Les trois facteurs de succès du soulèvement tunisien
Le 17 décembre restera une journée historique pour le peuple tunisien. Une journée où personne n’aura rien vu venir, ni la communauté internationale, ni Ben Ali qui 70 morts plus tard et un mois après a disparu avec sa famille du pays qu’il gouvernait depuis 24 ans.

Trois facteurs ont été déterminants dans cette réussite. Le facteur économique. Internet et les réseaux sociaux et très certainement l’aide intérieure de l’armée.
La réussite économique de nature dictatoriale a fait long feu. La Tunisie prouve par l’exemple qu’une dictature ne peut survivre grâce au seul développement économique libéral.
Tous les nationalismes despotiques construits sur le seul taux de croissance sont voués à l’échec. Car sur le long terme, il n’y a pas en Chine comme en Tunisie de développement économique durable en dehors de la démocratie.
La Tunisie présentait pourtant toutes les caractéristiques apparentes d’un pays dont le pouvoir pouvait prétende à une certaine forme de légitimité auprès des gouvernants occidentaux. Un petit pays émergeant francophone et voisin qui avait su investir massivement dans l’éducation de sa jeunesse, affichant un taux de diplômés exceptionnel, tout ceci encadré par un régime autoritaire qui combattait sans merci l’islamisme.
C’est pourtant cette jeunesse diplômée qui a renversée ce régime après s’être soulevée contre lui entrainant avec elle, les classes moyennes tunisiennes et toute la population. Une jeunesse branchée sur les réseaux sociaux, utilisant Internet pour s’organiser. Une jeunesse dont le cœur aspirait à l’universel alors que ses dirigeants dépassés, ne comprenaient toujours pas les nouvelles formes d’expressions démocratiques qui se moquaient des frontières et de la répression intérieure. Un pouvoir dépassé par cette nouvelle forme démocratique de nature si polymorphe.
Le peuple tunisien s’est soulevé parce que le taux de croissance qui flirtait avec un nombre à deux chiffres a chuté en Tunisie avec la crise européenne de 2008 et n’atteignait plus en 2010 que 4 %.
Lorsque le taux de croissance s’effondre avec en face un niveau de corruption quasi général, c’est la certitude que des soulèvements populaires ne seront jamais loin.
En réprimant les classes moyennes qu’il était parvenu à développer, Ben Ali a scier la branche sur laquelle reposait en grande partie l’avenir du pays et sur laquelle le dictateur lui-même était assis.
Le même problème pourra se poser demain en Chine en cas de brusque retournement de tendance, des armées de diplômés entreront immédiatement en rébellion.
Que va-t-il se passer maintenant alors que Mohammed Ghannouchi exerce le pouvoir par intérim ?
Je ne crois pas pour ma part que seule la « rue » ait pu répudier si rapidement la dictature en place. L’armée a du jouer un rôle décisif dans la chute de Ben Ali. On sait qu’elle a refusé de tirer sur les manifestants, obligeant le corps de police à le faire à sa place.
C’est également l’armée ont les officiers ont été formé à Saint Cyr qui auraient poussé Ben Ali au départ.
La réaction rapide de Barack Obama ne trompe pas et les Etats-Unis et la France souhaiteront jouer un rôle déterminant pour la suite.
Pour l'heure, il faut rapidement qu’une nouvelle constitution soit rédigée et appliquée, instaurant des élections libres et laissant au seul peuple tunisien l’exclusivité de prendre son avenir en main.
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