Les Etats-Unis se retirent-ils du Moyen-Orient ?

La question de l’évolution de la politique étrangère américaine au Moyen-Orient préoccupe les chercheurs depuis la signature de l’accord nucléaire avec l’Iran en 2015.
Cet accord reflétait un modèle de changements stratégiques visant à abandonner progressivement les engagements des États-Unis envers leurs partenaires et alliés stratégiques dans la région du Golfe en particulier et au Moyen-Orient en général.
Les doutes et les spéculations sur cette orientation ont augmenté pendant le mandat de l’ancien président Donald Trump, qui s’est contenté d’exprimer l’engagement de son pays envers ses partenariats historiques dans la région, alors que le comportement politique de son administration a pris une toute autre direction.
Cependant, dans de nombreuses situations, il s’est contenté de soutenir verbalement les partenaires sans confirmer l’engagement réel des États-Unis envers ces partenariats.
Le président Joe Biden, au début de son mandat en janvier, a exprimé son désir de retrouver le leadership des États-Unis dans l’ordre mondial et de reprendre la coordination et la coopération avec les partenaires de son pays, y compris, bien sûr, ceux du Moyen-Orient.
Mais ces développements reflètent la volonté de la nouvelle administration de se concentrer sur l’Extrême-Orient, qui est au centre du futur conflit stratégique avec la Chine.
Cela peut avoir été alimenté dans une certaine mesure par l’impact de l’épidémie de Covid-19, qui a produit de nouveaux paramètres qui ne faisaient certainement pas partie du calcul stratégique de l’équipe présidentielle américaine lors de sa campagne.
Mais certains signes indiquent également que Biden s’oriente dans une direction similaire à celle de l’administration de l’ancien président Barack Obama, qui avait promis au début de son mandat d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations arabo-américaines.
Cela est également vrai pour le président Biden, qui a retardé les communications téléphoniques avec les pays de la région, y compris Israël, le plus proche allié des États-Unis, lorsqu’il a pris ses fonctions. Différentes raisons peuvent expliquer le retard de la communication traditionnelle entre le nouveau président américain Biden et les dirigeants des pays du Moyen-Orient.
Mais tout indique que l’engagement des États-Unis dans la région a changé et continuera à changer. Par exemple, la position des États-Unis sur le partenariat stratégique avec l’Arabie saoudite est devenue claire après le premier appel téléphonique entre le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et son homologue saoudien le prince Faisal bin Farhan.
« L’Arabie saoudite est un partenaire important en matière de sécurité, » a tweeté Blinken. « Nous restons engagés à renforcer les défenses de l’Arabie saoudite et à trouver une solution politique au conflit au Yémen, » a-t-il ajouté. Mais la réalité est que les engagements n’ont en grande partie pas été traduits en action, comme le montre le déroulement des événements.
Il est vrai que le Moyen-Orient n’est plus une priorité absolue pour les États-Unis d’Amérique. Ceci à l’exception du dossier nucléaire iranien, qui occupe déjà une grande partie de la réflexion et des efforts de l’administration actuelle, et de l’engagement absolu d’assurer la sécurité de l’allié d’Israël, qui a également du mal à convaincre Washington de la gravité des menaces stratégiques auxquelles il est confronté.
Washington se concentre sur la promotion de la stabilité au Moyen-Orient à ce stade, mais cela n’exclut pas d’autres approches stratégiques susceptibles d’atteindre ses principaux objectifs. Il s’agit notamment de tenter de contenir la menace nucléaire iranienne en relançant l’accord nucléaire, d’élargir les partenaires des accords d’Abraham entre Israël et les pays arabes, de mettre fin aux divergences entre les pays arabes et de persuader les Arabes et Israël de limiter la coopération stratégique avec la Chine et la Russie.
Mais ces approches ne garantissent pas la sécurité des alliés clés comme Israël, qui ressent des menaces réelles de la présence militaire directe et indirecte de l’Iran en Syrie et au Liban. Récemment, le département d’État a confirmé que l’administration du président Joe Biden n’a pas l’intention de mettre fin à la présence militaire américaine au Moyen-Orient.
Dans un contexte de désinformation récente sur le sujet, les partenariats de sécurité se poursuivront, a déclaré le secrétaire d’État adjoint pour les affaires du Proche-Orient, Joey Hood, lors d’une récente conférence sur la sécurité au Moyen-Orient. La présence militaire permanente des États-Unis dans la région existe depuis plus de 70 ans, a-t-il ajouté.
Le diplomate a réitéré l’engagement des États-Unis à assurer le libre-échange et la liberté de navigation afin de prévenir toute perturbation des économies américaine et mondiale.
Le discours ne nie pas l’existence d’une certaine restructuration de la présence militaire américaine au Moyen-Orient pour tenir compte de l’évolution des circonstances et des menaces dans la région auxquelles Washington dit vouloir s’adapter. Dans d’autres déclarations du conseiller du département d’État Derek Chollet, les choses sont encore plus claires.
Il a déclaré que son pays est en train de revoir la taille de la présence militaire américaine au Moyen-Orient en fonction de ses capacités et de ses besoins en matière de sécurité.
Compte tenu des défis mondiaux et des ressources limitées, l’objectif est de dimensionner la présence militaire de manière à ce qu’elle soit suffisamment présente et capable de protéger les intérêts américains et d’atteindre des objectifs communs sans déséquilibrer les besoins ailleurs, a-t-il déclaré.
Le Pentagone, à la demande du président Joe Biden, examine la possibilité de modifier la présence militaire américaine dans toutes les régions, a indiqué le conseiller.
Le Moyen-Orient, l’Europe, l’océan Indien et le Pacifique sont au cœur de la politique étrangère américaine, avec 40 000 à 50 000 soldats déployés, beaucoup de bases militaires là-bas, et c’est important pour le Moyen-Orient, a-t-il ajouté. Tout cela confirme deux faits importants.
Premièrement, l’administration Biden ne veut pas abandonner complètement la présence militaire américaine au Moyen-Orient, mais maintenir un déploiement limité qui répond aux intérêts stratégiques américains sans égard aux intérêts des alliés et des partenaires stratégiques.
Le deuxième fait est que l’approche du président Biden n’est pas par souci des partenariats et des alliances avec les pays de la région, mais en considérant cette présence comme un des piliers de la mise en œuvre du slogan de Biden « America is back. »
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