Même la paix est une affaire d’hommes
Dans un document préparé pour une session spéciale sur les femmes et la guerre, l’actuel président du conseil de sécurité de l’ONU, un Américain, s’étonne que le nombre de femmes présentes au niveau décisionnel lors d’un règlement de conflit ou d’instauration de la paix n’augmente pas, malgré une résolution en ce sens votée en 2000.
Le représentant américain souligne aussi que très peu de femmes sont observatrices militaires, membres de la police civile, envoyées et représentantes spéciales du secrétaire général. Bref, les missions de maintien de la paix de l’ONU sont essentiellement une affaire d’hommes.
Le viol généralisé, organisé et systématique continue de se pratiquer, même dans les zones de conflit où les parties impliquées se sont engagées dans un processus devant mener à la paix, constate l’ONU. Pire, depuis les huit dernières années, malgré l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1 325 sur les femmes, la paix et la sécurité, « les violences sexuelles en tant qu’arme de guerre ont pu être perpétrées dans une impunité presque totale », écrit le représentant américain.
Dans la seule province du Sud-Kivu de la République démocratique du Congo, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, John Holmes, a recensé plus de 32 000 cas de viols et autres formes de violence sexuelle.
Deux fois plutôt qu’une
Les femmes subissent souvent doublement la violence : d’abord par les bandes de soldats qui les violent et leur causent en plus souvent de graves blessures, ensuite par la population de leur propre communauté, leurs familles les abandonnant avec leurs enfants et le reste de la communauté les mettant en quarantaine.
Plusieurs femmes ont tellement honte d’avoir été violées qu’elles ne rapportent pas les sévices qu’elles ont subis. Il faut dire que la perspective d’être publiquement humiliées et le peu de foi qu’elles ont envers la justice, ne les incitent pas à dénoncer leurs agresseurs.
Les scandales de casques bleus ayant eux-mêmes agi en bourreau envers des femmes, voire des fillettes, se sont ajoutés à une situation déjà extrêmement compliquée.
Bref, qu’on me pardonne ce mauvais jeu de mots, c’est pire que le bordel !
Il faut davantage de femmes
Une des solutions que propose le représentant américain est de faire intervenir de plus en plus de femmes lors des opérations de l’ONU. Un modèle donné en exemple est le groupe de la police civile indienne au Libéria, composé uniquement de femmes.
Il faut qu’il y ait davantage de femmes soldats de l’ONU, davantage aussi de femmes dans les éléments civils des missions de maintien de la paix, ce qui pourrait amener une amélioration des mécanismes de suivi, de notification et d’intervention en cas de violences sexuelles. Les femmes violées pourraient plus facilement se confier à une autre femme plutôt que devoir le faire, comme c’est pratiquement la règle actuellement, à un homme.
Une autre piste est de tenir responsables les commandants locaux des parties en conflit qui ne prennent pas des mesures pour empêcher les violences sexuelles ou qui ne punissent pas ceux qui les ont commises.
Tout cela est plein de bon sens, sauf que le passé laisse entrevoir peu d’espoir de changement.
À quand une femme à la tête de l’ONU ?
Lettre datée du 4 juin 2008, adressée au secrétaire général par le représentant permanent des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations unies (PDF).
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