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Accueil du site > Actualités > International > LIBYE : Qui était Mouammar Kadhafi et pourquoi l’ont-ils tué (...)

LIBYE : Qui était Mouammar Kadhafi et pourquoi l’ont-ils tué ?

Retour sur « Objectif Kadhafi  », l’ouvrage de Patrick Mbeko, analyste des questions géopolitiques, paru aux Editions Libre-Pensée, 2016.

Le 20 octobre 2011, les téléspectateurs du monde entier découvrent sur leurs écrans les images d’un homme ensanglanté qui se fait lyncher par une foule hystérique. Quelques instants plus tard, on aperçoit deux corps tuméfiés allongés l’un à côté de l’autre, sur des matelas sales posés à même le sol. Il s’agit du Guide libyen Mouammar Kadhafi et son fils Muatassim. L’évènement marque la fin d’une campagne de bombardement de la Libye par les forces de l’OTAN et les combats au sol de leurs alliés de circonstance : les « révolutionnaires libyens », dont il s’avèrera plus tard qu’il s’agissait d’intégristes et des djihadistes. Mais Paris, Londres, Bruxelles, et même le Secrétaire général de l’ONU saluent « une nouvelle ère » pour la Libye. Kadhafi est alors décrit comme un dictateur mégalomane et sanguinaire, dont les proches s’étaient enrichis en détournant les richesses pétrolières du pays au détriment du peuple libyen. Il est décrit comme un parrain du terrorisme international qui a fait poser des bombes dans des avions, et qui, en cette année 2011, avait tiré sur sa population qui ne réclamait que la démocratie. Les grandes puissances devaient prendre leurs responsabilités : lui livrer la guerre et l’éliminer, s’il le faut, au nom de la démocratie et de la « responsabilité de protéger » la population libyenne. C’est à peu près ce que les gens ont retenu de Kadhafi et des raisons de la guerre fatale que les puissances de l’OTAN ont menée contre son pays. Et si la vérité était ailleurs ?…

C’est en tout cas ce qu’on découvre au fil des pages d’Objectif Kadhafi de Patrick Mbeko[1], ouvrage préfacé par Michel Rimbaud, ancien ambassadeur français, qui décrit les « 42 ans de guerres secrètes » : une vingtaine de tentatives d'assassinat et de coup d'État, des opérations subversives de toutes sortes, mais aussi des moments de retrouvailles et des visites officielles entre Tripoli et les capitales occidentales. Qui était vraiment Mouammar Kadhafi ? Pourquoi a-t-il été tué ? Qu’en est-il des accusations portées contre lui ? C’est à ces questions et à bien d’autres que répond cet ouvrage, solidement documenté, nourri d'anecdotes, d’une remarquable mise en perspective historique et d’une grille de lecture géopolitique particulièrement originale.

L’histoire d’un jeune Bédouin devenu révolutionnaire

Mouammar Kadhafi voit le jour en 1942. C’est un jeune Bédouin – aux origines anecdotiques[2] - issu d’une famille si pauvre qu’il avait à peine de quoi se nourrir. Il est toutefois décrit comme brillant à l’école. Il réussit à étudier en quatre années seulement le programme de six années du cycle primaire. Il apprend avec une facilité qui étonne ses camarades et ses enseignants. Très vite, il dégage autour de lui une sorte d'autorité naturelle et une fierté qui contraste avec son cadre de vie très modeste[3]. Féru de lecture, il fait la connaissance des grands personnages qui ont fait l'histoire du monde et de l’Afrique : Abraham Lincoln[4], le général de Gaulle, Mao Zedong, Patrice Lumumba et surtout Gamal Abdel Nasser[5] le leader égyptien dont il s’inspire particulièrement. L'environnement politique de l'époque est marqué par une série d'évènements dans le monde arabe : la guerre d'Algérie, l'agression de l'Égypte, la bataille du Liban, la question palestinienne, la révolution au Yémen, la présence sur le sol libyen des bases militaires américaines et britanniques, l'état misérable du peuple libyen, victime d’un règne monarchique gangrené par la corruption et le népotisme. Autant de facteurs qui amènent Kadhafi à se sentir « investi d’une mission » celle de libérer son pays de la domination étrangère, de la pauvreté et des inégalités[6].

En 1963, Kadhafi obtient son baccalauréat de philosophie, mais refuse de travailler dans les compagnies pétrolières. Il a autre chose en tête. Il crée un groupe de jeunes pour entrer à l’école militaire de Benghazi, pas pour devenir des soldats de métier, mais pour infiltrer l’institution[7] et s’en servir pour mener la révolution. Six ans plus tard, il prend le pouvoir avec ses compagnons d’armes, le 1er septembre 1969, à l’occasion d’un coup d’Etat sans effusion de sang[8]. Mouammar Kadhafi n’est alors qu’un jeune officier de 27 ans. Son rêve de transformer la Libye peut commencer. Il durera tout le temps de son action aux commandes de son pays : 42 ans, et s’étendra sur l’Afrique.

Kadhafi, le pétrole et la souveraineté

Mouammar Kadhafi se révèle rapidement être un nationaliste souverainiste habité par l’idée de protéger son pays et de faire bénéficier à son peuple les revenus tirés des ressources pétrolières et gazières, jusqu’alors détournés et dilapidés par un régime corrompu, celui du Roi Idriss et les compagnies pétrolières. Le jeune pilote est particulièrement choqué face à la luxure et l’indécence déployée au cours des festins[9] organisés dans son pays par les compagnies pétrolières et les autorités à côté d’une population qui manque pratiquement de tout. Kadhafi est un souverainiste. Il rejette tous les impérialismes, aussi bien l’impérialisme américain que l’impérialisme soviétique dont le côté athée » choque sa conscience de « croyant ». Ce refus du communisme, en pleine période de Guerre froide, va d’ailleurs l’épargner des ennuis avec les Occidentaux qui ne voyaient pas en lui une menace là où les leaders ouvertement communistes d’Amérique latine et d’Afrique étaient des cibles à abattre. Il parvient à contrôler les ressources de son pays et à renégocier les contrats là où les pays alignés derrière l’une ou l’autre des superpuissances disposaient des marges de manœuvres assez limitées. Il nationalise les principaux secteurs de la vie économique libyenne, moyennant compassassions. Dans le secteur pétrolier, les négociations sont ardues, mais en 1971, Kadhafi réussit ce qu’aucun autre pays pétrolier n’avait réussi auparavant : imposer aux compagnies pétrolières une augmentation des prix du brut[10]. Le mouvement va faire des émules dans les pays de l’OPEP.

Pour la première fois, le peuple libyen se réapproprie les richesses de son pays. Le revenu annuel qui était de 2 milliards 223 millions de dollars en 1973 passe à 6 milliards en 1974, pour atteindre 8,87 milliards de dollars en 1977. Des centaines de milliers de familles libyennes voient leur condition de vie s'améliorer considérablement[11]. Sous le roi Idriss, la Libye était parmi les pays les plus pauvres de la planète. 94% de la population était analphabète. La mortalité infantile était parfois de 40%. Kadhafi va transformer un pays et un peuple tout entier. Et pas seulement la Libye. L’argent du pétrole libyen va financer plusieurs causes à travers le monde, notamment la cause du peuple palestinien et la lutte des Noirs en Afrique du Sud. La Libye est ainsi le premier pays que visite le leader de la lutte contre l’Apartheid, Nelson Mandela, dès sa sortie de prison en 1994[12]. Kadhafi permet à l’Afrique de connaître sa première révolution technologique en finançant le premier satellite de télécommunication RASCOM-QAF1 permettant aux pays africains de se rendre indépendants des réseaux satellitaires occidentaux et d’économiser plus de 500 millions de dollars (ou de les faire perdre aux compagnies occidentales).

La Libye investit plusieurs milliards de dollars dans les secteurs variés des économies des pays africains[13]. Contrairement aux Occidentaux qui investissent principalement dans l’industrie extractive, Tripoli investit dans les secteurs primaires (agriculture, élevage) et tertiaire (banques, hôtels, services), principalement dans les pays les plus pauvres du Continent. La Libye lance le chantier de trois organismes financiers qui devraient contribuer à asseoir l'émancipation monétaire et financière de l'Afrique : la Banque africaine d'investissement (BAI), le Fonds monétaire africain (FMA) avec un capital de 42 milliards de dollars et la Banque centrale africaine (BCA). Outre le rachat des dettes et engagements contractés auprès des Institutions financières internationales, le développement de ces trois organismes devait permettre aux pays africains d'échapper aux diktats de la Banque mondiale et du FMI et marquer la fin du franc CFA[14]. Une émancipation que l’Occident voit de très mauvais œil. Nous y reviendrons.

Kadhafi, le terrorisme et l’affaire des bombes dans les avions

Trois attentats terroristes ont valu à Kadhafi d’être présenté comme la figure emblématique du terrorisme international : l’attentat contre la discothèque La Belle, à Berlin, en 1986, l’attentat contre un avion de la Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie en 1988 et l’attentat contre le DC10 d’UTA en 1989 au-dessus du Niger. L’ouvrage revient sur chacun de ces évènements tragiques et les raisons pour lesquels ils avaient été injustement imputés à l’Etat libyen.

L’attentat de Berlin est le premier de la série. Il a failli coûter la vie à Kadhafi suite à la réaction du président américain Ronald Reagan. Ce dernier, dès son arrivée à la Maison Blanche, en 1981, s’était mis en tête l’idée d’éliminer le Guide libyen[15] qu’il qualifiait en pleine Guerre froide, d’« agent de Moscou »[16], « l’homme le plus dangereux du monde » ou encore « le chien enragé du Moyen-Orient »[17]. L’attentat, non revendiqué, servit de justification aux bombardements américains sur Benghazi et Tripoli, dans la nuit du 15 avril 1986. Kadhafi en sortit indemne, mais une de ses filles fut tuée tandis que sa femme et ses sept enfants furent blessés. Qui a commandité cet attentat ? En tout cas, le procès ouvert en Allemagne a abouti au verdict selon lequel aucun élément probant ne permettait d’établir la responsabilité de Kadhafi dans cette affaire[18].

Vient ensuite l’attentat de Lockerbie. L'attentat du vol Pan Am 103 a eu lieu le 21 décembre 1988 contre un Boeing 747-100 de l'ancienne compagnie américaine Pan American World Airways, qui assurait la liaison Londres – New York. Il explosa au-dessus du village de Lockerbie en Écosse et causa la mort de 270 personnes. Patrick Mbeko revient sur l’historique des enquêtes et fait remarquer que les éléments recueillis par les enquêteurs américains, Britanniques et Allemands s’orientaient vers la piste des services secrets syriens et iraniens. L’enquête va connaitre un tournant dans les années 1990 suite à l’implication de l’enquêteur du FBI Tom Thurman laissant tous les observateurs ébahis[19]. La piste libyenne fit, depuis, privilégiée. Pourquoi ? Selon l’auteur, l’abandon de la piste syro-iranienne s’imposait au vu d’un gros embarras en perspective. Au fil des pages, on découvre un monde ténébreux où barbouzes et grand banditisme s’entremêlent si dangereusement[20] que même la justice préfère ne pas voir « ce qu’il ne faut pas voir ». La Libye devint ainsi le coupable idéal, et tout fut mis en œuvre pour lui faire endosser la responsabilité d’un crime qu’elle n’avait pas commis. Tripoli subissait à peine les conséquences de l’affaire de Lockerbie qu’une autre affaire, celle du DC10 d’UTA, était mise à sa charge. Pour rappel, le 19 septembre 1989, soit neuf mois après la tragédie de Lockerbie, le DC-10 du vol UT 772 de la compagnie UTA assurant le trajet Brazzaville-Paris via N'Djamena, explose au-dessus du désert du Ténéré, au Niger. Tous les passagers et membres d’équipage sont tués. Parmi les victimes, des Français et l’épouse de l'ambassadeur des États-Unis au Tchad. Patrick Mbeko reprend le fil des enquêtes des services secrets et du parquet de Paris et aboutit à nouveau à la piste syro-iranienne. La Libye n’avait aucune raison de s’en prendre à la France puisque la guerre du Tchad dans laquelle les deux pays étaient directement impliqués était en voie de règlement[21]. L’auteur attribue l’abandon de la piste syro-iranienne à une alliance de circonstance entre les puissances occidentales et la Syrie durant la Guerre du Golfe et la volonté de ne pas exposer des alliés impliqués dans le dossier des otages au Liban.

Sur les accusations de terrorisme, des années plus tard, les langues se sont déliées et plusieurs preuves sont que la Libye fut injustement accusée des deux attentats[22]. Mais le pays fut contraint de payer : 200 millions de francs d’indemnités aux familles des victimes françaises de l’UTA[23] et 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes de Lockerbie[24]. Un acte souvent brandi comme un aveu de culpabilité. En réalité, la Libye perdait beaucoup de revenus suite aux sanctions qui lui avaient été imposées : 24 milliards de dollars[25]. En payant 2,7 milliards de dollars et en reprenant sa place dans le concert des nations, Tripoli s’inscrivait dans la logique froide de la realpolitik : privilégier ses intérêts. Ce geste de décrispation permit à la Libye de redevenir un Etat fréquentable à une époque où il valait mieux ne pas figurer sur la liste des Etat de l’axe du mal. Parallèlement, ce geste de décrispation permit à la Libye d’attirer massivement des investisseurs étrangers dans son secteur pétrolier et même les dirigeants occidentaux[26]. La lune de miel fut néanmoins de courte durée. En cause : le printemps arabe.

Le printemps arabe et le coup de grâce

Patrick Mbeko revient sur les bouleversements politiques de 2010-2011 dans les pays arabes en prenant le soin de rappeler une sagesse de Franklin Roosevelt[27]. Il remonte à l’épicentre du mouvement des contestations populaires : la petite ville tunisienne de Sidi Bouzid et son héros malheureux Mohamed Bouazizi, le jeune marchand des quatre-saisons immolé le 17 décembre 2010 après avoir été frappé et humilié par une policière, Fayda Hamdi, selon la version véhiculée. Il fait remarquer que les récits ne collent pas à la réalité. Le jeune homme immolé ne s’appelait pas Mohamed Bouazizi, mais Tarek Bouazizi. Il n’était pas diplômé d’université, il n’avait même pas passé son bac[28]. Sur place, à Sidi Bouzid, la population a déjà fait disparaître les traces d’un jeune homme qui aurait pourtant dû être célébré comme une fierté nationale. Pourquoi ? Il s’interroge sur la spontanéité des révoltes et l’attitude indolente des forces de sécurités pourtant habituées à réprimer violemment les contestataires du régime. De fil en aiguille, Patrick Mbeko déconstruit l’histoire convenue du « printemps arabe ». Il fait remarquer que, si l’étincelle est partie de la Tunisie profonde, sans que personne ne comprenne vraiment qui étaient les tireurs de ficelles en arrière fond, c’est en Libye et en Syrie que le vrai visage des instigateurs du « printemps arabe »[29] est apparu au grand jour[30], balayant au passage l’invective de la « théorie du complot ». Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte non pas d’une colère spontanée des masses populaires, mais l’exécution des plans préparés à l’avance[31].

Dès 2007, les jeunes tunisiens et Egyptiens avaient reçu une série de formations initiées par le CANVAS (Centre for Applied Non Violence), une organisation basée sur les principes tactiques de Gene Sharp. Il s’agissait d’étendre aux pays du monde arabe les expériences réussies dans les anciens pays communistes où les Etats-Unis avaient fait renverser des présidents alliés de Moscou, derrière les révolutions colorées[32]. Les autorités tunisiennes, égyptiennes et libyennes n’avaient ainsi rien vu venir. Le rôle joué par les Etats-Unis en arrière-plan est si déterminant que l’auteur décide de renommer ces évènements : « PRINTEMPS AMÉRICAIN DANS LE MONDE ARABE »[33] et non « printemps arabe ».

Arrive le tour de la Libye, un pays qui, contrairement à la Tunisie et à l’Egypte, n’entretient pas de coopération militaire avec les Etats-Unis. Kadhafi avait fait fermer les bases militaires américaines et britanniques sur le sol libyen dès 1970[34]. Les hauts gradés libyens ne pouvaient donc pas obtempérer aux consignes de l’extérieur. Par conséquent, contrairement à la Tunisie et à l’Egypte, où les manifestations étaient globalement pacifiques et maîtrisées, en Libye, les manifestations pacifiques sont accompagnées de graves violences armées. Les casernes et les commissariats sont attaqués par des unités commandos particulièrement efficaces au combat. Des canons anti-aériens apparaissent. D’où viennent toutes ces armes et ces combattants particulièrement aguerri ? Dans un premier temps Kadhafi donne l’ordre de ne pas réagir et de laisser s’exprimer la colère populaire. Il adopte des mesures sociales et fait même libérer des prisonniers politiques[35]. Mais, rapidement, il perd le contrôle de vastes régions qui passent sous contrôle des groupes islamistes, alors alliés de circonstance de l’OTAN. Lorsqu’il tente de reprendre le contrôle de la situation, il se heurte à la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant la mise en place d'une une zone d'exclusion aérienne. Cette résolution, qui ne concernait que Benghazi, sera rapidement violée puisque c’est un déluge de bombes et de missiles qui s’abat sur toute la Libye, ainsi qu’une offensive au sol, jusqu’au renversement du gouvernement libyen, ce que l’ONU n’avait pas autorisé. L’auteur décrit les dernières heures de Kadhafi comme un moment de trahison ultime, une traque[36]. Alors qu’il avait obtenu l’aval de l’OTAN pour quitter le pays et s’installer en Afrique du Sud, son convoi fut saccagé par un missile Hellfire tiré par un drone américain et deux bombes de 200 kg larguées par un mirage français. Il parvint à survivre avec une poignée de fidèles mais tomba entre les mains des miliciens de Misrata. La suite, ce sont les images de lynchage qui feront le tour du monde. C’est aussi le discrédit du principe de « responsabilité de protéger » comme le fut celui de « l’intervention humanitaire en Somalie »[37].

En effet, « protéger la population libyenne » fut la raison brandie au Conseil de sécurité de l’ONU pour justifier l’intervention des pays de l’OTAN en Libye. Lorsqu’on regarde ce qu’est devenue la Libye, difficile d’obtenir un consensus international en évoquant, à nouveau, « la responsabilité de protéger ». Depuis, à l’ONU, Russes et Chinois bloquent les projets de résolution initiés par les Occidentaux, notamment sur la Syrie, en rappelant le précédent libyen[38]. Barack Obama a reconnu que la Libye est le plus grand regret de sa présidence tandis que les parlementaires britanniques ont étrillé l’ancien président français Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre britannique David Cameron dans un rapport sur la guerre en Libye[39].

La Libye de Mouammar Kadhafi et la « Libye de l’OTAN » : le contraste

« Vous avez voulu la paix, vous avez voulu la liberté, vous voulez le progrès économique. La France, la Grande-Bretagne, l'Europe seront toujours aux côtés du peuple libyen », avait promis le 15 septembre 2011 le président Nicolas Sarkozy à Benghazi devant l'euphorie d’une foule acquise à l’avènement d'une « nouvelle Libye ». Cinq ans plus tard, la Libye s’est littéralement décomposée. Pire, les Libyens qui ont survécu aux bombardements de l’OTAN seront des milliers à mourir lentement pour avoir respiré sans le savoir les microparticules d'uranium volatilisées dans l'air, tandis que nombreux vont donner naissance à des enfants mal formés, sans bras, sans jambes… conséquence des bombes à uranium appauvri larguées sur le pays[40]. L’occasion de rappeler ce qu’était la Libye avant la guerre. 

Lorsque débute la crise, le niveau de vie de la population libyenne n'a rien à envier à celui des populations occidentales. C'est le pays qui avait l'indice de développement humain le plus élevé du continent africain. Le PIB/hab était de 13.300 $, soit loin devant l'Argentine, l'Afrique du Sud et le Brésil. La croissance dépassait les 10% et le PIB/hab augmentait de 8,5%. La Jamahiriya était un Etat social où des biens publics étaient mis à la disposition de la population : l'électricité et l'eau à usage domestique étaient gratuites ; tout le monde avait accès à l'eau potable. Les banques libyennes accordaient des prêts sans intérêts ; les libyens ne payaient pratiquement pas d'impôts. La TVA n'existait pas. La dette publique représentait 3,3 % du PIB contre 84,5 % pour un pays comme la France, 88,9 % pour les États-Unis et 225,8 % pour le Japon. Le système public de santé, gratuit, était aux normes européennes, tout comme le système éducatif (le taux d'alphabétisation moyen était de 82,6 %). Les meilleurs étudiants libyens poursuivaient leurs études supérieures à l'étranger en bénéficiant d'une bourse du gouvernement. Les produits d'alimentation pour les familles nombreuses étaient vendus moitié prix sur présentation du livret de famille. Les voitures importées d'Asie et des États-Unis étaient vendues à prix d'usine. Le prix d'un litre d'essence coûtait à peine 8 centimes d'euros[41]. Le pays, en dépit des sanctions qui lui avaient été imposées, avait tout de même réussi à constituer des fonds souverains à hauteur de 200 milliards de dollars placés dans des banques étrangères, occidentales notamment, et gérés par un organisme public, la Libyan Investment Authority (LIA)[42], contrairement aux accusations faisant état d’enrichissement personnel. Peu de dirigeants au monde peuvent revendiquer un bilan pareil.

Par ailleurs, la Libye de Kadhafi fut un solide bouclier contre les vagues migratoires puisque de nombreux migrants sub-sahariens, notamment, choisissaient de s’installer en Libye au lieu de tenter la traversée de la Méditerranée. Et non seulement. Kadhafi fut un bouclier contre la circulation des terroristes islamistes qu’il combattait, bien avant les attentats du 11 septembre 2001. L’auteur rappelle que la Libye est le premier pays à avoir lancé, dès 1998, un mandat d'arrêt international contre Ben Laden pour un double assassinat perpétré, en 1994, contre deux fonctionnaires allemands sur le sol libyen[43]. Mais tout au long de la campagne de l’OTAN contre la Libye, et même après, aucune des réalisations susmentionnées n'a été relevée et les populations occidentales n'en savent presque rien. Elles ne sauront jamais que celui qui leur a été présenté par leurs dirigeants et médias comme un méchant dictateur dilapidant les deniers publics de son pays, était en réalité un homme qui a énormément investi dans le bien-être de son peuple et protégé l’Europe des vagues migratoires et des mouvements terroristes.

La Libye est aujourd’hui un pays complètement ruiné. Trois gouvernements et une multitude de groupes terroristes se disputent le contrôle du pays. L'enlèvement du premier ministre Ali Zeidan à Tripoli, le 10 octobre 2013, est un triste exemple du climat chaotique qui règne dans le pays. Les dirigeants de la première heure du CNT[44] ont fui le pays pour se réfugier à l’étranger. Les meurtres et les attentats sont devenus monnaie courante, contraignant des centaines de milliers de Libyens à trouver refuge dans d'autres villes ou dans les pays voisins[45]. Les attentats ainsi que l'escalade des combats se succèdent dans tout le pays. Même le consulat des Etats-Unis à Benghazi a été la cible d'une attaque à l'arme lourde qui a coûté la vie à l'ambassadeur Christopher Stevens, torturé, sodomisé puis assassiné. Les violences et l'insécurité persistante ont poussé la plupart des pays occidentaux à évacuer leurs ressortissants et à fermer leurs représentations diplomatiques[46].

Tout le monde s'en va, y compris l'ONU et bon nombre d'ONG, relève l’auteur. Plus d'un million de migrants sont arrivés en Europe en 2015, au terme de périples périlleux. L'opération de sauvetage à grande échelle de l'UE a secouru près de 100 000 embarcations de fortune en Méditerranée. Malgré les efforts déployés, au moins 3 000 migrants libyens ont péri en mer. Le trafic de drogue a explosé, faisant de l'ex-Jamahiriya un pays de transit de la drogue, essentiellement à destination d'Europe... Le pays est devenu le nouvel eldorado des groupes intégristes islamistes. Dès le lendemain de la chute de Kadhafi, Al-Qaïda en a profité pour hisser son drapeau au-dessus du palais de justice de Benghazi. AQMI se promène dans le grand sud. Les islamistes d'Ansar al-Sharia se sont implantés à Benghazi et Derna, tandis que l’État islamique / Daesh a profité de l'insécurité permanente dans le pays pour s'y implanter.

Se pose naturellement la question de savoir si la guerre et l’élimination physique de Kadhafi valaient vraiment la peine. L’auteur estime que dans la logique des stratèges occidentaux, la destruction de la Libye et l’élimination de Kadhafi sont, paradoxalement, « une bonne opération ». Les efforts de Kadhafi pour sortir l’Afrique de l’extrême dépendance vis-à-vis de l’Occident constituaient une menace pour des puissances qui prospère sur le sous-développement et la misère des Africains. Une indépendance économique de l’Afrique et quelque chose d’inacceptable comme le rappelle le professeur Maximilian Forte cité par l’auteur : « L'intervention en Libye est aussi une façon d'envoyer un message aux autres États-nations africains (…) qu'il y a des limites dans lesquelles ils doivent opérer »[47]. S'ils se lancent dans un processus de défiance nationaliste et anti-impérialiste, il pourrait y avoir des conséquences qui ne sont plus de l'ordre de l'hypothèse.

Un message glaçant dont on apprécie la froideur en repensant à la menace du président Sarkozy aux chefs d’Etat africains qui envisageaient de se rendre à Tripoli pour proposer une médiation de l’UA[48] : leur avion sera « flingué »[49] ! 

Boniface Musavuli

Analyste politique et écrivain

 

[1] Patrick Mbeko, Objectif Kadhafi - 42 ans de guerres secrètes contre le Guide de la Jamahiriya arabe libyenne (1969-2011), Editions Libre-Pensée, 2016, 617 pages.

[2] Les origines de Mouammar Kadhafi sont truffées d’anecdotes. Officiellement, il est le fils de Mohamed Abdel Salam et Aicha Ben Niran. Mais un autre récit est qu’il serait le fils naturel du capitaine corse Albert Preziosi, officier des Forces aériennes françaises libres (FAFL) dont l’avion s’écrasa dans le désert libyen durant la seconde Guerre mondiale. Recueilli par une tribu de Bédouins, le capitaine Preziosi eut une histoire d’amour avec une femme locale qui donna naissance à Kadhafi. L’autre anecdote est que le Guide libyen est d’une grand-mère maternelle juive. Pp. 45 svts.

[3] « Le traitement discriminatoire que, en sa qualité de Bédouin, il eut à subir de la part des citadins et des étrangers au cours de ses études lui a laissé un profond mépris pour les élites en place et un fort sentiment d'identification avec les opprimés », note un rapport de la CIA cité par l’auteur, p. 45.

[4] Il découvre Abraham Lincoln sur la question de la libération des Noirs et la Guerre de sécession aux Etats-Unis.

[5] P. 50.

[6] P. 53.

[7] P. 55.

[8] C’est l’Opération Al-Quds, pp. 55 svts.

[9] Pp. 42-43.

[10] Pp. 80 svts.

[11] P. 90.

[12] P. 112.

[13] P. 478.

[14] Ibidem.

[15] Pp. 133-134. En 1981, Reagan misait sur la réélection du président français Valery Giscard d'Estaing, connu pour son hostilité à Kadhafi, mais dût revoir ses plans après l’élection surprise de François Mitterrand.

[16] Pp. 84-86. Pourtant que Kadhafi était un antisoviétique notoire.

[17] Pp. 135, 140.

[18] P. 171.

[19] Pp. 196 svts.

[20] Pp. 200-203.

[21] Pp. 205, 217-218

[22] Pp. 232-233.

[23] Ibidem.

[24] Pp. 259-260.

[25] P. 260.

[26] Tony Blair, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy,… et des dizaines de chefs d’entreprise se bousculaient pour serrer la main du Guide Libyen. Il y avait beaucoup d’argent à gagner, et tout devait être fait pour supporter les caprices du leader libyen.

[27] « En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un évènement survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler ainsi ».

[28] 315 svts.

[29] Il est à ce titre nécessaire de rappeler que la Libye faisait partie du lot de sept pays arabes et/ou musulmans (Irak, Soudan, Liban, Iran, Somalie et Syrie) que les États-Unis avaient mis sur la sellette des pays à « contrôler », comme l'a révélé le général américain Wesley Clark, qui fut commandant des forces alliées de l'OTAN en Europe (1997-2000), dans une interview avec la journaliste Amy Goodman de la chaîne Democracy Now, le 2 mars 2007. Le général américain expliqua que le Pentagone avait élaboré ce plan « top secret » dix jours après les évènements du 11 septembre 2001. Un an et demi plus tard, en mai 2003, John Gibson, directeur général de la division services énergétiques de la multinationale Halliburton, confirmait l'existence de ce projet en déclarant dans un entretien avec l'International Oil Dagy : « Nous espérons que l'Irak sera le premier domino et que la Libye et l'Iran suivront. Nous n'aimons pas être mis à l'écart des marchés, car cela donne à nos concurrents un avantage déloyal. »

[30] Pp. 310 svts.

[31] P. 293.

[32] Pp. 301-303.

[33] P. 287.

[34] P. 70.

[35] P. 337.

[36] Pp. 451 svts.

[37] P. 394.

[38] P. 541.

[39] Pp. 538 svts.

[40] Pp. 517, svts.

[41] Pp. 533-534.

[42] P. 476.

[43] P. 256.

[44] CNT : Conseil national de transition, plate-forme parrainée par les pays de l’OTAN et derrière laquelle fut menée la guerre contre la Libye.

[45] En janvier 2014, l'ONU a recensé 3,3 millions de réfugiés libyens et, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes déplacées à l'interne a presque doublé depuis septembre 2014, passant de 230 000 personnes à plus de 434 000.

[46] Pp. 519 svts.

[47] P. 511.

[48] Union africaine.

[49] P. 384.

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LIBYE : Qui était Mouammar Kadhafi et pourquoi l'ont-ils tué ? LIBYE : Qui était Mouammar Kadhafi et pourquoi l'ont-ils tué ?

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33 réactions à cet article    


  • JC_Lavau JC_Lavau 13 janvier 2017 12:16

    Il est atrocement difficile d’être correctement informés. Pour la bombe à bord du Boeing 747, on lisait à l’époque que la piste la plus sérieuse était iranienne.


    Quant à l’avenir, scruter les enjeux et difficultés du projet de Grande Rivière Artificielle.

    ...

    • Alren Alren 15 janvier 2017 16:18

      @JC_Lavau

      Il est atrocement difficile d’être correctement informés.

      L’auteur n’a aucun élément convaincant que les bombes dans les avions et notamment l’avion français aient été déposées par des Syriens et des Iraniens ...

      Khadafi était hostile tout autant à la France qu’aux USA. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre. Et il craignait davantage les USA que la France pays dont les dirigeants étaient faciles à corrompre.
      En apparence seulement, il était l’ami de Sarkozy, car il se pensait en rival du pays chrétien et laïc à la fois, lui le croyant musulman pour la « conquête » de l’Afrique subsaharienne.


    • zygzornifle zygzornifle 13 janvier 2017 12:41

      il gagnera quand même grâce aux ventres de ses femmes établies en Europe .....


      • nenecologue nenecologue 14 janvier 2017 12:06

        @zygzornifle
        Il gagnera jusqu’a ce que l’europe n’ai plus les moyens de verser les allocations familliales ...


      • Rincevent Rincevent 13 janvier 2017 14:28

        Kadhafi avait surtout commis l’impardonnable : le projet, pour l’Afrique, de se passer du dollar avec la création du dinar-or. On ne joue pas impunément avec la cassette de l’oncle Sam… A mon avis, c’est surtout ça qui a signé sa perte http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/le-dinar-or-des-etats-unis-d-31169 - http://sos-crise.over-blog.com/article-kadhafi-a-ose-defier-americains-et-europeens-il-le-paie-71959402.html

        A noter, dans le deuxième lien, la création d’une banque centrale par les rebelles, avant le début des troubles, ce qui en dit long sur la spontanéité de ce mouvement.


        • JC_Lavau JC_Lavau 13 janvier 2017 15:44

          @Rincevent. Wi wi... Mais que préconises-tu pour faire une révolution plus robuste et durable que celle de Mouammar Gaddafi ?


        • Paul Leleu 14 janvier 2017 01:42

          @JC_Lavau

          demande a Trotsky... la révolution dans un seul pays est condamnée à ses yeux... et l’histoire lui donne encore raison.

          la solution consiste à dépasser le nationalisme et le guide suprême... et à se constituer comme humain mondial... ce qui n’interdit nullement de garder sa culture et même de l’approfondir réellement.


        • Hermes Hermes 17 mars 2017 11:33

          @Paul Leleu

          Bonnes questions. La révolution la plus difficile à mener est intérieure, contre la négativité, le moralisme, les croyances, la négation des autres et de soi-même, le soi-même profond qui a été oublié au profit de notre très orgueilleuse personnalité - qui sait tout.

          Et aucune révolution mondiale n’aura lieu et ne sera pérenne, tant que la majorité des êtres humains n’aura fait cette révolution intérieure, et si cela arrive, ce sera un non événement.

          Car l’événement n’est jamais qu’une catharsis dont la violence inacceptable génère des vagues historiques de reflux et d’affrontements.

          Just let it be ! Let yourself be ! Tout ce qui nous écarte de nous-même et renforce nos croyances est un opium mental.

          Soyez simplement heureux d’être. smiley


        • microf 13 janvier 2017 15:48

          On ne te pleurera jamais assez Guide MOUAMMAR KADHAFI, dort en Paix.


          • knail knail 13 janvier 2017 17:37

            Ce que cet article nous raconte, nous le savons depuis les dramatiques autant que scandaleux événements de la guerre de 2011, de cette lâche coalition occidentale s’attaquant à un pays dont la population représente tout au plus celle de la Flandre. Nous le savions, du moins nous dans les réseaux des médias alternatifs. Cette guerre en Libye a été pour moi véritablement désespérante, un déclencheur aussi. Je n’ai pas cessé d’alerter mon entourage, vainement je dois bien le reconnaître en général et même parfois avec des réactions de rejets catégoriques (la réputation de Khadafi était faite et bien ficelée depuis des années déjà), sur le dessous de ses cartes.
            Toutefois, si l’on peut sans aucun doute mettre au crédit de Kadhafi la formidable évolution du niveau de vie de la population de son pays, son développement, sa modernisation, ainsi qu’une vision plus globale et généreuse pour l’Afrique, je pense que dans ces récits alternatifs manque un pan déterminant du personnage. En effet, comment comprendre qu’un tel bienfaiteur de l’Afrique, si tel était bien le cas, se soit trouvé à ce point isolé diplomatiquement, lâché, lynché pour finir, sans que grand monde ne lève le petit doigt pour le secourir, pas même en Afrique. Si l’Afrique bénéficiait si généreusement de ses largesses n’aurait elle pas réagit spontanément et avec véhémence contre ce qu’il faut bien appeler un attentat scandaleux contre un de ses membres ? Bien sûr il y eut des protestations un peu partout ’dans le monde libre’... mais bien timides en regard de la gravité des faits... Mais d’actions ?... Mais de réel soutient ?... Des propositions intéressantes certes, mais pour quel résultat... ?
            Je pense pour ma part que si Kadhafi a été lâché à se point, il en est partiellement responsable aussi, cela tient selon moi en bonne part à sa personnalité, à son type de gouvernance, à sa culture. Même Chavez, plutôt un proche pourtant, se montrait prudent dans l’appréciation de la situation au départ. Que l’on songe en comparaison à la profonde sagesse et intelligence, diplomatique notamment, d’un Bachar el Assad, profondément conscient qu’il ne pouvait s’en sortir seul face à une coalition occidentale. C’est vrai aussi que l’histoire et l’expérience donc de la Syrie, multi millénaire, n’est pas celle d’un jeune pays comme la Libye. Le jeu des alliances est une donnée fondamentale que Kadhafi, très naïvement semble avoir ignoré. Il n’est en tout cas pas parvenu à les faire jouer en sa faveur.
            Il ne s’agit ici en aucun cas de lui jeter la pierre, mais c’est en tout cas un thème que j’aimerais voir développé pour une meilleur compréhension de cette tragédie, finalement de tout un peuple, qui ne parvient pas à se relever de la chute de son lieder. Là aussi d’ailleurs peut être se trouve une faille à un certain modèle de gouvernance, dont la Syrie n’est d’ailleurs peut être pas si éloignée que cela.
            Avis donc aux connaisseurs pour nous rédiger quelque chose de pertinent à ce propos.


            • microf 13 janvier 2017 21:28

              @knail
              Au moment de l´agression Occidentale en Lybie, Poutine n´était que Premier Ministre et ne pouvait pas intervenir. Le Président de la Russie de l´époque a laissé tomber la Lybie et Poutine le lui a reproché.
              La Syrie a eu de la chance que Poutine soit Président de la Russie, sinon, la Syrie serait déja longtemps tombée.
              Poutine ne s´est d´ailleurs jamais remis de l´assassinat de Kadhafi, il a toujours demandé aux Occidentaux pourquoi ils l´ont fait tué.


            • JC_Lavau JC_Lavau 14 janvier 2017 09:12

              @knail. Justement, question modernisation, peut-être la mission était-elle impossible ?

              Pas de traditions universitaires en Libye. Pas trace d’études sociologiques ni même ethnologiques faites sur place par des libyens. Pas de comparatisme, ni donc de mise en perspective de la civilisation locale avec d’autres : à la place un orgueil national-musulman exacerbé. Y avait-il une école d’administration, de management ? Je l’espère, mais je redoute les résultats éventuels de l’inventaire.
              Des industries locales avaient-elles pu se développer ? Quel tissu industriel ?
              Quel niveau d’autonomie en enseignement de la médecine ?
              Dans un lien que j’ai donné, on voit les changements d’objectifs agricoles de la GRA : renoncer à l’irrigation, se contenter de l’approvisionnement en eau potable des villes côtières. Se pose le problème des recherches agricoles et agronomiques. 
              Etc.
              Des dizaines de questions.

            • Croa Croa 15 janvier 2017 16:31

              À knail « sans que grand monde ne lève le petit doigt pour le secourir, pas même en Afrique »
              *
              L’Afrique est complètement corrompue et les politiciens africains sont tous des pantins. Peu importe qui tient les ficelles, certains pays étant sous influence des rosbifs, d’autres sous influence française, etc.. Bref, l’indépendance des pays africains étant très théorique, que vouliez-vous qu’ils fassent ?


            • kitty-cat kitty-cat 16 janvier 2017 10:55

              @microf
              C’est exacte. A l’époque Poutine, étant le 1er ministre, n’a pas pu défendre la Libye comme il le fait actuellement avec la Syrie. 

              Medvedeff n’a pas écouté ses sages conseils et s’est fié à « l’honnêteté » de la coalition occidentale. (le peuple russe ne lui est jamais pardonné ce trahison d’ailleurs !) Les russes savent bien que Kadhaffi n’était pas le dictateur tel qu’il a été présenté dans les mérdias occidentales. 
              Voici ce qui dit Poutine sur cette terrible acte d’assassinat : https://www.youtube.com/watch?v=RaOHCdCuoLM
              Et il continue à le dire....


            • captain beefheart 13 janvier 2017 18:24

              Dès le début de la contestation en Libye c’était évident que les nommés « révolutionnaires » étaient surtout des jeunes Tunisiens et egyptiens des classes pauvres à qui on avait donné un kalachnikof,et qu’ils étaient payés pour chaque« Allahuakbar ».

              Les gens qui écrivaient ça ,en 2011,étaient traités de « complotiste »et « affabulateur »,et les gens normaux étaient convaincus que Khadafi méritait destitution,à cause de ses « robinets en or ».Personne s’inquiétait pour la destruction totale du pays le plus prospère de toute l’Afrique.Jusqu’à ce jour je suis en attente d’une article approfondi sur la destruction de la Grande Fleuve Artificielle,jadis surnommé « la huitième merveille du monde »,un projet énorme qui transportait sur des milliers de km de l’eau douce des nappes sous-sahariennes.Honte encore aux occidentaux ! qui n’acceptent pas que le monde se développe sans leurs mains sales.


              • captain beefheart 13 janvier 2017 18:35

                knail@

                Bonjour ,j’ai lu l’article,merci l’auteur !,puis posté mon commentaire.Ensuite j’ai vu le votre,et,en effet, comme vous j’ai essayé d’alerter mon entourage,en vain,même avec mes copains « très à gauche ».Au niveau politique,personne ne prenait la défense de Mu9ammar,sauf Jean-Marie Le Pen.
                Sarkozy a menacé de mort plusieurs ministres et chef d’états africains.L’Union Africaine regardait de l’autre côté.Le Ligue Arabe se taisait.Les gens qui pensent qu’il y aurait une différence de mentalité d’esprit entre politiques et mafieux,se trompent gravement.Arrêtons donc de les respecter !


                • JC_Lavau JC_Lavau 13 janvier 2017 19:01

                  @captain beefheart. Question : les hommes politiques de l’avenir, on les forme comment ?

                  Gaddafi était un autodidacte en politique, au milieu d’un désert culturel. Un diplomate égyptien dont j’ai oublié le nom s’amusait de sa naïveté, de naïf lecteur du NObs.
                  La comparaison est alarmante avec la richesse de l’environnement culturel d’un Charles de Gaulle, ou d’un Vladimir Vladimirovitch Poutine, ou de Serguiéï Viktorovitch Lavrov.

                  Dans mon métier principal qui était la Recherche et Développement, et Innovation Technologique, Paul Delouvrier posait une question politique de base : Comment inventer les inventeurs ?

                  Mutatis mutandis... Ceux qui vont réussir des révolutions solides et durables, on les forme comment ?

                  Car Gaddafi était un impulsif brouillon et égocentrique, et personne autour de lui ne pouvait amortir les dégâts.

                • JC_Lavau JC_Lavau 13 janvier 2017 19:27

                  @JC_Lavau. On a eu ce problème à l’état chimiquement pur, quand Louis XVI écrit une première lettre à (le nom m’échappe et je n’ai pas la source chez moi. Machault d’Arnouville ?) pour lui demander d’être son mentor, puis hésite, et envoie finalement la même lettre à Maurepas. Or Maurepas est l’homme de la facilité, tout en souplesses et habiletés, sans aucune vision d’ensemble de l’état du royaume.

                  Vous savez la fin de cette histoire.

                • MUSAVULI MUSAVULI 13 janvier 2017 23:27

                  @JC_Lavau,

                  Ce diplomate s’appelait Mohamed I Hassanein Heikal, Egyptien. Une des rares personnes à avoir rencontré Kadhafi et son groupe de révolutionnaires dès septembre 1969. Il fut surpris par la jeunesse de Kadhafi et de ses compagnons. De son retour en Egypte, il dit à Nasser : « c’est une catastrophe ». La suite de l’histoire ne lui donna pas raison. Kadhafi, malgré son jeune âge, s’était solidement préparé à assumer les fonctions qu’il venait d’occuper. 

                • JC_Lavau JC_Lavau 14 janvier 2017 00:10

                  @MUSAVULI. Mes souvenirs me disent un peu plus tard. Mohammed Oufkir était encore ministre de la police au Maroc, soit de 1967 à 1971, quand Gaddafi participe à un sommet arabe au Maroc, probablement en 1970 ou 71. Mais le diplomate raconte cela quelques années après. 



                  • ENZOLIGARK 14 janvier 2017 05:32

                    Merci @ l ’ auteur ... , Bonghjornu ... , ... rien a vraiment change , toujours les memes qui foutent la merde sur le globe pour continuer leur busine$$ economique ... pipe , mOOOdifie , transforme , ( ... ) par leurs ecoutes ! . ... TANT QUE PARLE L ’ ECONOMIE ( Music / Video en VO  by Silmarils ... ) = GUERILLA ( Music by Silmarils ... ) . ... A FRANCIA UE$A FORA ... INDIPENDENZA SOLA SOLUZIONE pe a Corsica * ... . 


                    • Osis Osis 14 janvier 2017 09:49

                      @ENZOLIGARK

                      Merci @ l ’ auteur ... , Bonghjornu ... , ... rien a vraiment change , toujours les memes qui foutent la merde sur le globe pour continuer leur busine$$ economique ... pipe , mOOOdifie , transforme , ( ... ) par leurs ecoutes ! . ... TANT QUE PARLE L ’ ECONOMIE ( Music / Video en VO by Silmarils ... ) = GUERILLA ( Music by Silmarils ... ) . ... A FRANCIA UE$A FORA ... INDIPENDENZA SOLA SOLUZIONE pe a Corsica * ... .

                      Toujours le même salmigondis, le même sabir...

                      C’est lassant.


                    • J.MAY MAIBORODA 14 janvier 2017 08:35

                      A l’époque, nous étions peu nombreux à dénoncer la duplicité des « puissances occidentales », les manœuvres de leurs « services », la désinformation de masse qui accompagnait la « démocratisation » de la contrée, l’ardeur interventionniste suspecte de Bey Hachel.

                      Tout ceci s’est renouvelé en Syrie selon un scénario devenu classique, avec les mêmes pratiques médiatiques, les mêmes manipulations de l’information, à peu près les mêmes intervenants extérieurs côté « démocrates occidentaux », etc.
                      En France, Hollande et son acolyte Fabius puis le terne Ayrault ont simplement remplacé la camarilla sarkozienne.
                      Cf. Blog « u zinu »       http://www.wmaker.net/u-zinu/
                      « La campagne de Sarkosterix en Lybie »

                      • J.MAY MAIBORODA 14 janvier 2017 08:45

                        P.S : Merci à l’auteur pour son article démystificateur et sa présentation équilibrée de l’affaire libyenne.

                        • J.MAY MAIBORODA 14 janvier 2017 08:57

                          Les origines corses de Kadhafi ne sont pas avérées, mais elles deviennent vraisemblables si l’on se livre à une analyse comparative des photographies respectives du père supposé et de Mouammar.

                          Il est évident que seule une analyse par les ADN pourrait soit mettre fin au récit anecdotique soit confirmer la descendance. Mais ceci est une autre histoire.

                          • baleti baleti 14 janvier 2017 09:57

                            @MAIBORODA


                            Les berbères d’Afrique du nord, pense que c’est une partie des corse qui ont des origines berbère.

                            Et comme tu dit, c’est vérifiable avec les analyse ADN,pour ceux qu’y le veulent .

                            si tu va lire les commentaire, de se lien, tu aurais un début de piste, de la complexité a comprendre 

                          • J.MAY MAIBORODA 14 janvier 2017 12:59

                            @baleti


                            je suis né et je vis en Corse

                          • baleti baleti 14 janvier 2017 20:51

                            @MAIBORODA


                            Sa veux pas dire, que tu ne peut te renseigner sur l’origine des corses.Autrement que dans l’histoire de France. L’histoire de la numidie par exemple.

                            Les divergence, sur l’origine du drapeau corse, en dit long , sur les possibilité.
                            Personne ne me fera croire, qu’un corse a mit le tète d’un maure, (nom donner au africain du nord) autrement que par respect.On ne mais pas la tète de son ennemi sur son drapeau.

                            Ma fille est ne en corse (bastya), je connais les corses en général.Leur mentalité, a aucun rapport, avec celle des français, ou des italiens. Peut être les italien du sud, qui eux même, on des origine, bien définit par les italien du nord.


                            • lloreen 16 janvier 2017 13:52

                              "La France, la Grande-Bretagne, l’Europe seront toujours aux côtés du peuple libyen », avait promis le 15 septembre 2011 le président Nicolas Sarkozy à Benghazi devant l’euphorie d’une foule acquise à l’avènement d’une « nouvelle Libye ».« 
                              Cet homme est »formidable" pour parler ainsi au nom de personnes qui ne lui ont jamais rien demandé...


                              • lloreen 16 janvier 2017 13:54

                                Je ne savais pas que monsieur Sarközy de Nagy-Bocsa était parallèlement le président des autres pays européens et de la Grande-Bretagne aussi...


                                • lloreen 16 janvier 2017 14:12

                                  Il est évident que le colonel Khadafi gênait plus d’un mafieux gouvernemental.

                                  Il y a eu les multinationales voulant mettre le grappin sur les immenses quantités d’eau que recèle le sous-sol libyen. Sans compter la clique mafieuse des Rothschild et de leurs complices qui n’ont pas supporté que Khadafi ait dans l’idée d’instaurer un dinar-or sur le continent africain, ce qui aurait mis en danger leur contrôle sur les ressources naturelles du continent africain. Sans compter le danger pour le président de la république française pour qui ce dinar-or aurait mis fin à la valse des milliards encaissés via le franc CFA et qui constitue le trésor de guerre des présidents de la république française.
                                  Face au crime organisé et à la CIA (dont monsieur Sarközy de Nagy-Bocsa était le meilleur agent infiltré sous les ors du palais de l’Elysée) le colonel Khadafi n’a pas été en mesure de faire face, sans doute aussi trahi par son propre entourage.

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