Massacre de Garissa : Il faut un Usain Bolt dans l’armée kenyane
Les forces armées kenyanes ont mis 16 heures pour aller éliminer un quarteron de terroristes dans une université qu’ils ont investi pourtant rapidement ; un an et demi plus tôt, ils avaient mis 3 jours pour "nettoyer" 4 étages d’un centre commercial. En République Cacaoyère, on commence à se demander s’il ne faut pas un peu d’Usain Bolt dans la légendaire endurance kenyane sur les courses de fond.
C’est avec une vive consternation que les habitants des Républiques Cacaoyères ont appris, le 2 avril, le carnage à l’université de Garissa à l’est de Nairobi, la capitale de la République Cacaoyère sœur du Kenya. Une attaque barbare, perpétrée par des jeunes désespérés à qui on a lavé le cerveau avec des fadaises du genre « ils iront au paradis, et y seront reçus par des vierges, et s’abreuveront à des sources de miel ». Bon, inutile de dire qu’avec les ignominies qu’ils auront commises au nom d’une foi obscurantiste et intégriste, ils ont plus de chances d’être reçus en enfer par des coups de verges et non des vierges, et qu’à la place du miel, d’un infernal fiel les brule éternellement.
On retiendra que un quarteron de jeunes somaliens et kenyans, sans avenir, ou ne sachant quel sens donner à leur vie, en tout cas endoctrinés à la sauce Shebab, ont tué d’autres jeunes qui eux, essayaient de rendre leur vie utile aux autres, à leur pays, en étudiant à l’université. Ils sont arrivés, bardés de chargeurs, d’explosifs et de cette arme de guerre moins cher mais tout autant meurtrière, le AK47. Cet arme, moins cher, rustique, qui ne nécessite pas un entretien exigeant, rend fort des gens qui ont tout perdu, y compris leurs âmes, et à qui il ne reste plus que quelques heures de gloriole morbide, par le canar(da)ge, au hasard, dans le tas, de vies innocentes, de préférence chrétiennes, afin d’allumer les étincelles d’une guerre de religion. Ici, y aurait-il une religion face à une autre ? Il y a juste des jeunes gens désespérés par la vie, qui veulent se rendre enfin utile à quelque chose, en servant les desseins de fadas qui faute de trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui, veulent le catapulter dans la barbarie, pour y jouer un rôle (à défaut des premiers) de chevaliers sous un étendard, à vrai dire, areligieux.
On peut croire que les soldats kenyans font baver les Shabad en Somalie. De vrais chevaliers auraient pourtant affronté ceux-ci sur le terrain de la guerre en Somalie même, plutôt que cela, ils montrent leur puissance de feu avec quelques kalachnikovs face à des étudiants désarmés, dans leurs dortoirs. La déchéance mentale en plus du désespoir. S’attaquer à des jeunes femmes et hommes sans armes, après avoir été défait sur le terrain de la guerre conventionnelle…
Revenons pourtant aux circonstances de cette attaque terroriste qui a encore montré au monde, que chez nous en Républiques Cacaoyères, on fait les choses à notre rythme, c’est-à-dire lentement ; il y a des choses qui ne peuvent pas s’expliquer chez le Blancs, notamment en République Charcutière. Le 21 septembre 2013, à Nairobi, une attaque similaire des miliciens Al-Shabaab avait fait mêmement 68 morts. L’armée kenyane avait mis 72 heures pour déloger les 4 ou 6 terroristes dans un immeuble de 4 étages. Deux ans plus tard, à Garissa, les forces de sécurité kenyanes n’ont guère fait mieux : ils ont attendu jusqu’à 16 heures avant de donner l’assaut aux dortoirs et salles de cours de l’université de Garissa. Le temps pour les terroristes de tuer encore plus d’étudiants, de farfouiller dans les recoins de l’université ; le temps surtout pour les blessés de se vider de leur sang. De déshydrater d’autres victimes dans leurs planques. Le 9 janvier 2015, dans un magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris, une prise d’otages avait lieu avec 4 morts et 17 otages. Les corps d’élite de la police et de la gendarmerie françaises, le RAID et le BRI, avaient donné l’assaut, 4 heures seulement après le début des évènements.
En cas d’attaque terroriste, il vaut mieux être à Tunis ou à Paris plutôt qu’au Kenya
Des questions, encore des questions…Comment une université à la frontière avec les Shabaab somaliens n’a pu être gardé que par deux militaires et deux gardiens pour de centaines d’étudiants ? Que les forces armées se soient retrouvées à peine une heure après le début de la prise d’otages et des massacres, montre bien qu’une base militaire n’était pas loin de là. Mais comment comprendre qu’il aura fallu 16 heures pour lancer l’assaut d’assaillants qui n’avaient en toute hypothèse aucune raison ni intention de négocier, tirant dès le début, à vue sur les étudiants qui à cette heure matinale du 2 avril, pour certains, allaient à la prière. On n’aurait pas dû s’attendre pourtant à bien mieux, au regard du précédent du Westgate où il a fallu des jours pour monter quatre étages d’un centre commercial pour déloger des criminels qui de toutes les façons ne pouvaient plus ni se rendre, ni espérer en sortir vivants. On a pourtant vu mieux ailleurs…
A Tunis, la capitale de la Tunisie, le 18 mars, deux terroristes d’une franchise locale de Daesh tirent sur des touristes et prennent en otage en mi journée, des dizaines de personnes dans le musée Bardo proche du Parlement. Les forces de sécurité tunisiennes donnent l’assaut trois heures plus tard.
Samedi 14 février, Oslo, capitale du Danemark. Vers 15h30, des coups de feu sont tirés à l’entrée d’un centre culturel où se tenait une conférence sur le thème de « l’art, le blasphème et la liberté d’expression » en hommage à Charlie Hebdo. Le tireur fou s’enfuit, sa plaque d’immatriculation conduit à son arrestation et son élimination par les policiers qui répliquent à ses tirs le lendemain dimanche à son domicile.
Lundi 15 décembre 2014, un islamiste radical d’origine iranienne prend en otage des clients d’un café du centre des affaires de Sydney en Australie. Il est 9h45. 45 minutes plus tard, des centaines de policiers lourdement armés ont déjà encerclé la zone. Un commando de policiers d’élite donne l’assaut plus de 16 heures après le début du siège mardi 16 décembre. Entre-temps cependant, des otages ont réussi à s’enfuir, et durant tout le siège, la non intervention de l apolice a été seulement justifiée par le contact permanent établi entre la police et le preneur d’otages pour l’amener à se rendre.
Comme on peut le constater, en comparaison avec des prises d’otages plus ou moins similaires et moins barbares que celle des Shebab qui viennent avec la volonté de faire un carnage, la réaction des forces armées kenyanes, du Westgate à Garissa, a été pour le moins balourde.
Côté réactions, pas de hashtag à résonnance mondiale comme le « Je suis Charlie », pas d’édition spéciale sur les chaînes tout info françaises ni africaines ou panafricaines, juste un mot avant de passer à la météo au pire, ou mieux, un bref rappel des faits. Quelques jours plus tôt, le suicide d’un pilote de Germanwings avec 149 autres passagers et commandant de bord à bord, avait bouleversé la planète à travers une émotion médiatique haletante.
L’armée kenyane est réputée professionnelle et disciplinée. Les Kenyans sont réputés être les hommes les plus rapides du monde sur les…longues distances. Mais voilà : une prise d’otages n’est pas un marathon, c’est un 100 mètres, une course de vitesse.
Bon, notre cousin Obama se rendra au Kenya en juillet ; on connait les américains grands sprinters, ils pourraient donner quelques tuyaux à notre Majestueuse Excellence Uhuru sur la gestion d’une course de 100m contre cette « jeunesse » (signification de Al-Shabaab) perdue dans la République Cacaoyère Chaotique de la Somalie, et qui exporte son désarroi à ses frontières.
François Bimogo
*Un regard impertinent sur l'actualité socio-politique et culturelle du Cameroun et de l'Afrique. Histoires de Républiques Cacaoyères et de République Charcutière.
Pour lire/écouter ces chroniques, comme leur auteur, François Bimogo, il faut adorer les Républiques Cacaoyères.
**Droits de diffusion exclusifs (texte, audio, vidéo) : web : www.cameroun-online.com. Droit de reproduction soumis à mention de la source.
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