Le Suriname face au réchauffement climatique

Dans ce contexte post-sommet de Copenhague qui s’est déroulé du 7 au 18 décembre 2009, sous l’égide de l’ONU, qui réunit quelque 200 pays afin qu’ils s’accordent sur un nouvel accord international portant sur de nouvelles mesures pour lutter contre le réchauffement climatique qui devrait couvrir la période 2013-2017, intéressons-nous un peu à la politique environnementale surinamienne.
Les enjeux de la biodiversité surinamienne
Le Suriname appartient au « bouclier des Guyanes », regroupant également la Guyane, le Guyana, le Brésil et le Venezuela. Ce bouclier aussi appelé « plateau des Guyanes » abrite la forêt vierge tropicale humide la plus intacte et la plus célèbre du monde, la forêt amazonienne, où se trouverait à peu près 40 % d’espèces de la flore et de la faune mondiale.
Le Suriname dispose d’une des plus grandes biodiversités en plus de la plus grande forêt primaire du monde puisque sur son territoire l’on rencontre quelques richesses écologiques telles que la mangrove, des forêts de marécages ou encore plus étonnante une petite partie de savane en avant de la forêt tropicale.
Ce pays affichant un couvert forestier compris entre 94 et 95 % a également un taux de déforestation parmi les plus bas du monde car il a été l’un des premiers pays d’Amérique du Sud à instituer un système de réserves naturelles (recouvrant aujourd’hui prés de 13% de la totalité du territoire surinamien) dont la plus grande est « la réserve naturelle centrale du Suriname » qui compte 1,5 million d’hectares.
Récemment, ce petit pays sud-américain, comptant la plus grande surface de forêt par tête d’habitant, en collaboration avec l’organisation non gouvernementale Conservation International à adopter un plan afin de mieux protéger sa forêt et ainsi contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. Le principe est simple : les nations les plus pollueuses paieraient pour que la forêt ne soit pas exploitée. Cette initiative fut d’ailleurs reprise, il y a quelques semaines, mais dans un contexte un peu différent par l’Équateur avec un accord de non-pompage des 850 millions de tonnes de pétrole sous la forêt amazonienne contre une rente annuelle versé au pays.
Selon ce plan, présenté le 3 novembre 2009 à Barcelone lors de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (UNFCCC) avec la collaboration de l’Agence Française pour le Développement, le Suriname recevrait des fonds qui serviraient en contrepartie à assurer le bien être de sa population, la politique de développement durable au Suriname et le reste viendrait du fond REDD (le programme surinamien de réduction des émissions de CO² provenant de la déforestation et de la dégradation forestière liée à l’activité économique du pays).
Selon Russ Mittermeier, le président de Conservation International, cette nouvelle stratégie verte du Suriname symbolise que le pays à réalisé le potentiel de sa forêt pour garantir son avenir et celui de la planète. Mais si ce projet surinamien semble avoir du sens, sa mise en œuvre, à la fois, juridique et financière s’avère compliquée sans compter que celle-ci ne pourra se faire que si, lors du sommet de Copenhague, les nations du monde s’accordent pour soutenir le projet REDD (certains y voit une tentative de chantage) sinon « le Suriname sera continuellement sous une pression économique visant à lui faire couper sa forêt » (propos de Russ Mittermeier, le 04 décembre 2009).
La biodiversité sur le territoire surinamien
Source : http://lib.utexas.edu/maps/americas/surinam_veg_1986.jpg
Les problèmes environnementaux
Comme nous l’avons vu dans le précédent dossier thématique sur le Suriname, l’orpaillage illégal, qui sévit dans toute la région, est à l’origine de la dégradation de l’environnement des sites clandestins et des alentours immédiats.
Utilisant la méthode d’exploitation la moins couteuse, du mercure se retrouve dans le sol et les rivières, le lavage des sols appauvrit les sols et des vapeurs de mercure se respirent à proximité des sites aurifères. D’après une étude scientifique, on estime qu’entre 10 à 60 tonnes de mercure sont lâchées chaque année dans la nature par les orpailleurs empoisonnant ainsi la nature et les hommes.
De même, comme nous l’avons également précédemment vu, les mines de bauxite qui sont à l’origine d’une manne financière très importante pour le pays dégradent l’environnement. Les mines quasi épuisées de l’est du pays ont causé des dégâts importants mais c’est surtout le nouvel immense projet d’exploitation des réserves des montagnes de BAKHUYS, à l’ouest, qui préoccupe les écologistes.
Enfin, la plupart de la population (76 %) et des terres productives se situent 10 m en-dessus du niveau de la mer et près de la côte, les mangroves sont menacées par l’utilisation trop abondante de pesticides utilisés dans les plantations de bananes ou de rizicultures.
Répartition de la population au Suriname
Source : http://lib.utexas.edu/maps/americas/surinam_pop_1968.jpg
Répartition de l’activité économique sur le territoire du Suriname
Source : http://lib.utexas.edu/maps/americas/surinam_econ_1968.jpg
Les acteurs
Le mini-sommet de Manaus
Différents acteurs qui sont soient locaux, mondiaux ou encore régionaux se préoccupent de plus en plus de la politique environnementale du Suriname puisque ce dernier est recouvert en bonne partie par le « poumon du monde ».
Ainsi, un mini-sommet préalable à la Conférence mondiale de Copenhague sur le climat a eu lieu le 26 novembre 2009 à Manus (« la capitale de l’Amazonie brésilienne ») au nord du Brésil. Le mot d’ordre était simple : « convaincre les pays amazoniens d’agir vite et fort contre le réchauffement climatique ». Autant dit que ce mini-sommet avoir pour objectif de promouvoir un message fort et ambitieux.
Outre le Brésil (pays organisateur de ce sommet), il y eu huit autres états signataires du Traité de Coopération de l’Amazonie (TCA) soit le Venezuela, la Colombie, le Pérou (représenté par son vice-président), la Bolivie (représentée par un envoyé du président Evo Morales), le Guyana, l’Equateur et le Surinam (représentés par un ministre), et enfin la France invitée par le président brésilien Lula car représentant la Guyane française qui partage 700 km de frontière avec l’Amazonie et qui a été récemment reconnue par les autres pays de la région comme « un Etat amazonien ».
Ce mini-sommet fait suite au programme « Biodiversité et gestion durable des forêts du plateau des Guyanes » dirigé par une mission conjointe du Ministère de l’Ecologie (MEEDDAT) et du secrétariat du FFEM au Suriname et en Guyane qui eu lieu du 7 au 13 décembre 2008 dans lequel l’objectif était de préserver l’intégrité des écosystèmes forestiers et aquatiques du plateau des Guyanes. Objectif partagé entre quatre pays : le Suriname, le Guyana, la Guyane française et le Brésil.
Source : http://www.lexpress.fr/actualites/2/duo-sarkozy-lula-pour-un-sommet-amazonien-a-minima_831439.html
Le programme national REDD
Aujourd’hui plus de 37 pays dans le monde se sont dotés d’une stratégie forestière en lien avec la protection de la faune et la flore. Pour le Suriname, ce programme environnemental se nomme REDD (Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts).
Lors de la 74e session de L’ONU, en date du 25 septembre 2009, RAMDIEN SARDJOE, le Vice-président du Suriname, a dit espérer un accord à Copenhague, en ajoutant que les pays historiquement responsables des émissions devraient prendre la tête du mouvement et a assuré que le Suriname continuerait ses efforts pour exploiter ses forêts de manière durable
Le vice-président a également estimé que « l’urgence qu’implique la menace climatique rend nécessaire un engagement aussi fort que dans des domaines tels que les droits de l’homme, le maintien de la paix ou la lutte contre le terrorisme international » plaidant un accord multilatéralisme.
Il termina en rappelant que selon le rapport du groupe de travail sur le financement provisoire de la réduction des émissions dues à la déforestation, pour la période allant de 2010 à 2015, une somme de 15 à 25 milliards de dollars permettrait une réduction de 25% des taux de déforestation annuels.
L’intervention du Saint-Père
Plus atypique, le 20 novembre 2009, le président du Suriname, Runaldo Ronald Venetiaan, en visite au Vatican, s’est entretenu avec le Saint-Père Benoit XVI, puis avec le cardinal secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, et le secrétaire pour les relations avec les Etats, Dominique Mamberti. Quelques aspects de la situation au Suriname ont été évoqués telles qu’en particulier les politiques sociales mises en œuvre par le gouvernement sur la sauvegarde de l’environnement, ainsi que les domaines de collaboration entre l’Eglise et l’Etat comme nous l’indique un communiqué publié par le Bureau de presse du Saint-Siège.
La seconde édition du Festival d’art de la forêt amazonienne
Enfin, localement, la deuxième édition du « Festival d’art de la forêt amazonienne », qui a eu lieu du 19 au 22 novembre 2009, organisé par la fondation centre culturel du Surinam à Paramaribo, a choisi cette année le thème du réchauffement climatique. Pendant ses 4 jours se dérouleront des spectacles de danse, de musique, de théâtre, des débats et des films afin de développer la prise de conscience de la population sur la nécessité de préserver la forêt tropicale.
PARIZON Laëtitia
Equipe Unasur.fr
Sources :
http://www.un.org/News/fr-press/docs/2009/AG10863.doc.htm
http://www.goodplanet.info/goodplanet/index.php/fre/Zones/Etat-du-monde/Pays2/Suriname2/(theme)/
http://www.kipa-apic.ch/index.php?pw=&na=0,0,0,0,f&ki=201487
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