Libye, un nouvel échec pour l’UE

Messieurs les français, tirez les premiers. L'aviation française a engagé les hostilités en Libye cet après-midi, aux environs de 17h45, en abattant un véhicule militaire loyaliste. Premier pays de la coalition à frapper les troupes du colonel Kadhafi, la France concrétise ainsi son activisme diplomatique en prenant le leadership de l'opération militaire. Nicolas Sarkozy, qui a accueilli au palais de l'Elysée un sommet international exceptionnel, avait annoncé dans l'après-midi le lancement des hostilités. La zone d'exclusion aérienne a elle aussi été mise en place, conformément à la résolution 1973 du conseil de sécurité de l'ONU. En marge des français, Ottawa et Londres ont également fourni des avions de combat. En parallèle, l'Allemagne a confirmé sa volonté de neutralité, à l'inverse du Qatar, des Pays-Bas, du Danemark mais encore de la Turquie, qui ont affirmé leur volonté de s'engager dans les combats.
Les Etats-Unis eux, se sont fait étonnament discrets. Hillary Clinton s'est montrée bien évasive, réaffirmant la volonté de ne déployer aucun soldat en Libye tout en assurant la coalition d'une aide militaire dont on peine à déceler encore les contours. En vérité, l'administration Obama est réticente à s'engager dans une offensive complexe et hasardeuse alors que les stigmates de la guerre en Irak n'ont toujours pas été refermés. L'OTAN non plus ne sera pas engagé de quelque manière que ce soit dans le conflit. Dès lors, Nicolas Sarkozy en a profité pour prendre le leadership des opérations.
Le vide laissé par l'attentisme américain et le désintérêt de l'OTAN a été comblé par la France, grâce à l'engagement personnel du président Sarkozy. Pour l'Union Européenne, c'est un nouvel échec. Une occasion manquée d'affirmer son autorité et de porter la voix d'un acteur qui peine décidément à s'imposer sur la scène diplomatique.
Herman Van Rompuy s'est encore distingué par un mutisme désespérant, jouant un rôle de faire-valoir qui sape plus qu'il ne sert les intérêts de l'Union Européenne. Quand est-ce que le président du Conseil Européen prendra enfin conscience qu'il a, par son poste, l'occasion d'écrire une page historique dans le livre de la construction européenne ? A sa place, c'est Nicolas Sarkozy qui a pris les devants, marquant à nouveau la domination des états européens plutôt que de l'Union dans le jeu diplomatique.
La Haut-Représentant de l'Union pour les Affaires Etrangères Catherine Ashton a quant à elle témoigné d'une timidité déconcertante, refusant de reconnaître le CNT (Conseil National de Transition) et s'opposant à la zone d'exclusion aérienne, alors que le contexte lui permettait d'offrir à l'UE un rôle de leader inédit. En somme, le lancement des hostilités en Libye cet après-midi signe un nouvel échec pour l'Union Européenne, incapable de peser sur l'échiquier mondial, alors que du fait de la position des Etats-Unis, l'occasion s'y prêtait plus que jamais...
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