Les paris de Trump au prochain stade

Alors que la crise iranienne se poursuit et que le régime des mollahs demeure insolent, on a récemment constaté quelques signes de la direction de l’administration du président américain Donald Trump dans la conjoncture actuelle.
Lors de sa participation au sommet du G20 qui s’est tenu récemment à Osaka, M. Trump a déclaré qu’il n’y avait « pas d’urgence » au sujet de résorber les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran. « Nous avons beaucoup de temps (...) Ils peuvent prendre leur temps là-bas. Il n’y a absolument aucune contrainte de temps. » Cette affirmation est en effet révélatrice de la stratégie du président Trump dans la gestion de la crise avec les mollahs iraniens.
Les propos exprimés peuvent être interprétés comme faisant partie de la stratégie de patience menée par l’administration américaine à l’heure actuelle. Le pari est fort et déterminant sur l’efficacité des sanctions économiques et leur capacité à « suffoquer » le régime iranien, comme la Maison Blanche l’a déjà dit. Selon une telle interprétation, les États-Unis ont limité leurs options stratégiques face à un Iran insouciant et intransigeant.
Une autre explication peut être tirée de cet important énoncé. Le président Trump a choisi de renoncer à lancer une frappe militaire contre l’Iran pour le moment et de continuer à miser sur les outils stratégiques qu’il juge efficaces. Les sanctions économiques et les cyberattaques figurent parmi des mesures visant à créer et mobiliser une coalition internationale limitée pour contrer la menace du régime iranien. Le président sait qu’après les élections présidentielles anticipées, dans lesquelles M. Trump a parié sur un second mandat, les choses vont devenir plus claires.
Il aura alors une marge de manœuvre et une plus grande capacité à prendre une décision de guerre. De surcroît il est convaincu qu’à ce moment-là, le simple fait de faire signe d’une guerre au régime iranien serait dissuasif, vu l’environnement différent du conflit ; la Maison Blanche ne se souciera pas de l’élection présidentielle.
En fait, les deux interprétations ne se contredisent pas, mais indiquent une même conclusion : le président américain parie sur le facteur temps. Ses consultations avec le cercle étroit du gouvernement ont abouti au renoncement temporaire au scénario de l’attaque militaire contre l’Iran.
Le Président Trump lui-même a un profond désir personnel de prouver sa propre vision des choses. Dans son optique, si on les applique avec efficacité et efficience au même niveau que la planification d’une action militaire active, les sanctions pourraient être une arme plus puissante que les guerres. Il rêve de dompter les mollahs sans tirer un seul coup de feu. Si il y parvient, il comptera parmi les présidents américains les plus rationnels de l’histoire. Il serait parvenu à ses fins stratégiques grâce à des outils diplomatiques loin des guerres qu’il a longtemps critiquées.
Les enjeux du président Trump sont en fonction, entre autres, des réactions et positions du régime des mollahs. Les sanctions économiques que la Maison-Blanche a infligé au régime des mollahs atteignent rapidement leurs objectifs. Selon le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif, la situation actuelle de son pays est plus difficile que les longues années de guerre avec l’Irak dans les années 1980. Les exports pétroliers iraniens sont une variable déterminante de la prise de décision du régime iranien. Dans les mois à venir, l’économie pourrait s’effondrer, ce qui ouvrirait la porte à la chute complète du régime.
Alors, on peut s’attendre à ce que les mollahs perdent leur calme bientôt. Les Gardiens de la révolution iraniens chercheront à provoquer les États-Unis, à harceler leurs alliés et leurs intérêts stratégiques et à les entraîner dans une guerre agressive. Du côté des mollahs, la guerre est l’option optimale. Un tel scénario poussera la communauté internationale à intervenir et à faire pression sur les États-Unis à la recherche d’un règlement politique que les mollahs espèrent aidera à lever les sanctions économiques avant même le début de toute négociation.
La guerre est la voie de sortie appropriée pour le régime des mollahs. Ce qui les aide à construire cette conviction, c’est que l’intérêt du régime a la priorité absolue, non pas celui du peuple iranien. En somme, le facteur temps demeure un paramètre important dans la crise actuelle entre l’Iran et les États-Unis.
Les mollahs ressentent la pression du temps car leur régime fait l’objet de sanctions américaines tandis que le président Trump veut gagner du temps et laisser les sanctions porter tous leurs fruits. Ainsi, le conflit n’est pas seulement un conflit stratégique, mais aussi une lutte pour le temps.
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