Les 3 leçons de la Crise Ukrainienne
Avant le sommet de l'OTAN, Vladimir Poutine et Porochenko se sont entendus sur les conditions d'un cessez-le feu en Ukraine. Cet accord qui, nous l'espérons, se confirmera sur le terrain a l'intérêt de nous rapeller quelques réalités basiques de la Politique Internationale que d'aucuns médiateux semblaient avoir oubliées.
Il s'agit pourtant de fondamentaux, d'incontournables. Il faut connaître ces règles avant toute action diplomatique. Les voici.
1 – Une guerre ne se gagne pas dans les médias, elle se gagne (ou elle se perd !) sur le terrain !
Ce sont les combattants présents sur place qui vont décider par leur victoire ou leur défaite de l'issue de la guerre ! Pas les présentateurs télé !
Cette réalité basique, cette tautologie, si je puis dire, semblait oubliée depuis la Guerre du Viet-Nam. Les Américains traumatisés (les pauvres) par leur défaite du Viet-Nam ont beaucoup incréminé après coup, les médias, disant que la guerre n'avait pas été perdue sur le terrain, mais dans les médias. C'était assez confortable comme position, car celà faisait perdurer l'idée que l'Amérique était toute puissante et qu'elle n'avait pu être vaincue que... par l'Amérique, en l'occurence l'Amérique des médias, au Viet-Nam, aurait vaincu l'Amérique militaire. Mais au final, l'Amérique était toujours la plus forte !
S'il est clair que les attaques incessantes des médias n'ont pas aidé l'armée américaine, sur le terrain, ce sont quand même les Vietnamiens qui ont vaincu l'armée US et pas les journalistes. On a compté 250.000 militaires vietnamiens tués ainsi que plus de 400.000 civils. Quand les Américains sont partis, ils ne contrôlaient pas du tout le terrain.
Margaret Thatcher qui était tout sauf une idiote, a compris très bien tout celà lorsque commença la Guerre des Malouines. Son premier acte majeur fut de virer tous les medias et laisser parler les armes !
Las. En 2008, cette leçon de 1982 avait été oubliée par les Occidentaux. Lorsque Saakachvili déclencha la guerre (je passe sur l'illégalité de son attaque, ça n'est pas les sujet principal) les media occidentaux vociférèrent à l'unisson contre la Russie ! Une campagne délirante hors norme commença alors. Oui, mais voilà, sur le terrain, la Russie avait la supériorité, la Russie remporta la victoire. Retour à la cas départ, les cris d'orfraies et autres trucages médiatiques furent vains.
En 2014, le dénouement annoncé de la crise ukrainienne est aussi conforme à cette réalité. C'est le gagnant sur le terrain qui l'emporte. Les pro-Russes garderons le terrain qu'ils contrôlent, les Ukrainiens aussi. Point à la ligne. Peu importe les pleurnicheries de tels ou tels !
Contrairement aux Occidentaux, mais ça devient une habitude ! M. Poutine l'a compris.
2 – Les conférence internationales ne servent à rien.
Le dénouement de la crise ukrainienne intervient, on l'a dit, après un coup de fil entre Poutine et Porochenko. On a affaire à deux leaders qui savent ce qu'ils veulent, ce qu'ils peuvent et ce qu'ils ne peuvent pas ! Exit la vierge effarouchée de Washington et le poulailler de l'UE.
La "Con-férence-Internationale-Con-doit-mettre-en-place", c'est la tarte à la crème de la diplomatie !
Celui qui a mis un dollar de côté chaque fois qu'il a entendu qu'on allait convoquer une Conférence Internationale pour résoudre les difficultés du Proche Orient, doit aujourd'hui être millionnaire !
La Proposition de "réunir une Conférence-Internationale-qui-mettra-tout-le-monde-autour-de-la- table", c'est le degré zéro de la diplomatie. C'est la "diplomatie" façon Fabius, si vous préférez.
Aucune solution de paix durable, aucun règlement de crise n'est jamais sorti d'une conférence internationale censée mettre tout le monde autour d'une table, même une belle table !
Une crise, sous forme de guerre, implique des leaders qui doivent décider à deux s'ils négocient ou s'ils continuent la guerre. C'est ce qu'il vient de se passer à propos de l'Ukraine. C'est ce qu'il se passe toujours dans les moments graves, comme pendant la Crise des missiles de Cuba. Krouchtchev et Kennedy s'entendirent alors en direct sans même demander l'avis de Fidèle Castro, alors que ça se passait, quand même dans son pays. Heureusement, parcequ'il ne voulait pas de la solution !
Non, ce ne sont pas les Conférences-Internationales-mettant-tout-le-monde-autour-de-la-table qui règlent les problèmes sérieux. En revanche, en se débrouillant bien, elles peuvent les aggraver voir les faire dégénérer à terme. Voyez les brillants résulats de la Conférence de Versailles et du traité du même nom.
3 – Si vous voulez qu'un problème ne soit pas résolu, confiez le d'urgence aux Américains.
Porochenko et Poutine l'ont bien compris qui n'ont pas demandé son avis à Obama pour leurs tractations. L'autre évidemment est un peu vexé. En langage diplomatique, il dit qu'il est "prudent sur l'accord", ça veut dire la même chose.
On conçoit que la situation en Ukraine est extrêmement compliquée, sauf pour M. Fabius, non allez ! j'arrête de me moquer ! La résoudre est très difficile. Si vous ajoutez à ces difficultés, la complexité des intérêts américains et tous ce qui les accompagne, les néos-cons, le rôle du Congrès, des lobbys ceci celà, vous comprenez que le problème passe de compliqué à insoluble et l'on bascule de la paix à la guerre.
Le Proche-Orient en fit tristement les frais jadis, Les Accords d'Oslo avaient été très bien préparés par un diplomate norvégien hors pair. Tant qu'ils ne concernaient que les Israéliens et les Palestiniens, celà fonctionnait. Las, les Etats-Unis voulurent tout récupérer à leur compte. M. Clinton eut sa photo de famille avec Rabin et Arafat, les lobbys US, le Congrès et tout le bazar entrèrent dans la danse et... la Paix fut enterrée.
En conclusion.
Il n'existe pas de recette miracle ni pour gagner la guerre, ni pour gagner la paix. Il faut au moins ne pas oublier que ce sont les acteurs sur le terrain qui vont gagner ou perdre la guerre, que seuls les leaders qui en sont vraiment peuvent négocier, les autres (je ne parle pas des états ou diplomates médiateurs de bonne volonté, mais de ceux qui utilisent les crises pour se faire voir) ne peuvent que pourrir la situation. N'ajoutez pas la complexité à la complexité, n'ajoutez pas les va-t-en guerre à la guerre, maintenez l'Amérique et ses valets (dont le gouvernement français fait hélas partie, voyez l'affaire des vedettes) loin, très loin de tout celà.
Je ne dis pas que tout celà suffit pour gagner la guerre comme la paix, mais c'est indispensable.
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