant par la Turquie et l’Iran et couvrant le Croissant Fertile est une gigantesque opération de prédation US/IS à laquelle l’UE contribue servilement, dont le financement est assuré par les bédouins et l’exécution confiée à ISIS alias DAESH et consorts.

                    • Byblos 2 octobre 2016 00:31

                      Pour ce qui est des liens évidents entre l’administration US et les takfiristes sanguinaires qui ont envahi la Syrie, qui peut mieux en parler qu’un sénateur US ?



                      • njama njama 2 octobre 2016 17:11

                        Syrie : les Kurdes se rallient à Moscou
                        Oct 01, 2016

                        Face à l’amplification des attaques de l’armée turque contre le nord de la Syrie, des centaines de soldats russes se sont déployés dans des régions à majorité kurde d’Alep et de Hassaka.

                        Ce déploiement intervient après un accord conclu entre les Kurdes de Syrie et la Russie selon lequel cette dernière formerait les forces kurdes face aux assauts de Daech et l’armée kurde à Afrin, à Qamichli et à Hassaka.

                        Depuis un mois, l’armée turque mène une opération baptisée « Bouclier de l’Euphrate » qui vise selon Ankara à éloigner les combattants kurdes des frontières sud de la Turquie et d’empêcher aussi l’émergence d’un Etat kurde.

                        http://parstoday.com/fr/news/middle_east-i14764-syrie_les_kurdes_se_rallient_%C3%A0_moscou



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