Le sort des baha’is d’Iran : un scandale ?
Durement persécutée dès ses premiers jours au 19ème siècle en Perse (Iran actuelle) avec des milliers de morts, cette communauté à vocation mondiale a vu depuis, sous tous les régimes ses droits bafoués, et des centaines de ses membres exécutés aux motifs des plus arbitraires et fallacieux au début de la révolution islamique. Alors que sont célébrés les 60 ans de la Déclaration des Droits de l’homme, un regard inquiet sur cette communauté non violente qui subit encore aujourd’hui de graves discriminations.
Le mot scandale se définit comme une « indignation que produit une action coupable, affaire malhonnête qui émeut l’opinion publique, fait immoral, révoltant ... » Le terme est revenu sept fois lors de l’intervention d’un journaliste français au cours d’un colloque tenu dans les locaux de la Mairie du 3ème arrondissement à Paris et consacré aux baha’is d’Iran.
Pourquoi une telle affirmation ? Pour ma part, j’aborderai brièvement la situation pour le moins alarmante de cette communauté religieuse datant de 165 ans et dont les membres sont aujourd’hui disséminés dans 170 pays et issus de deux mille groupes ethniques.
Durement persécutée dès ses premiers jours au 19ème siècle en Perse ( Iran actuelle ) avec des milliers de morts, cette communauté a vu depuis, sous tous les régimes ses droits bafoués, et des centaines de ses membres exécutés aux motifs des plus arbitraires et fallacieux au début de la révolution islamique. A noter toutefois qu’une alternative leur est souvent offerte : renier leur foi en échange de l’arrêt de toute exaction.
Leur credo : toutes les religions ont la même origine. Elles s’adressent au coeur de l’homme et à son comportement au sein de la société. Elles se renouvellent au fil des époques par un nouveau message qui s’adresse à l’humanité pour son évolution et le progrès de la civilisation. Les baha’is croient que le dernier en date est celui de Baha’u’llah qui proclame en plein milieu du 19ème siècle « La terre n’est qu’un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens » !
Ce message d’unité, les baha’is essayent aujourd’hui de le refléter dans leur vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale et ce dans plus de cent dix milles points dans le monde où ils sont recensés. Un des lieux les plus significatifs, en terme historique et numérique, est l’Iran ; logique quand on sait que c’est là le berceau de cette foi mondialiste et avant gardiste. Et il se trouve que c’est justement là aussi où ils sont le plus durement réprimés et persécutés.
Quel étrange sentiment peut pousser aujourd’hui, un membre du clergé, un groupe, une institution un régime, un état, à bafouer les droits d’individus qui travaillent pour la paix, qui plus est sont respectueux des lois de leur pays et qui, de surcroît, sont non-violents.
Cependant, pourquoi s’intéresser plus particulièrement à leur sort alors que de par le monde des millions de gens souffrent d’oppression et de persécutions diverses.
Il n’est pas question, ne serait-ce qu’un instant, de dire que leur souffrance est plus ou moins tolérable que celle d’autres opprimés de la terre. Mais simplement, de considérer qu’en raison de la cause universelle qu’ils défendent, on devrait s’en inquiéter plus particulièrement, et que, ce qui se passe là en toute impunité, devrait interpeler tout un chacun partout.
Certes, les sept millions de baha’is à travers le monde vivent cette situation comme une profonde injustice et avec angoisse et, si certains n’hésitent pas à évoquer un risque de génocide, c’est plus pour les symboles que ces persécutés baha’is représentent qu’ils méritent d’être défendus d’urgence.
En parlant de notre monde, Gilbert Cesbron disait : « ... il s’agit d’édifier une maison où des hommes venus de tous les horizons puissent vivre ensemble. Mais il est temps de partir à la recherche des matériaux ... »
Les baha’is affirment avoir trouvé ces matériaux depuis longtemps déjà et constatent que la construction de la maison avance. C’est dans ce sens que, leur mettre des bâtons dans les roues et ce dans n’importe quelle partie du monde, est inacceptable particulièrement lorsqu’il s’agit du berceau de cette foi où ils représentent la 2ème religion du pays en nombre.
Construire une société humaine prospère, en intégrant les différences harmonisées, travailler minutieusement pour hâter l’unité organique des nations, races, religions et peuples est un projet gigantesque mais non utopique car les baha’is oeuvrent dans tous les coins du globe à l’avancement de cette civilisation et en constituent déjà l’embryon.
Aujourd’hui, ils pourraient se targuer d’offrir un modèle de société où une fois pour toute sont résolus les questions de préjugés de races, de religion, de nationalité, d’égalité des droits de l’homme et de la femme, etc.
C’est pourquoi, finalement, chaque tort fait aux baha’is iraniens est susceptible d’être considéré comme un préjudice causé à l’avancement de la société dans son ensemble.
Dans son livre « A cry from the heart » William Sears, humoriste, et star de la télé américaine, employait les termes de honte, et de déshonneur pour qualifier les persécutions et les exécutions des baha’is iraniens au début de la révolution islamique.
Trente ans après, un autre journaliste, français, emploie le mot scandale.
S’intéresser à la situation des baha’is iraniens revient à s’intéresser à la paix et à la cause de la justice dans son ensemble. C’est probablement la raison pour laquelle c’est effectivement scandaleux de laisser piétiner ceux qui défendent ce type de valeurs.
Si on se réfère à la définition du mot scandale, alors le sort réservé aux baha’is d’Iran peut être considéré comme un scandale. Et un scandale à dimension mondiale...
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