Les Indignés de Londres (2). Des nouvelles du front
Bon n’exagérons pas ! Il n’y a pas encore de blessés, même si l’on compte une cheville foulée lorsque je me suis pris les pieds dans les cordages d’une tente. Mais devant l'accumulation d’articles expliquant tout ce que ne sont pas les indignés, et tout ce qu’ils devraient être, je propose de faire un deuxième point sur ces Indignés de Londres.
Après avoir conduit à la démission trois prélats de St Paul, ce qui n'est pas significatif en soi mais qui a quand même garanti aux indignés une exposition médiatique qui leur a permis d’exprimer leurs revendications mais aussi d’exposer les liens entre l’église et l’argent, et surtout les privilèges exorbitants dont bénéficiait la petite enclave de la City, après aussi un moment de flottement où l’on a pu croire un moment que ces indignés n’intéressaient plus la presse et commençaient presque à faire partie du paysage, voilà qu’ils passent encore une fois à l’attaque. Après avoir été sommés mercredi de lever le camp par la Corporation de la City de Londres, les indignés qui ont reçu leur ordre d’éviction se sont emparés jeudi soir d’un large complexe immobilier abandonné appartenant à UBS à Hackney. Il s’agit paraît-il d’un ensemble de bâtiments de plus de 500 pièces, qui ont été transformées en une « banque à idées », (qui a déjà son propre site internet) qui accueillera tous les habitants de Londres qui ont été victimes de coupes budgétaires. Bibliothèques, clubs de jeunes, logements sociaux, maternelles etc. tous sacrifiés au nom des plans d’austérité. Les indignés qui ne manquent ni d'initiatives ni d’idées ont donc exploité cette nouvelle occupation pour attirer l’attention sur la crise du logement à Londres et sur le problème des sans-abris, mais aussi sur les pratiques frauduleuses de certains traders de banques dont UBS, qui a coûté quand même à cette dernière la bagatelle de 2.3 milliards de dollars et ses pratiques délictueuses puisqu’elle a été condamné pour avoir favorisé l’évasion fiscale de ces clients.
À tous ceux qui critiquent les indignés parce qu’ils sont peu nombreux et qu’ils ne parviendront certainement pas à changer le système, par des actions ponctuelles et somme toute modestes, ils parviennent à attirer l’attention sur de graves problèmes sociaux, très concrets, qui trouvent une résonance chez bon nombre de Britanniques, qu’ils ont besoin d’avoir de leur côté Des « vétérans » de la guerre en Afghanistan et Iraq les ont rejoints pour attirer l’attention sur la négligence du gouvernement à leur égard, certains d'entre eux souffrant de troubles psychiatriques, après leur expérience en Afghanistan ou Iraq se sont retrouvés sans abris et couchent dans les rues. D’autres demandent à leurs collègues encore en activité de déserter pour ne pas combattre une guerre au nom des 1%.
Si certains se demandent pourquoi la majorité des articles sont extraits du Guardian, c’est parce que les médias ont décidé de couvrir au minimum ces événements, notamment la BBC.
Un mot pour finir. La police londonienne est de plus en plus nerveuse. Mon fils me racontait qu’un policier avait trébuché devant lui sur un trottoir. Après s’être relevé, il a poussé mon fils contre un mur en l’accusant de l'avoir fait tombé. Confronté par des témoins, le policier est finalement parti, mais c’est le deuxième incident de ce genre qui arrive à mon fils. UBS a un service de sécurité privé, et ces derniers n'ont pas très bonne réputation. Leurs employés sont souvent d'anciens mercenaires qui ne sont pas tenus au même code déontologique que la police londonienne. Par contre question déontologie, les policiers américains n’ont pas hésité à s’attaquer à une activiste de 84 ans.
Pour une vue panoramique et interactive d’Occupy London http://www.guardian.co.uk/uk/interactive/2011/nov/04/occupy-london-panoramic?INTCMP=SRCH
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