« Chic, choc, chèque » fut une expression qui colla aux porteurs de longues djellabas blanches dites dahdahas et coiffés d’un triple turban noir qui hantent les casinos de Monaco, de Las Vegas ou de Londres ! Paillettes d’or, liasses de dollars en fumée et parties de « caviar-plaisirs-châteaux » font désormais partie du grand et lointain passé. Du temps où le pétrole commençait à jaillir à flot et où la manne pétrolière rendait excentrique et effréné !
Aujourd’hui, un pays, un Emirat, a cette chance incroyable de « savoir dépenser » et de faire de cette gigantesque manne d’argent d’origine bitumeuse un moyen de forcer le destin en permettant à la technologie d’avancer !
Tout est là ! Comment faire pour que les meilleurs ingénieurs et architectes du monde puissent -techniquement- ériger un hôtel (Burj Dubaï) de près d’un kilomètre de haut (818 m exactement), une voilure gigantesque d’acier (Borj Elarab), reposant sur un fond marin, qui saura contrer la force des vents, de l’érosion, du poids et des aléas de la nature !
Tout cela l’Emirat de Dubaï a su le faire. Mettre aux mains des experts du monde un chèque en blanc pour faire avancer la science et la technologie et faire de leur Emirat un petit paradis à nul autre pareil !
Oscar Niemeyer l’a tenté au Brésil, Gustave Eiffel avec sa tour parisienne et sa statue américaine, les pharaons en Egypte, le Golden Gate Bridge, le viaduc de Millau, le pont de l’Øresund reliant Copenhague (Danemark) à Malmö (Suède) et tant d’autres génies humains poussés et encouragés par leurs Etats ont laissés des œuvres éternelles !
La saga émirati est encore différente. Complexe et futuriste. Dans un monde où la morosité économique réduit à zéro tout vent d’optimisme et d’espoir, les Emirats de Dubaï et d’Abu Dhabi gardent la tête froide et avancent. Contre vents de sable et marées !
En cette période de crise mondiale, les grands pays d’Amérique, d’Asie et d’Europe prennent le taureau par les cornes et décident de tout faire pour « refaire l’économie mondiale » et avancent !
Les pays d’Orient et d’Afrique, tressautent et essayent de se frayer une place au soleil en conjuguant ouverture, travail et innovation avec peu de succès, à l’exception de quelques pays ayant su prévoir et s’organiser, tels la Tunisie, Bahreïn ou les Seychelles par exemple !
De nombreux pays oubliés, et ils sont légions, sombrent dans la misère et la disette !
Dans cette surprenante mosaïque planétaire surgit une tour de 818m de haut, narguant économie, pronostics et théories économiques marquant le succès incontestable et rapide des EAU. Pourquoi ?
Dans cette terre du Moyen Orient et d’Arabie vivaient de curieux voyageurs. Des nomades qui jonchent leur monture pour traverser les frontières et qui prennent le large avec de nouvelles embarcations rapides dites boutres ou felouques. L’Océan Indien leur ouvrira, par exemple, les portes de Zanzibar et des Comores et d’autres mers vers la route des épices et des minéraux précieux. Le commerce entre l’Inde et l’Iran battait son plein et faisait des émules.
Avec le départ de la colonisatrice Grande Bretagne les familles marchandes se divisent les terres et sont un jour surpris d’abriter les plus importantes réserves de pétrole du monde !
Les monarques des EAU, Emirats Arabes Unis, du Koweït, de Bahreïn, du Qatar et d’Oman, par exemple, importent rapidement des valeurs occidentales via le Liban, l’Egypte et la Syrie. A la tête de structures ultra pyramidales, ils tiennent leurs pays d’une main de fer avec des gants de velours. La lutte du développement rapide est ainsi engagée et orchestrée, sous un régime paternaliste et autocratique efficace et intransigeant !
Un nouveau monde se construit sur l’ancienne côte des Pirates devenue côte d’Or et d’argent ! Avec une main d’œuvre asiatique à très bon marché et un trésor inépuisable se crée un nouveau Eldorado à coups de projets pharaoniques telle cette tour Burj Dubaï qui sera la plus haute du monde. Un exploit d’architecture, de technique et de technicité catalysé par un chèque en blanc et un Cheik à nul autre pareil : Cheikh Mohamed Al-Maktoum, Cheikh Mo, comme ils disent, jeune de 59 ans. La vision d’un homme et son courage ont crée à Dubaï, un nouveau Hong Kong ou Singapour. Plus que jamais les idées avancent le monde !
Bien qu’Abou Dhabi soit le vrai centre pétrolier et la capitale des EAU, c’est actuellement Dubaï qui est son phare éclairant. Avec un PNB de 38 500 US$ par tête et par an, pas loin de celui de la Suisse et dix fois celui de l’Estonie par exemple, pour 4,5 millions d’habitants dont 85% sont des étrangers ou expatriés, vivant sur un territoire de 84 000 Km2 dont le vingtième seulement forme l’Etat de Dubaï.
Cette renommée est due à la médiatisation des projets touristiques comme l’hôtel Burj-Al-Arab, le plus luxueux et le plus « étoilé » du monde, au gigantisme des projets immobiliers qui feront de Dubaï la première destination mondiale du tourisme de luxe dans des suites variant entre 1 000 et 30 000 US$ la nuit.
Déjà, l’exportation du pétrole ne représente plus que 5% du PIB de l’émirat, le reste étant assuré par les rentrées fiscales des entreprises grâce à la Jebel Ali Free Zone et, de plus en plus, grâce au tourisme qui monte en flèche.
L’Aéroport international de Dubaï sert de plate-forme de correspondance à la célèbre compagnie aérienne Emirates. Il aura une capacité d’accueil de 90 millions de passagers en 2009. À terme, jusqu’à trente Airbus A380 pourront être reliés en même temps au terminal. Les infrastructures portuaires de Dubaï se sont largement développées ces dernières années. Dubaï occupait, en 2008, la quatrième place des ports à conteneurs, derrière ceux de Shanghai, ou Singapour.
Que faire avec tant d’argent ? Les Emirats rapatrient depuis 2001 leur argent de l’étranger et l’investissent dans le long terme pour diversifier leur économie. La croissance de leurs villes- Etat est vertigineuse et devient ainsi un exemple de volonté et même d’écologie. Ils incarnent un nouveau rêve américain, une osais sans impôts, sans syndicats, sans opposition dotée de tous les ingrédients de la réussite et…de la consommation ! Un nouveau capitalisme est né !
Malgré la crise actuelle et malgré la chute du prix du baril pétrolier, les Emirats gardent la tête haute et leurs projets en place, avec toutefois une croissance ramenée à seulement 5% pour 2009. Ils continuent à détenir plus de la moitié des Fonds souverains de la planète et ont le temps d’attendre la fin de la crise et la remontée des cours des actions.
Le 23 mars 2009, voilà que ces mêmes Emirats achètent en espèces sonnantes et trébuchantes 9,1% de la prestigieuse maison allemande Daimler ou Mercedes !
Une nouvelle route de la soie est née avec de nouveaux pharaons. Les anciens caravaniers du désert ont su, en voyageurs avertis, adopter le modernisme et donner aux mots travail, sérieux et prospérité un pesant d’or et de lumières !