Le scandale du pardon en Colombie
Amnesty International dénonce l’impunité qui permet aux paramilitaires ayant commis les pires exactions contre les victimes de la guerre civile de ... rentrer chez eux. Extrait de conférence tenue à Amnesty France.
Le gouvernement colombien met en place la démobilisation des groupements paramilitaires, mais il s’avère que cette initiative assure l’impunité des guérilléros, des militaires et de tous ceux qui ont encouragé leurs activités, ce qui revient à nier toutes les victimes et tout le travail effectué par les associations.
D’autre part, ce système correspond en fait à une résurgence de l’activité paramilitaire dont la définition politique est : "forme de sédition".
Les groupes paramilitaires ont toujours été intégrés à la stratégie de lutte contre la junte, il permettent aux militaires de ne pas s’impliquer directement dans un mode de guerre sale ( terreur, peur, etc.)
Si les liens entre les paramilitaires et les militaires ont toujours été niés au niveau international, ils sont clairement annoncés au niveau local. Il n’y a donc aucune issue pour échapper à leurs « activités », tout est verrouillé.
En 1960 environ, par loi et décret, des bandes civiles armées ont été constituées pour lutter contre la junte. Il s’en est suivi une augmentation de la violation des droits humains.
En 1989, les paramilitaires ont été déclarés illégaux mais leur activité continue à augmenter dans tout le pays.
Fin des années 1990, l’ONU demande leur démantèlement, et une politique de démobilisation leur conférant l’impunité se met en place en 2002.
Pour faciliter l’impunité, 2 décrets ont été votés :
Le n°128 qui permet aux combattants de se rendre aux autorités et - bien que non mis en accusation- d’être graciés de facto. Ces combattants ne sont pas tenus de fournir de renseignements sur leur groupe d’activité paramilitaire.
La plupart des membres paramilitaires ne sont pas sujets à des poursuites s’ils se rendent après avoir participé à un massacre, ils sont pardonnés. 11 945 pardons pour 55 poursuites judiciaires.
La loi pour la justice et la paix : elle bénéficie aux paramilitaires , ceux qui sont coupables sont punis de peines limitées , pas purgées en prison mais souvent en secteur agricole, éventuellement sur leurs terres précédemment volées aux populations locales, l’enquêteur peut archiver le dossier ( il y a des milliers d’enquêtes et seulement quelques enquêteurs), l’archivage se fait sur la base d’enquêtes préliminaires , l’amnistie est donc prononcée de facto.
Les parties tierces impliquées ne sont pas non plus inquiétées, il y a possibilité d’interrompre une enquête si elle est jugée inopportune. L’infrastructure du paramilitarisme reste intacte, il peut donc resurgir.
Le gouvernement a prévu en effet un réseau de civils pour fournir des renseignements aux militaires (ce qui correspond à un recyclage des paramilitaires démobilisés, qui sont payés et quelquefois armés pour une intelligencia militaire).
A Meddelin, les paramilitaires se sont consolidés dans la ville, aidés des militaires, ils ont tué ceux que les militaires accusaient d’être des guérilleros.
Il y a eu un processus de démobilisation en 2003, puis un autre en 2005, qui ont abouti à une légalisation de ces groupes ainsi qu’à des massacres après la démobilisation. Ils ont maintenant des contrats de sécurité dans les écoles , les banlieues. Ils deviennent des collaborateurs de la police. Les gouvernements devraient :
- Insister sur l’application intégrale des conventions de l’ONU
- Obliger le gouvernement colombien à faire face à l’impunité et reconnaître les victimes (action sur les contrats d’impunité, visites de victimes)
- Respect des victimes
Enfin, la communauté internationale ne doit pas financer des projets qui donnent légitimité à l’impunité.
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