Le revers de la médaille du monde multipolaire
L’ère de l’unique hyper-puissance américaine est révolue. Caractérisée par le slogan « nouvel ordre mondial », symbolisée par la première et un peu la deuxième guerre du Golfe, elle connaît sa fin « officielle », pour choisir une date, le jour de la faillite de Lehman Brothers. Les nouveaux géopolitologues américains parlent de puissance « relative » en décrivant leur pays, le rêve d’un monde où plusieurs puissances se partageraient le pouvoir mondial dans l’harmonie est toutefois plus lointain que jamais, une étude partielle, basée sur la zone de tension du Soudan peut montrer que le monde multipolaire n’est pas moins violent que le monde bipolaire (Vietnam, Angola , Amérique centrale etc…) ou unipolaire (guerres du Golfe, ex-Yougoslavie, Sierra Leone etc…).
Riche en pétrole nouvellement découvert, le Soudan peut se targuer du soutien de la Chine énergivore. Il doit toutefois composer avec des mouvements irrédentistes récurrents au Sud (guerre de guerre froide) puis au Darfour, où le génocide des populations noires par les Arabes alliés du gouvernement central se croise avec la personnalité d’un président nationaliste anti-occidental, la lutte pour les ressources au niveau local (terres agricoles) et mondial (pétrole), un conflit ethnique au Tchad (rebellion des tribus communes au Darfour… soutenues par le Soudan), la problématique du Nil incluant l’Egypte et l’Ethiopie et enfin, la problématique islamiste représentée par les anciens alliés du régime (Al Tourabi et son mouvement).
En réalité, tous ces problèmes pourraient arriver à une solution plus ou moins violente sans le fait que la pays soit en fait une véritable nouvelle frontière des ressources. Le pétrole soudanais est contrôlé par la Chine, à cheval entre le Darfour, le Sud-Soudan et le territoire central, il fait que la Chine a intérêt à l’unité du Soudan. Les intérêts de la Chine rejoignent dans ce cas l’Egypte, du fait que le pays des Pharaons a intérêt à avoir un seul interlocuteur pour le partage des eaux du Nil, et de préférence un proche allié arabe. Les Arabes du Golfe eux-même pensent que le Soudan, en particulier le Sud peut être un excellent grenier pour leur besoins alimentaires. En revanche, les Etats-Unis (mais aussi Israel) ont besoin de la division du Soudan, entre un Nord musulman arabe, un Sud chrétien et un Ouest musulman noir pour pouvoir mieux contrôler et les eaux du Nil (facteur de tension extrême avec l’Egypte) et les ressources pétrolières et alimentaires (facteur de pression sur les pays du Golfe et de raréfaction des ressources pétrolières de la Chine).
Cette zone de tension multiforme a vécu en guerre civile depuis la guerre froide du fait que les causes idéologiques, puis nationalistes/religieux, puis énergétiques et de ressources sont toujours présents pour en faire une zone de tension, de guerre civile et de massacres associés. En réalité, que ce soit les conflits de la guerre froide, idéologiques et de contrôle du monde, du monde unipolaires (nationalistes et/ou religieux) ou du monde multipolaires (basés sur les ressources à contrôler), la guerres, les conflits sont toujours présents. Si la bombe atomique fait que des conflits sont impossibles entre grandes puissances, les guerres « indirectes » sont une constante depuis la guerre froide, et monde multipolaire, bipolaire et unipolaire ne changent pas cette donnée.
Le monde multipolaire ne résout en rien donc la question de la paix ou même de l’accalmie mondiale.
Plus si des solutions technologiques appropriées ne sont pas trouvées rapidement, la course aux ressources, qu’elles soient énergétiques ou autres, créera un monde où les zones de tensions et de guerre seront de plus en plus nombreuses, le tout dans un capharnaum géopolitique insolvable dans ces zones, comme au Soudan.
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