Les albinos africains : une manne blanche à abattre
Parallèlement, un commerce sordide se développe. En Tanzanie, un bras d’albinos se vendrait 2.000 dollars.
Plus de 50 albinos ont été tués et démembrés depuis deux ans en Tanzanie et au Burundi, et des parties de leurs corps vendues pour des milliers de dollars à des sorciers qui confectionnent des « grigris » prétendument miraculeux. Cyberpresse
Alerté par ses voisins, Richard, 19 ans, a fui. Une bande de tueurs à ses trousses, il s’est caché deux jours dans la forêt. « On dit que les parties du corps prélevées sur les albinos sont vendues en Tanzanie. On les met sur des mines d’or et cet or remonte à la surface et on n’a plus qu’à le ramasser. Ou alors des pêcheurs les utilisent pour appâter de gros poissons qui ont de l’or dans leur ventre », explique-t-il. Richard bénéficie désormais de la protection des autorités, qui ont décidé de regrouper les 45 albinos recensés de la province pour leur épargner le sort tragique.(lien)
Anseleme Katyunguruza évoque une “campagne de chasse aux albinos” qui aurait démarré en août 2008. La “demande”, venue de Tanzanie, est étroitement liée au boom de l’industrie de la pêche et à la ruée vers l’or en cours sur le lac Victoria et ses rivages.
“Bien décidés à tirer profit de cette manne, des sorciers ont ranimé la vieille superstition selon laquelle les membres et les parties génitales d’un albinos favoriseraient et accéléreraient le succès des entreprises commerciales”, explique le secrétaire général. Il en a résulté un ignoble trafic qui rapporterait aux criminels entre 200 et 5000 dollars pour chaque meurtre commis. “Nous dénonçons et combattons sans réserve cette effroyable forme de discrimination”, poursuit Anseleme Katyunguruza.
Les volontaires de la Croix-Rouge ont aidé les familles endeuillées à assurer des funérailles décentes aux victimes mutilées. Les choses sont allées si loin qu’il a parfois fallu bétonner les sépultures afin d’empêcher que des pillards ne viennent nuitamment exhumer les corps pour en prélever les ‘organes magiques’. IFRC
« On ne compte plus les légendes africaines qui entourent les albinos, victimes d’une maladie génétique qui se caractérise par une absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux et des yeux. Mi-hommes, mi-dieux, selon les régions, leur « blancheur » pourrait apporter toutes sortes de pouvoirs, bénéfiques ou maléfiques. Au Cameroun, au Mali et dans d’autres pays du continent, on attribue à ces « enfants blancs » nés de parents noirs des forces surnaturelles. « Ici, dans la région des Grands Lacs, nous sommes considérés comme les enfants du soleil, de la chance, explique avec un air de dégoût Cassim Kazungu, président de l’Association des albinos du Burundi. Alors, certains sorciers, principalement originaires de Tanzanie, racontent que s’ils mélangent nos os et notre sang à certaines potions magiques, ils seront capables de confectionner des gris-gris pour obtenir de l’or, de la chance ou une éternelle jeunesse. On nous assassine pour des histoires de sorcellerie… » C’est principalement sur les bords du lac Victoria que seraient nées ces légendes. Autour du plus grand lac africain, on raconte, par exemple, que verser du sang d’albinos sur une mine d’or pourrait suffire à faire jaillir des pépites, sans même avoir à creuser la terre. Chez les pêcheurs, on soutient que le fait d’appâter les eaux du lac avec un bras ou une jambe découpée sur un corps d’albinos permettrait d’attraper de gros poissons, le ventre gorgé d’or… » Burunditribune
Un jeune albinos de douze ans, à qui des bandits avaient coupé un bras, a succombé à ses blessures dans le centre du Burundi, a appris l’AFP samedi de sources concordantes.
« Quatre bandits armés de fusils et de machettes ont attaqué une famille où se trouvaient trois enfants albinos sur la colline de Gahweza dans la nuit de jeudi à vendredi. Ils ont coupé le bras gauche d’un garçon de 12 ans avant de s’enfuir parce que la famille s’était mise à crier« , a annoncé à l’AFP l’administrateur de la commune de Kiganda, Joseph Ntahuga.
La commune de Kiganda dépend administrativement de la province de Muramvya, au centre du Burundi.
« Le petit Ephraïm Havyarimana a succombé à sa blessure quelque temps après, alors que l’ambulance arrivait sur place pour le conduire à l’hôpital« , a-t-il poursuivi.
En octobre 2010, deux garçons albinos ont été tués et démembrés dans le sud-est et dans le nord du Burundi, alors que les autorités burundaises pensaient avoir mis fin à ces crimes rituels qui avaient frappé jusqu’ici la province de Ruyigi, frontalière de la Tanzanie.
Huit personnes accusées d’assassinats et tentatives d’assassinats d’albinos ont été condamnées par la justice du Burundi à des peines allant de un an de prison à la perpétuité en juillet 2009.
« Il s’agit du 16ème albinos tué dans des conditions inhumaines au Burundi depuis le début de cette vague de crimes odieux en 2007 et cela touche désormais tout le pays« , a dénoncé à l’AFP samedi le président d’Albinos sans frontière, Kassim Kazungu.
« Les albinos de ce pays vivent dans l’angoisse d’être tués à tout moment et dans une terreur permanente, nous demandons au gouvernement de ce pays de rétablir la peine de mort dans ces cas pour y mettre fin« , a-t-il plaidé, en donnant pour exemple le cas de la Tanzanie, « où les assassinats d’albinos ont cessé parce que leurs assassins sont tués« .
« Ils se rabattent au Burundi où ils risquent seulement la prison dont ils vont s’échapper par la suite« , a ajouté M. Kazungu.
Ces albinos sont victimes d’un trafic d’organes vers la Tanzanie voisine où certaines parties de leurs corps serviraient à confectionner des charmes censés apporter la richesse à leurs possesseurs, selon la justice burundaise. RTBF
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