Maroc-Algérie : l’Algérie n’est-elle pas déjà en guerre contre le Maroc ?
Les derniers incidents frontaliers entre les deux pays laissent présager le pire entre les deux pays s’il n’y pas une prise de conscience qu’un conflit armé serait une catastrophe pour les deux peuples qui mettront des décennies pour s’en relever. Les derniers incidents ont fait apparaitre que le mal qui range ces relations est beaucoup plus profond et que "des hostilités" opposent les deux pays.

Les derniers incidents entre les deux pays : leur contexte et leur signification.
La dégradation récente des relations entre les deux pays voisins a connu un développement dangereux et sans précèdent avec des tirs à balles réelles le 18 de ce mois sur des civils marocains sur la bande frontalière et qui ont atteint un citoyen marocain. Il s’agit du dénommé Salhi Razqallah, âgé de 28 ans, marié et père d’un enfant. Il a été évacué vers l’hôpital Al Farabi d’Oujda. Son état est jugé très critique par les médecins. Cet incident s’est traduit par la circulation sur le net et dans la presse marocaine de la photo du citoyen marocain, le visage défigurée par l’impact des balles tirées par les gardes-frontières algériens.
Devant l’émotion provoquée par la photo de ce citoyen, le ministère marocain des affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Algérie à Rabat pour lui signifier la protestation et la réprobation de Rabat. Cette démarche somme toute d’usage dans les relations internationales a été sanctionné par un acte de non-recevoir du côté algérien. Non seulement les autorités algériennes n’ont pas fournis d’explications sur cet incident, ni ordonné d’enquête pour déterminer les responsabilités et éventuellement sanctionner le ou les responsables, mais le ministère algérien des affaires étrangères a convoqué le jour même l’ambassadeur marocain pour lui signifier qu’il s’agit d’une provocation de la part de Rabat. Le comble c’était que pour les autorités algériennes "une patrouille de gardes-frontières algériens aurait effectué des tirs de sommations en l’air contre des "contrebandiers marocains". Lesquels tirs, toujours selon la partie algérienne « ne pouvant en aucune manière provoquer des blessures". Ce qui a fait dire à un chroniqueur marocain que la victime marocaine se trouvait-elle très haut dans le ciel, assise sur un nuage, au moment de ces tirs de sommation en l'air ?
Du côté marocain on fait valoir que la question des tirs sur les civils marocains devient récurrente. Par ailleurs le journal El Massae (en langue arabe) qui a consacré son cahier du week-end dernier aux incidents frontaliers entre les deux pays a rappelé que "nombreux sont les actes d’hostilité perpétrés par les gardes-frontières algériens sur des civils marocains inoffensifs". "Il ne se passe presque pas un mois sans que des agressions soient perpétrées sur des civils marocains", note le quotidien, qui passe en revue des "méfaits d’armes". "Les agressions prennent différentes formes, allant de la confiscation des biens des civils marocains, dont les troupeaux de moutons, à l’interdiction des activités agricoles, en passant par ces scènes de tirs devenues dangereusement banales".
Pour se justifier, les autorités algériennes ne cessent de répéter qu’ils font face du côté marocain au trafic de cannabis et font état d’importantes saisies venant du Maroc et du développement de la contrebande. Du côté marocain on dénonce aussi la contrebande et les autorités de Rabat font état régulièrement de saisies de psychotropes originaires de l’Algérie qui font un ravage dans le pays.
Dans une conférence de presse tenue en Aout dernier, le ministre marocain de l’intérieur M Hassad répondant aux récriminations d’Alger a affirmé que « Les autorités marocaines ont entrepris une démarche volontariste avec l’ONDUC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime) pour réduire progressivement la culture et le trafic du cannabis. Une enquête avait été menée conjointement avec l’ONUDC et avait permis d’évaluer ces superficies à 134.000 ha. Depuis, des efforts importants ont été accomplis, ayant permis de réduire les superficies cultivées à 47.000 ha (soit -65%). L'objectif à très court terme est de réduire ces superficies à moins de 30.000 ha cultivés. Parallèlement , rappelle le gouvernement, la lutte contre les réseaux du trafic de drogue a permis la saisie, au cours des six premiers mois de cette année, de plus de 100 tonnes de chira et le démantèlement de 98 réseaux de trafic.
Les efforts du Maroc, affirme le communiqué, sont aujourd’hui reconnus et salués et ont suscité même l’adhésion des pays du voisinage euro-méditerranéen et favorisé la constitution du G4 (Maroc, Espagne, France, Portugal).
Par ailleurs, à y voir de plus près, ces trafics dans lesquels sont impliqués des citoyens des deux pays sont largement imputables à la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays maintenues fermées par l’Algérie depuis plus de 20 ans et à l’absence de coopération sécuritaire ou même de dialogue entre les deux pays. Car il est bien connu que les trafics de drogue et de la contrebande prospèrent plutôt à la faveur d’une frontière fermée qu’avec une frontière ouverte qui permet de maitriser les flux entre les deux pays et une coopération sécuritaire .
Mais l’ouverture de cette frontière n’est certainement pas pour demain. Les autorités algériennes actuelles ne cessent de dire que cette ouverture n’est pas dans leur agenda tout en continuant de dénoncer le trafic de drogue et la contrebande en mettant à l’index le Maroc. Ce qui est un non-sens dû à une mauvaise foi certaine car les autorités algériennes semblent se complaire dans cette situation. Au Maroc, Mohammed VI n’a cessé depuis son accession au trone à travers ses différents discours de demander l’ouverture de cette frontière fermée avant son accession au pouvoir et la normalisation des relations entre les deux pays. En vain car :
Le mal est beaucoup plus profond :
Les autorités algériennes ont décidé de faire du Maroc un ennemi et agissent depuis longtemps en conséquence. Ni une prétendue rancune historique dont l’analyse doit être laissée aux historiens , ni l’affaire du Sahara séquelle de la guerre froide et qui au départ était une colère hystérique de l’ancien président Boumediene ; ni une quelconque hégémonie régionale d’un pays il est vrai immense mais désertique à 84% ne peuvent justifier une guerre qui ne dit pas son mot contre le voisin marocain.
-Guerre économique en s’engageant dans une course folle aux armements pour mettre à genou le Maroc qui dispose de moins de ressources et en maintenant fermées les frontières Est du pays pour le couper du reste du Maghreb et de son prolongement arabe. Officiellement pour l’Algérie cette fermeture des frontières terrestres visait à protéger ce pays « du trafic de drogue et de la contrebande ». Or tout le monde sait que c’est la fermeture des frontières qui encourage ces trafics comme il a été signalé pluhaut.
-Guerre diplomatique en mobilisant ses diplomates dans toutes les organisations et forums internationaux contre le Maroc ; en finançant toutes sortes de lobbies et les représentations diplomatiques et autres bureaux du Polisario en s’opposant systématiquement au Maroc partout.
-Guerre tout court, en armant et en abritant des combattants contre le pays voisin. Pendant les hostilités, les combattants du Polisario armés par l’Algérie faisaient des incursions à partir du territoire algérien de Tindouf et attaquaient les troupes marocaines et repartaient tranquillement se réfugier en Algérie. Hassan II qui était en droit d’exercer un droit de suite en territoire algérien s’est toujours interdit d’insulter l’avenir en engageant une guerre ouverte avec l’Algérie. L'Algérie continue d'abriter sur son territoire le Polisario, si c'est pas un acte de guerre ça !
- Beaucoup plus grave est la guerre médiatique. Dans une déclaration du mois d’Aout de cette année M Mustapha Khalfi ministre marocain de la communication a déclaré que la presse algérienne a produit plus de 1600 articles hostiles au Royaume en une année soit 4 à 5 par jour. Ce qui en dit long sur la prétendue liberté de la presse dans ce pays. En consultant le journal algérien Al Watan du 27/10/1014 (journal en vue dans le pays) en préparant cet article, j’ai constaté que ce quotidien a consacré cinq articles au Maroc dont quatre sont franchement hostiles à ce pays. Les chiffres des ministres ne semblent donc nullement exagérés. Cette guerre médiatique est beaucoup plus grave car elle entretient toute une génération d’algériens dans une hostilité maladive à l’égard du Maroc présenté comme un ennemi et une menace pour l’Algérie. Les commentaires haineux parfois nauséabondes de certains algériens aux articles consacrés au Maroc y compris sur ce site sont plein d’enseignements à ce sujet.
Alors à ceux donc qui disent qu’il faut prévenir une guerre militaire entre le Maroc et l’Algérie, je dis qu’il faut d’abord mettre fin à la guerre qui existe déjà entre les deux pays.
32 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON