Libération de Gilad Shalit : une nouvelle victoire morale d’Israël
Tel un boxeur victorieux, le Hamas lève les bras en signe de victoire. Apres cinq longues années de jusqueboutisme acharné, l’organisation terroriste vient de gagner au poing : il a obtenu la libération de plus de 1,000 « résistants des mains cruels de l’occupant sioniste ». Une victoire sur Israël, celui-ci n’ayant même pas pu localiser son soldat dans la bande de Gaza ; l’obligeant ainsi à négocier avec (et finalement à céder sur la plupart des exigences de) son ennemi mortel.
Le Hamas a aussi marqué d’importants points face a Mahmoud Abbas car, en obtenant la libération de plus de 1,000 « résistants », l’organisation terroriste prouve une fois de plus qu’elle est la seule alternative crédible face à « l’occupation Israélienne ». Pas étonnant que la popularité du Hamas au sein de la population arabe de Palestine soit à son zénith. La victoire du Hamas a éclipsé les velléités onusiennes de Mahmoud Abbas, si bien qu’en cas d’élection, une victoire des islamistes est désormais probable. Mahmoud Abbas le sais et tente désespérément de rétablir l’équilibre en offrant l’argent qu’il n’a pas (c'est-à-dire l’argent des donateurs, tels les USA et l’Europe) aux terroristes nouvellement libérés. Un geste désespéré qui ne changera pas le rapport de force actuel. D’ailleurs, certains prédisent déjà la fin de l’autorité palestinienne. A tel point que des voix s'élevent en Israël proposant de libérer des terroristes du Fatah pour sauver la face de Mahmoud Abbas. Un comble !
Mais revenons un instant sur la victoire du Hamas sur Israël. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, cette victoire, bien que réelle, ne signifie pas la défaite d’Israël. Du coté de la société israélienne, ce « deal » est perçu comme une grande victoire morale de l’Etat Juif. Il est écrit dans le Talmud que celui qui sauve une vie sauve l’Humanité toute entière. A l’inverse de ceux qui prônent le martyr et endoctrinent les leurs (petits et grands) dans la haine du Juif, le Peuple juif montre à quel point il est attaché a la vie d’un des siens.
Ainsi, cet épisode montre qu’un gouvernement Israélien n’abandonne pas ceux et celles qui mettent leur vie en danger pour défendre le Pays. Comme l’a rappelé Michael Oren, ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, il existe un contrat moral entre les dirigeants Israéliens et sa population selon lequel la population, hommes et femmes confondus, s’engagent à servir sous le drapeau et à défendre le pays ; en contrepartie de quoi, le gouvernement s’engage à ne jamais abandonner (et même à soutenir) ceux et celles qui se trouveraient en difficultés.
Il est intéressant de noter que la décision du Gouvernement Israélien intervient alors même que la population civile Syrienne continue de se faire massacrer (sous le silence complaisant de la Chine et la Russie qui s’opposent à toutes sanctions contre le leardership Syrien). Il semblerait donc que le prix d’une vie humaine en Syrie vaut moins qu’une vie Israelienne. La Syrie n’est malheureusement pas un cas isolé. On pourrait citer le cas des coptes d’Egypte ou encore de la population noire en Libye (qui fait l’objet d’une véritable chasse aux sorcières). On pourrait également rajouter le cas de l’Iran dont les autorités ont étouffé dans le sang les aspirations démocratiques de sa population. Plus que jamais il existe un abysse moral entre le gouvernement d’Israël et les dirigeants des pays avoisinants.
Cet épisode montre qu’Israël est prêt à payer un prix élevé (plus de 1,000 terroristes !) pour faire libérer l’un des siens. Oh bien sur, comme dans toute démocratie, il y a eu en Israël de nombreux débats (certains houleux) pour savoir si le prix à payer n’était pas trop lourd. Mais, in fine, un consensus favorable a un tel échange s’était dégagé en Israël. Et c’est sur ce consensus que Binyamin Netanyahu s’est appuyé pour sceller l’accord. D’ailleurs ce consensus s’élargissait aux juifs de Diaspora qui dans leur majorité souhaitaient la libération de Gilad Shalit. La libération de Gilad est donc aussi une victoire morale pour le Peuple Juif dans son ensemble.
Au delà des conséquences géostratégiques et politiques que cette libération a engendrées, le retour de Gilad a eu un effet réunificateur sur le Peuple juif. Le jour de la libération de Gilad, nous retenions tous notre souffle, priant que le « deal » se fasse. Lorsqu’on a vu les premières images de Gilad, nous étions tous et toutes des membres de la famille Shalit, partageant la même émotion et la même joie que ses parents.
Il convient de noter que la supériorité morale de l’Etat d’Israël sur ses voisins s’était exprimée bien avant la libération de Gilad Shalit. Pour s’en convaincre, il suffit, de comparer la façon dont le soldat Israélien a été traité par le Hamas pendant les cinq années de sa détention avec la façon dont les terroristes palestiniens sont traités dans les prisons Israéliennes. L à encore, il n’y a pas photo.
Cette victoire morale n’est pas un fait isolé. Récemment encore, Israël n’a-t-il pas envoyé équipement et personnel de secours en Turquie et ce malgré les attaques incessants du gouvernement turque à l’endroit de l’Etat juif ? Rappelons aussi que Shimon Peres, pourtant humilie en public par Erdogan au forum de Davos, n’a pas hésité à téléphoner au premier ministre Turque pour lui présenter ses condoléances suite a la disparition de sa mère.
Toutefois, la guerre contre les terroristes ne se gagne pas par des victoires morales. La morale ne peut définir à elle seule la politique d’un pays. C’est pourquoi beaucoup en Israël commencent à prendre conscience des conséquences concrètes d’une telle transaction : La victoire du jour pourrait bien se transformer en cauchemar demain. La libération de 1,000 dangereux terroristes va certainement mettre en danger la vie de nombreux citoyens dans le pays :
a) Il est en effet probable que bon nombre d’entre eux reprendront leur « résistance » dans les prochains mois. Plus encore, cet échange encouragera nombre d’arabes de Palestine à se joindre aux activités du Hamas.
b) Il est aussi très probable que le kidnapping de citoyens Israéliens (soldat ou civil) est sur le point de devenir un sport populaire (et tres lucratif) – il y a beaucoup à gagner et peu à perdre (rester dans les prisons Israéliennes le temps du prochain échange de prisonniers). D’ailleurs, l’Egypte de Tantawi l’a bien compris et a exigé la libération de 25 de ses concitoyens en échange de la libération d’Ilan Grapel. En Arabie Saoudite, certains offrent de l’argent (beaucoup d’argent) à tous ceux qui kidnapperaient des citoyens israéliens.
La chasse est donc ouverte et la meute (de loups) est nombreuse. Il est donc temps que le Gouvernement Israélien réagisse et définisse une politique à long terme qui dissuadera ceux qui souhaitent poursuivre dans cette voie. La réponse à apporter n’est pas simple : faut-il refuser de négocier à l’ avenir ? Faut-il fixer un nombre limite de prisonniers à échanger ? Faut-il durcir les conditions de détention des terroristes emprisonnés dans les prisons Israéliennes ? Faut-il elargir la peine de mort aux terroristes ayant du sang dans les mains ?
Une fois l’euphorie passée, il faudra bien qu’un débat public ait lieu en Israël car, après tout, le meilleur moyen de protéger sa population et ses soldats est de stopper cette surenchère infernale.
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