Le succès de l’UNASUR à Bariloche en Argentine
Il aura fallu 7 heures pour que les présidents des pays membres de l’Unasur trouvent une réponse à cette crise.
La victoire n’est pas celle de l’indépendance de la souveraineté de la Colombie ni de la sécurité pour le Vénézuela mais celle de l’UNASUR.
Ce sommet extraordinaire s’est déroulé en deux temps, premièrement par une sorte de tour de table où chaque président à eu l’opportunité d’exprimer son positionnement face à cette affaire, puis dans un deuxième temps par la rédaction d’un "amendement" de la constitution solutionnant le problème d’intervention militaire d’un pays tiers au sein de l’UNASUR et de renforcement de la coopération de la lutte contre le terrorisme.
Qui a dit quoi lors de la première partie de la réunion ?
Alan Garcia, président péruvien a proposé que la commission du Conseil de Défense de l’UNASUR revoit en détail l’accord militaire réalisé entre la Colombie et les États Unis.
Il a précisé que par cette méthode, les membres d’UNASUR pourront savoir sans aucun doute possible si la logistique militaire apporté par les États Unis est bien uniquement adaptée à la lutte contre le terrorisme et non pas à la surveillance aérienne de la région, ni à la récolte d’informations stratégiques. Alan Garcia a rajouté : "Moi Monsieur le président, dans mon pays, j’aurais autorisé une telle vérification".
Le président Colombien, Alvaro Uribe a, quant à lui, manifesté son accord pour montrer ce contrat au conseil de sécurité mais il a rajouté également qu’il souhaite que ce même conseil de défense face une enquête sur les bases terroristes le long des frontières des pays membres de l’UNASUR ainsi qu’un bilan général du trafic d’armes en Amérique du Sud. Par cette occasion, il a salué l’initiative de la présidente chilienne Michelle Bachelet et a proposé le Chili comme modèle de transparence à suivre, pour sa publication annuel de son commerce d’armes.
Dans son discours Uribe a insisté sur le fait que la Colombie était venue pour consolider le processus d’intégration et qu’il était conscient que des concessions allaient devoir être faites par les membres de l’UNASUR. Malgré cette déclaration, le président Uribe a, par de nombreuses reprises, insisté sur le fait qu’il ne reviendra pas sur cet accord pour trois raisons :
1- L’indépendance de la souveraineté de la Colombie
2- Par le fait que depuis 60 ans, le "plan Colombia", véritable coopération entre la Colombie et les Etats-unis contre le terrorisme n’a jamais entrainé d’incidence envers un pays membre de l’UNASUR, et qu’il ne voit pas pourquoi cela changerait.
3- Que cette activité américaine contre le terrorisme ne représente que 4% du total des opérations menées contre les terroristes en Colombie. La Technologie des satellites américains a permis de repérer des vols illégaux du terrorisme et d’intercepter les bateaux clandestins alimentant le réseau terroriste colombien.
Uribe termine son intervention en parlant du problème des Farcs et de la complexité de la lutte anti-terroriste le long des frontières Colombienne et Équatorienne. Il demande a son confrère équatorien de l’aide pour combattre ce fléau le long de leur frontière commune.
Le président Bolivien Evo Morales reprend ironiquement que les États-Unis sont présents depuis 60 ans pour lutter contre le terrorisme sans venir à bout, il s’écrit alors : "mais que font-ils depuis tous ce temps ?". Pour Morales : "il n’y aura de paix en Amérique du Sud que lorsque les États Unis ne seront plus sur le territoire"
Enfin le président Bolivien propose de réaliser un référendum auprès de la population de la région sud américaine : "Le peuple a le droit de choisir démocratiquement si ils veulent de la présence militaire des États Unis dans leur continent". Pour lui, l’affaire est simple, il suffit de rajouter de faire signer a la Colombie un papier comme quoi il n’y aurait jamais de "BASE" américaine en Colombie. Ainsi cette proposition permettrait une coopération militaire mais sans l’utilisation de véritable base en Colombie.
Pour le président Brésilien, Lula, il s’est plaint de la longueur de la session et que pour lui affaire était simple. Il faut selon lui, que le conseil de défense de l’UNASUR face un bilan sur l’ensemble des frontières de l’état du terrorisme en Amérique du sud et faire que ce conseil puisse avoir accès aux contrats de coopération militaire entre la Colombie et les Etats-Unis.
Cristina Kirchner, Président de l’Argentine, s’est montrée la plus diplomate de tous les présidents et s’est empressée de calmer tout débordement éventuel en rappelant l’objectif et les enjeux de cette réunion.
"La confiance parmi certains membres de l’UNASUR s’est rompue, il ne s’agit pas ici de faire le procès de son homologue mais de retrouver cette confiance nécessaire pour le processus d’intégration de l’UNASUR."
Elle souhaite voir s’établir une règle générale contre la présence militaire d’un pays peu importe sa nationalité dans le continent sud américain. Elle a fini son intervention en disant que "les voies diplomatiques seront retrouvées lorsque le conseil de sécurité aura vu sur place de quel type de coopération militaire il s’agit vraiment". il est important pour elle, que ce cas fasse jurisprudence.
Enfin, Hugo Chavez, président du Vénézuela, s’est montré plutôt satisfait de l’évolution de la réunion, il rejoint ses homologues péruvien et argentin en ce qui concerne les propositions de soumettre ce cas au conseil de défense de l’UNASUR.
L’intervention de Chavez a été marquée par l’apport du livre blanc du Département de Défense américain sur la stratégie sud-américain, comando de mobilité aerien (AMC) des États-Unis qui stipule leur véritable ambition dans cette zone, et qui n’a pas été très rassurante pour l’audience présente. Chavez a enfin parlé de la manipulation de son image par la Cia pour atteindre l’UNASUR mais ceci fera l’objet d’un prochain article consultable sur www.unasur.fr
La deuxième partie de la réunion a consisté à la mise en place officielle d’une loi qui déboucha sur trois points :
1- Le renforcement de la coopération de la lutte contre terrorisme
2- Qu’un pays tiers peut opérer militairement dans un pays membre de l’UNASUR pour l’aider contre la lutte face au terrorisme tant qu’il menace pas le territoire ou une partie d’Amérique du sud.
3- La mise en place d’un rendez-vous pour la première quinzaine du mois de septembre des ministres de la défense de l’UNASUR pour qu’ils mettent en place un processus de vérification de l’accord militaire entre la Colombie et les États-Unis pour qu’il respecte ce présent article de loi.
4- Que le conseil de Défense de l’UNASUR analyse le livre blanc du département américain de défense qui d’après lecture d’un passage de celui par Chavez montrait les véritables intentions des Etats-Unis dans la zone.
5- Que le Conseil de Défense de l’UNASUR mettra en place un programme d’action contre le narcotrafic.
L’UNASUR a su éviter une éventuelle guerre en désarmorçant par cette loi le conflit sur les bases américaines, mais Chavez a confirmé que le gel des relations entre la Colombie et le Vénézuela a été maintenu. La stabilité de la région a été sauvegardée et grâce à cette session le mécanisme d’intégration des pays sud américain dans l’UNASUR s’est renforcé.
Extrait du site www.unasur.fr, l’actualité sur l’Amérique du sud.
Auteur : Serge Sedille
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