Lettre d’un prisonnier politique au sein de l’Union Européenne
Un prisonnier politique au sein de l’Europe, le « Mandela » de son pays, dans une Slovénie de nouveau sous la coupe des anciens cadres du Parti yougoslave, qui ont su profiter de la crise économique pour mettre en œuvre leur expérience séculaire en matière de manipulation de l’opinion publique . Condamné pour avoir reçu une « promesse de cadeau » et non pas pour corruption, comme la plupart des journaux français écrivent, Janez Jansa (prononcer Yannsha), l’artisan de l’indépendance et deux fois premier ministre de son pays mène sa campagne électorale de sa cellule de prison.
Janez Jansa, c’est celui qui a arraché son pays des griffes de la guerre, il y a un quart de siècle. Communiste déclaré , il fallait l’être à l’époque, pour peu que l’on aspirait à des fonctions publiques, il a rompu avec la langue de bois, ce qui lui a valu une véritable fatwa pour apostasie de la part des apparatchiks du Parti, qui s’opposaient à l’indépendance de la Slovénie par tout les moyens.
Ils l’ont jeté en prison, déjà à l’époque, il y a un quart de siècle, dans cette vallée où les seuls oiseaux que l’on entend chanter, sont des corbeaux, comme il l’écrit dans un récent récit. Pour avoir divulgué les plans secrets de la clique de Milosevic qui comptait bien « refidéliser » une Slovénie de plus en plus récalcitrante à l’idéologie du Parti. Au début de la guerre yougoslave, il était ministre de défense du pays qui venait de valider son indépendance par un référendum, plébiscité à la quasi-unanimité. Il le fallait bien, tout le monde savait que cette histoire allait mal finir et qu’il fallait s’extirper du bourbier balcanique. Mais les apparatchiks yougoslaves, jurant d’avoir sa peau coûte que coûte, ont réussi, au nom de la transition pacifique, à éviter la lustration et ainsi conserver les ficelles du pouvoir. Jansa a malgré eux composé avec obstination et patience pour faire de son pays le premier succes-story parmi les nouveaux venus des anciens pays communistes dans l’Europe.
Mais en 2008, lors du début de la dernière crise économique , les communistes ont actionné les leviers de la démagogie dont ils possèdent l’alchimie, rassemblant les mécontents dans les rues en martelant leur yougonostalgie avec l’obligatoire « c’était mieux avant ! ». Leur « tout sauf Jansa ! » est répété comme une mantra par les médias qu’ils ont réussi à garder sous contrôle, notamment l’ex bulletin du Parti « DELO » (Travail), ayant curieusement réussi à se maintenir comme journal de référence, qui œuvrait laborieusement à ternir l’image de l’apostat en publiant des rumeurs totalement infondées sur sa famille et en le diffamant. Un contrat de modernisation des forces armées slovènes avec l’entreprise finlandaise « Patria » est passé au peigne fin par ces fins limiers yougonostalgiques. Jansa, premier ministre lors de la signature de ce contrat est évidemment automatiquement soupçonné de commissions occultes par les anciens cadres du Parti et leurs héritiers, profitant de la vengeance de certains cadres d’une entreprise autrichienne concurrente dans l’appel d’offres. Le procès initié par les yougonostalgiques se déroule aussi en Finlande, où cependant tous les accusés sont acquittés. Le tribunal slovène condamne finalement Jansa pour avoir reçu une « promesse de cadeau », sans que l’enquête puisse établir où, quand, par qui, rien non plus sur la nature du « cadeau ». Les juges mis en place par « les tontons des arrières », anciens cadres du système yougoslave, l’ont condamné au cours d’un procès politique et emprisonné à 3 semaines des élections, comme par hasard.
Cet abus caractérisé du système judiciaire slovène par les anciens apparatchiks yougonostalgiques a peu touché l’opinion publique à l’étranger. La presse française a faussement clamé qu’il était en prison pour corruption et non pas pour avoir reçu , d’ailleurs sans qu’une preuve ait pu être fournie, une promesse de cadeau. Lasse des histoires des politiciens corrompus, l’opinion publique occidentale s’est complétement désintéresse. Il s’agit pourtant d’un prisonnier politique au sein de l’Union Européenne, un opposant otage des vieux démons totalitaristes
En Slovénie, en revanche, des milliers de manifestants défilent tous les jours devant le tribunal, allumant les cierges pour la mort de l’Etat de droit. De nombreux juristes et experts en droit mettent en évidence la non-validité de ce jugement.
Le texte suivant, il l’a écrit le 29 juin das sa cellule de maison d’arrêt. Il y livre sa vision d’un monde nouveau, où l’égalité des chances sera le fruit de la connaissance véhiculé par le réseau mondial. Une vision de geek qu’il a toujours été et un plaidoyer pour une société nouvelle, connectée et composée d’individus libres et souverains. Il me va droit au coeur – j’y adhère presque complétement.
Presque, parce que je ne suis ni partisan de Jansa, ni membre de son Parti Démocrate Slovène. Juste un observateur de la politique de mon pays natal. Il y a des choses qui me gênent dans sa ligne politique, notamment l’attachement à la religion de ses nombreux soutiens ; personnellement, je ne vois pas d’avenir dans les religions, mais plutôt dans l’humanisme et la science. Également, sa sémantique libérale american style me semble peut-être un peu déplacée dans cette Europe en crise, les trolls populistes et démagogues s’engouffreront dans cette brèche. Mais je lui dois bien ça, à Janez Jansa, il a en effet libéré mon pays natal de la dictature et du totalitarisme. Certains le comparent à Vaclav Havel, d’autres à Nelson Mandela, moi je vois surtout un homme clairvoyant en prison à cause de sa clairvoyance.
Janez Jansa : Deux niveleurs fondamentaux : l’éducation et l’Internet
De nouvelles opportunités pour une plus grande prospérité, nouvelles dimensions de la démocratie. «
« La souveraineté de l’humain est cachée dans la dimension de la connaissance » dit la phrase la plus célèbre de Francis Bacon. « Deux égaliseurs de base dans le monde d’aujourd’hui sont l’éducation et l’internet », était cette année le message de l’une des tables rondes du Forum économique mondial à Davos, en Suisse. Cette estimation est valable non seulement pour les pays développés, mais pour n’importe quel environnement de la planète. Si l’éducation a toujours été le plus grand facteur de l’égalité des chances, internet est disponible seulement depuis peu. Mais dans cette courte période les possibilités d’accès à la connaissance ont été multipliés par mille. L‘Histoire perçue, cette ressource inestimable, recueillie et conservée dans les archives, est aujourd’hui largement disponible, par des moyens techniques simples et rapides, de plus en plus à la portée de tout le monde. Les pays gérés démocratiquement en faveur de la prospérité partagée disposent par ce biais d’un guide très simple pour déployer les investissements. Comme d’ailleurs le secteur privé, cherchant la valeur ajoutée et le bénéfice, qui a lui aussi un intérêt direct dans ces investissements et dans leur soutien : il bénéficie d’une main-d’œuvre plus instruite, mais y trouve également un moyen d’améliorer ses infrastructures. Théoriquement, le développement a atteint le point le plus optimiste de l’Histoire où il est possible en termes de capitalisme libéral et de la globalisation, de trouver une jonction réelle, tangible, fonctionnant dans la pratique, entre la tendance sociale à l’égalité et la création des richesses, une connexion qui n’est pas basée sur la redistribution coercitive entre les plus et moins prospères et travailleurs, mais qui augmente les chances de succès et de bonheur de chacun, où qu’il soit né. Lorsqu’un individu d’un niveau d’éducation moyen mais solidement acquis a accès à Internet, il dispose d’une accumulation de connaissances qu’uniquement les plus grandes universités et institutions possédaient il y a à peine un quart de siècle. Les notions de concurrence et le concept de l’humain en tant qu’élément du marché se sont métamorphosées jusqu’à la méconnaissance. Si les chances de succès dans la vie d’une personne dans un environnement moyennement développé ont été décuplées, elles demeurent cependant limitées, en grande partie par la capacité individuelle dans l’accès à cette connaissance et par le savoir-faire dans son exploration. Ce dernier est aujourd’hui un défi-clé pour tout système éducatif. Il est en effet impératif d’enseigner, d’éduquer, de former l’élève à l’utilisation de cette énorme quantité d’informations et de connaissances disponibles afin qu’il puisse trouver son chemin dans cet internet où tout existe, pour rester concentré sur la recherche désirée et ne pas dévier vers les labyrinthes du contenu léger. Tout individu qui termine l’école avec les connaissances nécessaires pour la bonne navigation dans cet univers, sera couronnée de succès dans la vie.
De nouveaux modèles de démocratie
L’essor de l’internet a rendu techniquement possible non seulement le progrès matériel et l’égalité des chances au départ, mais aussi le vote électronique. Et , ce qui est bien plus important, l’aptitude à exercer la prise de décision directe. Quand la démocratie directe est techniquement possible, elle devrait en principe se mettre en œuvre immédiatement. Même plus. Chaque électeur moyen devrait pouvoir se familiariser à sa guise avec tous les aspects de l’affaire sur laquelle il doit trancher. Jamais auparavant il ne disposait de cette possibilité. D’un autre côté il serait bon de savoir si nous avons suffisamment de maturité pour ne pas permettre aux développements technologiques à devancer le progrès humaniste. En outre, la mondialisation et l’Internet nous apportent tous les jours de nouvelles découvertes et les structures sclérosés des pays et des organisations internationales ont du mal à suivre. Le secteur privé, par sa souplesse, possède mieux la dynamique de l’amélioration et de l’innovation dans la production marchande, Cependant, il existe aujourd’hui une panoplie de nouveaux modèles de prise de décision démocratique qui ne sont plus une utopie et pourraient très bien fonctionner dans la pratique. Modèle suisse élargi, en combinant la démocratie parlementaire et directe, devrait être déjà en mesure de se mettre en place de partout. Les électeurs pourraient confirmer ou rejeter soit tout soit seulement les lois et les décisions les plus importantes. On pourrait par exemple soumettre à la décision populaire les lois dont le soutien des parlementaires n’atteint pas la majorité des deux tiers. Ou alors des lois rejetées par le sénat ou le président, etc. Bien sûr, bien de dangers guettent ces nouveau modèles de démocratie. Le premier est aussi vieux que la démocratie elle-même. Bien illustrée par un proverbe persan qui dit que la démocratie athénienne avait les caisses toujours vides et qu’elle était militairement une proie facile. Cette phrase nous enseigne que la majorité sait prendre des décisions quand il s’agit de la consommation, mais bien moins quant à l’innovation et à la sécurité. L’accès direct à l’information, qui était autre fois privilège des riches et/ou du Pouvoir, relativise fortement ce danger, mais pas complètement. Un autre risque est l’hyper-surveillance. Les récents scandales de divulgation des contrôles des organismes américains sur l’ensemble de la communication électronique mondiale ont révélé la vulnérabilité des données sur le réseau. Ce risque est actuellement gérable par la protection, mais peut très vite devenir insuffisante, si les agences s’équipent des ordinateurs quantiques qui leur donneraient une capacité quasi illimitée. Dans ce cas, l’exposition serait telle que l’électeur moyen ne ferait jamais confiance ni au secret électoral, ni à la certitude que sa voix soit prise en compte, ce qui détruirait le système électronique de prise de décision comme un moyen d’élections justes et simples. La confiance est une condition préalable pour qu’un modèle de prise de décision démocratique fonctionne bien dans la pratique.
L’éducation et l’Internet en termes de globalisation
Au printemps de 2011, j’ai dirigé une délégation d’observateurs américains aux élections présidentielles de Nigeria avec ses 150 millions d’habitants. Nous avons entre autres visité les bureaux de vote dans les banlieues les plus pauvres de Abuja, où les gens vivent dans et autour des abris de fortune, sans eau courante ni électricité. Cependant, le dernier des adolescents avait dans les mains ou dans une poche un téléphone portable. J’ai parlé à un jeune homme de dix-huit ans, debout dans une longue file en attendant de voter pour la première fois de sa vie. Au cours de la conversation, quand il a appris que j’étais de Slovénie, il m’a déclamé tout ce qu’il savait au sujet de mon pays et ce n’était pas peu. En lisant sur son téléphone ce qui l’intéressait sur nous, il nous disait à quel moment la Slovénie est devenue indépendante et combien de buts a Zahovič et Pavlin ont marqués pour l’équipe nationale. Il n’a même pas mis 20 secondes pour accéder aux données et il savait en faire bon usage dans sa communication. Nigeria, où la grande majorité de la population n’a jamais utilisé un téléphone fixe ou regardé la télévision en noir et blanc, est connue pour ses riches réserves de pétrole et de minerais , mais aussi pour des émeutes , attentats et enlèvements. Mais il est moins connu que l’ancienne puissance coloniale britannique, leur a laissé, certes en dehors de nombreuses tares, deux héritages : en premier un système scolaire qui encourage les enfants à trouver des solutions, à la débrouille, à la créativité et en deux, les médias libres, pluralistes. Un adolescent nigérien moyen en sait bien plus sur la Slovénie qu’un lycéen moyen slovène sur le plus grand pays d’Afrique. Et la campagne électorale, malgré des incidents occasionnels dont les médias du monde entier font un large écho, semble correcte, l’égalité des chances des candidats et des partis pour l’accès aux médias et aux ressources financières semble assurée. Presque tous ceux à qui j’ai parlé, m’ont surpris par leur vision d’avenir. Lors des premiers contacts avec les Nigérians , les étrangers leur sortent généralement l’obligatoire : « Oui, vous les Nigérians , vous avez beaucoup de chance, vous avez du pétrole, du minerai, de l’or,des diamants, vous n’allez pas tarder à être aussi riche que les Émirats ou la Norvège. » Les réponses sont surprenantes. Les stocks de pétrole ne sont pas perçus comme une grande opportunité, mais plutôt comme une raison de crainte d’attaques terroristes et de corruption. Ils voient, en revanche, une grande opportunité pour des dizaines de millions de jeunes gens instruits et talentueux, pleins d’initiatives, qui, après une expérience acquise souvent à l’étranger, retournent chez eux et démarrent une variété d’entreprises. Au début de l’année 2014 le Nigeria, après avoir été il n’y a pas si longtemps l’un des pays les plus pauvres du continent noir est devenu la plus grande économie de l’Afrique, a dépassant l’Afrique du Sud, en tête depuis des décennies. Et pas à cause du pétrole.
Ordinateurs et Milka Planinc (ancienne dirigeante yougoslave d’origine slovène)
Au printemps 1984, j’ai pris la parole. Andrej Brvar, alors président l’Union de Jeunesse Socialiste Slovène, a écrit une lettre officielle au nom de son organisation à la présidente du Conseil Exécutif (gouvernement) de Yougoslavie Milka Planinc , l’appelant à l’assouplissement des conditions de l’importation des ordinateurs personnels en Yougoslavie. C’est moi qui ai écrit le texte de la proposition sur un MAC128 encore sans jeu de caractères étendus, mais qui avait l’avantage que les agents des douanes le prenaient pour un poste de télévision en noir et blanc. Les importations étaient très limités à l’époque, les concessionnaires privilégiés aux certificats d’importation de Belgrade pratiquaient des marges colossales et le nombre d’ordinateurs qui pouvaient être importés était très limité. Nous avons bien reçu la réponse à notre requête, mais avec les termes de la langue de bois bureaucratique et bien sûr, négative. Nous avons essayé de continuer par d’autres voies officielles mais le résultat était similaire.
Les ordinateurs ont donc ont été importés par toutes sortes de subterfuges illégaux et mi-légaux, déclarées en tant qu’écrans de télévision, destinés à l’importation temporaire, etc. Quelques années plus tard le Pouvoir a permis l’importation des PC de bas de gamme dans les mêmes conditions que les importations de l’électronique grand public, un par personne et avec les droits de douane élevés. Néanmoins, des dizaines de milliers de familles slovènes et de particuliers se sont équipés de PC à la fin des années 80, ce qui a fait fleurir des centaines de startups et d’artisans, même les grandes entreprises improvisaient avec l’introduction de la micro-informatique dans les processus de production et du SAV.
Depuis dix longues années déjà, nos pairs ou partenaires d’affaires dans l’Ouest achetaient librement la technologie informatique à des prix toujours plus bas en améliorant considérablement leur productivité et la qualité de leurs connaissances et compétences, alors que chez nous on avait des salaires moins élevés et cette technologie était deux fois plus chère et difficile d’accès .
Lorsque vous devez expliquer à un agent des douanes yougoslaves formé au Kosovo que vous voulez déclarer un ordinateur PC, il faisait en général preuve d’une grande adversité bureaucratique, il va aussi sans dire que le demandeur était considéré comme potentiellement suspect. Une telle attitude incompréhensible ,rigide, et bureaucratique envers la percée technologique, envers le big-bang de l’ordinateur, a fait que le pouvoir d’achat en Slovénie était, dans la décennie avant l’indépendance, à la traîne d’environ 7 ou 8 points par rapport à l’Ouest. En 1938, le salaire moyen dans la partie de la Slovénie dans le Royaume de Yougoslavie, était près de 80% du salaire moyen en Autriche. En 1990, juste avant l’indépendance, le salaire moyen en Slovénie n’atteignait même pas 30% de l’autrichien. Pourtant, nous vivions dans le socialisme triomphant et les Autrichiens dans le capitalisme pourri. Ils étaient aussi les perdants, en tant qu’annexés au Troisième Reich, et nous les gagnants de la Seconde Guerre mondiale.
L’opportunité que nous ne voyons pas, ou que tous ne veulent pas voir
En 2005, nous avions parmi les principaux projets du gouvernement le développement des autoroutes de l’information. L’objectif était de connecter en haut-débit en premier toutes les institutions publiques d’enseignement et autres, puis tous les villages et tous les ménages. En quatre ans, l’objectif a été largement atteint, mais ce développement nécessite une connexion haut débit à large bande sans fil. Certaines petites municipalités, même urbaines, se sont particulièrement distingués en organisant un accès gratuit pour leurs résidents. Il n’est sans doute pas un hasard si Maribor l’a eu plus vite que Ljubljana la capitale, même si à l’époque le maire de Maribor apparaissait comme un nouveau venu du dernier patelin, et celui de Ljubljana comme un gestionnaire des plus compétents et cosmopolites.
Les infrastructures de base en Slovénie aujourd’hui existent , pas une école n’en est privée. Il est temps pour la prochaine étape. Le système scolaire doit faire une transition rapide du papier à des manuels électroniques et à achever la métamorphose de l’école qui exige trop d’apprentissage par coeur d’innombrables faits, vers l’école qui fournit à l’élève et à l’étudiant la connaissances de base, en particulier le savoir-faire dans la gestion et l’utilisation de grandes quantités de connaissances et d’informations accessibles. Trouver son chemin dans cet univers informationnel pour réussir dans la vie, qui est de toutes façons toujours imprévisible.
Donc, pour l’école : tablettes et connexion haut débit sans fil, voilà les moyens techniques nécessaires et très importantes conditions préalables à un avenir acceptable. Fournir des informations en grand nombre, sous différentes formes et promptement. Les informations sur papier sont comme des charrettes comparés aux avions.
Voici donc les priorités du programme du Parti Démocrate Slovène pour le prochain mandat. Tablettes pour tous les lycéens et les collégiens. Le coût, qui sera de 48 millions d’euros dans la première année pour 234 500 élèves, sera considérablement réduit dans les années à venir. Effet : inestimable. Une famille avec un enfant en âge scolaire économise par ce biais 200 € de fournitures scolaires par an. Vous souvenez-vous quand nous avons consacré 50 millions d’euros pour sauver une seule entreprise ? Effet : discutable.
Mais ce passage du système scolaire slovène à l’ère numérique doit également inclure un volet éducatif. C’est une chose très simple, mais fondamentale. L’école, son mode de fonctionnement et ses programmes d’études doivent être imprégnés des approches à partir desquelles les élèves acquièrent ou améliorent la capacité de distinguer entre le bien et le mal. C’est l’essence même de toute éducation positive. Si la capacité de cette distinction dans l’humain en développement manque, l’individu adulte qu'il devient a beau être très efficace dans la vie, les résultats de cette efficacité serons toujours discutables.
Joindre la qualité et la responsabilité dans l’éducation grâce à l’utilisation d’outils modernes pour un accès rapide à la connaissance est le moyen le plus rapide pour éduquer des individus souverains et responsables, qui sont la plus grande richesse d’une nation et une condition préalable à la prospérité et la confiance globale dans le monde. C’est aussi un départ pour rechercher de nouvelles formes de démocratie, ce qui peut éliminer de façon permanente une série de lacunes systémiques qui ont conduit l’actuel système de démocratie parlementaire, le meilleur système parmi les pauvres, vers une perte de confiance. Aucun autre sujet dans la période pré-électorale normale, où il y a collision entre l’opinion sur notre vie et le développement dans les années à venir, ne devrait pas être plus important que le débat sur la façon dont les deux niveleurs-clés de l’égalité des chances doivent, autant que possible, se renforcer. À condition, toutefois, que nous aspirons vers la paix et la prospérité futures. Et l’on ne veut certainement pas se trouver avec des personnes non souveraines, manipulables par la machinerie propagandiste. Aucune entreprise, aucune chaîne de supermarchés, aucune statistique ne sont plus importantes que ce débat et les décisions qu’il peut apporter. Il est certainement plus urgent qu’une confrontation pré-électorale stérile sous la forme d’un questionnaire pour les enfants sur la première chaîne et une dispute sur l’autre. Malheureusement, aujourd’hui la Slovénie ne bénéficie pas d’une campagne électorale normale. Les gens à cause de qui nous avons eu autant de mal à importer un ordinateur en Slovénie sont de nouveau au pouvoir. Les mêmes à cause desquels nous nous sentions jadis mal à l’aise devant un douanier kosovar à la frontière autrichienne. Il est toutefois nécessaire de clamer l’importance de cette opportunité à qui veut l’entendre, pour ne pas encore la laisser passer.
Janez Janša, Maison d’arrêt de Puščava, Slovénie, 29/06/2014
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