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Accueil du site > Actualités > International > Le traité sur les armes : Un non-événement qui cache une tragique (...)

Le traité sur les armes : Un non-événement qui cache une tragique réalité

« Vous avez cru jusqu'à ce jour qu'il y avait des tyrans ? Eh bien ! Vous vous êtes trompés, il n'y a que des esclaves : là où nul n'obéit, personne ne commande. »

Jacques Marie Anselme Bellegarrigue ( anarchiste)

Ce mardi 2 avril, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté, à une large majorité, le premier traité sur le commerce international des armes conventionnelles. L'ONU veut moraliser le marché des armes, c'est-à-dire les armes qui ne sont ni chimiques ni nucléaires. Ce marché représente 80 milliards de dollars par an. Chaque pays doit s'assurer que les armes vendues ne risquent pas d'être utilisées pour détourner un embargo international ou à des fin terroristes. L'industrie de l'armement évaluée à 1 300 milliards de dollars est la plus florissante quel que soit le pays. Dans les pays « producteurs de mort », elle ne connaît pas le chômage, elle est discrète, elle n'a pas d'état d'âme. Elle invente des armes de plus en plus sophistiquées avec toujours la règle de ne jamais vendre surtout aux pays faibles, notamment aux Arabes, les dernières nouveautés en matière d'armes. Si on vend aux Saoudiens des F 17, il est à peu près évident que les Américains gardent pour eux les F 22, et les mettent éventuellement à la disposition des Israéliens contre des armes équivalentes et performantes israéliennes comme par exemple les drones de technologie dans laquelle les Israéliens sont bien en avance.

L'évolution des conflits : les guerres asymétriques

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n'y a plus eu de conflit au Nord entre pays développés ; les conflits concernent les pays du Sud. Dans ce XXIe siècle, la dimension létale est véritablement consacrée et deux types de conflits existent : ceux qui concernent des belligérants entre eux avec certaines fois des guerres civiles, où les pays occidentaux boutefeux ont un champion dans chaque camp, ce sont généralement ceux des pays en développement qui, au lieu de se consacrer à l'épanouissement de leurs citoyens, s'entre-tuent avec des armes fournies par les pays développés, tout cela pour le pouvoir de quelques-uns avec en toile de fond une allégeance aux pays producteurs d'armes.

La deuxième catégorie est celle - qui au nom de la civilisation occidentale, mais aussi au nom du néolibéralisme - est en fait de combattre le terrorisme islamique. De ce fait, on peut parler réellement de guerre asymétrique. La guerre, en effet, a changé de visage : dans les pays développés c'est la doctrine de « zéro mort pour les Occidentaux ». Le secret se trouve dans la haute technologie : vous n'avez plus de combattants en face de vous, vous les éliminez par drones interposés, à des milliers de kilomètres des zones de combats, au fin fond du pays, dans une salle climatisée. Les hommes sont pour vous des points sur un écran et vous faites en sorte qu'ils disparaîssent.

Au pire, si vous êtes « à proximité » mais avec les robots tueurs, la vision nocturne, les images satellitaires, votre ennemi n'a aucune chance face à vous. Cela a été magistralement montré durant la chevauchée fantastique de Hollande au Mali. D'un côté, la meilleure technologie, de l'autre, des combattants en guenilles avec la soif, la faim mais une capacité de combattre au nom d'un idéal celui pour lequel ils donnent leur vie allègrement. Résultat des courses, trois morts d'un côté, un millier de l'autre. Pourtant ces hommes perdus qui croyaient lutter pour la bonne cause sont aussi des humains qui ont aussi des parents qui les pleurent...Sartre avait illustré magistralement ce type de situation. Pour lui, quand les riches se font la guerre ce sont les pauvres qui meurent. »

D'autres part, dépenser poru tuer a toujours été lucratif.Ainsi, les dépenses militaires représentent 2,5% du GDP, soit 173 dollars par habitant. C'est aux Etats-Unis que les dépenses sont les plus élevées, soit 1604 dollars, suivis par Israël 1430 dollars par habitant. Par ailleurs, les guerres d'agression déclenchées par les États-Unis en Afghanistan et en Irak qui ont la mort de centaines de milliers de personnes, des blessés par millions et la destruction de civilisation, devraient en fin de compte coûter jusqu'à 6000 milliards de dollars, soit 75.000 dollars pour chaque ménage américain. « Un rapport rédigé par Linda Bilmes, enseignante à Harvard attribue la plus grande part de ces milliers de milliards à des coûts qui continuent à s'accumuler pour soigner et indemniser des centaines de milliers de soldats laissés physiquement et psychologiquement blessés par ces deux guerres. « Les conflits en Irak et en Afghanistan, pris ensemble, seront les guerres les plus coûteuses de l'histoire américaine - totalisant entre 4000 et 6000 milliards de dollars », écrit Bilmes. (1)

« La plus grande partie de cette facture, lit-on dans ce rapport reste encore à payer. (...) Le gouvernement Bush affirmait que la guerre d'Irak se financerait d'elle-même grâce aux revenus du pétrole irakien. (...) De vastes ressources sont littéralement parties en fumée en Irak et en Afghanistan, des dizaines de milliards de dollars ont été gaspillées dans de prétendus programmes d'aide et de reconstruction qui étaient perclus de corruption, d'incompétence et d'inefficacité, ne faisant rien ou presque pour améliorer les conditions de vie des populations de ces pays. » (1)

La « moralisation » de l'industrie de la mort

Est-on sérieux quand on parle de morale, quand on vend la mort. N'est ce pas un oxymore ? S'agissant du commerce des armes. Les dépenses militaires des Etats-Unis, premier dépensier au monde, étaient de 680 milliards de dollars pratiquement près de 45% des dépenses mondiales évaluées à 1600 milliards. Les dépenses militaires mondiales s'établissaient à 1700 milliards de dollars d'après le rapport du Sirpri (Stockholm International Peace Research Institute) publié le 17 avril 2012. La course aux armements autres que nucléaires, est lancée depuis quelques années. La région Asie-Pacifique a globalement augmenté ses dépenses militaires de 2,4%. Là, la hausse est principalement due à la Chine qui a augmenté les ressources de ses forces armées de 120% depuis 2002. La Russie a augmenté ses dépenses militaires de 9,3% en 2011 pour atteindre un total de 71,9 milliards de dollars, faisant de ce pays le troisième plus grand dépensier militaire dans le monde. La Russie va augmenter de 25,8% ses dépenses budgétaires pour la défense nationale en 2013. La progression sera ensuite de 18,2% en 2014 et de 3,4% en 2015. Selon l'Institut suédois Sipri en 2011, l'Algérie a été classée de loin premier pays pour ses dépenses en matière d'armement dans l'Afrique du Nord. (2)

A côté des vendeurs d'armes « officiels » il y a les « autres » appelés trafiquants, parce que dit-on, ils violent les réglementations internationales sur les ventes d'armes, en clair, ils parasitent les ventes des grands en proposant des armes interdites ou à moindre coût. En 2004, on estimait à 500 millions le nombre d'armes légères en circulation dans le monde, armes dont plus de 100 millions en Afrique, soit une arme pour 12 personnes. « Pourtant, écrit Philippe Leymarie, nombre de ventes d'armes effectuées par des États souverains se font sur le marché « gris », à la frontière du légal et de l'illégal. Amnesty International a dénoncé, en juin 2002, la Russie, la France, l'Italie, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, en les accusant d'avoir livré des armes à des pays d'Afrique où d'importantes violations des droits de l'homme avaient été observées »(3).

« La plupart des pays admettent la nécessité de réglementer cet énorme marché des armes dites « conventionnelles », légères ou lourdes, estimé à 70 milliards de dollars par an (dont 40% pour les seuls Etats-Unis). Selon un document de travail de l'ONU : les États-Unis, qui produisent 6 milliards de balles par an, veulent exclure du traité les munitions ; l'Inde, l'Egypte, le Vietnam demandent que les pièces détachées ne fassent pas partie de la discussion ; la Russie (qui a vendu pour 13,2 milliards de dollars d'équipements militaires en 2011) insiste sur la lutte contre le trafic d'armes (par opposition au commerce légal) ; la Chine, qui inonde les pays en développement d'armes légères, souhaiterait que ces dernières ne fassent pas partie de la négociation ; (...) la Corée du Sud ne veut pas restreindre les transferts de technologie. » (3)

L'accord sur les ventes d'armes : la montagne qui accouche d'une souris

Pour Philippe Leymarie, commentant l'accord, les vendeurs d'armes ont sauvé leur peau. Il écrit : « l'Assemblée générale des Nations unies a voté à une très large majorité, un premier traité sur le commerce international des armes dites classiques ou conventionnelles. Aux termes de ce texte, chaque pays devra désormais évaluer, avant toute transaction, si les armes vendues risquent d'être utilisées pour contourner un embargo international, commettre un génocide ou des « violations graves » des droits humains, ou être détournées au profit de terroristes ou de criminels. En dépit des cris de victoire du secrétaire général de l'ONU, l'adoption du traité n'est qu'un commencement : Le texte, adopté par cent cinquante-quatre voix pour, trois contre et vingt-trois abstentions, doit à présent être signé et ratifié par chacun des pays : il n'entrera en vigueur qu'à la cinquantième ratification, ce qui pourrait prendre encore plusieurs années. Le consensus général des cent quatre-vingt-treize pays membres de l'ONU n'a pu être obtenu. Parmi les vingt-trois pays qui se sont abstenus, il y a surtout des pays émergents, dont certains des principaux exportateurs (Russie, Chine) et acheteurs de ces armes (Egypte, Inde, Indonésie). (4)

« Le traité poursuit Philppe Lyemarie, , même s'il concerne une large palette d'armements, exclut les équipements destinés aux forces de l'ordre, les transports de troupes (même blindés), les drones, une partie des munitions et pièces. Explicitement, le texte ne fait pas référence aux livraisons d'armes à des « acteurs non étatiques » (tels que les rebelles en Tchétchénie ou en Syrie), qui est la raison invoquée par Damas pour voter contre, ou encore par la Russie pour s'abstenir. (..). Les Etats-Unis ont obtenu que les munitions (dont ils produisent la moitié des volumes vendus dans le monde) bénéficient de contrôles moins stricts. Pour autant, cela ne garantit pas que le Congrès ratifiera le texte, en dépit de la satisfaction exprimée par le Secrétaire d'Etat, John Kerry, pour qui l'accord « n'empiète pas sur la Constitution américaine ». Les volumes de transactions concernés sont considérables : les estimations vont de 70 à 80, voire 100 milliards de dollars chaque année, avec une augmentation globale de 17% des transferts internationaux d'armes conventionnelles sur la dernière décennie, selon les données communiquées, il y a quelques jours par l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). » (4)

« Enfin, Selon le directeur de l'Observatoire des armements, Patrice Bouveret, également membre de la coalition « Contrôlez les armes », les ambitions contradictoires du traité en marquent les limites : « Certes, le traité, en son article 6, rappelle l'interdiction d'autoriser tout transfert qui violerait un embargo ou contreviendrait aux obligations découlant des accords internationaux dont l'Etat exportateur est signataire. Le traité ouvre la porte à des interprétations sans contrôle possible. Les Etats pourront toujours se targuer du droit à la légitime défense, reconnu dans l'article 51 de la Charte des Nations unies, voire même du risque terroriste, pour justifier telle ou telle exportation de système d'armement. De fait, les auteurs du traité restent au milieu du gué en focalisant sur les trafics illicites plutôt qu'en limitant fortement le commerce « légal », répondant ainsi au souhait des principaux Etats exportateurs, pour qui, l'objectif prioritaire était de limiter la concurrence déloyale en imposant une réglementation plus stricte aux concurrents du Sud, d'Europe de l'Est et d'Asie. » (4)
 

On pourrait résumer l'avis de Manlio Dinucci du journal « il Manifesto, » par « Business as usual ». Pour lui : « Les cent plus grandes industries guerrières du monde, dont 78 sont basées aux Etats-Unis et en Europe occidentale, pourront ainsi continuer à accroître leurs ventes, dont la valeur annuelle estimée approche les 500 milliards de dollars.(...) Le Traité ne sera pas contraignant. (...). La norme fondamentale est que les armes ne doivent pas être fournies à des Etats qui « minent la paix et la sécurité et commettent des violations du droit humanitaire international ». (...) En d'autres termes, le Traité autorise la fourniture d'armes aux « gentils », mais interdit strictement de les fournir aux « méchants ». (...) Aujourd'hui, souligne la responsable d'Oxfam International pour le contrôle des armements, (..) qui défend le Traité, il peut contribuer à réduire la tragédie de la guerre civile en Syrie, puisque « la Russie soutient que les ventes d'armes au gouvernement sont autorisées car il n'y a aucun embargo ». Elle oublie, cependant, le flux croissant d'armes, confirmé par la récente enquête du New York Times qui sont livrées aux « rebelles » à travers un réseau international organisé par la CIA, qui implique la Turquie, la Jordanie et la Croatie. » (5)

Où sont les droits de l'homme ?

« La vente d'arme est-elle éthique ? Plus grave, la guerre moderne est-elle éthique ? Menée sur des écrans en appuyant sur des boutons. Le « théâtre des opérations » n'est qu'une infime partie du processus. Jamais l'être humain n'a été aussi éloigné des conséquences de ses actes. Que valent les lois de la guerre « classique » en face des guerres du XXIe siècle ? Est-ce que cela rend l'entrée en guerre trop facile, que ce soit ici ou partout ailleurs ? »

Pour le professeur Jules Dufour, qui dénonce le grand réarmement planétaire, il eut été plus moral d'investir dans l'épanouissement de l'homme. Ecoutons- le : « (...) des investissements dans les secteurs de l'éducation, de la santé et dans la restauration et la protection de l'environnement seraient beaucoup plus rentables et de nature à profiter à tous. » En effet, selon les estimations de l'OMS « les coûts et les bénéfices nécessaires pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement en matière d'eau et d'hygiène s'élevaient à un montant total d'environ 26 milliards de dollars avec des rations coûts-bénéfices allant de 4 à 14.(...) « Selon les données du Programme » des Nations unies pour l'environnement (Pnue), « la somme nécessaire au cours des 15 ou 20 prochaines années pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement en vue de garantir la durabilité de l'environnement (objectif n° 7) se situe probablement entre 70 et 90 milliards de dollars par an. » (6)

On l'aura compris à première vue, le commerce des armes est une problématique qui peut sembler moins urgente que la question de l'environnement et des droits humains. Arrêtons l'hypocrisie ! Le néolibéralisme sauvage doit constamment entretenir un état de tension. On ne peut pas envisager un monde de paix. Souvenons-nous du rapport Lugano : les populations doivent passer plus de temps à se demander ce qu'elles ont à se disputer avec leurs voisins qu'à travailler. Tout est dit, l'anomie est totale. Le monde devient de plus en plus dangereux.

1.Bill Van Auken http://www.mondialisation. ca/le-cout-des-guerres-dirak-et-dafghanistan-pourrait-selever-a-6000-milliards-de-dollars/5329834 04 avril 2013

2. Chems Eddine Chitour : commerce des armes, Arrêtons l'hypocrisie, L'Expression 04 08 2012

3. Philippe Leymarie http://blog.mondediplo.net/2012-07-03-Commerce-des-armes-vers-un-traite-robuste

4. P. Leymarie http://blog.mondediplo. net/2013-04-05-Les-limites-d-un-traite-sur-les-armes

5. Manlio Dinucci http://www.ilmanifesto.it/ area-abbonati/inedicola/ manip2n1/20130404/ manip2pg /09/manip2pz/338381/

6. Jules Dufour http://www.mondialisation. ca/le-grand-rearmement-planetaire/5329953

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique nep-edu.dz


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6 réactions à cet article    


  • ecolittoral ecolittoral 8 avril 2013 11:27

    Le monde n’est pas de plus en plus dangereux. 

    Les conflits armés ont toujours exister. Vous pouvez prendre n’importe quelle histoire de n’importe quel peuple ou empire, l’humanité a toujours été traversée par des massacres ou des guerres.
    Nous ne sommes pas plus humains ou moins humains, plus guerriers ou moins guerriers, plus obéissants ou moins obéissants que nos ancêtres.

    Une guerre n’a jamais été éthique...comme un lapin n’a jamais pondu d’oeuf.
    Quand à croire qu’on préfère mourir de soif plutôt que de tuer le voisin qui s’est accaparé la source, cette idée ne peut venir que d’une personne qui a toujours profité de l’eau qui a toujours coulée du robinet de sa cuisine.

    Quand à la course à l’efficacité technologique et létale, elle remonte à la nuit des temps. 
    Une flèche(drone de l’époque), c’est beaucoup plus efficace qu’un gourdin.
    Une balle est plus efficace qu’une flèche. Une machette coûte moins cher qu’une balle et un fusil etc...C’est ce qui permet de « gagner sa vie » et c’est toujours de la faute de l’autre.
    Un traité est un bout de papier utile pour limiter les agissements du voisin.

    • captain beefheart 8 avril 2013 12:09

      Encore un grand merci à M. Chitour ,dont j’apprécie beaucoup les articles .Je ne comprend pas pourquoi ils ne sont pas lus et commentés davantage...

      Où l’on voit que les organismes internationaux ne sont que des fausses façades de la délinquance mondialisée.(ONU ,OTAN, Ligue Arabe ,Union Africaine,OMS ,OMC,Unesco etc.)


      • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 8 avril 2013 21:49

        Bonsoir Mr Chitour,


        Veuillez excuser mon propos mes l’ONU se fout de notre gueule, ce sont tous des menteurs et des voyoux.

        Il est tellement plus facile de piller l’economie mais surtous les ressources d’un pays quand il est en guerre, que nos petit vendeur de mort ne sont pas prêt de connaître la crise.

        J’espère seulement que la génération suivante de dirigeant serat moins névrosé, mais c’est pas gagner si l’ont ne change pas radicalement de modèle.

        Cordialement

        Franck




        • njama njama 9 avril 2013 10:52

          La vente d’arme est-elle éthique ?

          L’arme par elle-même a longtemps été étrangère à l’éthique, contrairement aux armes modernes « de destructions massives » (missiles, bombes atomiques ou non, chimiques, bactériologiques ... ) qui utilisent davantage (voire exclusivement comme à Hiroshima et Nagasaki) le seul pouvoir de la science, et qui posent par leurs seules existences, par les seules volontés de les créer, de la fabriquer, un gros problème d’éthique.

          On peut dire que, quel que soit le grade dans la soldatesque, du troufion au général, le « guerrier » a disparu depuis 2 siècles environ. Ne reste que le soldat, transformé en péon, pion_machine_de_guerre du macabre échiquier. Pour qu’un combat soit éthique, il faudrait au moins qu’il soit loyal, sans iniquité entre les combattants, comme au jeu d’échecs.

          Loi Jourdan-Delbrel du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798) instituant la « conscription universelle et obligatoire » de tous les Français âgés de 20 à 25 ans, aura permis à Napoléon de prendre en otages la jeunesse, d’en faire de la chair à canons à bon marché (esclavage), puis plus tard, servir à l’empire colonial, et à de nombreuses républiques, pour tant de guerres 1830 (conquête de l’Algérie), 1870, 1914, 1939, ...
          Les guerres en se font pas qu’avec des armes, pour « lever » une armée il faut que la cause politique soit entendue et partagée par les hommes. Les pouvoirs craignent d’ailleurs terriblement que les hommes ne souhaiteraient plus la faire, et toutes les causes politiques qui pourraient faire que nous ne les ferions plus. Les objecteurs de conscience, les pacifistes, les croyants comme les témoins de Jéhovah qui refusent de porter les armes ont toujours été partout réprimés ...
          L’homme craint-il au fond la Paix ?

          L’achat d’armes est-il éthique ? Pas plus que pour n’importe quel objet, vente ou achat ne font pas l’éthique qui ne peut concerner que le seul l’usage qui en serait fait. Se défendre est un droit, agresser est un viol, un crime. Pas besoin d’arme, un caillou, un bâton suffit

          Plus grave, la guerre moderne est-elle éthique ?

          Chercher à « moraliser » la guerre n’a pas d’autre sens que d’essayer de se donner un peu bonne conscience, et de s’en excuser. Comme le vieux concept pervers des Croisades, « la guerre juste » d’Urbain II, de Bernard de Clairvaux à laquelle on lui substitue aujourd’hui l’ignoble concept de guerre « préventive » ou « chirurgicale ». Aujourd’hui, on agite le chiffon humanitaire, on invoque « la Liberté », ou la « démocratie » comme hier les combattants invoquaient les dieux, ou Dieu. La religion bénit encore les canons ici ou ici, les aumôniers militaires sont fonctionnaires, les soldats font leurs prières le fusil mitrailleur à la main ... 

          La guerre c’est le crime organisé, que le droit international consacre d’ailleurs, ... à géométrie variable par le biais de traités et d’alliances.


          • njama njama 9 avril 2013 11:46

            investir dans l’épanouissement de l’homme. .... « (...) des investissements dans les secteurs de l’éducation, de la santé et dans la restauration et la protection de l’environnement seraient beaucoup plus rentables et de nature à profiter à tous. »

            Démonstration par l’exemple.
            Le Golan, territoire syrien occupé par Israël. A l’heure des missiles, des drones, de la bombe atomique dont dispose Israël sans compter ses énormes soutiens internationaux... qui peut prétendre que le Golan aurait réellement un intérêt stratégique au plan militaire, et si la restitution ne se fait pas, c’est par manque de courage politique.

            Le Golan, enjeu économique ou stratégique ?
            Pourquoi Netanyahou rejette-t-il toute idée de restitution du plateau ?

            > Seuls 40.000 habitants dont 3.000 musulmans, 19.000 druzes et 18.000 juifs installés depuis 1967 occupent la région.
             
            > L’économie du Golan représente à peine 0,5% du PIB israélien selon les estimations officielles — soit un milliard de dollars par an —

            > La restitution du Golan, malgré l’importance de ces symboles et l’incidence économique indue, n’est cependant pas vitale pour Israël. [...] Haaretz s’interrogeait : « Un domaine vinicole et une usine d’eau minérale prospères sont-ils suffisants pour que nous annexions une terre occupée, qui n’a d’autre valeur que celle de ses raisins et des ses eaux transparentes ? Après tout, à l’époque des missiles, on ne peut plus parler sérieusement du plateau du Golan comme d’un actif stratégique ». La paix pourrait combler le manque à gagner. Les diplomates débordent d’ailleurs d’idées novatrices pour trouver le chemin d’un accord. …

            L’accord autoriserait le maintien des unités de productions israéliennes et des colons dans leurs fermes moyennant une indemnité conséquente que les Américains sont d’ailleurs prêts à payer. La présence règlementée de bases militaires de surveillance permettra de gagner la confiance des deux belligérants et rassurerait Israël pour sa sécurité.


            • njama njama 9 avril 2013 11:53

              suite ...

              Gestion de l’eau : entre conflits et coopération

              « Il est plus facile et plus équitable de se répartir les bénéfices de l’exploitation de l’eau que l’eau elle-même. » C’est par cette équation que M. Aaron Wolf exprime le mieux le problème : pourquoi se faire la guerre pour s’approprier une ressource, si une gestion partagée en permet non seulement l’accès, mais aussi une exploitation économique qui « rapporte » ? Les exemples de coopération sont plus nombreux que les conflits lorsqu’il s’agit de partager l’eau.

              Quelques exemples de conflits régionaux
              [...]
              Au Proche-Orient et dans les pays du Golfe, la pénurie d’eau est une réalité qui alimente aussi les tensions. Dans cette région, on est passé d’une situation de stress hydrique à une situation de pénurie, qui pourrait bien à l’avenir s’accentuer et devenir critique. La résolution des questions liées à l’usage de l’eau conditionne en partie les espoirs de paix. L’Etat hébreu n’a guère de ressources propres en eau, si ce n’est les nappes phréatiques palestiniennes de Cisjordanie qu’il exploite illégalement pour son propre profit. Il dépend essentiellement du Jourdain et de sources situées au Liban et en Syrie. Pour Israël, la protection « militaire » de ces sources d’approvisionnement n’est pas un vain mot : en 1964, sous la menace d’une opération armée israélienne, un projet de canal de dérivation sur le plateau du Golan entre les fleuves Hasbani (Liban) et Yarmouk (Syrie) ne fut jamais réalisé. En 2001, les Israéliens ont à nouveau menacé de bombarder un tout nouveau canal de dérivation des eaux du même fleuve Hasbani, et un peu plus tard promettaient le même sort au barrage de l’Unité en construction sur le fleuve Yarmouk, si toutefois il était mis en service…

              Les Etats de la région ont accru leurs prélèvements, compromettant le renouvellement de la ressource. Les eaux de surface n’étant guère abondantes, ils ont surexploité les nappes souterraines.[...]
              Israël a aussi signé un accord pour le transfert d’eau douce par tanker depuis la Turquie.

              (Source : blog.mondediplo lundi 14 janvier 2008, par Philippe Rekacewicz et Salif Diop)
              ———-
              Il est intéressant de noter que dans les Accords de Doha de novembre 2012, les points 2 et 8 concernent la possible restitution du Golan (c’est donc qu’elle est envisagée), et la question de l’eau :

              2 La Syrie ne pourra faire valoir son droit à sa souveraineté sur le Golan que par les moyens politiques. Les deux parties signeront des accords de paix sous l’égide des Etats Unis et du Qatar.

              8- Permettre le passage à travers le territoire syrien des conduites d’eau en provenance du barrage Atatürk et à destination d’Israël.

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