Les fuites de Joe le plombier
Cela fait parfois plaisir de ne pas se tromper. Dans mes précédents posts sur la campagne US vue sous l’angle du storytelling (et sur Agoravox), j’avais indiqué que l’économie finirait par être abordée sous la forme d’une histoire par les candidats, notamment McCain. Mais encore faut-il avoir la bonne histoire...
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Et voilà que l’histoire de Joe le plombier est apparue, au cours du dernier débat entre les candidats.
Mais...
J’indiquais « A suivre », après l’irruption de l’histoire de Joe le plombier dans la campagne présidentielle américaine.
McCain a opportunément tenté de s’en servir. Avec succès, à première vue, puisque le vendredi 17 octobre au matin, Joe Wurzelbacher figurait dans le top 10 des recherches sur Google et avait eu les honneurs d’un discours de la colistière de McCain, Sarah Palin.
Mais le storytelling est une arme difficile à manier : pour que l’histoire que l’on raconte fonctionne, il faut que cette dernière soit bonne. Et pour être bonne, il faut qu’il y ait un fond de vérité.
C’est bien ce qui manque à Joe Wurzelbacher qui, soit dit en passant, s’appelle Samuel Joseph (ce n’est pas le plus grave, pour ma part j’ai connu un Jean-Pierre dit Maurice).
Les médias qui ont cherché à le joindre le lendemain du débat ont déjà appris qu’il était en route pour New York, pour donner une interview rémunérée à un journal.
Les enquêtes des journalistes de tous les Etats-Unis ont ensuite mis au jour un Joe assez trouble, qui, selon les uns, serait membre du parti Républicain, et selon les autres même pas inscrit sur les listes électorales.
Le même Joe a aussi quelques arriérés de paiement -impôts et frais d’hôpital- pour quelque 2500 dollars.
Le syndicat des plombiers de sa région a également indiqué qu’il n’avait pas de licence pour exercer. Bref, rien de bon... pour ceux qui utilisent cette histoire.
Alors quoi, est-ce une erreur de casting de l’équipe de storytelling de McCain ? Il semble que non, le bonhomme est pour eux un parfait inconnu. McCain lui-même ne l’a jamais rencontré (Obama si, puisque c’est à l’occasion d’une tournée de ce dernier dans l’Ohio que l’ami Joe l’a interpellé, filmé par les télés et repéré, donc, par McCain).
A la recherche d’une « histoire économique », le candidat Républicain a simplement saisi l’opportunité, dans l’urgence. Et en storytelling, si la narration de l’histoire racontée peut être improvisée, sa construction, par contre...
Et maintenant, qu’est-ce que McCain pourrait faire ? Interpréter la démarche trompeuse de Joe comme étant le signe d’une Amérique qui perd ses valeurs traditionnelles, alors que lui les incarne ? Il n’en prend pas le chemin : il vient de déclarer en plaisantant qu’il a avait viré tout son staff pour le remplacer par Joe le plombier...
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