Mali : des élections qui laissent sceptiques
Les observateurs du dernier scrutin présidentiel au Mali sont au mieux sceptiques, au pire désespérés par l’incapacité du régime à assurer une élection démocratique digne de ce nom. En effet, les multiples cas de fraudes et irrégularités jettent l’opprobre sur l’élection.
Le premier tour de cette élection présidentielle malienne, qui se tenait le 29 juillet, avait déjà discrédité le scrutin. Alors que tout avait été fait en amont pour détourner le peuple malien de l’élection (sondages sans appel, menaces de conflits ethniques et religieux, intimidation des opposants…), les cas de triches dénoncés par les opposants comme les observateurs indépendants ont été très nombreux.
Entre les traditionnels bourrages d’urnes et les bureaux de vote inopinément fermés dans les régions peu favorables aux deux favoris du pouvoir en place, IBK et Soumaïla Cissé, les irrégularités ont au moins eu le mérite de mettre en avant une certaine créativité de la part des tenants du système (votes de personnes disparues, décédées…).
Si bien que 18 candidats avaient publié un communiqué pour dénoncer cette élection truquée et demander la démission du ministre de l’Administration territoriale en charge du scrutin, Mohamed Ag Erlaf.
En raison de fortes pluies et d’une démobilisation générale liée au dégout suscité par les méthodes du régime pour fausser le premier tour (8% de participation à la mi-journée), le deuxième tour, qui s’est tenu dimanche 12 aout, a été entaché par moins de cas de fraudes avérées.
Néanmoins, selon Le Monde, au moins une dizaine d’incidents ont été répertoriés, dont le terrible assassinat d’un président de bureau de vote dans le cercle de Niafunké, des urnes brulées et enlevées dans le cercle de Diré, deux bureaux de vote incendiés et des agents électoraux molestés dans le cercle de Douentza…
Si bien que le chef de mission « Pool d’observation citoyen du Mali » (POCIM), Ibrahima Sangho, en charge de l’observation et de la vérification de la bonne tenue des élections, a admis que « La menace sécuritaire est plus importante que lors du premier tour. Dans le centre et au nord, la psychose s’est installée. Les gens ont eu peur. Des bureaux de vote ont fermé plus tôt dans les zones de Niafunké [au nord] ainsi que vers Ténenkou et Youwarou [au centre] ».
Comble de l’ironie, ces pratiques ont été tellement visibles, que Soumaïla Cissé lui-même, pourtant bénéficiaire de ces irrégularités au premier tour a dénoncé avec véhémence l’organisation du scrutin, appelant des soutiens à ne pas se soumettre à « une dictature de la fraude ».
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