Liban : Aoun et Nasrallah commémorent le 2e anniversaire du document d’entente
Dans une émission télévisée diffusée
conjointement sur la chaîne du CPL OTV et la chaîne du Hezbollah Al-Manar, le
journaliste Jean Aziz a reçu le chef du CPL général Michel Aoun et le
secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah, à l’occasion du
deuxième anniversaire de la signature du document d’entente entre les deux
partis précités.
Dans une première partie, le chef du bloc de la Réforme et
du Changement a loué les qualités dont jouit Nasrallah, à savoir son amour envers
ses combattants et sa capacité à commander, ce qui fait de lui un vrai
résistant, faisant également part de son respect à sa personne ainsi qu’à tous
les membres du Hezbollah. Le général Aoun a également indiqué qu’il s’est fait
du souci durant la guerre de 2006 pour
le chef du Hezbollah, et qu’il arrivait à le contacter surtout après les
bombardements intenses sur la banlieue sud de Beyrouth.
Le général Aoun a expliqué que le Hezbollah a soutenu sa
candidature à la présidence depuis le début, mais ce soutien n’a pas été rendu
public pour permettre que les intentions du camp adverses soient dévoilées.
Soulignant que la majorité faisait des promesses aux diplomates étrangers qui
contredisaient leurs promesses faites au Hezbollah, le général Aoun a affirmé
que la majorité faisait tout son possible pour l’éloigner de la scène politique
et de ne permettre que l’élection d’un nombre très limité de députés du CPL.
S’articulant sur ces rencontres avec les hauts responsables
américains, le chef du CPL a indiqué avoir expliqué à ces derniers que la
question de l’armement du Hezbollah ne se résout pas par la force, et que le
résultat de ces concertations est résumé dans l’article 10 du document
d’entente. Aoun a cependant affirmé que les Américains n’ont pas voulu croire à
une solution pacifique aux armes du Hezb, et se sont basés sur des promesses
faites par le camp de la majorité.
Le secrétaire général du Hezbollah a commencé l’entretien en
indiquant que son premier contact avec le général Aoun était en 1997, lorsque
ce dernier l’a contacté via téléphone pour lui présenter ses condoléances à
l’issue de la mort de son fils Hadi Nasrallah. Il a assuré qu’au fil du temps,
le respect qu’il a envers la personne du général Aoun ne fait que croître, et
ce respect envers le général est le même de la part de tous les membres du
Hezbollah. Estimant que le courant est passé entre lui et Aoun depuis la
première rencontre qui a eu lieu dans le salon de l’église de Mar Mikhaël le 6
février 2006, Nasrallah a certifié que le général Aoun est un homme
patriotique, et ce patriotisme dont il jouit constitue un problème pour la
majorité au pouvoir.
Indiquant que le Hezbollah supporte pleinement la
candidature du général Aoun à la présidence parce que ce dernier ne dépend
d’aucune ambassade étrangère, Nasrallah a dit avoir préféré ne pas révéler au
public cet appui à cause des mauvaises intentions du camp adverse. S’exprimant
sur les sessions de dialogue national, Sayyed Nasrallah a évoqué avoir aidé à
organiser une rencontre entre Fouad Siniora, Saad Hariri et
En ce qui concerne les Libanais portés disparus dans les
geôles syriennes, le secrétaire général du Hezbollah a indiqué avoir discuté
avec tous les responsables en question afin de connaître le sort de ces
détenus, et a affirmé que le rôle du Hezbollah s’est arrêté à un certain point
où le gouvernement libanais devait s’occuper de ce sujet. Le chef du CPL, quant
à lui, a rendu les gouvernements libanais au cours des années responsables de
cette question qui n’ont pas donné à cette affaire humanitaire l’importance qui
lui est due, déplorant la triste réalité qu’endurent les familles de ces
personnes qui ne savent pas si leurs fils sont toujours en vie ou s’ils ont été
tués.
Abordant la question des détenus en Israël, le chef du
Hezbollah a signalé qu’il y a deux catégories de gens en Israël, ceux qui y
sont partis pour avoir collaboré avec Israël, et d’autres qui ont commis des
crimes et qui se trouvent toujours sur les terres israéliennes. Soulignant le
fait que le Hezbollah n’a porté atteinte à aucune personne qui est retournée
sur les terres libanaises, le chef du Hezbollah a déclaré que la Résistance
libanaise a été plus civilisée que la Résistance française qui avait tué tous
ceux qui avaient collaboré avec l’ennemi, alors que le Hezbollah n’a porté
atteinte à aucun de ces collaborateurs libanais.
Interrogé sur la volonté de la création d’une nation
islamique attribuée au Hezbollah, le secrétaire général du Hezbollah a indiqué
que le Liban est un pays dont le peuple est diversifié et uni, et ayant une
constitution particulière. Estimant qu’une nation et un gouvernement islamique
à la lumière de la nation iranienne est une chose impossible et illogique au
Liban, le chef du Hezbollah a expliqué que l’instauration d’une nation
islamique est la volonté de tout un peuple, et que la diversité au Liban est un
facteur que personne ne peut changer, ce qui fait qu’une telle hypothèse ne
peut être mise en place. Insistant sur le fait que le pays des cèdres est le
pays des libertés, il a indiqué que la diversité au Liban est la qualité qui
caractérise ce pays, et que le Hezbollah bénéficie de ces libertés, et qu’une
fois la liberté anéantie, le Liban n’existerait plus.
Prenant pour exemple la création de l’Union européenne, le
général Aoun a indiqué que l’UE n’a pu se former que lorsque la confiance entre
les pays a été établie au cours des siècles et, au Liban, le MOU a été là pour
commencer à créer cette confiance entre deux partis importants au Liban pour
aboutir à un pays uni. Rappelant que la laïcité prônée par le CPL est une
laïcité séparant la vie religieuse de la vie politique et qui ne nie pas les
pratiques religieuses, le général Aoun a déclaré que cette laïcité caractérisant
son parti ne va pas du tout à l’encontre des principes du parti du Hezbollah,
parce que, dans les deux cas, c’est le Liban qui vient en premier lieu.
Quant à la question des armes du Hezbollah, le général Aoun
a expliqué que la Résistance et les armes sont sacrées non dans un sens
religieux, mais dans un sens national, où tout mouvement pour la défense du pays
et de sa souveraineté est sacré. Le chef du CPL a estimé qu’il ne faut pas
laisser tomber la solidarité avec des citoyens qui résistent contre Israël,
surtout à la vue des incidents qui se perpétuent à la frontière
israélo-libanaise et qui peuvent, comme il a été le cas en juillet 2006, se
dégénérer en guerre dévastatrice, prenant en compte que les responsables
israéliens ont eux-mêmes avoué avoir préparé cette guerre depuis mars 2006.
En ce qui concerne la victoire de 2006, le chef du Hezbollah
a rappelé qu’il avait dédié cette victoire à tous les Libanais, même ceux qui
ne sont pas ou qui ne se sentent pas concernés par le Sud, insistant sur le fait
que la politique du Hezbollah a toujours été une politique défensive Il a expliqué que le MOU a permis des
discussions sérieuses et profondes sur la question des armes, ajoutant que les
promesses données dans le temps par Hariri et Joumblatt sur cette question sont
beaucoup plus importantes que ce qui a été discuté avec le CPL.
Evoquant ses derniers pourparlers avec l’ex-Premier ministre,
feu Rafic Hariri, Nasrallah a indiqué que ce dernier lui avait dit qu’il est
avec l’armement de la Résistance non seulement jusqu’à la libération de toutes
les terres libanaises, mais jusqu’au jour où il y aurait une paix globale au
Moyen-Orient, et que le jour où cette paix sera atteinte, il viendra lui
demander ce qu’il voudrait faire de ces armes, indiquant que si un
accord à ce moment-là ne serait pas atteint, M. Hariri quitterait le Liban
parce qu’il ne désire pas un Liban déchiré. Le chef de la Résistance a affirmé
que Rafic Hariri avait donné sa parole d’être toujours avec la Résistance et
avait même indiqué vouloir mettre noir sur blanc cet engagement auprès du
Hezbollah, chose qu’il (Nasrallah) avait refusé par respect, et a rappelé que
Saad Hariri après la mort de son père, lui a certifié respecter la position de
son père vis-à-vis de la Résistance.
Sayyed Nasrallah a indiqué que son parti ne possède pas de
réseau sécuritaire dans tout le Liban, et qu’il n’arrive qu’à cerner les
secteurs dans lequel il est majoritaire, comme certaines régions du Sud ainsi
que la banlieue sud de Beyrouth parce que les gens qui y vivent se connaissent
entre eux, ajoutant qu’en dépit de cela, des membres du Hezbollah ont pu être
tués.
En ce qui concerne le dossier de l’assassinat de l’ancien
Premier ministre Rafic Hariri, le chef
du Hezbollah a fait part du désir de
Sur la question du Tribunal international, le général Aoun a
déclaré qu’il fut un des premiers à réclamer l’instauration d’un tribunal
international pour savoir la vérité derrière l’assassinat de Rafic Hariri, se
demandant pourquoi, après trois ans, il n’y a toujours pas de coupables,
déplorant la détention des quatre généraux pour des raisons politiques, et qui
auraient pu, selon lui, être sanctionnés de plusieurs façons plutôt que de les
empêcher de vivre au sein de leurs familles, surtout qu’il n’y a toujours pas
de preuve contre eux.
En ce qui concerne le document d’entente, le chef du CPL a
estimé que ce document a permis aux communautés chiites et chrétiennes à
reprendre des relations normales de concitoyens, ayant des échanges sociaux et
économiques entre eux, alors qu’au sortir de la guerre, personne n’avait le
droit de mettre les pieds dans le territoire de l’autre. Le général Aoun s’est
demandé pourquoi les autres partis critiquent ce document d’entente alors
qu’ils auraient pu en faire partie. Aoun a cependant critiqué les accusations
lancées contre le CPL pour avoir effectué ce document d’entente avec le
Hezbollah, venant de la part de la majorité, alors qu’elle avait inclus dans le
gouvernement des ministres du Hezbollah. Enfin, évoquant les événements du
dimanche noir, le général Aoun les a qualifiés de baptêmes de sang pour le
document d’entente, insistant sur l’ambiance fraternelle et pacifique au
lendemain de ces événements violents qui auraient pu facilement dégénérer en
conflits armés.
Le secrétaire général du Hezbollah a de son côté estimé que
ce document d’entente a été un prélude aux sessions de dialogue national, vu
que tous les dossiers chauds au Liban y ont été traités.
Selon lui, l’exploit réalisé par ce document d’entente n’est
pas seulement au niveau sécuritaire qui permet les échanges entre les deux
communautés, mais il est surtout au niveau de la paix qui permet aux Libanais de
vivre dans un climat de paix ne pas s’en faire du lendemain qui pourrait être
secoué par une guerre quelconque.
Sayyed Nasrallah a mis l’accent également sur la guerre
israélo-libanaise, indiquant que si les familles des combattants qui
bataillaient contre Tsahal ont été accueillies dans des régions chrétiennes par
le CPL et par les églises et les associations chrétiennes, c’est grâce à ce document
d’entente entre le Hezbollah et le CPL, qui sans lui, la guerre contre Israël
aurait pu être une défaite et se transformer en une guerre civile libanaise.
Mettant l’accent sur le conflit israélo-libanais, le chef du Hezbollah a souligné que le timing de cette guerre était prévu pour octobre, et les Israéliens comptaient tuer les membres du Hezbollah dans leurs maisons, estimant que le 12 juillet était une date providentielle qui a permis la défaite d’Israël. Sur le rapport de Winograd, Nasrallah a estimé qu’il reste beaucoup de vérités que ce rapport a pris le soin de cacher, et certains Libanais ont été soulagés parce que ces vérités n’ont pas été révélées.
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